Tenzo : La critique

Date : 18 / 11 / 2019 à 10h15
Sources :

Unification


Tenzo est un bon film parlant du Bouddhisme et de la philosophie zen dont le choix de réalisation n’est pas toujours très convaincant.

En effet, il s’agit d’un film de commande de l’école Sôtô, qui regroupe un très grand nombre de pratiquants au Japon et qui a été financé par les dons de ceux-ci. Le réalisateur Katsuya Tomita est bien le cousin du bonze qui apparaît en personnage principal de l’histoire et ce dernier a décidé d’écrire un scénario s’inspirant de la vie de plusieurs personnages réels, dont son cousin. Il a utilisé comme protagonistes des acteurs non-professionnels, dont la vie à vraiment inspiré leurs personnages de fiction. Seul le deuxième bonze est entièrement fictif, s’inspirant d’un véritable bonze de Fukushima et interprété par un autre vrai moine.

Le film alterne donc entre documentaire et fiction, et si les personnes qui apparaissent sont très crédibles lorsqu’elles expriment visiblement leurs pensées, ou racontent des choses intimes qui concernent leur foi et la religion zen, quand elles ont à interpréter une partie scriptée, elles sont nettement moins convaincantes. Ce décalage donne à certaines scènes un air un peu faux et fait souvent alterner le récit entre passages passionnants et séquences qui font sortir de l’esprit de l’œuvre.

Le film se segmente en six parties, chacune d’entre elles faisant référence à un goût particulier : sucré, aigre, salé, pimenté, amer et subtil. En effet, Tenzo veut dire cuisinier et fait directement référence à l’ouvrage "Les instructions au cuisinier" : Tenzo kyôkun du maître zen japonais Dôgen, créateur du premier monastère zen du Japon en 1237 qui a permis la fondation de l’école Sôtô que l’on découvre durant toute l’histoire. Car dans l’école Sôtô, la cuisine est centrale et fait partie intégralement de la philosophie zen qu’elle prône. De nombreux passages magnifiques montrent des plats être confectionnés et ces derniers donnent une grande envie de les déguster.

Le long métrage raconte brièvement la formation de bronzes et reviens régulièrement sur la philosophie zen qui imprègne l’enseignement bouddhique. La rencontre entre la nonne Shunto Aoyama et le bronze Chiken Kawaguchi sert de fil conducteur au récit et cette dernière est absolument captivante à entendre parler. Le réalisateur a envie de faire un documentaire sur celle-ci et au vu des passages dans laquelle elle apparaît, de sa vie formidable et de ses propos pleins de sagesse, ce serait incontestablement complètement passionnant à découvrir.

Le film évoque aussi le suicide à travers la ligne téléphonique d’aide à ceux qui se sentent mal mise en place par le bonze Chiken Kawaguchi. Car ce sont 30 000 personnes qui se suicident chaque année au Japon. Un fléau qui a encore plus touché les habitants des environs de Fukushima, une zone toujours en pleine reconstruction après la catastrophe de 2011, et qui a emporté le bonze ayant inspiré le second personnage de l’histoire.

Le film propose aussi des images absolument magnifiques du Japon qui sont parfois mises en vis-à-vis avec la méditation des bonzes. Une belle scène de discussion entre les deux protagonistes principaux permet de rappeler les principes fondateurs de leur école : "Ne compte pas sur les autres pour accomplir tes tâches." Et "Ne remets pas à plus tard ce qui doit être fait." Des axiomes d’une grande vérité rappelant des dictons populaires sous nos latitudes.

Tenzo est film intéressant, surtout lorsqu’il se rapproche du format documentaire, permettant de présenter la philosophie zen de l’école Sôtô et la façon dont ses moines japonais utilisent la cuisine pour relier l’humain à la nature afin de permettre d’obtenir un ensemble harmonieux. Avec la rencontre passionnante de la nonne Shunto Aoyama et l’évocation subtile du suicide et du trauma de Fukushima, l’œuvre mérite d’être vue et permet de réfléchir et de méditer à la fois sur notre vie et sur les choix que l’on fait.

Intéressant et spirituel.

SYNOPSIS

Chiken et Ryûgyô sont deux bonzes de l’école bouddhiste Sôtô. Ils se sont connus pendant leur apprentissage spirituel. Chiken, qui vit avec sa femme et son fils à Yamanashi, s’investit dans la prévention du suicide et dispense les préceptes d’une alimentation végétale et zen. A Fukushima, Ryûgyô, seul, fait face aux ravages du tsunami. Son temple détruit, il travaille au déblaiement de la région et accompagne les victimes relogées en préfabriqués.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 03
- Titre original : Tenzo
- Date de sortie : 27/11/2019
- Réalisateur : Katsuya Tomita
- Scénariste : Katsuya Tomita, Toranosuke Aizawa
- Interprètes : Chiken Kawaguchi, Shinko Kondo, Ryugyo Kurashima, Shuntou Aoyama
- Photographie : Takuma Furuya, Masahiro Mukoyama
- Montage : Takuma Furuya, Katsuya Tomita
- Musique : Norikiyo, Suri Yamuhi and the Babylon Band, Takeno Kai Ubaguchi
- Producteur : Katsuya Tomita pour KUZOKU, All Japan Soto Young Priests Association
- Distributeur : Survivance

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

Tenzo



Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.



 Charte des commentaires 


Le Déserteur : La critique
L’Echappée : La critique
Resilient Man : La critique
Spy x Family Code - White : La critique
Le Jour où j’ai rencontré ma mère : La critique
For All Mankind : Un renouvellement stratosphérique pour la série (...)
Captain America - Brave New World : Un film Marvel 10 fois plus (...)
The Walking Dead - The Ones Who Live : Critique 1.05 (...)
Chucky : Critique 3.06 Panic Room
Star Trek : Le baiser entre Kirk et Uhura, et le passage à vide (...)
Le Déserteur : La critique
Le Clan des suricates : Le prochain Happy Feet de Warner Bros (...)
Dr. Odyssey : Don Johnson consulte sur ABC
Nous les Contactés : la critique
Fallout - Le Jeu de Rôle : La critique de L’Hiver (...)