Hollywood maudit : Review du troisième épisode - La porte du paradis

Date : 15 / 05 / 2021 à 09h15

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Le troisième épisode d’Hollywood Maudit revient sur la production du film La porte du paradis, réalisé par Michael Cimino, avec Kris Kristofferson, Isabelle Huppert et Christopher Walken dans les rôles principaux.

L’histoire (vraie) se déroule à la fin du 19ème siècle et met en scène de riches éleveurs et de pauvres agriculteurs américains qui n’ont pas les mêmes priorités et qui vont finir par s’affronter dans une mini guerre civile.

1979 : Cimino vient de réaliser Voyage au bout de l’enfer, un succès international qui lui vaudra l’Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur. Il marche sur un petit nuage : toutes les portes d’Hollywood lui sont ouvertes et lorsqu’il se présente aux studios United Artists avec le scénario de Heaven’s Gate (La porte du paradis), on lui déroule le tapis rouge et on lui accorde le ’final cut’, la preuve d’une confiance aveugle dans le talent de l’artiste. Grosse erreur ! Car laisser les rênes d’un film aussi monumental à un réalisateur qui se croit sorti de la cuisse de Jupiter, c’est courir à la catastrophe.

La production s’installe dans le Montana, au pied de splendides montagnes, sur les rives d’un lac majestueux. Il faut trois heures de piste pour aller du bled le plus proche au lieu de tournage, et c’est dans ce coin perdu que les décors du western sont montés... et démontés, et remontés, au gré des caprices du réalisateur. Car Cimino a une vision, mais elle est tellement pointilleuse et perfectionniste qu’il retourne les scènes des dizaines de fois. Il est si exigeant avec ses acteurs et son équipe qu’ils le surnommeront ’l’ayatollah’. Le budget original de 10 millions de dollars finit par quadrupler, et c’est sur les chapeaux de roue que, une fois la prise de vues principale terminée, Cimino va devoir tourner (en Grande Bretagne) le prologue et l’épilogue, avec l’argent qu’acceptent, à contrecoeur, de lui accorder les deux studio execs dont la carrière est d’ores et déjà compromise.

La version de 4 heures montée par Cimino est projetée en avant-première dans une salle New-yorkaise qui se vide avant la fin de la projection ; il faut revoir le montage. Mais transformer un roman-fleuve en nouvelle n’est pas une tâche facile et la nouvelle version de 90 minutes, totalement incohérente, sera mise au rencard. Cimino devient un véritable paria à Hollywood et sa carrière s’effondre. Il décidera en 2012 de sortir une version digitalement remastérisée de son film, présentée à Cannes devant un public français fan du réalisateur qui lui fera une standing ovation.

Comme pour les deux épisodes précédents, les images d’archives et les interviews s’enchainent de façon pertinente et on ne s’ennuie pas. Isabelle Huppert est de la partie, mais ses interventions manquent un peu de croustillant. L’absence d’images d’archives sur le tournage du film, gardé secret, oblige la réalisatrice à recourir aux visuels des interviews et à la narratrice de façon un peu trop envahissante, et même si le fond est passionnant, la forme manque parfois d’énergie, au contraire de l’épisode précédent.