Wet Saison : La critique
Wet Saison est un beau film qui présente une professeure de chinois enseignant dans un lycée de garçons dont la vie n’est pas facile et qui va se rapprocher de l’un de ses élèves qui a aussi des difficultés.
Le scénario d’Anthony Chen permet d’évoquer de nombreux sujets diversifiés. Il traite ainsi du désir d’enfants, des parents à charge, du couple et du désengagement des géniteurs dans l’éducation de leurs descendants. C’est à travers les deux protagonistes principaux que sont évoquées ces thématiques qui sont situées dans un pays dans lequel la critique sous-jacente de la société pèse aussi sur la conscience de ceux qui en sont les récipiendaires.
La réalisation d’Anthony Chen est très sobre. Ce dernier se met au diapason de son récit et se focalise principalement sur son personnage principal qu’il suit au plus près, parfois à la limite du documentaire. Il propose de belles séquences qu’il intègre de temps en temps au milieu d’un grand nombre de personnes, soit pour séparer, soit pour mieux rapprocher les protagonistes. Il utilise parfaitement la métaphore de la pluie tombant sans cesse au cœur de cette saison humide asiatique pour dresser le portrait psychologique de son anti héroïne et exposer les sentiments qu’elle ressent intérieurement.
L’interprétation est très bonne. Yann Yann Yeo est vraiment formidable en femme voyant sa vie se déliter et son futur s’assombrir et retrouvant un regain d’espoir à travers son élève. Celui-ci est parfaitement incarné par Koh Jia Ler, qui a aussi des grandes capacités athlétiques, son personnage pratiquant les arts martiaux. Il faut aussi signaler le rôle marquant et muet de Yang Shi Bin qui est extrêmement touchant en beau-père invalide.
Il n’est pas courant de voir un film singapourien et taïwanais, et cette immersion au cœur de la mégalopole de Singapour est très intéressante. Elle permet, à travers le dépaysement lié à un lieu que l’on voit assez peu représenté, de se confronter à la subtilité des sentiments universels partagés par des femmes et des hommes. D’autant que si la trame narrative reste assez classique dans son ensemble, elle apporte quelques finesses qui rendent le personnage principal encore plus attachant.
La photographie de Sam Care est bien maîtrisée et permet de faire ressortir la pluie qui frappe régulièrement les lieux et l’environnement. Elle est d’ailleurs associée à un beau travail sur le son qui rend chacun des impacts sur les gouttes important et qui offre parfois une certaine poésie voire une mélancolie qui teintent le long métrage d’un peu de légèreté ou d’un sentiment d’enfermement.
Wet Saison est une œuvre délicate et maîtrisée qui parle de sujets forts et utilise à merveille une femme normale pour faire passer des messages d’espoir et de tolérance. Avec un récit touchant, un duo d’acteurs qui fonctionne parfaitement et un environnement dépaysant, le film est plaisant à découvrir et rappelle qu’après la pluie vient toujours le beau temps.
Sensible et émouvant.
SYNOPSIS
Des trombes d’eau s’abattent sur Singapour. C’est la mousson.
Les nuages s’amoncellent aussi dans le cœur de Ling, professeur de chinois dans un lycée de garçons. Sa vie professionnelle est peu épanouissante et son mari, avec qui elle tente depuis plusieurs années d’avoir un enfant, de plus en plus fuyant.
Une amitié inattendue avec l’un de ses élèves va briser sa solitude et l’aider à prendre sa vie en main.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 43
Titre original : Wet Saison
Date de sortie : 19/02/2020
Réalisateur : Anthony Chen
Scénariste : Anthony Chen
Interprètes : Yann Yann Yeo, Christopher Ming-Shun Lee, Koh Jia Ler, Yang Shi Bin
Photographie : Sam Care
Montage : Hoping Chen, Joanne Cheong
Producteur : Anthony Chen, Wenhong Huang, Tan Si En pour Giraffe Pictures
Distributeur : Epicentre Films
LIENS
PORTFOLIO
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