Hopper et le Secret de la Marmotte : Interview du réalisateur Benjamin Mousquet
À l’occasion de la sortie d’Hopper et le Secret de la Marmotte, Unification a rencontré le réalisateur Benjamin Mousquet au festival d’Annecy 2025.
Vous retrouvez le personnage pour la deuxième fois. La décision de faire un second film s’est prise quand ?
Benjamin Mousquet : L’idée, c’était d’abord d’attendre pour voir l’accueil du premier. Comme il a plutôt bien marché, ça nous a décidé. On a fait de bonnes entrées, et surtout le film a trouvé son public sur Netflix, notamment outre-Atlantique. À partir de ce moment-là, on s’est dit que c’était une franchise qu’on aimait, qu’on avait encore des choses à raconter avec ce personnage. Donc, en voyant le succès du premier, on a décidé d’en faire un deuxième.
C’est la première fois que vous réalisez seul un long métrage. Pouvez-vous nous expliquer votre travail sur ce film ?
Benjamin Mousquet : Oui, c’est la première fois que je réalise seul. On dit « réalisateur », mais j’aime beaucoup le terme anglais « director », car il implique l’idée de donner une direction. C’est vraiment ce que je fais : je donne une ligne à suivre à une équipe d’environ 150 personnes en période de rush, composée d’artistes très talentueux. Mon rôle, c’est de canaliser cette créativité au service du film.
Je m’approprie le scénario — que je n’ai pas écrit entièrement mais que j’ai retravaillé avec le producteur —, et je réfléchis à la manière de le mettre en images : choix visuels des personnages, décors, ambiance… J’aime beaucoup donner une grande place aux décors, surtout en animation. Ensuite, je travaille le rythme et le montage pour obtenir un film vivant, avec du dynamisme et du peps.
Le scénario a-t-il été beaucoup modifié ?
Benjamin Mousquet : Le scénario original faisait environ 120 pages, ce qui aurait donné un film bien trop long. Nous avons dû l’adapter pour tenir en 80 minutes. J’ai aussi participé davantage à l’écriture que sur le premier film. J’avais envie de transmettre certains messages qui me tenaient à cœur, donc j’ai collaboré étroitement avec le scénariste. Sur le premier, le projet m’était arrivé un peu « clé en main », je n’avais pas cette marge de manœuvre. Ici, j’ai pu réécrire davantage.
Le film s’adresse à un public familial, en particulier aux enfants. Est-ce que cela vous a imposé des contraintes ?
Benjamin Mousquet : Pas vraiment. Quand on s’adresse aux enfants, il faut surtout se mettre à leur niveau, mais ça ne veut pas dire simplifier. Les enfants sont très intelligents, notamment sur le plan émotionnel. On peut leur parler de choses parfois complexes, tant qu’on le fait de manière accessible. La vraie contrainte, c’était d’éviter les montages trop compliqués. Par exemple, les retours dans le passé sont difficiles à suivre pour eux. On avait pensé utiliser des flashbacks, et finalement on a choisi un traitement visuel très clair : de la 2D en dessin traditionnel, pour marquer nettement qu’on était dans une autre temporalité.
Ces séquences en 2D ont-elles été faites numériquement ou en dessin traditionnel ?
Benjamin Mousquet : Elles ont été faites en dessin traditionnel, à l’aquarelle. On a travaillé avec un studio parisien et un studio de Lille. Des artistes ont réalisé de superbes dessins. Si je ne me trompe pas, certains éléments étaient bien peints en aquarelle puis adaptés numériquement, mais je ne voudrais pas dire de bêtises sur la partie technique.
Reprendre les personnages du premier film en 3D vous a-t-il simplifié le travail ?
Benjamin Mousquet : Oui, en partie. On a pu récupérer certains personnages déjà développés, et la direction artistique globale — le « look » du film — était déjà définie. Mais comme nous avons introduit de nombreux nouveaux personnages, parfois très complexes, ça a pris presque autant de temps que sur le premier.
Quelle a été la scène la plus difficile à mettre en images ?
Benjamin Mousquet : Il y en a plusieurs. Les scènes dans l’arbre magique, à la fin, ont nécessité beaucoup de recherches graphiques. Représenter l’arbre qui se déploie a été un vrai défi technique, mais les équipes s’en sont brillamment sorties. Les scènes de poursuite ont aussi été complexes à concevoir : elles demandent de la créativité car elles peuvent vite devenir coûteuses. Il faut donc trouver un équilibre entre spectacle et faisabilité, parfois en réécrivant ou en ajustant la mise en scène.
Le film alterne humour, action et émotion. Comment avez-vous travaillé cet équilibre ?
Benjamin Mousquet : Beaucoup au montage, avec ma monteuse. On a testé de nombreuses versions pour trouver le bon rythme, équilibrer les arcs narratifs, donner leur juste place à l’humour, à l’action et à l’émotion. C’est un processus d’essais et d’erreurs : on monte, on regarde, ça ne marche pas, on recommence, et ainsi de suite.
Quel est le message que vous aimeriez que le public retienne ?
Benjamin Mousquet : C’est proche du message du premier film : chacun de nous a une part de soi qu’il cache. Ce n’est pas forcément une part honteuse, mais il faut l’accepter, apprendre à la montrer, au bon moment et aux bonnes personnes. Se cacher, se replier sur soi, c’est nocif, ça isole. Le village caché sous l’arbre illustre cette idée. Le message, c’est donc de s’ouvrir au monde, de l’accueillir sans naïveté mais avec espoir.

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