Millennium Actress : La critique

Date : 16 / 12 / 2019 à 11h30
Sources :

Unification


Millennium Actress est un merveilleux dessin animé et une aventure immersive que l’on a rarement l’occasion de vivre au cinéma.

Il s’agit du deuxième long métrage de Satoshi Kon qui avait déjà frappé un grand coup avec son remarquable Perfect Blue. Et si son troisième film, l’émouvant Tokyo Godfathers, et sa quatrième œuvre, l’impressionnante Paprika, avaient aussi été diffusés en salle française lors de leurs sorties à l’époque, ainsi que sa magnifique série Paranoia Agent qui était disponible en France dès sa diffusion japonaise, il n’en est pas de même pour sa deuxième œuvre qui est restée longtemps pratiquement confidentielle en dehors des fans de japanimation.

L’artiste nous a malheureusement quitté précocement il y a 9 années suite à un cancer. Il est donc extrêmement réjouissant de voir Millennium Actress sortir en salle et remémorer à tous l’impact que le réalisateur a eu sur l’animation japonaise et mondiale, quand ce n’était pas simplement sur des films en images réelles, tels certains blockbusters américains.

L’histoire présente un réalisateur et son caméraman ayant obtenu une interview d’une célèbre actrice japonaise s’étant retiré de son métier sans explication 30 ans plus tôt. C’est d’ailleurs une véritable icône japonaise qui a servi de modèle à cette femme passionnante à rencontrer. Et qui permet, lors de son entretien, de passer en revue un millénaire d’histoire japonaise est un siècle de cinéma du même pays.

En effet, la narration est extrêmement brillante et à travers la vie intime de la comédienne, les œuvres qu’elle a tourné et les sujets de ces dernières s’immiscent sans arrêt au cœur de son récit. Cette proposition cinématographique peut toutefois paraître être surprenante au début, alors qu’au fil de l’interview, le réalisateur et son caméraman se retrouvent de plus en plus entraînés dans les aventures de la comédienne et en viennent même parfois à l’aider.

La musique de Susumu Hirasawa est absolument magnifique. Sa musicalité est ensorcelante et son tempo, qui s’accélère au cours des très nombreuses courses-poursuites du long métrage, sont complètement envoûtantes. Car à travers la destinée d’une femme, c’est bien sa quête d’un homme inaccessible qui est brossé. La poursuite d’un amour de jeunesse que cette dernière recherche partout, même à l’étranger.

L’animation est prodigieuse. Sorti en 2001, le film a entièrement été fait à la main et les séquences de transition, qui sont innombrables, sont d’une beauté à couper le souffle. Bien vite, on se met aussi à courir avec cette actrice et à croiser les multitudes de personnes particulières qu’elle rencontre. En effet, c’est bien le rythme, parfois effréné, du long métrage qui entraîne le spectateur à sa suite et lui fait passer par de très nombreuses émotions en attendant toujours quelle nouvelle surprise va se trouver derrière la prochaine porte que la comédienne va ouvrir.

Les personnages ont une véritable personnalité. Ils sont distinctifs, ce qui s’avère vite pratique, alors que l’on croise toujours les mêmes personnes à différentes époques, dans différents lieux et qu’au fil du temps, chacun d’entre eux vieillissent.

Le travail sur les visages et les mouvements est franchement remarquable. Le réalisateur avait l’habitude de filmer de véritables personnes pour capter au mieux leur mouvement. Il sait capter avec un grand talent les personnalités de chacun des protagonistes et s’amuse parfois à perdre un peu le spectateur entre présent et passé, fiction et réalité. Le doublage japonais et lui aussi excellent. Les comédiens sont formidables dans leurs rôles respectifs et savent faire vivre complètement les aventures que chacun d’entre eux rencontrent.

Satoshi Kon signe un film hors norme où il déploie toutes ces immenses capacités de mise en scène qui donnent très rapidement l’impression de se trouver devant de véritables personnages de chair et de sang qui vous emportent dans leur joie et leurs tourments, en quête de ce que peut bien ouvrir la clé que porte la comédienne, souvenir de son amour passé.

Millennium Actress est un chef-d’œuvre de l’animation mondiale. Un petit bijou ciselé qui n’a pas pris une ride et qui propose une expérience cinématographique incroyable. Il a de plus la grande qualité de s’apprécier encore mieux à chacun de ces nouveaux visionnages qui permettent de découvrir des détails passés inaperçus, liés à la maestria d’une mise en scène absolument magnifique et extrêmement cinématographique.

Vraiment différent et délicieusement étourdissant.

SYNOPSIS

Chiyoko Fujiwara est une ancienne gloire du cinéma japonais. Aujourd’hui, âgée de 70 ans, elle vit recluse chez elle. Un jour, un homme vient lui rendre visite pour l’interviewer sur son passé. Il lui remet une clé, que Chiyoko avait perdu voilà 30 ans. Devant le journaliste et son caméraman elle se met à raconter son histoire. Une vie pleine d’amour et de passion, passée à rechercher un étrange inconnu, celui-là même qui lui a un jour remis cette clé en lui faisant la promesse de se revoir...

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 27
- Titre original : Sennen joyû
- Date de sortie : 18/12/2019
- Réalisateur : Satoshi Kon
- Scénariste : Satoshi Kon, Sadayuki Murai
- Interprètes : Miyoko Shôji, Mami Koyama, Fumiko Orikasa, Hirotaka Suzuoki, Hisako Kyôda, Tomie Kataoka, Masamichi Satoh, Masaya Onosaka
- Photographie : Hisao Shirai
- Montage : Satoshi Terauchi
- Musique : Susumu Hirasawa
- Producteur : Taro Maki pour Bandai Visual Company Chiyoko Commitee Genco, Kadokawa Shoten Publishing Co., Madhouse, WOWOW
- Distributeur : Septième Factory

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

Millennium Actress



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