Ça - Bienvenue à Derry : L’Analyse minute par minute de l’épisode 1.02

ÇA - BIENVENUE À DERRY
Date de diffusion : 30/10/2025
Plateforme : HBO Max
Épisode : 1.02 La Chose dans le noir
Créée par : Andy Muschietti, Barbara Muschietti, Jason Fuchs
Interprètes : Jovan Adepo, Taylour Paige, Chris Chalk, James Remar, Stephen Rider, Madeleine Stowe, Rudy Mancuso et Bill Skarsgård.
Note préliminaire : Cette analyse est conçue pour être lue après visionnage du 2ème épisode de la série.
Elle vous fournira, pas à pas, beaucoup d’explications sur ce qui s’y passe, mais s’élargira régulièrement pour vous expliquer le monde de Ça, de Stephen King, de l’Amérique des années 60 et de bien d’autres choses.
Vous pouvez retrouver l’avis critique de cet épisode, sans spoiler, ici.
L’ANALYSE AVEC SPOILERS
Minute 00 - La chambre de Lilly :
Peut-être que cette petite scène n’a l’air de rien, mais elle est très habile. Pour commencer, elle nous lance d’une façon très efficace en nous replongeant dans cette scène à la fois fabuleuse et dérangeante. Déchiqueter un enfant comme cela à l’écran, dans la petite lucarne qui plus est, c’est déjà très fort, mais en tuer 3 d’affilés, c’est tout bonnement incroyable.
De plus, le fait de nous renvoyer à la croyance qu’il pourrait s’agir d’un rêve, nous laisse dans l’expectative. Tout ça pour ça ? Le pire moyen narratif qui existe, un rêve vraiment ?
Élargissement au monde audiovisuel :
Cette manière de jouer avec la connaissance du public nous ramène à un autre chef d’œuvre du genre, les 3 premiers films Scream, qui savaient nous mener par le bout du nez et nous faire croire à des tas de fausses pistes de mises en scène ou narratives.
En effet, la réalité crue effacera bien vite le politiquement correct. Ils sont bien morts. Cette idée d’un faux Club des Ratés, qui en découvre un autre ensuite, est un des nombreux éléments qui font de cette série un ajout majeur dans le lore de Ça, en cassant tous les codes. Remarquons au passage que la seule survivante de l’attaque dans la salle de cinéma est donc Lilly. On peut la penser protégée par la Tortue Maturin (symbolisée par la figurine tirée du paquet de Cracker Jack, offert par Matty, qu’elle porte maintenant au poignet).
Le générique :
On a enfin droit au générique, comme pour nous dire que la série commence maintenant, après le prélude des premiers morts. Les illustrations représentent entre autres, l’incendie du Black Spot bien entendu, mais aussi le massacre du gang Bradley, une bande de braqueurs de banque dans les années 30… et l’explosion des aciéries de Kitchener, qui seront le point central des deux prochaines saisons prévues, pour former la trilogie voulue par Andy Muschietti, selon ses propres dires.
Minute 04 - Chez Hank Grogan :
On nous représente donc le projectionniste et sa fille, puisqu’il va bien falloir reconstituer un "nouvel ancien" groupe d’enfants. Il est le suspect idéal puisqu’il est le dernier à avoir vu le petit Matty Clements vivant... et qu’il est noir.
Élargissement au monde audiovisuel :
La grand-mère parle "d’une détective à la Nora Charles", qui est l’une des constituantes du duo amoureux de détectives Nick et Nora Charles, tirés du roman The Thin Man, qui est adapté depuis plus de 50 ans en film, en série, en feuilleton radiophonique ou en pièce de théâtre. C’est le duo qui lança le trope des détectives et amants, à la façon par exemple de Pour l’amour du risque, entre beaucoup d’autres.

Minute 06 - Chez Leroy Hanlon :
Beaucoup mieux loti, on passe à la famille Hanlon, voiture rutilante, disque You Send Me de Sam Cooke (le père spirituel de la soul), pavillon où flotte le drapeau américain, nous sommes loin du quartier pauvre des Grogan. L’un est du bon côté de la barrière, l’autre non.
Le fils Hanlon se voit offrir un télescope.
Élargissement au monde audiovisuel et à Ça :
Si l’on peut penser que l’allusion à la vie des voisins est un clin d’œil au film d’Alfred Hitchcock Fenêtre sur cours (1954), ce ne sont pas des jumelles, mais bien un outil pour inspecter le ciel, et donc plutôt un parallèle avec les origines cosmiques de Ça.

Minute 11 - Au lycée :
La relation qu’essaye de nouer Marge avec "le Club des Pattynettes", tout en gardant toujours un œil sur Lilly (et Ronnie, qui se rapproche) est encore une évolution très satisfaisante du "Club des Ratés" da la série, plus tortueuse que celle du roman ou des films. La pelote de laine de l’histoire tisse ses liens en s’entremêlant entre tous ses personnages.
Élargissement au monde de Ça :
Alors qu’un couvre-feu est décrété, et que les annonces se font au micro de l’établissement, une jeune fille avec une queue-de-cheval entre en classe.
Oui, le chandail et l’allure de la jeune fille, il s’agit bien d’un clin d’œil à la Beverly Marsh de l’adaptation en téléfilm (ou en mini-série si vous préférez) en 1990, lorsqu’elle est jouée par Emily Perkins).
Alors que Lilly et Marge échangent quelques mots, on sait, si on en doutait, que ce qui s’est passé au cinéma n’était pas un rêve. Les 3 enfants sont portés disparus, et les fillettes les évoque. Les deux jeunes actrices sont formidables (comme les garçons à d’autres moments d’ailleurs). Clara Stack (qui incarne Lilly) est constamment en "vibration" de terreur, perdue dans ses pensées, et Matilda Lawler (qui incarne Marge) passe d’une feinte décontraction à ses interrogations existentielles qui la font constamment marcher sur un fil. Le casting des jeunes gens est fabuleux, et cela se voit particulièrement dans la scène des pupitres de classe.
Élargissement au monde de Ça :
Will Hanlon entre alors dans la salle de classe, un peu à la manière de ce que fera son fils, Mike Hanlon, plus tard dans les romans et les films.

Minute 19 - Les rues de Derry :
Charlotte Hanlon découvre Derry et rentre chez le boucher qui se présente comme Stan Kersh, le désosseur. On commence à ressentir, avec elle, les étrangetés (les habitants) et la violence (des bullies) de Derry.
Élargissement au monde de Ça :
Notons que, dans le roman, la grand-mère de Mike se nomme Shirley et non Charlotte. Autre détail, le nom du boucher rejoint celui de Mme Kersh, qui est le nom de la mamy qui terrifie Beverly Marsh quand elle pense retourner dans sa maison d’enfance, dans toutes les autres versions.
La scène de la bagarre de rue fait bien entendu penser à celles des autres versions, et le look du garçon à terre ressemble à celui de l’incarnation de Richie Tozier par Finn Wolfhard, dans les films. Une affiche de Bangor, la ville où Stephen King passa une partie de son enfance et qui servit d’inspiration à la ville imaginaire de Derry, est aussi visible.
Enfin, un plan montre le restaurant chinois Jade of the Orient, lieu de retrouvailles des membres du Club des Ratés dans le livre, dans le téléfilm et dans le film Ça : Chapitre 2).

Minute 24 - La chambre de Ronnie :
La scène nous présente d’abord les peurs de Ronnie. Elle s’en fait pour son père, suspecté d’avoir un lien avec la disparition des enfants. Elle n’aime pas non plus les disputes qu’il a avec sa grand-mère. Avant de se réfugier sous ses draps, elle jette un coup d’œil à celle qui lui manque, sa mère. Cela n’a l’air de rien, mais cette minute est un exemple parfait du très bon traitement de l’histoire des personnages par les créateurs de la série. Si on avait remarqué l’absence de la mère de Ronnie, on apprend, en une image, sans rien verbaliser, et au moment même où on en a besoin, le sort de celle-ci, visiblement morte en couches (la photo la représente enceinte, et non pas avec le bébé dans les bras). On imagine alors ses pensées divaguées vers ses problèmes, qui se manifestent ensuite sous l’influence de Ça qui exploite ses peurs et ses faiblesses.
La scène est à nouveau très marquante, dans une parodie monstrueuse de naissance. Les paroles de sa "mère" ne font pas seulement allusion au passé traumatisant dans la mort en accouchant, mais appuie aussi sur la culpabilité du futur. Après tout, l’angoisse de ce qui se passera ensuite est aussi prenante que les douloureux souvenirs.
Élargissement au monde de Ça :
À ce stade, même si le mot "grillé" est prononcé, on ne sait pas encore si c’est une sorte de vision de l’avenir (voir le générique qui représente les moments clé des derniers réveils de Ça, dont l’un qui se passe à cette époque, qui est documenté dans le roman et évoqué dans les adaptations TV et cinématographiques, l’incendie du Black Spot, un lieu de détente réservé aux noirs) ou une évocation de son sort possible sur la chaise électrique.
Élargissement au monde cinématographique :
On remarque, en passant, les affiches qui ornent la chambre de Ronnie, dont des films de Sidney Poitier, mais surtout de L’Invasion martienne (Teenagers from Outer Space - 1959 - par Tom Graeff), un titre qui dit beaucoup de choses sur son contenu.
Élargissement au monde du roman :
Ronnie est en fait Veronica Grogan, un personnage récurrent du roman. Son destin (et son âge) ont manifestement été réinventés, puisque Veronica, âgée de neuf ans dans le livre, meurt des mains de Pennywise durant l’été où les membres du Club des Ratés l’affrontent.

Minute 29 - Les trois fêtard :
Autre exemple de diffusion de la connaissance des personnages, au moment où on en a le plus besoin, on découvre l’importance de l’un d’eux, qui se révèle être Dick Hallorann.
Élargissement au monde de Stephen King :
Dans le roman Ça, le nom d’Hallorann est mentionné par Will Hanlon, sur son lit de mort, qui confie à son fils Mike que ce dernier avait utilisé ses dons spirituels pour l’aider à échapper au dévastateur incendie du Black Spot.
Mais il est apparaît aussi dans d’autres œuvres tirées de Stephen King, sous les traits de Scatman Crothers, qui l’incarnait dans l’adaptation de Shining de Stanley Kubrick, et à Carl Lumbly, qui tenait le rôle dans Doctor Sleep de Mike Flanagan.
Dans la série, Chris Chalk, qui l’incarne, est sans doute le casting adulte le plus convaincant.
Notons au passage que le bar Falcon Tavern est mentionné au début du roman. Son patron est un certain Elmer Curtie (le nom semble inchangé dans la série) et deviendra, à la fin des années 70, un lieu de rencontre gay. Adrian Mellon, l’une des victimes de Ça, et son petit ami Don Hegarty étaient deux habitués.
Minute 32 - Lieu des fouilles :
Où l’on découvre que Dick est employé pour ses pouvoirs particuliers. Cela aura une grande importance plus tard.
Élargissement au monde cinématographique :
Le plan de la sortie de la tente, les cris des ouvriers, et la musique sont une référence à Indiana Jones. Le passage de l’envie de vomir à la purée servie à la cantine du lycée est une référence à la scène de la glace dans Fous d’Irène (2000) avec Jim Carrey.
Minute 36 - La cantine et les couloirs :
Si le rythme de cet épisode est moindre que celui du fantastique premier épisode, il contient quand même de grandes scènes, comme celle-ci, alors que Ronnie et Lilly parlent de leurs expériences avec les apparitions, sur fond sonore du jeu des Patynettes (et du regard hésitant de Marge).
Dans les couloirs, les garçons font plus ample connaissance. Rich est un peu fantasque comme le sera Richie Tozier du Club des Ratés.
Élargissement au monde cinématographique et à l’Amérique des années 60 :
Dans le casier de Rich, deux affiches, l’une représente Minnie Miñoso, un joueur de Baseball Latino-Américain, comme Rich, et qui était surnommé "La Comète cubaine", un nouveau clin d’œil subtil aux origines cosmiques de Pennywise.
L’autre représente Hercule dans le film de 1959, où il doit surmonter une série d’épreuves de plus en plus difficiles, en unissant son peuple face à la Guerre civile (une possible allusion à la Guerre Froide) et en résistant aux charmes de la reine Omphale (chose dont le fluet Rich aurait bien du mal quand on le voit admirer le groupe de filles qui passe).
Minute 45 - La Police :
Bien que moins percutant que le premier épisode, ce second volet est riche en révélation et en changements de relations entre les personnages.
Élargissement au monde de Stephen King :
Attardons-nous un instant sur le Chef de la Police, Clint Bowers, qui, vu son nom et son âge pourrait être le grand-père ou le grand-oncle d’Henry Bowers, le tyran du lycée de Derry qui terrorise Bill et sa bande. Henry est interné à l’asile de Juniper Hill qui se trouve être l’endroit où, dans la série, Lilly s’est fait internée peu après la mort de son père. Ce lieu apparaît également dans plusieurs autres romans de King, notamment Insomnie, Bazaar, 22/11/63 et Jessie. À la télévision, il a été adapté pour la première fois dans la série Castle Rock, avec Bill Skarsgård, l’interprète de Pennywise.
Minute 50 - Le bureau de Shaw :
Où l’on apprend la particularité de Leroy Hanlon, qui en fait un être particulier qui ne peut ressentir la peur. Quand on sait que c’est l’arme principale de Pennywise, cela aura forcément un rôle prépondérant dans ce qui vient.

Minute 55 - Le supermarché :
La seconde scène choc de l’épisode est d’une grande originalité et titille Lilly sur la culpabilité ressentie lors de la mort horrible de son père.
Élargissement au monde des films Ça :
C’est l’occasion de faire ressentir la présence de Ça comme dans les derniers films (à la bibliothèque ou chez Madame Kersh par exemple).
Minute 60 - L’arme :
Sur fond de la crise des missiles de Cuba, l’armée américaine voudrait utiliser la peur générée par Pennywise afin de l’empêcher. Bien qu’intéressant, le concept est un peu "casse-gueule" pour la narration à venir. Espérons que cela n’aille pas trop loin du Ça que nous connaissons et que nous aimons.
Le vieux modèle de voiture découvert, avec ses cadavres et ses portes suicides, font penser à une époque antérieure, qui sera racontée en détail plus tard, visiblement. Il s’agit sans doute de la voiture du gang Bradley, une bande de braqueurs de banque dans les années 30, que les créateurs de la série ont prévu de développer dans la saison 2.
Élargissement au monde cinématographique :
La grue sous la pluie, la boue, les portes de la voiture qui s’ouvrent et surtout le cri animal qui l’accompagne, pourraient faire penser à la scène de l’enclos dans Jurassic Park.

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