Festival national du film d’animation 2022 : Le bilan

Date : 29 / 04 / 2022 à 09h30
Sources :

Unification


La 28e édition du Festival national du film d’animation s’est déroulée à Rennes, comme depuis quelques années. Elle a permis de visionner un certain nombre de longs métrages et surtout d’offrir une compétition de courts métrages animés d’une très grande qualité.

Cela est vraiment très agréable de pouvoir assister à la projection d’autant de petits films, ces derniers n’étant pas forcément très visibles en dehors des festivals et de soirées ou d’événements spéciaux. Il faut toutefois noter qu’il existe aussi des programmes courts sur Canal+ et sur Arte et que certains sont parfois visibles sur différentes chaînes de VOD.

L’ambiance était extrêmement agréable. La qualité de l’accueil et de l’organisation y était pour beaucoup. Le festival se déroulait dans plusieurs lieux. Le site principal était le Théâtre National de Bretagne (TNB) qui hébergeait les cérémonies d’ouverture et de palmarès, ainsi qu’un certain nombre de projections de longs métrages et de courts métrages, pas forcément en compétition. Le cinéma Avror donnait l’occasion de voir dans de remarquables conditions des courts métrages en compétition et des longs métrages généralement suivis par des rencontres avec ses réalisateurs.

Le spectateur avait aussi la possibilité d’aller voir en entrée libre des courts métrages et des clips et de s’essayer à la VR aux Champs Libres, un magnifique centre à proximité du TNB.

De très belles expositions étaient en accès libre. La première revenait sur le travail spectaculaire de Florence Miailhe sur son long métrage La Traversée. On pouvait ainsi découvrir au cœur du Musée des beaux-arts, différentes parties qui définissaient le récit. Des tableaux originaux de toute beauté, une fresque racontant la chronologie de la narration et des esquisses préparatoires permettaient de s’immerger au cœur du film. Une vidéo donnant l’occasion d’en apprendre un peu plus sur la création du long métrage était aussi disponible.

Une autre exposition était consacrée à la technique de la Stop Motion. Cette dernière permet d’animer des figurines et l’animation prend vie en les photographiant après les avoir bougé un peu. Ce qui permet, dans les bons jours, d’avoir 5 ou 6 secondes de film par animateur. Le Crous situé quasiment en face du TNB permettait de voir des décors produits par les étudiants du Start Motion. On pouvait y découvrir des story board, des personnages et des accessoires. Un petit film montrait différentes étapes de la création d’un court métrage en Stop Motion. Le visiteur pouvait donc appréhender cette technique particulière et avoir une idée illustrée de ce qu’il faut mettre en place pour réussir à créer un film animé.

Vous pouvez trouver les portfolios des expositions en fin d’article, avec un plus général concernant les projections de courts métrages et les réalisateurs de ceux-ci qui étaient présents. Deux vidéos en fin d’article permettent de découvrir des sessions de questions-réponses entre ces réalisateurs et la salle à l’issue de certaines séances.

En ce qui concerne les courts métrages en compétition, le ton était plutôt pessimiste et social. Au final, très peu d’entre eux étaient simplement amusants et enjoués.

Les films étudiants étaient parfois personnels ou concernaient des sujets qui leur tenaient à cœur. Ce sont principalement des films de fin d’année que l’on pouvait découvrir, nécessitant le travail d’une année entière pour aboutir à un petit film de quelques minutes.

En ce qui concerne les films professionnels, la tendance est parfois encore plus engagée sur des thématiques très fortes. Certains d’entre eux abordaient des sujets extrêmement délicats tels que l’immigration, la guerre, ou encore les violences.

Toutes les techniques de l’animation étaient utilisées. Des prises de vue en images réelles sont parfois insérées dans les films. Ce qui permet d’avoir des rendus visuels extrêmement diversifiés. On passe ainsi du 2D au 3D, du crayonné à l’aquarelle en passant par de l’animation traditionnelle ou de la Stop Motion.

Chaque œuvre était vraiment différente et souvent originale et toutes avaient un caché bien caractéristique qui les rendait particulièrement agréables à découvrir.

Vous pouvez trouver ci-dessous un avis rapide, classé par ordre alphabétique, de l’ensemble des 50 courts métrages de la compétition.

- Absence de Héricher : Un très bon court métrage extrêmement esthétique montrant le sort d’un sans-abri et la manière dont l’humanité détourne ses yeux, s’approprie cette thématique ou ignore ces êtres humains. Des images très dures qui font bien réfléchir.

- À cœur perdu de Saïdan : Un très bon film vraiment touchant sur l’histoire dans l’homme essayant de retrouver son cœur disparu. Mais qu’est-ce que vraiment le cœur ? Très délicat et émouvant.

- À l’air libre - Collectif (EMCA) : Un excellent court métrage réalisé en Stop Motion et une étonnante comédie musicale basée sur 2 jeunes filles radis essayant de réveiller leurs parents. Bien sympathique et surprenant.

- Bear Hug de M. Danielsen : Un très bon film réalisé en Stop Motion présentant un ours voulant faire sa fête d’anniversaire. Un vrai charme associé à une bien étonnante surprise à la fin ! Surprenant et très intéressant.

- Blood de Cisse (EMCA) : Un bon court métrage commençant d’une façon spectaculaire et expliquant les événements à travers le passé de ses protagonistes. L’animation est vraiment très belle et l’œuvre dégage beaucoup d’énergie.

- Bolognaise de Thiébaux (EMCA) : Un très bon film racontant la vie au cœur d’une société de zombies ou l’humanité des personnages n’est jamais présente. Original et caustique.

- Bouquet d’automne de Gintenreiter (École Émile Cohl) : Un bien sympathique court métrage montrant un homme voulant aller sur la tombe de sa femme et son interaction avec son aide-soignante. Très joli et touchant.

- Chroniques de l’eau salée - Collectif (Gobelins, l’école de l’image) : Un joli film de fin d’études racontant le départ difficile d’un jeune homme de son foyer. Alors que toute sa famille aimerait bien qu’il reste. Quelques séquences vraiment marquantes font de très agréables propositions.

- Deux sœurs de Budanova : Un bon film muet particulièrement marquant présentant la vie de deux sœurs dans laquelle va s’immiscer un troisième personnage. L’animation est vraiment très belle.

- DYS de Crézé (EESI) : Un court métrage illustrant les réflexions de diverses personnes autour du confinement, de la pandémie et de la vie d’après.

- Fausses reposes de Basch et Maureau (INASUP) : Un beau court métrage présentant une immigrée attendant ses papiers et parlant de sa vie. Une animation stylisée et minimaliste qui étaye parfaitement le sujet.

- Freedom Swimmer de Martin McGuire : Un excellent court-métrage retraçant la manière dont des millions de Chinois ont essayé de traverser la mer pour aller se réfugier à Hong Kong quand c’était encore un lieu de liberté. Glaçant et d’autant plus d’actualité.

- Godzalina de Paras (ENSAD) : Un petit film amusant montrant une étrange façon de punir les hommes qui harcèlent les femmes. Une idée efficace est très bien mise en scène.

- Granny’s Sexual Life de Djukic et Pigeard : Un très beau film parlant de la sexualité des femmes du passé qui est aussi évocatrice de la condition de la femme et est, malheureusement, toujours d’actualité aujourd’hui dans certains pays.

- Histoire pour 2 trompettes de Meyer : Un bon court-métrage plein d’allégorie et d’imagination montrant une succession de tableaux racontant la vie.

- Horizon réussite de Gibaud : Un film très drôle racontant la manière dont un homme extrêmement imbu de lui-même va se retrouver en plein cœur d’une affaire de fraude fiscale. L’œuvre est très bien écrite est vraiment amusante et fait passer un bon moment.

- I Gotta Look Good for the Apocalypse de Kartal : Un film utilisant plusieurs types d’animation pour raconter le malaise du premier confinement.

- Je me gratte de Yang : Un film vraiment perturbant permettant de se plonger dans la psyché d’une personne solitaire en pleine dépression. Très intéressant et pertinent.

- La confiture de papillons de Huang (ENSAD) : Une très belle animation permettant d’illustrer les mésaventures des nombreux animaux de la réalisatrice.

- La Dech’ de Sigot (EMCA) : Un film à l’esthétique intéressante racontant la manière dont deux amoureux fauchés essayent de se retrouver et de se créer leurs propres souvenirs.

- La fille du potier de Guichard (EMCA) : Un film vraiment intéressant et touchant imaginant la création d’un pot que l’on a retrouvé des centaines d’années après sa création.

- La Séance de Cupillard : Un très court métrage célébrant le cinéma réalisé pour leur réouverture après les nombreux mois où sont restés fermés.

- Le printemps de Claude de Chabaud (La Poudrière) : Un court métrage bénéficiant d’une animation vraiment sympathique et racontant l’étrange histoire d’amour avec lui-même.

- Le ciel au-dessus de la Ville de Loncin : Un beau film parlant de la fin de l’humanité avec une véritable poésie et un sympathique travail visuel. Particulièrement touchant.

- Le dernier œuf de Rondard (EMCA) : Un film et sympathique montrant une petite fille voulant absolument avoir un œuf pour faire son gâteau. Plein d’imagination et d’humour.

- Les filles du vent de H. Ferlay : Un film bien intéressant en Stop Motion qui est une sympathique réflexion sur la liberté à travers une jeune fille qui voudrait bien s’envoler

- Les Humains sont cons quand ils s’empilent de Fernandez (CinéFabrique) : Un bon film amusant réalisé en Stop Motion qui raconte d’une manière vivace la vie au cœur d’un immeuble. Impressionnant pour un film d’étudiant.

- Les larmes de la Seine - Collectif (Pôle 3D) : Un très beau court métrage revenant sur les événements tragiques produit aux abords de la scène en 1961 au cours d’une manifestation de personnes d’origines algériennes. Entre réalité horrible et rêve d’un avenir meilleur, c’est un bon moyen de ne jamais oublier ce genre de drame inacceptable.

- Les liaisons foireuses de Alliez et Delvoye : Un très bon court métrage doux-amer se déroulant dans une fête d’adolescents et montrant la confusion des sentiments. Vraiment crédible et d’une jolie sincérité. L’animation sort aussi de l’ordinaire.

- Les Solistes - Collectif (Gobelins, l’école de l’image) : Un excellent court présentant des sœurs chanteuses qui essayent de trouver une autre femme pour pouvoir faire un concert. Car dans leur pays, les femmes ne peuvent pas chanter à moins de 3 personnes. Vraiment impressionnant ! Un coup de cœur !

- Letter to a Pig de Kantor : Un film remarquable sur le récit d’un rescapé d’une guerre horrible à travers l’imagination d’une jeune fille. Le texte est très puissant et les images impressionnantes.

- Le Vieux Lion et le Petit Chat de Cortes (Atelier de Sèvres) : Un très bon film présentant un conte s’adressant aussi bien aux jeunes qu’aux adultes et qui montre l’étonnante amitié entre lion et un chaton. Une bien belle leçon de vie.

- L’immoral de Koca (La Poudrière) : Un très bon film amusant et incisif qui se déroule dans un restaurant et ne vous fera plus regarder les lieux de la même façon.

- Lorem Ipsum de Orieux (Institut Sainte Geneviève) : Un joli court métrage présentant un petit garçon qui s’ennuie et va jouer avec les mots. Une animation agréable pour ce film de troisième année.

- Luce et le Rocher de Raes : Un très bon film racontant la vie d’un petit village perturbé par l’arrivée d’un étonnant rocher et la manière dont une petite fille qui aime les cailloux va arranger les choses. Drôle et touchant.

- Maman il a quoi le chien ? de Lefèvre (Atelier de Sèvres) : Une évocation originale de l’éveil à la connaissance biologique et à la sexualité d’une petite fille intriguée par le comportement de son chien.

- Miao Miao de Jiao et Zheng (Atelier de Sèvres) : Une bien étonnante histoire de retour aux sources, alors que la fille d’un homme décédée doit rapporter ses cendres dans son pays.
- Mondo Domino de Suki : Une très brillante étude de l’avenir de l’humanité portée par la magnifique mélodie du boléro de Ravel. Une démonstration saisissante, décalée et sans concession du fonctionnement de notre société moderne.

- Noir-Soleil de Larrivé : Un très beau film parlant d’un homme devant identifier le corps de son père retrouvé 40 ans plus tard. Une belle réflexion sur la famille portée par une certaine mélancolie et doublée d’un bien beau portrait père-fille.

- Noyade de M. Salanave (EMCA) : Un film très sympathique racontant l’étrange reconversion d’un ancien champion de natation. Complètement décalé et mâtiné d’une belle poésie qui donne le sourire.

- Oh Babe It’s a Wild World ! de Durtschi-Guillemot (ESAAT) : Un très bon court métrage utilisant une animation vraiment soignée pour parler de la disparition d’un enfant et du temps qui passe.

- Pachyderme de Clément : Une œuvre remarquable traitant avec une immense délicatesse et beaucoup de subtilité de la violence faite aux enfants. Cinq ans de travail pour un court métrage ciselé qui est un véritable coup de cœur.

- Ronde de nuit de Regnard : Un très beau court métrage à l’histoire classique, mais à la narration formidablement mise en images dans ce récit parfois cauchemardesque d’un couple en pleine dispute.

- Swallow the Universe de Nieto : Un très bon film bénéficiant d’une animation vraiment impressionnante qui raconte une histoire bien particulière. La gestion de la couleur, l’imagination et la narration sortent franchement de l’ordinaire.

- Terra Incognita de Dexter et Kjaer : Une très belle œuvre à l’esthétique extrêmement léchée qui raconte l’histoire de la Terre d’une manière singulière, tout en subtilement nous montrant la manière dont celle-ci pourrait disparaître.

- The Burning Life of Barney - Collectif (ArtFX) : Un très étonnant film mélangeant images en prises de vues réelles et animation, récit écologique et comédie musicale. Une très belle réussite !

- Au revoir Jérôme ! - Collectif (Gobelins, l’école de l’image) : Un très bon film présentant un homme près à tout pour retrouver sa femme décédée. Beaucoup d’imagination et un vrai sens de la narration.

- Un chien aboie, les arbres poussent et le vent emporte les nuages de Dubois (ENSAD) : Un joli travail pour une animation 2D pleine de couleurs et de mouvement.

- Wet - Collectif (École des Nouvelles Images) : Un amusant exercice de style très bien réalisé montrant un singulier jeu du chat et de la souris amoureux.

- Yugo de Gómez Salamanca : Un très beau film porté par une animation envoie en noir et blanc particulièrement intense permettant de raconter l’histoire récente d’un pays à travers les témoignages de ceux qui ont vu l’industrialisation et la déshumanisation progressive de celui-ci.

VIDÉOS

Bande annonce :


Festival national du film d’animation 2022 : Session de Q&A "Trouvez sa voie" :


Festival national du film d’animation 2022 : Session de Q&A "Histoires de famille" :


Merci à Aude G pour sa vidéo.

GALERIE PHOTOS

Portfolio général :

Festival national du film d'animation 2022


Exposition La Traversée :

Festival national du film d'animation 2022 : Exposition La Traversée


Exposition Stop Motion :

Festival national du film d'animation 2022 : Exposition Stop Motion


Festival national du film d’animation de Rennes 2022 © AFCA


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