Star Trek Discovery : Review 3.06 Scavengers

Date : 23 / 11 / 2020 à 14h30
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Il existe des épisodes qu’on adore, il en existe d’autres qu’on déteste et puis, il y a des épisodes comme celui-ci qui, pour ma part, m’a laissé assez indifférent, tout du moins sur sa plus grande partie.

Je ne suis pas le moins du monde choqué par la décision de Michael de désobéir une nouvelle fois aux ordres de Starfleet et de son Capitaine, Saru. C’est tellement constitutif de son personnage depuis le début de la série que cela en devient quasiment ennuyeux comme un plat qu’on aurait mangé plusieurs fois de suite.

J’aime bien Book et son interprète David Ajala, mais avec seulement 2 épisodes de présence dans la série, je ne peux pas dire qu’un lien fort se soit créé entre son personnage et moi. Bref, non, je n’ai pas particulièrement vibré quant à son sauvetage à marche forcée. Je ne suis même pas arrivé à être exaspéré comme Georgiou quand Michael dément avec force son attirance pour ce qu’on sait être son boyfriend de la saison.

Quant au running gag de Linus qui ne maîtrise pas la téléportation individuelle, et qui, bien entendu, arrive pile au moment du roulage de pelle des deux tourtereaux, je ne suis même pas arrivé à lever les yeux aux ciels. Bref, je me suis vraiment fait c--- une très grande partie de cet épisode.

Quelques points ont cependant titillé ma curiosité. Que se passe t-il avec Georgiou ? Si cela se déroule depuis quelques semaines, ce n’est donc peut-être pas son interrogatoire qui a provoqué cela. On va donc attendre pour dire si c’est un développement intéressant ou un pétard mouillé pour notre Impératrice.

Pour l’instant, je vois l’update technologique du Discovery, comme un joujou visuel pour faire de beaux effets spéciaux. Est ce que cela aura un intérêt au-delà de l’image ? Mystère et boule holographique gluante

Reste pour moi les 2 meilleurs moments de l’épisode. D’abord, la réaction finale de Saru quant à Michael qui est logique et conforme à la psychologie du Kelpien. J’ai beaucoup aimé sa façon douce d’expliquer à notre tête brûlée que son insubordination constante ne pouvait pas ne pas avoir des conséquences. Et enfin, Rancune. Oui, je confirme, j’adore les chats...

FM

Les quelques fulgurances de Discovery 03x05 Die Trying auront malheureusement fait long feu, et avec Discovery 03x06 Scavengers, c’est tout le "naturel discoverien" qui revient en force et au galop. Exit la tentative, pourtant si timide, de worldbuilding.

Après trois semaines de modernisation intensive de l’USS Discovery, le chat Grudge (Rancune) débarque au QG de la Fedefleet pour annoncer (via un holo-message préenregistré) que son maître à disparu !
N’écoutant alors que sa légendaire incontinence narcissique, Burnham désobéit aux ordres directs de Saru pour aller sauver son (futur) keum, s’emparant avec Mirror-Georgiou du vaisseau de Cleveland Booker pour une "rogue mission" sur Hunhau, planète-dépotoir mafieuse dirigée par l’Orion Tolor pour le compte de la Chaîne d’émeraude (le syndicat du crime Orion-Andorien sous la coupe de l’impitoyable Osyraa). Une opération d’infiltration bad ass au culot (les deux héroïnes se faisant passer pour de riches clientes payant cash en dilithium) permettra de localiser Book dans un camp de travail forcé, dont Mary-Sue libérera une partie des "esclaves"… puis massacrera leurs geôliers (au moyen du cargo-Transformer de Book). Mirror-Georgiou fermera le bal en détruisant toute la colonie derrière elle.
De retour au QG avec Cleveland, Ryn (un Andorien blessé en sauvant la vie de Book durant la fuite), une poignée de rescapés du servage mafieux, et une boîte noire de Starfleet (permettant peut-être de trianguler le point d’origine du Burn)… Michael échappera à une sanction de l’amiral Vance (car appréciant à demi-mot son initiative), mais pas de Saru (qui la démettra de ses fonctions de Number One pour le faire redevenir officier scientifique en chef comme sur l’USS Shenzhou).
En parallèle, sur le thème du deuil et de la perte d’un être cher, Stamets nouera une relation de compagnonnage (d’infortune) avec Adira Tal (et indirectement Gray).
Et plus important que tout au royaume du teen-soap : premier patin hollywoodien entre Mary-Sue et le bachelor le plus couru de la galaxie. Les cœurs d’artichauts chavirent.

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Pour la troisième fois consécutive dans la saison, l’épisode débute par l’enregistrement d’un journal de bord, et pour la seconde, du captain’s log de Saru. Cet icônisme fan-service qui lorgne si ostentatoirement ST TOS et ST TNG reste néanmoins de pure forme, puisque la tonalité hautement émotionnelle relève davantage du journal intime d’adolescent·e que d’un quelconque rapport militaire et/ou opérationnel.
Que ce soit au travers du témoignage de Saru ou des officiers les plus bruyants (Tilly en tête), ce sera l’occasion pour l’épisode de composer une ode vibrante à l’onanisme le plus geek. Et on s’excite à qui mieux mieux devant les combadges de Starfleet qui font désormais tout sauf le café : communications comme au 24ème siècle mais en version holo bien sûr, holo-padds à interface gestuelles, tricordeur, téléporteur personnel. Et on bande devant l’ajout aux interfaces de l’USS Discovery de matière programmable (que l’on prenait jusqu’à maintenant pour un dérivé holo), supposés offrir une interface personnalisée à chaque officier (évolutive et s’adaptant aux réflexes de chacun), même si le bénéfice de cet apport d’essence holographique (encore et toujours) demeure très obscure par-delà la volupté démonstrative du personnel et le tape-à-l’œil visuel/sensoriel. Et on éjacule devant les nacelles de distorsion de l’USS Discovery désormais totalement séparés du vaisseau, en préférant se laisser emporter par la magie de l’idée que par un quelconque questionnement scientifique (impliquant dans le meilleur des cas une débauche énergétique plus qu’abyssale).
Aux antipodes d’une quelconque retenue professionnelle forgée dans la maturité trekkienne, l’ensemble des protagonistes du 23ème siècle se retrouve dans la peau de gamins en bas âges lâchés en essaim dans un salon high tech (de type IFA ou CEDIA), salivant devant tous les gadgets exposés, faisant pleuvoir les tweets puérils du genre "cool" ou "my new favorite thing". Les idiosyncrasies les plus bassement contemporaines sont devenues le socle de l’entendement des personnages, et chaque expérience (y compris d’apparence futuriste) nous éloigne un peu plus de Star Trek pour nous rapprocher d’une caricature vulgaire de Twitter ou de Facebook.

Ce trip régressif trouvera son apothéose dans un running gag tellement pas drôle qu’il en deviendra embarrassant : incapable de maîtriser le téléporteur individuel contenu dans son nouveau combadge, Linus se projettera aux quatre coins de l’USS Discovery, toujours aux endroits où il ne voulait pas se rendre, dans les moments les plus inopportuns ou incongrus, et ce, tout au long de l’épisode.
On se croirait presque revenu dans un épisode de Bewitched (Ma sorcière bien aimée), si ce n’est que dans le contexte de Star Trek, cette incompétence technique (ou déficience mentale) réservée comme par hasard au personnage de l’équipage le plus "alien" physiquement (non loin de l’homme de Roswell) pourrait tenir d’une forme de racisme, mais un racisme d’impunité et de lâcheté puisque non représenté parmi les catégories possibles de spectateurs.

L’ensemble du processus de refit (ou refonte en VF) de l’USS Discovery est un défi à la vraisemblance si l’on entérine 930 ans de progrès technologiques factoriels (post-loi de Moore) qui n’auraient pas dû être compatibles avec un vaisseau chronologiquement aussi archaïque. Il aurait logiquement été beaucoup plus rentable de déplacer le seul élément convoité par la Fedefleet (à savoir le spore drive) dans un vaisseau du 32ème siècle, voire même d’en bâtir un aux nouvelles normes autour. Mais évidemment, il fallait bien que la série respecte non seulement son titre, mais surtout son postulat (les Visiteurs de l’an mil qui sauvent le futur)…
Et pourtant, quel curieux refit que celui-ci, car dans la tradition de Starfleet (ST I TMP, ST IV TVH, ST TNG 03x15 Yesterday’s Enterprise...), seuls les vaisseaux intégralement nouveaux (de la même classe ou non) reçoivent une lettre (A ou "supérieure") à la fin de leur immatriculation. Et pourtant, l’USS Discovery est désormais re-immatriculé NCC-1031-A ! Serait-ce juste un nouvel effet de fan-service comme les productions Secret Hidehout aiment à en aligner putassièrement ?
Seulement du coup, si la permanence de la voix de Zora (dans DIS 03x04 Forget Me Not) suggérait une inhabituelle continuité de la série envers elle-même, le "miracle" ne pouvait pas durer (connaissant les productions Kurtzman) puisque dans Short Treks 01x02 Calypso (pourtant sis ultérieurement), les nacelles de l’USS Discovery feront corps avec le vaisseau, l’immatriculation sera dépourvue de A, et les interfaces ne comporteront apparemment pas de matière programmable (comme avant le refit).
Et puis, avouons-le, avec ce découplage des nacelles, l’USS Discovery réussit l’exploit d’être encore plus hideux qu’avant ! Quant à la matière programmable, elle produit une bouillie nonsensique qui fait injure à l’harmonie d’élégance et de fonctionnalisme des interfaces LCARS d’un Star Trek aujourd"hui révolu.

Dans son état-major, l’amiral Vance convie pour la première fois Saru à un briefing opérationnel où il distribue les missions aux différents capitaines des vaisseaux disponibles. Le capitaine Kardashev (possible hommage à l’échelle de Nikolaï Kardashev) est ainsi chargé de fournir à Reilling 7 des boucliers contre les éruptions solaires. La capitaine Rahma (seule et unique non humaine rencontrée pour le moment dans ce très anthropocentriste QG de Fedefleet) doit fournir des synthétiseurs à Kaijur 12 (menacée de pénurie alimentaire). La capitaine Bandra ira ravitailler Na’seth avec l’USS Le Guin…
Et dans la mesure où la planète Argeth est en alerte jaune, car le renseignement de Starfleet annonce que la Chaîne d’émeraude pourrait frapper dans les douze prochaines heures, Vance place en disponibilité de saut mycologique l’USS Discovery et son équipage. Ce sera l’occasion pour les autres officiers de découvrir l’existence de cette technologie expérimentale (et pour le moment classifiée) permettant de gagner instantanément n’importe quel recoin de la galaxie. Mais l’étonnement général, non devant l’inutilité du dilithium (pas même évoqué d’ailleurs), mais devant la possibilité conceptuelle d’accomplir des déplacements instantanés et aussi distants vient une nouvelle fois lourdement contredire les 29ème et 31ème siècles respectivement dévoilés par ST VOY et ST ENT. Une telle "sidération" aurait fait sens à l’ère de Kirk (car à l’époque sans précédent), mais pas à une ère – quand bien même sinistrée – où de semblables "sauts" étaient monnaies courante quelques siècles avant.
Cependant, Discovery ne se contente pas de contredire les séries antérieures, elle se contredit d’abord elle-même. Car dans l’épisode précédent, 03x05 Die Trying, l’USS Discovery n’avait pas hésité à employer son spore drive à l’intérieur même du champ de distorsion du QG, c’est-à-dire disparaître au vu et au su de tous les vaisseaux et équipages de Starfleet. Autant dire que l’étonnement du staff devant l’annonce de cette technologie expérimentale par l’amiral Vance trois semaines après, puis la prétention de ce dernier à la classifier "secret défense" révèle toute l’impéritie d’écriture de la writer’s room de DIS.
Toujours est-il qu’une journée type de la nouvelle Fédération débute donc à la façon d’une apocalypse. Cette banalisation de l’outrance et la surenchère est supposée souligner avec emphase l’extrême fragilité de l’UFP (un argument qu’invoquera par la suite Saru pour refuser d’accéder à une requête de Burnham). Mais son corollaire est préjudiciable à un quelconque worldbuilding crédible, car en l’absence de guerre ou d’invasion qui requerrait les forces de défense de Starfleet, cela signifierait que les 38 membres restant de l’UFP sont devenus totalement incapables d’assurer leur propre subsistance (pourtant non directement affectée par le Brasier). Pourtant, la Fédération était à la base une alliance fédérale réunissant des membres ayant atteint un certain niveau d’évolution, non un jacobinisme messianique maintenant perpétuellement à flot des membres dont la société s’effondrerait sans cet assistanat. Mais finalement, c’est loin d’être la première fois dans le ST kurtzmanien que l’UFP fait l’effet d’être une structure sous perfusion (éthiquement ou matériellement), ne devant son salut qu’à quelques héros la portant à bout de bras. En somme un constat de non-viabilité qui constituerait probablement la pire injure possible adressée à l’héroïne de Gene.

La lieutenante Nilsson reçoit l’appel d’un vaisseau faisant cap vers le champ de distorsion de Starfleet Headquarters : il s’agit du vaisseau de Book, et c’est à croire que le chat Grudge est aux commandes, ouvrant les communications et s’annonçant par son miaulement caractéristique.
En réalité, Book a programmé le vaisseau en pilote automatique pour qu’il mette le cap sur le QG de Starfleet. En effet, un holo-message se fait entendre dans lequel Book explique avoir découvert une des boîtes noires que recherche Burnham, ce qui l’a conduit à une place d’échange bajorane sur la planète Hunhau. Dans le cas où ça tournerait mal et où Cleveland ne regagnerait pas son vaisseau sous 24h, celui-ci emmènerait Grudge jusqu’à Michael. C’était il y a trois semaines.
Cependant un effet de mise en scène et de montage réussit durant plusieurs secondes à faire croire au spectateur que c’est bien le chat qui contrôle les opérations. C’est mignon tout plein, les ailurophiles (et ils sont de plus en plus nombreux) seront ravis, mais ce procédé n’en demeure pas moins démagogique tant il puise dans les innombrables mèmes félins qui inondent le web. D’autant plus qu’il n’y avait aucune raison que ce soit l’USS Discovery qui reçoive en premier une communication du vaisseau, n’étant pas préposé à la sécurité de l’état-major de Fedefleet.
À aucun moment dans son message, Book ne réclame la venue à sa rescousse de Burnham, annonçant qu’il la rejoindra bientôt. Mais comme à son habitude, bien davantage incapable de refréner ses émotions que n’importe quel officier du 23ème siècle (où l’humanité est pourtant supposée plus mature qu’aujourd’hui) et alors qu’elle a pourtant reçu une pleine éducation vulcaine (au point de constituer le référent de Spock !), Mary-Sue n’a de cesse d’organiser aussi sec – en toute priorité galactique – le sauvetage de l’élu de son cœur (encore inavoué mais c’est désormais gros comme un vaisseau).
Certes, elle couvrira son objectif personnel d’une raison stratégique d’intérêt général : la récupération sur Hunhau d’une boîte noire appartenant à un vaisseau de Starfleet détruit par le Burn (Brasier). Ayant déjà réussi à en récupérer deux indiquant que les explosions des vaisseaux ne se sont pas produites à la même microseconde, si une troisième confirme cette tendance, il serait possible d’en déduire selon Michael un point physique d’origine et le trianguler. Saru n’est guère sensible à cette argumentation, et il refuse d’accéder à cette requête au motif que l’USS Discovery doit se tenir prêt à "jumper" à tout moment sur Argeth. L’ordre de son supérieur est clair, explicite et direct.
Mais Burnham ne l’écoute déjà plus. Son "à vos ordres" mécanique masque à peine son intention de renouer avec sa typo profonde, l’ADN du personnage tel qu’il a été défini depuis le pilote très inclus de la série, à savoir l’hubris d’une prétention d’infaillibilité que finalement nulle organisation sociale, nulle préséance hiérarchique, nul commandement militaire, nul ordre direct, nul fatum n’est jamais venu contredire. Mary-Sue-a-toujours-raison, elle n’a jamais aucun doute sur rien (et surtout pas sur elle-même), et l’univers l’adoube. Elle est la souveraine du Burnham-verse, et derrière les principes cyniques invoquées en toute occasion ("Je préfère demander pardon que l’autorisation" ou encore "Je préfère avoir des remords que des regrets"), sa philosophie d’existence avait été en réalité synthétisée par Mirror-Gabriel Lorca ("Universal law is for lackeys, context is for kings") jusqu’à donner son titre VO au troisième épisode (DIS 01x03 Context Is for Kings). Mais cela ne prive néanmoins jamais la pleurnicheuse Burnham de se confondre en excuses, de prodiguer ses larmoiements et son empathie en offrande propitiatoire, et de réaffirmer en toute occasion les grands principes à l’usage des gueux. Emblématisant l’idéologie aristocratique et innéiste de tout le Star Trek kurtzmanien dont les actes contredisent non pas systématiquement – mais systémiquement – les proclamations.

C’est ainsi que Mary-Sue n’a aucun scrupule à se tourner vers l’ex-impératrice génocidaire, Mirror-Georgiou, pour organiser son opération commando. Inutile de préciser que cette dernière accepte avec enthousiasme, le parfum de souffre ayant sur elle le même attrait que celui de la désobéissance chez Burnham. Mine de rien, voilà qui révèle à quel niveau souterrain Mary-Sue place désormais son exigence éthique pour se choisir ses sidekicks. "La fin justifie les moyens", est-ce vraiment ça l’idéal de Starfleet dont Mary-Sue se réclame pourtant bigotement dans chaque épisode, à la façon d’une "liturgie trekkie".
Aussitôt dit, aussitôt fait. Voici les deux Amazones improbables chevauchant le fier destrier métallique (et métamorphiques comme nous le révélera la suite de l’épisode) de Book. S’ensuivent quelques échanges où Mirror-Georgiou en est réduite à rappeler une évidence que Burnham semblait avoir perdu de vue, à savoir que sa décision aurait pour conséquences de jeter Saru aux chiens, alors que celui-ci tente de prouver sa légitimité à Fedefleet (le comble que cette "leçon de choses" élémentaire vienne d’une psychopathe qui n’a jamais eu de respect pour quiconque). Elle entérine également que Michael soit bel et bien éprise du "charmeur de loches" (faisant curieusement davantage référence aux chats qu’aux transworms).
Et les voici arrivées en quelques minutes on screen en orbite de Hunhau, une planète à la fois cimetière et casse de vaisseau, l’orbite étant jonché d’épaves remontant à la tragédie du Burn. Michael a inversé le fonctionnement de l’émetteur permettant à Book de monitorer son chat afin de localiser cette fois son maître à la place (facile !). Mirror-Philippa déploie alors ses techniques de bluff éhontées (à base d’ivresse vaniteuse, d’insultes, et de culot) sur l’Orion mafieux Tolor pour obtenir le passe-droit d’atterrir directement et négocier l’achat de pièces détachées contre du vrai dilithium (sans en passer par la place d’échange bajorane où Book s’était semble-t-il fait piéger). Et bien sûr, ce procédé fonctionne aussi sec, à croire que l’ex-impératrice terran est une rebelle cartoonesque dans le cartoon parodique Lower Decks. C’est le règne animiste du performatif intégral : on affirme n’importe quoi, pourvu que ce soit avec aplomb, et hop tous les sésames s’ouvrent. Magique.
Pendant ce temps, à bord de l’USS Discovery protégé par le champ de distorsion du QG, Tilly a la surprise de découvrir dans ses quartiers le chat Grudge, que de toute évidence Burnham a eu la prudence ne pas embarquer avec elle. Sylvia déclare ne pas aimer le chats, mais comme les copains, elle reste fascinée puis fond devant ce majestueux félin qui vole la vedette à tous les autres personnages par sa présence hypnotique à l’écran. Au bout d’un moment, elle reprend ses esprits pour questionner l’ordinateur de bord sur la localisation de Michael. Réponse : elle n’est plus à bord, pas plus d’ailleurs que le vaisseau de Book n’est dans le hangar à navettes ! Mais Tilly n’en a cure. Elle n’est même pas affectée, elle ne s’inquiète pas, elle ne prévient personne, elle s’en fout quoi... et préfère continuer à jouer avec Rancune. Cool.

Halte. Rembobinons un peu. Car l’avalanche d’absurdités et de bullshits atteint déjà à ce stade un seuil critique :
- À la suite du refus de Saru, pourquoi le premier réflexe de Mary-Sue a-t-il été d’organiser une opération illégale aux côtés d’une psychopathe génocidaire ? Bien d’autres options légales existaient en amont. Tout d’abord, en tant que XO de l’USS Discovery, Michael était parfaitement en droit de demander (avec l’aval ou non de Saru) une audience à l’amiral Vance pour lui exposer sa théorie sur les boîtes noires (enregistrant les derniers instants des vaisseaux) et lui demander l’autorisation d’organiser une mission à ses risques et périls sans impliquer l’US Discovery. Il est assez probable que l’amiral eût accepté ; et en terme de crédibilité envers la Fedefleet du 32ème siècle, mieux valait encore passer au-dessus de l’autorité de Saru que le planter en abandonnant sauvagement son poste. En cas de réponse négative, Burnham pouvait alors demander un congé, ce qui lui aurait permis d’organiser une mission hors de l’autorité de Starfleet dans un vaisseau civil (celui de Book) sans pour autant exposer l’USS Discovery. Et en dernier recours, Michael avait la liberté de démissionner de Starfleet (quitte à demander sa réintégration ensuite comme le fit Worf dans ST TNG), afin de suivre la voix de l’honneur comme Chakotay dans ST VOY et non du déshonneur comme Eddington dans ST DS9. Le fait même qu’aucune de ses options n’aient été envisagée à l’écran prouve que les auteurs privilégient des traits de caractères à la serpe pour inféoder un univers entier à un personnage iconique plutôt que de composer une sociologie réaliste.
- Saru n’est-il pas l’éternel Calimero ? Tellement légaliste, engoncé dans son dandysme, aveuglé par sa fonction, qu’il n’est jamais capable de sentir chez les autres, et notamment chez Mary-Sue dont il est proche, les nœuds psychologiques. Même quelqu’un qui ne connaissait par Mary-Sue se serait douté par sa réaction plus que transparente qu’elle allait désobéir. Alors qui a répétitivement essuyé ses désobéissances depuis des années et qui appartient en outre à une espèce réputée empathe (les Kelpiens sentent le danger et la mort), n’a guère d’excuse de n’avoir pas su anticiper cette désobéissance… pour tomber (comme d’habitude) des nues ensuite et rejouer le couplet de l’indignation. C’est à croire que Saru est un "handicapé" de la psychologie et de l’intuition, ce qui craint au titre à la fois de Kelpien et de capitaine de Starfleet.
- Dans quelle mesure Mirror-Georgiou est-elle autorisée à prendre part à des missions illégales d’intérêt personnel ? Même si Kovich de la Section 31 (ou de son équivalent du 32ème siècle) lui a confié un "mandat" ou une "mission", il est très peu probable que cela inclue la liberté d’initier des opérations, du moins si peu de temps après avoir été "recrutée".
- La non-simultanéité absolue des explosions de dilithium n’est pas une théorie crédible pour impliquer l’existence d’un point d’origine et donc d’une cause artificielle (provoquée intentionnellement). Bien entendu, dans les sciences TGCM très fantasy de Discovery, il est facile d’affirmer n’importe quoi et de le faire avaler aux spectateurs. Mais si l’on respecte tant soit peu les sciences réelles, il existe de nombreux états de la matière (et donc en l’occurrence du dilithium et de l’usage qui est fait à un instant t) qui expliqueraient à eux seuls les décalages dans la manifestation d’un même phénomène, que celui-ci ait été artificiellement provoqué ou non. Et à l’inverse, des états d’intrication quantique postulent une absolue simultanéité d’états quel que soit la distance et une éventuelle causalité extérieure.
- En supposant maintenant que la théorie de Burnham soit scientifiquement valide (BHD) dans le cas précis du dilithium et de la Brasier, il est aussi invraisemblable qu’insultant qu’un personnage venu du 23ème siècle ait réussi en un an d’errance picaresque à trouver et prouver sans aucune ressource ce que l’ensemble de l’UFP et de Starfleet du 31ème et 32ème siècles n’ont même pas songé à faire durant 120 ans. Et en la circonstance, même l’argument d’une Fedefleet à l’agonie qui serait débordé en 2188 par les mille incendies à éteindre quotidiennement (argument invoqué à la fin de l’épisode) est nul et non recevable. Car cela n’explique aucunement qu’une recherche en causalité aussi évidente (puisque entreprise par un personnage de 930 ans antérieur dès son arrivée) n’ait été menée par la Fédération dans les premières années suivant le Burn. Il est clair que depuis 2017, tout est fait pour glorifier Super-Mary-Sue sans la moindre mesure, mais ce travers d’écriture devient de plus en plus rédhibitoire tant il ne chercher même plus à préserver un semblant de vraisemblance. Même en laissant son cerveau au vestiaire, ça ne passe plus.
- Comment Book a-t-il pu programmer un plan de vol automatique vers le QG Apple Store de l’UFP+Starfleet alors qu’il ne possédait pas ses coordonnées ? Pour mémoire, il avait quitté Burnham à la fin de DIS 03x03 Poeple Of Earth, c’est-à-dire avant qu’Adira ne retrouve la mémoire et ne détermine la localisation du sanctum sanctorum à la fin de DIS 03x04 Forget Me Not. Faut-il croire que Burnham ait transmis à travers le subespace à son futur plan cul les coordonnées de l’endroit le plus secret de la galaxie ? D’autant plus que la plupart des relais subspatiaux sont devenus inopérants (comme la saison 3 n’a cessé de le rappeler sans pour autant avancer de raison valide).
- Pour justifier l’urgence de sa désobéissance, Burnham invoque les trois semaines qui se sont écoulées entre le moment où le "Millennium Falcon" de Book a quitté l’orbite de Hunhau et son arrivée aux Starfleet Headquarters. Mais cette inquiétude ne possède aucune base cohérente, puisque Cleveland lui avait annoncé dans son holo-message qu’il la rejoindrait bientôt ; or le délai de transport applicable au cargo est comparable à un autre moyen de transport en distorsion. Le "chronomètre de l’angoisse" ne débute donc qu’à partir de l’arrivée du vaisseau et non de son départ.
- Pire, puisque le "Millennium Falcon" a mis trois semaines à distorsion pour aller de Hunhau au QG, la durée du trajet inverse demanderait exactement le même délai avec le même cargo. Alors qu’il serait instantané au moyen du mushroom drive de l’USS Discovery. Dès lors, n’aurait-il pas été bien plus cohérent que Burnham reste à son poste durant les jours à venir (et pendant les opérations immédiates prévues par Starfleet) en attendant d’obtenir de Vance ou de Saru une fenêtre de liberté de quelques heures pour faire l’aller-retour sur Hunhau ? Même en restant immobile deux semaines et demie sur l’USS Discovery, elle aurait pu arriver plus vite par "voie mycologique" sur Hunhau qu’en empruntant le "Millennium Falcon" de Book. Encore une fois, dans ST Idiocracy, on agit d’abord et on réfléchit après. Mais surtout, on est dans la posture.
- Sauf que... l’épisode n’a aucun scrupule à tricher effrontément envers son hypothèse de départ, puisque le cargo fait en réalité le trajet QG-Hunhau en deux minutes de temps d’écran (et non en trois semaines), presque aussi vite qu’en spore drive ! Et il ne peut s’agir ici d’une longue ellipse puisque dans le même temps, alors que le cargo est déjà parvenu en orbite de Hunhau, Tilly découvre le chat Raucune dans ses quartiers. Or cette dernière n’a tout de même pas découché durant trois semaines, pas plus que Grudge n’aurait pu rester aussi longtemps dans ses quartiers sans attirer l’attention de quelqu’un. Dès lors, ça signifierait qu’un trajet en distorsion qui réclame trois semaines dans un sens demanderait seulement quelques heures maximum dans l’autre !!! Le subespace n’a jamais été asymétrique. Certes, le fanboy assurant le SAV des auteurs pourra toujours puiser dans les réserves à fonds perdus de l’off screen pour invoquer des régimes de distorsion différents et/ou une carence de dilithium lors du voyage aller, mais rien de tel n’est suggéré dans l’épisode.
- Comment se fait-il que nul n’ait remarqué (et encore moins empêché), ni à bord de l’USS Discovery, ni dans le QG hyperprotégé de Fedefleet, le départ en loucedé du cargo de Book ? Pourtant, on ne sort ni discrètement ni librement d’un hangar à navette, et encore moins d’une bulle de distorsion.

Alors certains répliqueront peut-être que cet enchainement de WTF n’a aucune espèce d’importance, car seules les "émotions" comptent. L’ennui, c’est que lorsque les "émotions" résultent d’une construction factuellement 100% bancale, c’est l’argument même de l’histoire qui s’effondre, et il n’est plus possible de croire à quoi que ce soit. À l’instar des sacrifices mélodramatiques de personnages qui ne sauraient émouvoir lorsque le contexte aurait permis de les sauver. D’une situation pesante, on bascule dans une situation factice. Au lieu de voir un personnage tragique, on ne perçoit qu’un acteur qui cabotine.

Reprenons le fil de la narration...
L’entrée dans l’atmosphère de Hunhau dévoile de grands vaisseaux suspendus dans les airs, tels les rochers de Pandora. Mais la lumière ocre et l’environnement très steampunk de la colonie évoque quelque peu District 9 de Neill Blomkamp. Dans tous les cas, les SFX en jettent, tout comme la production value au sol, très convaincante, quoique pas forcément davantage que dans des épisodes comme ST VOY 07x03 Critical Care, ST VOY 07x16+07x17 Workforce ou ST ENT 03x01 The Xindi...

Pour donner le change envers l’Orion Tolor et ses caïds testostéronés, Mirror-Georgiou se fait passer pour une capitaine-diva extravagante et infatuée (pas même besoin pour elle de faire semblant tant elle s’imagine être plus forte à elle toute seule que tous les truands qui occupent la planète) et Mary-Sue pour sa servante zélée.
Ce qui, sous couvert de roulements des mécaniques féministe est un poil mysandre (ou androphobe), et méprisant en creux envers Book puisque prétendant faire mieux mieux que lui, sans plus de moyens et avec moins d’intel que lui, alors qu’il est un natif de cette réalité et de cette époque-là...

L’Orion Tolor est le neveu de la redoutable Osyraa, qui possède la réputation de briser toutes les volontés, aussi bien celle du personnel que des prisonniers. La simple évocation du nom à la tombée de la nuit fait trembler les murs de Starfleet Command millésime 3188, dont le pire ennemi est désormais... la mafia !
Belle régression conceptuelle ! Allez donc faire de la SF...
La limite universellement mafieuse vers laquelle tend l’univers entier hors de la férule "Democatic Party approved" de l’UFP est un postulat que martèle Secret Hideout dans toutes ses productions depuis 2017. Et cette troisième saison de Discovery est idéologiquement du même tonneau que la première saison Picard en dépit des 800 ans d’écart dans la chronologie du même Kurtzverse (quant à lui bien distinct du Trekverse de ENT-TOS-TNG-DS9-VOY). Il ne faudra donc pas s’étonner si Osyraa s’avère un décalque de Bjayzl dans Picard 01x05 Stardust City Rag, couleur de peau (verte) exceptée.
Soit un recyclage de tous les poncifs hollywoodiens – essorés jusqu’à la moelle – sur les cartels et le crime organisé, mais avec l’illusoire prétention d’un renouvellement pour avoir simplement "re-genré" ses parrains, devenus marraines. Oui, c’est tellement plus woke et politiquement correct lorsque les barons du crime ont été remplacés par des baronnes...

Avec du dilithium authentique perpétuellement brandit tel une carotte, la tactique consiste à faire durer la visite des gigantesques entrepôts et usines de désossage de bagnoles… enfin de vaisseaux le plus longtemps possible dans le cadre de recherche de "boulons auto-étanches du 24ème siècle" et autre babioles rares pour laisser le temps à Mary-Sue de localiser Book puis entrer discrètement en contact avec lui.
Assez vite, il apparaît que Cleveland a été embauché de force dans ce goulag dont on se s’évade pas, composée d’une main d’œuvre (venue de Bêta 6, de Marin-Jira et d’ailleurs) prétendument en dette envers la famiglia de l’Emerald Chain. Mais de ces "dettes" qu’une vie entière ne suffit pas à rembourser. En somme un servage, voire un esclavage qui ne dirait pas son nom.
Bref, Hunhau est ni plus ni moins un camp de travail forcé, comme ST VI TUC, ST DS9, ST VOY et Battlestar Galactica 2003 en avaient plusieurs fois mis en scène, et avant elles des séries aussi diverses que Blake’s 7 et V. Mais ici sans la moindre plus-value science-fictionnelle. Rien de plus quelconque en somme. Nihil novi sub sole.
Mais pour bien exacerber la gravité de la menace et le guêpier dans lequel les protagonistes sont venu(e)s se fourrer, l’épisode propose une démonstration de cruauté gratuite : un des "esclaves" bajorans, Lai, vole une ration d’eau. Surpris par Tolor, ce dernier l’oblige à "s’évader" en courant sous le feu nourris des armes à particules vers le périmètre électronique qui encadre ces usines de forçats (dont l’aspect évoquerait presque des complexes métallurgiques du 19ème siècle). Comme pour tous les prisonniers (dont Book fait désormais partie), une puce a été implantée dans la nuque de Lai, et celle-ci fait littéralement exploser sa tête en franchissant l’enceinte extérieur ! Aussi bien Cleveland (qui tenta de s’interposer pour sauver la vie de Lai) que Michael se retrouvent à devoir assister, impuissants, à ce spectacle criminel et gore d’édification et de soumission des masses laborieuses.
Mais inutile d’aller chercher dans tout ça une quelconque allégorie pertinente de la lutte des classes ou des mécanismes de domination. C’est ni plus ni moins une séquence abjecte mais aujourd’hui ultra-resucée de chasse à l’homme, et plus précisément un remake hypocrite de la plus célèbre scène de Running Man de Paul Michael Glaser (1987) d’après Stephen King.

Parmi les figures de la Chaîne d’émeraude, il en est une qui se démarque : Ryn. Comme nombre de ses compatriotes andoriens, il est né au sein de cette nation-cartel. Mais au contraire de ses semblables, il s’est engagé pour davantage d’équité et de moralité, il a voulu réveiller le peuple. Probablement un vestige mémoriel de l’ère révolue où Andoria n’était pas seulement membre, mais membre fondateur de l’UFP. En somme, Ryn est à sa manière un "true believer" comme Aditya Sahil dans Discovery 03x01 That Hope is You, Part 1. Mais évidemment, son action fut jugée séditieuse.
Pour sanction, la "mafia d’émeraude" lui a coupé ses antennes d’Andorien, et pour humiliation, elle l’a affecté à la tâche moralement la plus dégradante, à savoir implanter dans la nuque des prisonniers ces implants qui les empêchent de traverser l’enceinte électronique de confinement sous peine "d’explosion cérébrale". Ce qui lui vaut d’être à la fois considéré comme un paria au yeux de ses compatriotes andoriens et un traitre par les prisonniers. Et pourtant, infatigablement, il tente à sa modeste mesure d’assister et de soulager la peine des "esclaves", sans pour autant être davantage apprécié d’eux. Ainsi, peu avant d’être appréhendé et "condamné à mort" par Tolor, Lai avait violemment refusé l’aide de Ryn. Seul Book semble capable de comprendre l’intenable situation de cet Andorien pas comme les autres, au point d’avoir noué une relation de confiance avec lui. Ce qui permettra d’impliquer très naturellement Ryn dans le projet d’évasion improvisé par Michael et Cleveland...
Et en terme d’évasion, il faut dire que DIS 03x06 Scavengers soumet à rude épreuve la suspension d’incrédulité des spectateurs. Tout repose sur une complète impro lors du brève échange par effraction entre Cleveland et Michael, à l’abri de l’œil inquisiteur de Tolor, quoiqu’après de tendres enlacements énamourés et gorgés de mélo (comme si l’univers s’était mis en pause juste pour agréer Mary-Sue).
Étant donné qu’un changement d’équipe est attendu dans moins d’une heure, avec pour effet que Book ne sera renvoyé à ce même endroit qu’une semaine après, Michael invoque l’expérience d’Iso 7 pour lancer en urgence tout le processus d’évasion. L’épisode ressort ainsi le joker déjà honteusement employé dans DIS 03x03 Poeple Of Earth pour capturer le pirate Wen, à savoir un souvenir commun des baroudeurs B&B puisé dans leur réservoir extensible à l’infini de "rogue operations à travers la galaxie, donc commodément inconnu des spectateurs. Ce qui leur permet de démêler (ou se sortir de) n’importe quelle situation en se gardant bien de fournir une quelconque explication, tout en se faisant passer pour la meilleure dream team de l’univers, ayant tout vécu et tout réussi durant leurs aventures picaresques. Scénaristiquement pratique.
Dès lors, tout ira très vite :
- Mirror-Georgiou réussira à concevoir au nez et à la barbe de la Chaîne d’émeraude et en deux minutes chrono une arme pour désactiver à distance le périmètre de la mort. Sauf qu’on ne sait pas comment un tel exploit a été possible, d’autant plus que c’est par l’assassinat de Lai qu’elle venait juste de découvrir la simple existence dudit périmètre létal).
- Ryn préviendra un maximum de prisonnier que la libération est proche (la plupart refusant néanmoins de le croire par fatalisme ou de le suivre par défiance envers lui).
- Book ira chercher la boîte noire qu’il dissimilait dans ses quartiers. Euh, parce que chaque "esclave" possède ses "quartiers privés" ? Et comment se fait-il que les "appartements" de Book soient si proches de l’usine alors que son "affectation" est supposée n’être que temporaire ?
- Burnham détruira son drone de surveillance attitré (imposé par Tolor en son absence), ce qui déclenchera l’alarme générale et lui vaudra d’être appréhendée avec l’ex-impératrice.
- Toutes deux seront conduites au poste de commande du complexe où Tolor se targuera d’avoir mis la main sur le dilithium contenu dans le "Millennium Falcon" (une "revanche" contre toutes les vanités et insultes gratuites de Mirror-Philippa). L’aga orion est désormais convaincu que les deux aventurières sont venues sous un faux prétexte, et il n’a jamais vu autant de dilithium sa vie, mais c’est ce qui vaudra aux deux aventurières de ne pas être exécutées sur le champ.
- À la faveur de la confusion provoquée par l’alarme (pourquoi celle-ci n’a-t-elle pas été interrompue puisque Mary-Sue et sa sidekick ont été arrêtées ?), Book réussira à faire détonner une espèce de grenade défensive. Là encore, comment se l’est-il procurée sans être repéré par tous les systèmes de scan et de contrôle de la colonie ?
- Cette explosion de diversion conduira les gardes à quitter précipitamment le poste de commande, laissant dès lors Burnham et Mirror-Philippa seules avec Tolor et un de ses affidés. Inutile de préciser qu’en dépit de leurs entraves, elles n’en feront alors qu’une bouchée dans un combat au corps à corps totalement irréaliste.
- À noter cependant que l’ex-impératrice sera saisie au pire moment d’un flashback sanglant, exhumant de sa mémoire les massacres décomplexés de son règne terran de l’univers miroir. Cela lui vaudra de s’évanouir brièvement... avant de se ressaisir pour porter assistance à Mary-Sue en difficulté face à Tolor, puis pour désactiver l’enceinte de la mort.
- Book, Ryn et les quelques prisonniers qui l’ont suivi, alors embusqué à proximité du périmètre, pourront enfin le traverser sans risque et prendre la fuite... sous le feu nourris des gardes (la plupart Andoriens).
- Michael et sa sidekick se téléporteront à bord du cargo (il faut le supposer du moins car cela n’apparaît pas à l’écran) puis le déploieront pour couvrir l’évasion des "esclaves" (quoique si peu par rapport au nombre total). Ces derniers gagneront un vaisseau de transport qui les attendait bien gentiment à proximité avec pilote et tout confort. On ne sait absolument pas d’où sort ce renfort providentiel d’un plan improvisé dix minutes avant, mais pour ceux qui ont été capables d’encaisser jusqu’à ce point, une seule consigne : OSEF !
Cette construction narrative est un WTF d’anthologie, digne des pires navets de série Z !
Du coup, l’ignorance (ou l’oubli) par les scénaristes que e.g. couper les antennes d’un Andorien ne représente ni une mutilation ni un préjudice, celles-ci repoussant aussi vite que des ongles (cf. ENT 04x13 United), cela tient du "détail" insignifiant en comparaison de tout le reste...

Durant la fuite, anticipant un tir de garde ciblant Book, l’Andorien Ryn fait spontanément bouclier de son corps et sauve Book, au risque d’être mortellement blessé. Ce sacrifice est toujours le plus beau de tous, mais c’est aussi l’un des plus fameux clichés d’Hollywood. Au moins c’est raccord avec l’ensemble de la descente dans l’enfer de Hunhau... qui n’est qu’un empilement des truismes sur tous les camps de travail de l’histoire audiovisuelle.

Le game changer, c’est le vaisseau de Book qui se révèle un pur Mecha de la tradition des manganims. Piloté en symbiose par les deux Amazones, faisant exploser les gardes et le personnel de la colonie comme des pigeons d’argile, c’est aussi tripant qu’un doigt d’honneur bien mouillé à Star Trek.
Alex Kurtzman renoue ici avec l’un de ses premiers amours, Transformers (car c’est aussi à ce "cador" que l’on doit ce "chef d’œuvre" du 7ème Art), ironiquement révélateur de ce que son ST est devenu, jeux de massacres compris.
Après que que Book et Ryn (gravement blessé) ont rejoint le cargo-mecha, et pendant que le vaisseau de transport décolle avec les ex-prisonniers, Mirror-Georgiou se défoule en dégommant comme dans un vieux kill ’em all plusieurs des grands vaisseaux en suspension dans l’atmosphère... qui se crashent alors aussi pesamment sur la colonie que l’USS Vengeance sur San Francisco dans ST Into Darkness. C’est donc visuellement saisissant et très spectaculaire... mais sans considération aucune pour la vie de tous ces "esclaves" (la majorité) qui n’ont pas eu la fortune de croire en l’appel de Ryn (comment les en blâmer étant donné la résignation désespérée de leur condition ?). Et ne parlons pas des "syndicalistes" de la Chaîne d’émeraude qui eux ne comptent pas puisqu’ils étaient "méchants"...
Allez : vae victis.

Bref, deux Voyageuses du 23ème siècle, seules contre des milliers d’assassins mafieux du 32ème siècle, sans aucun plan ni préparation (exactement comme Picard tout au long de la série éponyme), réussissent les doigts dans le nez leur mission impossible (récupérer Book + la boîte noire), et en bonus libèrent quelques victimes... avant de tout démolir comme dans un Team America de Trey Parker. L’essentiel est que les gentils Américains (avec quelque nazie dans la team mais c’est pô grâve) aient mis la pâtée à un putain de système esclavagiste. La "démocratie pour tous" doit absolument gagner, par la voie des cimetières s’il le faut.

Pendant le court trajet de retour (oui, ce second voyage Hunhau-QG demande quelques heures et non trois semaines contrairement au premier, allez savoir pourquoi...), Burnham cuisine Mirror-Georgiou pour savoir pourquoi elle fut tétanisée durant le combat final au point de compromettre leur survie. L’ex-impératrice a du mal à se confier, et de toute façon elle ne comprend pas ce qui lui arrive (un phénomène remontant à quelques semaines et se traduisant par des flashbacks douloureux et sanglants provenant de son passé dans l’univers miroir).
Et parce qu’elle voit toujours en Mirror-Philippa sa "manman de substitution" venue d’un autre univers, Michael se lance alors dans une séance affectée d’empathie, de compassion et de consolation dont elle a le secret, mais complètement à contre-emploi. Elle lui rappelle qu’elle n’est pas seule, qu’elle peut compter sur un équipage-qui-l’aime et sur Mary-Sue-qui-l’aime-encore-plus. Cette séquence de mièvrerie malsaine essaie de faire oublier l’air de rien qui est vraiment l’ex-impératrice, en la présentant au fond comme une "victime" de l’univers miroir, devant réapprendre à vivre normalement et guérir de ses traumas !!! Imaginez un instant Hitler à la place (et encore ce serait une litote si une telle chose est possible), et vous mesurerez alors à quel point cette scène est aussi indécente que manipulatoire...
Bien entendu, il n’aura échappé à personne que les premiers symptômes (du moins on screen) sont apparus dans une coursive à la fin de Discovery 03x05 Die Trying, ce qui suggérait que c’est sa rencontre troublante avec Kovich (David Cronenberg) qui aura provoqué ce début de "métamorphose". Le big boss de la Section 31 du 32ème siècle lui aurait-il injecté un germe (en pleine croissance) de conscience, de moralité et d’empathie ? Si tel est le cas, l’impératrice terran n’a pas fini d’expier, du moins dans un développement cohérent... Mais il est probable que dans leur générosité si inclusive, les prochains épisodes de DIS soldent les comptes au moyen de deux Ave Maria et trois Pater Noster. Et ainsi les spectateurs cesseront enfin de lui reprocher d’avoir exterminé par plaisir pervers des civilisations entières, ayons "l’esprit Trek" quoi...
Et puis faut bien se faire à l’idée que Mirror-Hitler va devenir la vedette d’une série Star Trek dédiée à sa personne. Si c’est pas de l’inclusion token ça ?! Oui, il était grand temps que les exterminateurs de masse et les points Godwin aient aussi leur pleine place dans l’idéal trekkien... Pas de discrimination, ah mais !

DIS 03x06 Scavengers amorce un rapprochement progressif entre Paul Stamets et Adira Tal. Campant avec son gentil fantôme Gray à l’ingénierie, elle prendra l’initiative d’upgrader radicalement l’interface du mushroom drive pour éviter à l’astromycologue de devoir plugger ses avant-bras, la connexion s’établissant désormais au moyen de vasques emplies d’un nanogel non visqueux dans lequel il suffira à Stamets de plonger ses mains pour naviguer le vaisseau dans le réseau mycélien. Dans le Star Trek historique de tels bouleversements conceptuels auraient été collectivement soupesées, expertisés, et subordonnés à des autorisation. Mais dans DIS, ce sont juste des bricolages qui s’improvisent pour nouer des relations et/ou se faire de petits cadeaux sympas entre amis. Charmant et tellement professionnel...
Seconde étape de ce turbo-speed dating : lorsque dans le mess de l’USS Discovery, Stamets surprend Adira à soliloquer (en fait à parler avec le fantôme de Gray), il s’assied à ses côtés… et entame très vite (mais alors très très vite) une discussion sur les expériences partagées de mort non-conventionnelles. Admettons que les dialogues ne sont pas en eux-mêmes trop mauvais et qu’ils témoignent d’une intention de porter – une fois n’est pas coutume – les échanges sur un plan métaphysique avec ouverture d’esprit.
Le problème, c’est que Stamets s’improvise couple counselor, coach ou motivateur, tandis que son "entente magnifique" avec Adira (et indirectement avec l’invisible Gray) est amenée à la schlague et conquise bien trop rapidement, donc artificiellement... sans défi psychologique, sans introspection, sans trauma, sans parcours, sans accomplissement... en fait sans implication personnelle par-delà les dialogues récités. Les acteurs eux-mêmes n’expriment pas davantage d’émotion que lors d’une conversation mondaine sur la théosophie ou les NDE (expériences de mort imminente)
Autant dire qu’une telle scène ne survivra pas à la comparaison avec les innombrables questionnements métaphysiques dont le ST historique était truffé, y compris dans le malaimé ST Generations qui portait pourtant en comparaison sa réflexion sur la mort et la mortalité à un niveau stratosphérique.
En revanche, ladite scène de DIS 03x06 Scavengers aurait peut-être eu sa place dans un épisode d’Ally McBeal ou de Sex And The City, preuve que ce n’est malgré tout pas un raté intégral.
Troisième et dernière étape de cette sociabilisation forcée : en remerciement de sa prestation de ship counselor, Adira affranchira Stamets de ses implants antibrachiaux, devenus sans objet puisque la navigation mycélienne ne réclame plus de plug mecha façon Evangelion. Il faut donc se rendre à l’évidence : en cumulant dès l’âge de seize ans les qualités inépuisables de petite génie omnisciente, à la fois chirurgienne experte, ingénieure de pointe, et inventrice inépuisable, Adira (sans même l’assistance du symbiote Tal) bat à plate couture Wesley Crusher ! DIS est décidément la série de tous les dei ex machinae (mais exclusivement au féminin ou apparenté) : Mary-Sue, l’ange rouge Michael, l’archange Gabrielle, Sylvia Tilly, Me Hani Ika Hali Ka Po, et maintenant Adira sans Tal.

Comment se fait-il que ce soit le Dr Pollard qui soigne dans l’infirmerie de l’USS Discovery l’Andorien Ryn, pourtant gravement blessé par une arme du 32ème siècle ? Si l’on a l’intérêt du patient à l’esprit, un médecin du 23ème siècle ne peut décemment être un choix responsable. Ce serait comme de solliciter un médecin médiéval de nos jours lorsque le pronostic vital en engagé... Trois semaines de formation médicale accélérée ne suffiraient en aucune façon à rattraper un millénaire de retard. Sauf à supposer une quasi-complète stagnation dans le domaine médical (comme apparemment dans tant d’autres domaines) entre 2258 et 3188.

Au chapitre de l’USA-morphisme, l’English très typé 21ème siècle que semble parler la Voie Lactée entière du 23ème au 32ème siècles discoverien franchit un nouveau Rubicon à chaque épisode…
Dans le registre du slang, après le "f-world" omniprésent dans les épisodes précédents, il était temps que s’invite aussi le "s-world" avec un triple "shit" que l’inénarrable Sylvia Tilly balance à la gueule de Saru, et avec son approbation s’il vous plait ! N’oublions pas non plus les "bitch" et autres formules pittoresques qui embellissent des dialogues déjà si fleuris ("récupères-ça, connard", "tas de viande"...), en particulier chez la gente dame du miroir.
Mais il faut cette fois y ajouter un autre marquage idiomatique enchaînant toujours davantage la série : les concepts de "passif-agressif" et "passif-passif" que se renvoient mutuellement Burnham et Book, et qui fleurent bon la novlangue de la psychologie d’entreprise.
Qui se souvient que le parfait anglais du Star Trek-qui-fut procédait de la normativité des (traducteurs universels) ? Le ST Kurtzmanien aurait alors pu s’accorder des latitudes de truculence et de fantaisie, mais à la condition de ne pas y déverser tous les caniveaux du contemporain, en suivant par exemple le modèle créatif de la série The Expanse pour entériner l’effet du temps et des inévitables évolutions culturelles. Mais évidemment, cela aurait demandé une certaine ambition dans l’écriture...
Donc absolument rien de tel ici, la stagnation multicritère reste le maitre mot de DIS mark 3. Mais alors pourquoi même faire de la SF ? Et comment expliquer en internaliste cette invariance du champ lexical argotique et wesh-wesh sur presque 1 200 ans ?

Dans le turbolift de l’USS Discovery à la durée de trajet commodément interminable (puis finalement stoppé), Burnham réaffirme à Book ne pas regretter sa désobéissance pourvue qu’il ait été sauvé. Son échelle de priorité a le mérite d’être claire et assumée. Et après des témoignages d’affection sirupeux, moment solennel, Burnham et Book se roulent pour la première fois une pelle ! Bon d’accord, y a d’abord un "raté" car l’élan enflammé est interrompu par le running gag-qui-ne-fait-rire-personne de Linus se matérialisant intempestivement une énième fois (faute d’être capable d’utiliser son nouveau badge-téléporteur).
Bon, allez, on recommence. La scène de french kiss dure, et dure encore, et s’éternise, emphatisée par une épouvantable musique violoneuse et gluante. Une minute entière, à tourner caméra en toupie, à recommencer, à se contempler dans les yeux. Il faut bien célébrer cette année d’attente, de vie commune platonique, enfin "récompensée".
On se demande pourquoi Michael et Cleveland ont attendu aussi longtemps. Un an de marivaudage ? Sommes-nous à l’époque victorienne ?
Non, c’est bien pire, nous sommes à l’époque des soap pour ado de The CW, où l’approche est toujours compliquée à loisir et rallongée artificiellement pour exacerber les gratifications et faire battre le cœur des midinettes.
Et le jardin de Gethsémani de Michael possède un parfum de sable chaud. Car comme pour le soldat qui part au front et conclut un mariage précipité, cette union va donner à Burnham le courage moral d’affronter "l’échafaud" qui l’attend, convaincue que même en agissant mal, elle a bien agi.
Bien sûr, nul doute que l’univers lui-même ne manquera pas de lui donner raison in fine, les couleuvres infligées par le règlement de Fedefleet n’étant qu’un nécessaire chemin de croix dans l’ascension (ou l’assomption) du personnage.

Durant la très longue scène finale de réprimande et de sanction officielle, l’amiral Vance conserve une certaine vraisemblance par son interprétation toujours aussi impeccable que dans l’épisode précédent, combinant la sobriété et le pragmatisme. Il va même jusqu’à apprécier dans le fond l’initiative de Burnham et reprocher à Saru d’en avoir exagéré la gravité. Il possède aussi l’esprit de subsidiarité de laisser au capitaine la responsabilité de discipliner ou non sa Number One.
Mais autant l’amiral aurait été fondé à sanctionner Burnham, autant la tragi-comédie que livre Saru est risible par sa grandiloquence et sa mesquinerie combinées...
Déjà que ce dernier n’avait pas spécialement brillé plus tôt dans l’épisode en se comportant tel un fayot et une carpette, s’empressant de dénoncer à l’amiral Vance sa Number One pour abandon de poste (sur les lâches conseils nombrilistes de Sylvia Tilly surtout préoccupée par l’image qu’allait renvoyer l’équipage de l’USS Discovery).
Mais voilà maintenant que, prisonnier de ses propres principes, imbu de la haute opinion qu’il a de sa fonction, moins préoccupé par l’intérêt général et "the big picture" que par son égo et par la soumission aveugle que lui devrait tout son équipage, cultivant une ingratitude crasse (a-t-il oublié qu’il a librement et informellement suivi Michael dans le futur, que c’est elle qui est venue ensuite sauver l’équipage, et que c’est toujours elle qui l’a adoubé commandant du vaisseau alors que cette fonction aurait pu lui revenir ?)... Saru châtie pompeusement et orgueilleusement Michael en se contemplant le nombril, mais avec un tremolo dans la voix pour se racheter une conscience ! Et tout cela au nom d’une confiance prétendument trahie dans le cadre strict du règlement, alors que ladite confiance n’a pourtant cessé de s’exprimer dans une surérogation bien au-delà du règlement. Un paradoxe que Saru ne semble pas du tout capable de conceptualiser.
On nous ressort en somme ici le vieux couplet totalement désuet – a fortiori dans le futur trekkien – des officiers victimes du devoir militaire, contraints de sanctionner leurs proches au nom de la discipline et de la dépersonnalisation, malgré l’estime et l’amitié.
C’est en réalité le symptôme d’une pensée étroite, sans hauteur, monodimensionnelle, disqualifiant comme jamais Saru, et dévoilant pour seule motivation profonde un désir autocentré de rétribution exutoire. Formulé autrement : Saru a été blessé dans son égo, et il "se venge" car la loi le lui permet sans pourtant l’y obliger.
Et que dire Mirror-Georgiou qui est pourtant officiellement aussi gradée dans la Section 31 que Burnham dans Starfleet mais que nul ne songe même à sanctionner pour avoir participé à une mission illégale ? Comme si être une super-Hitler galactique constituait un passeport d’impunité (aucun compte à rendre à personne, aucune justice pour les fleuves de sang...), tandis que les châtiments seraient réservés aux héros qui auraient le malheur de "héroïser" en dehors des clous... et surtout à l’effigie hagiographique enluminée par la série.

Car oui, on ne le dira jamais assez, face à l’injustice du monde et à l’incompréhension des mortels, Mary-Sue demeure un phare de perfection indicible. Elle est parfaite lorsqu’elle déroule elle-même à l’amiral Vance, mieux qu’il ne l’aurait fait lui-même, toutes les raisons qui lui vaudraient d’être condamnée et emprisonnée... et qui, de ce fait, lui seront épargnées. Elle est tout aussi parfaite lorsqu’elle adoube avec munificence la sanction que lui inflige avec componction Saru, si bien qu’il est rasséréné au fond de lui d’avoir eu la bénédiction de la souveraine pour n’avoir été, en fin de compte, que le modeste instrument de sa divine volonté impénétrable. Elle est parfaite jusque dans ses imperfections – et imperfections parce qu’elle le veut bien.
Qu’elle soit sacrifiée ou glorifiée, qu’elle soit promue ou déchue, qu’elle soit récompensée ou sanctionnée, qu’elle soit adulée ou honnie, c’est l’archangélique Michael qui rafle la mise à tous les coups. Dans les jeux à somme non nulle, la banque gagne toujours.
Et c’est au fond bien normal, car il s’agit du Burnham-show dans le Burnham-verse, la série ne laissant jamais aux spectateurs le luxe de l’oublier, même le temps d’un épisode.

Autant dire une tendance et un pattern qui se répètent et s’accentuent de Kurtz-productions en Kurtz-productions : depuis la version bêta avec Kelvin (le Baby-Kirk-show dans le Baby-Kirk-verse) à la version grosbilliste avec Lowers Decks (le Mariner-show dans le Mariner-verse).

Conclusion

Pour seuls "dilemmes moraux", Discovery cultive les désobéissances rituelles de Mary-Sue. Mais ce qui pouvait constituer d’authentiques drames shakespeariens dans le ST pré-2009, devient à l’inverse dans DIS à la fois un running gag lassant et un mode de construction de la sacralité.
Une sacralité s’inscrivant dans une perspective égotiste le culture ado à l’ère des réseaux sociaux, polarisée autour des valorisations et dévalorisations du soi et du "Je".
Mais également une sacralité mythifiante, lorsque le héros devient martyre, et finalement "dieu" selon la dialectique nietzschéenne.
Donc Mary-Sue-Burnham est incorrigible et irresponsable au sens des normes communes de sa société (qui se trouve être Starfleet), mais en même temps "christique" par l’exploit perpétuel, par la promesse de résurrection (de la Fédération), et par l’omniscience (elle seule "voit" clair... au sens d’un Carlos Castaneda). C’est ainsi qu’elle sera sans cesse sacrifiée pour être mieux sanctifiée, conformément (par exemple) aux paroles de la chanson La vérité de Guy Béart.
Rien d’étonnant donc que l’on retrouve ici le même paradigme trinitaire transgression-iniquité-transcendance que dans la première saison de DIS, moyennant un léger "progrès" contextuel (Mary-Sue ne prend plus perpette cette fois).

C’est ainsi qu’une série assurément prétentieuse accouche épisode après épisode d’apories et de manipulations en cascades.
DIS 03x06 Scavengers est truffé ad nauseam d’invraisemblances et de contradictions rédhibitoires à son existence même, recrachant un nouveau MacGuffin jetable (la boîte noire qui n’est qu’une nouvelle mystery box) pour prolonger le jeu de piste galactique de la pyramide de Ponzi kurtzmanienne, sans qu’aucun personnage n’en sorte grandi (du moins au sens trekkien).
Burnham réussit à être indigne de son uniforme (car sa place est dans de plus hautes sphères), tandis que Saru est indigne de Starfleet (confondant cette institution avec des forces armées archaïques, et l’utilisant pour régler des comptes personnels).
Au bout du compte, l’objectif est surtout de créer artificiellement des situations de fausse rédemption et de faux déchirement pour noyer le spectateur dans une cuve éthylique sans fond de pathos dégoulinant, de surjeu et de larmes... afin de mieux accommoder les massacres "fun" en mode shoot ’em up, les remakes paresseux de Blake’s 7 et autres The Running Man, les punchlines badass bien rances à la The Expandables, et les babillages adulescents de yuppies... empêchant encore et toujours la série de s’élever au-dessus de l’écueil contemporo-centré.
Et quand le pathos n’est pas sentimental, il devient punitif/expiatoire. Contribuant à remplir la série de ce vide éthérique qui tente de se faire passer pour du plein : à savoir des désobéissances répétitives et factuellement incohérentes (mais à terme toujours légitimées pas l’univers), pour alimenter des débats stériles sur le choix, l’orgueil, la confiance et la discipline, pour glorifier l’héroïne en titre par une "martyrologie" qui vient religieusement compléter son messianisme.

Rarement le sentiment dual de stérilité et de WTF n’aura été aussi grand.
Seul l’amiral Vance limite un peu la casse. En revanche, la crédibilité de son institution est atomisée du seul fait qu’une Visiteuse du lointain passé ait réussi en un an – au prix de désobéissances et de sanctions – à réaliser l’anamnèse étiologique du Burn alors que le Starfleet du lointain futur en fut par lui-même incapable. Faut-il vraiment croire qu’en 120 ans, personne au sein de l’UFP (ni même ailleurs) n’ait jamais cherché à savoir ce qui a tué autant d’équipages, détruit autant de vaisseaux, mis à genoux Starfleet, et changer la Voie Lactée à tout jamais ?! Chapeau bas, Discovery parvient ici à battre son propre record indépassable en nawak !
Hélas, ce parti pris débilisant frappé au coin de ST Idiocracy est le matériau même de l’ensemble de cette troisième saison, qui réussit l’exploit d’être absurde par son postulat même, damant ainsi le pion de la médiocrité aux deux premières. Car c’est bien tout le présupposé de ce placement dans le lointain futur qui se voit disqualifié en amont : dans un univers tant soit peu réaliste, tout ce que pourra entreprendre une héroïne du 23ème siècle aurait fatalement dû l’être bien avant par l’UFP et Starfleet du 32ème siècle, quand bien même affaiblis, mais malgré tout fonctionnels et disposant des 930 ans d’expérience et de technologies supplémentaires ! Confirmant l’insondable "équation kurtzmanienne" jamais invalidée à ce jour : "la suite sera toujours pire, qu’on se le dise !".
Ce n’est donc pas le pèlerinage annoncé sur Vulcain dans le prochain épisode ni la probable implication du Gardien de l’éternité dans le diptyque suivant qui devraient rédimer quoi que ce soit...
Ce n’est pas non plus la pseudo-conscience poussant artificiellement dans la caboche de Mirror-Hitler pour la rendre "trekkiennement" et éthiquement acceptable aux yeux des amnésiques (en prévision du spin-off Section 31) qui pourra inverser cette abyssale tendance baissière.

Comment d’ailleurs ne pas conclure que le "système Kurtzman" tire tout le monde vers le bas, et même vers les tréfonds... lorsqu’on sait que cet exécrable DIS 01x06 Scavengers a été signé d’Anne Cofell Saunders ?! Car celle-ci possède à son triomphal actif scénaristique l’exceptionnel BSG 2003 02x10 Pegasus et cinq autres épisodes du chef d’œuvre de Ronald D Moore ! Autant dire un cas d’école, celui d’une machine à broyer aussi bien les grands univers de SF que les grand·e·s auteur·e·s.

0,33 point pour le zeste de "vérité" apporté par le toujours excellent acteur israélien Oded Fehr (mais ne rendant hélas pas le Kurtzverse moins aberrant).
0,33 point pour les effets spéciaux grisants dans le ciel incarnat et à la surface très steampunk de la planète Hunhau.
Et 0,33 point pour le somptueux chat Grudge qui réussit à voler la vedette à tous les autres personnages... ce qui en dit long sur le main cast de la série.
Voilà qui fait donc au total 1/5 (au lieu de 0/5).

ou

YR

EPISODE

- Episode : 3.06
- Titres : Scavengers
- Date de première diffusion : 19/11/2020 (CBS All Access) - 20/11/2020 (Netflix)
- Réalisateur : Douglas Aarniokoski
- Scénariste : Anne Cofell Saunders

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