Makanai - Dans la cuisine des maiko : Critique de la série

Date : 29 / 01 / 2023 à 11h00
Sources :

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MAKANAI : DANS LA CUISINE DES MAIKO

- Date de diffusion : 12/01/2023
- Plateforme de diffusion : Netflix
- Épisodes : 1.01 à 1.09
- Réalisateur : Hirokazu Kore-Eda, Hiroshi Okuyama, Takuma Satô, Megumi Tsuno
- Scénariste : Hirokazu Kore-Eda, Aiko Koyama d’après l’œuvre de Koyama Aiko
- Interprètes : Nana Mori, Deguchi Natsuki, Aju Makita, Keiko Matsuzaka, Ai Hashimoto, Mayu Matsuoka, Takako Tokiwa, Toshinori Omi, Momoko Fukuchi, Kotona Minami, Kotoko Wakayanagi, Yukiya Kitamura

LA CRITIQUE

Makanai : Dans la cuisine des maiko est une magnifique série japonaise en 9 épisodes de 45 minutes absolument délicieuse.

C’est le réalisateur Hirokazu Kore-Eda qui adapte, avec son autrice Aiko Koyama, ce manga à succès, édité par Noeve en France. Celui-ci devrait s’arrêter au Japon en juin 2023 et a déjà bénéficié d’une adaptation en série animée. Au vu de l’intérêt que voue le réalisateur aux histoires de famille, il n’est pas surprenant que son choix pour sa nouvelle série télévisée se soit porté sur un tel récit.

En effet, la série se focalise sur un Yakata, un lieu où vivent des maiko, les apprenties geiko, qui sont plus connues chez nous sous le terme de geisha. Cet environnement fait que toutes les femmes qui travaillent dans ce domaine, et sont affiliées à cette maison, forment comme une grande famille recomposée où tout le monde se serre les coudes. Un thème vraiment cher à Hirokazu Kore-Eda.

Le récit suit de près deux jeunes filles, amies d’enfance, qui décident de devenir apprenties maiko. Mais si l’une d’entre elle excelle dans ce domaine, la seconde va se découvrir un immense talent de cuisinière et va devenir une makanai, la personne qui fait à manger pour toute la maisonnée.

Le manga parle d’une culture traditionnelle du Japon qui est en pleine extinction. En effet, les maiko et les geiko sont de plus en plus rares, même à Kyoto où on trouve les meilleures du pays. Car leurs prestations valent très cher. De plus, les entraînements quotidiens très durs, dans le domaine de la danse, du chant et de la musique, sont très onéreux pour ces dernières qui doivent aussi investir dans leurs tenues coûteuses. Des frais élevés auxquels s’ajoutent les prestations des professionnels qui doivent les habiller quotidiennement et les coiffer hebdomadairement.

Le milieu nécessite donc tous les jours un entraînement rigoureux, mais aussi des dépenses cumulées que ne couvrent pas forcément les spectacles où elles sont conviées, ou les sponsors qui les soutiennent. Les jeunes filles se lançant dans ce milieu du divertissement bien particulier sont donc de plus en plus rares à aller au bout de leur entraînement et à y rester dans le cadre de leur travail.

Le point de vue occidental sur les geishas n’est pas évoqué, d’autant que le terme a été fortement détourné de sa signification par des prostituées qui se faisaient passer pour des geiko après la Deuxième Guerre mondiale, principalement auprès des étrangers.

Il faut aussi signaler que s’il y a eu effectivement historiquement des connotations sexuelles dans les prestations proposées par les véritables geiko, elles ne sont absolument plus d’actualité aujourd’hui. Ces dernières sont actuellement garantes d’un héritage ancestral du divertissement porté par des danses, les mai, maîtrisées à la perfection et des concerts. Elles sont payées pour offrir des divertissements raffinés s’adressant à des invités devant se comporter d’une manière impeccable.

La réalisation d’Hirokazu Kore-Eda garde très bien cet esprit hérité du manga. On découvre ainsi au fil des épisodes des cours de danse sans concessions, des séances de coiffure et d’habillage et des passages de spectacle.

Mais c’est bien la vie de tous les jours qui est passionnante à découvrir. Et surtout les moments où le personnage principal cuisine de délicieux plats. Car au Japon, la cuisine enflamme régulièrement les pages des mangas et offre des moments vraiment appétissants.

Le personnage principal, magnifiquement interprété par une lumineuse Nana Mori, est d’une grande générosité et se dévoue sans cesse pour trouver les meilleurs ingrédients pour faire des plats les plus adaptés aux humeurs et aux besoins des femmes de la maison où elle travaille. Elle forme un magnifique duo avec l’excellente Natsuki Deguchi qui est parfaite dans le rôle de cette jeune femme souhaitant devenir la meilleure geiko de la ville.

Keiko Matsuzaka est impeccable en responsable des lieux. Takako Tokiwa est formidable en "mère" de la maisonnée. Aju Makita est intéressante en fille de cette dernière. Ai Hashimoto est impressionnante en meilleure geiko de Kyoto. Mayu Matsuoka est très juste dans le rôle d’une geiko revenant faire son métier, bien qu’elle ait été mariée, normalement un motif d’arrêt définitif de la profession. Toshinori Omi est impeccable en habitué du bar raffiné jouxtant la maison. Et Momoko Fukuchi, Kotona Minami et Kotoko Wakayanagi forment des apprenties vraiment attachantes.

Un très grand soin a été porté aux décors et aux splendides costumes. On a vraiment l’impression de se retrouver projeté au cœur de ce lieu hors du temps où les motivations des unes et des autres sont loin d’être celles du commun des mortels.

Cette sensation de décalage est d’autant plus importante que le téléphone portable et la télévision ne sont pas autorisés, donnant vraiment l’impression de rentrer dans une bulle où une véritable chaleur humaine, parfois parsemée de quelques piques, se répand.

Malgré l’impression de se glisser dans un autre monde, la série parle aussi de sujets intemporels. Ainsi, le travail et l’amour sont finement évoqués, tout comme les contraintes très importantes d’un métier auquel peu de personnes peuvent accéder et qui ne s’adresse qu’à une très petite minorité de la population.

Il faut aussi saluer la splendide musique de Yoko Kanno qui accompagne les pérégrinations des deux protagonistes principaux auxquels il est si facile de s’attacher énormément. Le générique final reste d’ailleurs très longtemps en mémoire et cette ritournelle fraîche, légère et chaleureuse continue de résonner longtemps aux oreilles.

Et en bonus, les amateurs des zombies de George A. Romero seront ravis du huitième épisode rendant hommage à ce maître de l’horreur.

L’œuvre repose sur une tranche de vie se déroulant sur une année. On peut espérer une nouvelle saison permettant de retrouver les personnages et de voir leurs nouvelles aventures quotidiennes. Toutefois, la série s’achève sur une très belle fin, laissant quelques non-dits en suspens. Une délicatesse à l’image de la subtilité déployée par les divers épisodes permettant à chacun d’imaginer l’avenir des différents personnages.

Makanai : Dans la cuisine des maiko est une remarquable série qui réchauffe le cœur, donne souvent envie de manger et permet de s’immiscer dans la vie hors norme d’artistes d’exception. Avec une réalisation remarquable, dont le ton est donné par les épisodes mis en scène par Hirokazu Kore-Eda, une histoire pleine de vie, un grand soin apporté aux visuels et des comédiens remarquables, il ne faut vraiment pas passer à côté de cette petite pépite qui met le moral au beau et permet de s’évader très loin.

Enchanteur et exquis.

SYNOPSIS

D’après Maiko in Kyoto : From the Maiko House, la nouvelle graphique de Koyama Aiko.

Dans le quartier des geishas de Kyoto, la protagoniste Kiyo devient Makanai (personne qui cuisine les repas) dans une maison où cohabitent des apprenties geishas.

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