The Witch : La critique

Date : 12 / 06 / 2016 à 13h20
Sources :

Unification


The Witch est un film qui essaye de jouer sur deux tableaux, la reconstitution historique et l’horreur. Néanmoins, les genres ne se mélangent pas vraiment avec bonheur donnant un film intéressant, mais quelque peu décevant.

C’est des documents historiques qui ont servi de base de travail au scénario. L’histoire se base sur une famille puritaine qui chassé de l’enclave où elle vit à la Nouvelle-Angleterre en 1630 pour cause de divergence religieuse va s’installer en pleine nature à la lisière d’un bois sombre.

À l’époque, les colons arrivés d’Angleterre devaient se battre contre une terre pas toujours accueillante et des autochtones qui ne voyaient pas leur venue d’un bon œil. Dans le film, il ne sera jamais allusion aux Indiens, mais la dureté de la nature sera en partie attribuée aux sorcières et aux pouvoirs maléfiques de ces dernières.

En effet, les sorcières, des femmes que la vindicte populaire couvre d’opprobre, seront chassées et exécutées comme suppôt de Satan entre autre. Le procès de Salem en 1692 dans le Massachusetts qui a vu l’exécution de 25 personnes et l’emprisonnement d’un grand nombre d’autres en est l’un des exemples les plus frappants.

La dureté de la vie et l’extrémisme religieux est particulièrement bien décrit dans The Witch. À vrai dire, quand on voit comment le personnage principal est traité dans sa famille, on ne s’étonne pas que le mot sorcière soit lâché rapidement. Tout acte s’écartant d’un quotidien cloisonné ou dérogeant à un comportement religieux acceptable pouvant être considéré comme appartenant à la sorcellerie ou dicté par le Diable lui-même.

La première partie du film reconstitue bien une époque peu agréable à vivre, mais ce dernier se tourne alors vers l’horreur quand une vraie sorcière s’invite à partager la vie de cette famille. L’œuvre bascule ainsi progressivement dans les poncifs de la sorcellerie, et ses clichés classiques, et si la mise en scène de Robert Eggers est réussie, le film s’égare entre deux genres.

L’étude psychologique bien brossée qui mène au drame aurait pu se suffire à elle-même sans faire entrer du véritable surnaturel dans l’histoire. A contrario, la sorcière, et l’horreur qu’elle fait planer sur la famille, aurait eu plus d’impact si la relation compliquée entre les membres du clan ne prenait pas tant de place. Du coup, l’angoisse n’est pas vraiment présente d’autant que les éléments horrifiques sont bien trop montrés…

Le final est d’ailleurs représentatif de cet équilibre instable : arrêter le film quelques minutes avant la fin choisie aurait eu un impact nettement plus fort que cette dernière séquence trop explicite à mon goût.

La mise en scène est réussie, la photographie très belle et le montage efficace. Les décors et costumes donnent l’impression de se retrouver au 17ème siècle, l’odeur en moins.

Mais c’est le casting qui est très réussi. Ralph Ineson et Kate Dickie en parents bigots sont souvent terrifiants et leur façon de mener la maisonnée dans la foi laisse parfois sans voix.

Le jeune Harvey Scrimshaw en garçon aîné de la famille est attachant et son personnage fort intéressant.

Mais c’est vraiment Anya Taylor Joy qui apporte une bouffée d’air pur dans un film sombre au puritanisme pesant. La jeune actrice est lumineuse et porte vraiment le film sur ses épaules. Elle livre la composition toute en délicatesse d’une jeune fille progressivement mise au ban de sa famille.

The Witch est un film intéressant, qui offre quelques séquences intenses et parfois d’une grande beauté. Si le mélange des genres qui la compose ne m’a pas entièrement convaincue, l’étude des comportements et pensées d’une époque théoriquement révolue est passionnante. La partie horrifique me laisse plus sceptique bien que quelques passages soient fort réussis.

En tout cas, la belle photographie, la reconstitution soigneuse et l’interprétation impeccable sont les atouts d’un film qui a eu le Prix du jury SYFY au Festival International du Film Fantastique de Gérardmer 2016 et le Prix du meilleur réalisateur pour Robert Eggers au Sundance Film Festival 2015.

Toutefois, une question reste ouverte : qu’y a-t-il de plus horrible entre le diable et ses suppôts sorcières ou la religion extrémiste et ses adorateurs ?

Le film a tranché, partagerez-vous cet avis ?

IA

The Witch nous invite à suivre une des premières familles de colons anglais de ce qui était alors appelée la Nouvelle-Angleterre, soit les futures États-Unis d’Amériques. Lors de la première scène du film, la famille est exclue de sa communauté à cause d’une pratique de la religion chrétienne perçue comme étant trop extrémiste. La famille s’exile donc dans une ferme à la lisière d’une forêt où elle compte vivre de manière autonome.

Ceux qui s’attendent un film d’horreur surfant sur les standards mis en place dans les derniers succès à la mode comme The Conjuring ou Insidious risqueront donc d’être déçus. En effet, le film présente de manière clinique et documentaire la vie de cette famille que l’on qualifierait aujourd’hui de fondamentaliste, tant la religion ne semble lui laisser aucune liberté de penser librement. L’horreur n’est qu’une conséquence de l’avancée de l’intrigue. Elle n’en reste pas moins particulièrement terrifiante dans son traitement, grâce à sa mise en scène qui commence par suggérer avec brio ce qu’elle finira par nous montrer de manière frontale pour mieux nous scotcher sur nos sièges.

Ce qui fait la véritable force du film est sa manière de montrer comment une foi aveugle menace de précipiter toute une famille vers sa chute. Sans en dire trop, l’intrigue globale du film s’inspire très largement du Livre de Job, tiré de l’Ancien Testament. Le film a beau être produit par Universal, on est loin d’un Fast and Furious de l’horreur : les plans s’étirent dans le temps pour renforcer l’immersion (dans l’horreur) au risque parfois de perdre le public et le film ne comporte aucune véritable scène d’action. Cependant, la qualité de l’interprétation, la bande-son très soignée, quelques scènes-choc ainsi que la fin du film, assez remarquable, participent à l’appréciation globale que l’on peut avoir du film et qui s’est d’ailleurs matérialisée par des récompenses dans différents festivals.

Si les éléments fantastiques comme ceux que l’on voit dans la dernière partie s’intègrent très naturellement à l’univers du film, d’autres ne manqueront pas de provoquer chez certains spectateurs quelques fous rires nerveux pas forcément appropriés au drame qui se joue à l’écran. Pourtant, cela n’empêchera pas The Witch de faire partie de ces films rares dont on se souvient longtemps pour la capacité qu’ils auront eu à nous bousculer de manière inattendue.

AN

SYNOPSIS

1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation, menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres…

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 30
- Titre original : The Witch
- Date de sortie : 15/06/2016
- Réalisateur : Robert Eggers
- Scénariste : Robert Eggers
- Interprètes : Anya Taylor Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie, Harvey Scrimshaw, Ellie Grainger, Lucas Dawson, Bathsheba Garnett, Sarah Stephens
- Photographie : Jarin Blaschke
- Montage : Louise Ford
- Musique : Mark Korven
- Costumes : Linda Muir
- Décors : Mary Kirkland, Craig Lathrop
- Producteur : Daniel Bekerman, Lars Knudsen, Jodi Redmond, Rodrigo Teixeira, Jay Van Hoy pour Parts and Labor, RT Features, Rooks Nest Entertainment, Code Red Productions, Scythia Films, Maiden Voyage Pictures, Mott Street Pictures, Pulse Films, Very Special Projects
- Distributeur : Universal Pictures International France

LIENS

- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

The Witch



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