Les confins du monde : La critique
Les confins du monde est un bon film français se passant en 1946 pendant la guerre d’Indochine et suivant un jeune soldat français voulant venger sa famille massacrée.
Le scénario se base sur les évènements de l’époque, que l’on connaît bien peu, pour suivre la trajectoire psychologique d’un jeune homme confronté à la violence, au désir et à la haine.
Un soldat, seul survivant de l’attaque d’un village va retourner dans une caserne, au lieu de rentrer en France, pour trouver les coupables. Le scénario le suit sur un an entre caserne, jungle dans laquelle les missions l’envoient, et ville de la garnison.
C’est sa vie quotidienne qui est montrée. Les exactions des uns et des autres, les combats sanglants sont évoqués en bordure de l’œuvre et le réalisateur Guillaume Nicloux ne s’attarde jamais sur les morts. Ce sont bien les vivants qu’il filme, montrant les désirs et espoir de ces derniers, notamment ceux du personnage principal s’enfonçant dans une spirale de haine.
Les autres personnages accompagnant une partie du chemin du jeune homme ne sont pas manichéens et dressent en filigrane le portrait d’une société du passé ou colonie blanche et Indonésiens se côtoient avant de s’affronter hors des villes, avant que le conflit ne dégénère les années suivantes.
Il faut saluer l’extraordinaire prestation de Gaspard Ulliel qui est toujours juste et dont l’image en miroir que l’on trouve dans l’ouverture et la fermeture du long métrage reste longuement en mémoire. Gérard Depardieu est surprenant en homme cherchant la paix et tentant d’apaiser l’âme tourmentée du soldat qu’il prend sous ses ailes. Guillaume Gouix est formidable en individu voulant retourner chez lui et cesser d’être militaire. Lang-Khê Tran en prostituée au grand cœur est aussi très intéressante et apporte un peu de lumière à une œuvre bien sombre.
Les costumes d’Anaïs Romand et les décors d’Olivier Radot donnent l’impression de se retrouver plus de 60 ans en arrière, dans un lieu et à un moment de l’histoire qui ont peu souvent été montrés au cinéma.
Quant à la forêt, verdoyante et très présente, elle écrase tout de sa hauteur. Les aventures humaines se déroulant en son sein paraissent bien dérisoires face à la grandeur de ce territoire imposant. La confrontation entre l’idée fixe d’un homme et l’immuabilité et l’intemporalité de ces troncs majestueux apporte une part d’âme supplémentaire au long métrage.
Les confins du monde est un film poignant et captivant présentant un jeune homme confronté à ses démons intérieurs et devant choisir entre sa vengeance et son existence à venir. Avec des superbes comédiens, une atmosphère envoûtante et un récit ne laissant pas indifférent, la réalisation de Guillaume Nicloux entraîne le spectateur sur un chemin bien instable au sein d’une période troublée.
Crépusculaire et insidieux.
SYNOPSIS
Indochine, 1945.
Robert Tassen, jeune militaire français, est le seul survivant d’un massacre dans lequel son frère a péri sous ses yeux. Aveuglé par sa vengeance, Robert s’engage dans une quête solitaire et secrète à la recherche des assassins. Mais sa rencontre avec Maï, une jeune Indochinoise, va bouleverser ses croyances.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 43
Titre original : Les confins du monde
Date de sortie : 05/12/2018
Réalisateur : Guillaume Nicloux
Scénariste : Jérôme Beaujour, Guillaume Nicloux
Interprètes : Gaspard Ulliel, Guillaume Gouix, Lang-Khê Tran, Gérard Depardieu, Jonathan Couzinié, Kevin Janssens, Anthony Paliotti, François Négret
Photographie : David Ungaro
Montage : Guy Lecorne
Musique : Shannon Wright
Costumes : Anaïs Romand
Décors : Olivier Radot
Producteur : Benoît Quainon, Sylvie Pialat pour Les Films du Worso
Distributeur : Ad Vitam
LIENS
PORTFOLIO
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