Les délices de Tokyo : La critique

Date : 24 / 01 / 2016 à 11h11
Sources :

Unification


Les délices de Tokyo est un film délicieux qui parle de sujet grave tout en donnant une furieuse envie de manger ces très beaux dorayakis (sorte de double pankake encadrant une pâte de haricot rouge sucrée) qui donnent vraiment envie d’être dévorés.

L’histoire tourne autour de trois personnages, chacun en quelque sorte mis à l’écart, qui vont croiser leur destinée. Ces individus permettent à la réalisatrice-scénariste Naomi Kawase de dresser un portrait de la société japonaise sans concession. En effet cette dernière n’aime pas les personnes non « formatées » qui de par leurs vies ou leurs choix ne suivent pas les règles en vigueur.

Le scénario, adapté de l’œuvre de Durian Sukegawa, permet aussi de parler du traitement réservé à une partie de la population atteinte d’une maladie « honteuse » et des lieux dans lesquels ils continuent d’être parqués, des années après avoir été guéris.

C’est donc trois très beaux portraits qui sont évoqués, celui d’un homme travailleur, d’une jeune adolescente délaissé par sa famille et d’une vieille dame qui rêve d’avoir un petit boulot. Un étrange trio qui ne laissera personne indifférent.

Naomi Kawase signe une réalisation toute en délicatesse qui suit le temps des saisons du Japon contemporain. A l’écoute de ses acteurs, elle livre des images de cuisine saisissantes qui sont parfois tournées comme un thriller.

En effet, les scènes de cuisine sont remarquables et on retient régulièrement son souffle en espérant que la fournée suivante soit réussie malgré les péripéties qui égrainent le film.

La très belle photographie met merveilleusement en valeur ce conte doux-amer dont la délicate musique de David Hadjadj vient rehausser la saveur.

Mais c’est véritablement l’excellent casting qui est le grand point fort du film.

Masatoshi Nagase est très bon dans le rôle de cet homme taiseux et besogneux qui fini par se laisser séduire par une étrange vieille dame. Il livre une composition toute en puissance et douceur.

La jeune Kyara Uchida incarne fort bien une jeune écolière en mal d’amour et de reconnaissance qui trouve une famille de substitution dans cette boutique de dorayakis. L’actrice montre une grande justesse et passe à merveille du retrait sur soi à la force de s’assumer.

Mais que dire de l’interprétation magistrale de la grande Kirin Kiki qui amène une grande espièglerie en incarnant cette étrange femme qui rêve d’avoir une vie normale. L’actrice illumine l’écran de sa présence et accroche littéralement le spectateur. Sa présence est impressionnante, son jeu tout en délicatesse, et sa joie hautement communicative. Comme quoi une vieille dame peut être beaucoup plus sexy qu’une jeune actrice quand elle a un aussi immense talent. Et il en faut pour ne jamais rendre son personnage larmoyant et misérable.

Les délices de Tokyo est un très beau moment de cinéma permettant de faire la connaissance de personnes attachantes. Avec une très belle photographie, et des acteurs formidables, c’est une belle leçon de vie que Naomi Kawase nous raconte. C’est une véritable joie de voir que la réalisatrice, après avoir envisagé de quitter le cinéma, continue de livrer de tels films. Plus qu’une très belle rencontre entre trois personnes esseulées, c’est aussi à une réflexion sur l’humanité que nous invite la réalisatrice, celle qui montre que tout le monde a le droit d’être heureux.

Joyeux et poignant. Un bon quatre heures qui fait chaud au cœur.

IA

Si le doyaraki qu’on m’a proposé de goûter n’a pas vraiment titillé mes papilles il semble que la petite pâtisserie sache enflammer des palais plus exotiques, et je dois dire que Les délices de Tokyo est un film savoureux et plein d’élégance.
Qui lui, a su faire frissonner mes autres sens.
A l’esthétique irréprochable et plein de signification voilà une invitation au bonheur à ne pas refuser.

Décors et cadres sont méticuleusement choisis. L’image est exquise. Les comédiens à l’aise, jouent de l’espace autant que du texte. Leur interprétation, sobre, à l’accent vrai, avec juste ce qu’il faut d’humour, est des plus convaincante.

La délectable recette de cet agréable long métrage tient moins de l’art culinaire ou cinématographique que de la grandeur des sentiments, portés ici au faîte de leur expression, avec une adorable pudeur.
Les ingrédients en sont moins secrets que veut le faire croire l’auteur, qui suggère au spectateur de découvrir en lui, ce que les protagonistes dévoilent au fil d’un scénario rempli de charme. Intérêt, compassion, finalement amour... relèvent le goût d’une histoire à la fois simple et hors du commun. Teintée d’un peu de mystère et de beaucoup d’empathie.

Envahi par la poésie et le lyrisme, le propos est superbement illustré par des images sublimes. La caméra se balade de la cime des arbres jusque dans le cœur des personnages avec une étonnante facilité.
C’est dire que tant l’image que la mise en scène sont soignées.

Comme cela fait du bien par les temps qui courent, de voir de belles images, porter de belles espérances...

Un délice.
A déguster, sans modération.

DB

SYNOPSIS

Les dorayakis sont des pâtisseries traditionnelles japonaises qui se composent de deux pancakes fourrés de pâte de haricots rouges confits, « AN ».
Tokue, une femme de 70 ans, va tenter de convaincre Sentaro, le vendeur de dorayakis, de l’embaucher.
Tokue a le secret d’une pâte exquise et la petite échoppe devient un endroit incontournable...

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 53
- Titre original : An
- Date de sortie : 27/01/2016
- Réalisateur : Naomi Kawase
- Scénariste : Naomi Kawase d’après l’œuvre de Durian Sukegawa
- Interprètes : Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida, Miyoko Asada, Etsuko Ichihara, Miki Mizuno, Taiga, Wakato Kanematsu
- Photographie : Shigeki Akiyama
- Montage : Tina Baz
- Musique : David Hadjadj
- Producteur : Masa Sawada, Koichiro Fukushima, Yoshito Oyama pour Comme des Cinémas, Nagoya Broadcasting Network
- Distributeur : Haut et Court

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

Les délices de Tokyo



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