Victoria : La critique
Il y a près d’un an, c’est Richard Linklater qui nous invitait à partager une expérience cinématographique hors du commun avec Boyhood, film tourné sur une période de 12 ans.
C’est aujourd’hui quasiment l’expérimentation inverse que nous propose Sebastian Schipper en bouclant son film en un peu plus de 2 heures, seulement.
"Le 27 avril 2014 nous avons démarré le tournage un peu après 4h30 du matin. Nous étions dans une boîte de nuit construite à cet effet afin que tous les lieux de tournage soient proches les uns des autres.
Après 2h14, après avoir couru, marché, déambulé et grimpé dans 22 lieux différents,
accompagné de 150 figurants gérés par 6 assistants réalisateurs ainsi que 7 acteurs suivis par 3 équipes son, le film était enfin dans la boîte… il était 6h54 du matin." explique-t-il.
Affirmant sa démarche :
"Truffaut disait qu’un bon film était un film qui avait un point de vue sur le monde et sur le cinéma. VICTORIA répond à cette double exigence en mettant la mise en scène au service du temps. Ici, le plan séquence n’est pas un gadget ni une prouesse technique mais bien le nécessaire matériau de la volonté intangible du réalisateur de raconter le film en temps réel… de raconter un monde à bout de souffle."
A l’instar de Linklater, Schipper nous livre une oeuvre originale et inventive, mais elle aussi, un peu légère sur le plan scénaristique.
Vite fait, bien fait, le film se résume évidemment très vite. Pour autant, ce road-movie nerveux et bourré d’adrénaline se suit avec intérêt. Même si le démarrage semble un peu long et la conclusion un peu convenue.
En même temps, si on devine assez vite à quoi s’attendre, on est tout aussi prompt à espérer se tromper et à escompter une fin extraordinaire. Une forme de suspense qui tient le spectateur en haleine.
Cela n’est pas vraiment une déception que d’arriver au bout de l’histoire, de manière tout aussi irrémédiable que les protagonistes, c’est juste que du coup, la performance vient uniquement du choix de tourner un long plan séquence. Et techniquement ça se salue.
En dépit d’une interprétation tout à fait honorable, on se sent moins dans la fiction que dans une espèce de reportage, façon téléréalité sur les dangers de s’acoquiner avec une bande de rigolos éméchés, un brin aventuriers.
Et à courir après eux tout au long de la nuit, on s’essouffle un peu.
Un bel exploit technique, récompensé à Beaune et à Berlin. Des prix mérités.
A voir.
SYNOPSIS
5h42. Berlin. Sortie de boîte de nuit, Victoria, espagnole fraîchement débarquée, rencontre Sonne et son groupe de potes. Emportée par la fête et l’alcool, elle décide de les suivre dans leur virée nocturne. Elle réalise soudain que la soirée est en train de sérieusement déraper...
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 2 h 14
Titre original : Victoria
Date de sortie : 1er juillet 2015
Réalisateur : Sebastian Schipper
Scénaristes : Sebastian Schipper, Olivia Neergaard-Holm, Eike Frederik Schulz
Interprètes : Laia Costa, Frederick Lau, Franz Rogowski
Photographie : Sturla Brandth Grøvlen
Montage : Olivia Neergaard-Holm
Musique : Nils Frahm
Costumes : Stefanie Jauss
Décors : Ulrich Friedrichs
Producteur : Radical Media, Deutschfilm, WestDeutscher Rundfunk (W.D.R.)
Distributeur : Jour2fête / Version Originale / Condor
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