The Duke of Burgundy : La critique

Date : 11 / 06 / 2015 à 12h25
Sources :

Unification


Après un générique qui crédite une personne pour les robes et la lingerie et une autre pour les parfums (en fait un clin d’œil à Audrey Hepburn dans Deux têtes folles et un trait d’humour de la part du réalisateur), on a l’impression de voir venir un téléfilm érotique de troisième partie de soirée. Ce serait dommage de s’arrêter à cette sensation car le film a vraiment de grandes qualités. A vrai dire The Duke of Burgundy possède une atmosphère incroyable, est visuellement formidable et réussit le tour de force de ne jamais montrer ne serait-ce qu’un bout de sein alors qu’il s’agit d’un film érotique.

L’histoire est surprenante. Elle raconte une tranche de vie d’un couple de femmes sadomasochistes. Néanmoins ces éléments sont traités de façon étonnante. En effet, le film se déroule dans un univers fermé, un petit village d’Europe, dans lequel aucun n’homme n’apparaît jamais. Ce parti pris permet de focaliser le scénario sur la relation de couple et la notion d’amour sans s’appesantir sur le sexe des protagonistes. Les séquences érotiques sont ainsi suggérées, tout comme la relation sado-maso.
Les dialogues, dont certains sont répétés plusieurs fois au cours de l’histoire avec des modifications légères mais majeures dans l’histoire, sont parfois très drôles. En effet, un humour délicat et décalé est souvent présent au cœur d’une histoire qui ne sombre jamais ni dans le graveleux, ni dans le vulgaire.

La mise en scène de Peter Strickland est magnifique. Il utilise superbement décors, lumière et musique pour créer une œuvre originale captivante. Préférant suggérer plutôt que montrer, utilisant merveilleusement bien les ombres et les éléments des décors, la réalisation est extrêmement réussie. En choisissant d’intégrer des papillons régulièrement dans son film, son personnage principal étant lépidoptériste, Peter Strickland utilise des images saisissantes qui culminent lors d’une séquence de rêve admirable et fascinante.

La lumière très travaillée varie entre réalisme et onirisme, et enlumine un film dont l’atmosphère est souvent envoûtante. Les décors sont fantastiques et souvent marquants. Entre le manoir, le bureau privé de la lépidoptériste et la salle de conférence, c’est une série de huit-clos tantôt ouverts, tantôt oppressants qui sont dévoilés au spectateur.

Les actrices sont absolument remarquables. Dans ce jeu grandeur nature dans lequel les rôles ne sont jamais ceux que l’on croit, Sidse Babett Knudsen et Chiara D’Anna jouent à la perfection une partition d’une précision redoutable. Les deux actrices montrent tout leur talent lorsqu’elles réussissent à faire évoluer subtilement certaines scènes qu’elles répètent dans un jeu de domination-soumission, qui au fur et à mesure de l’évolution de l’histoire commence à se fissurer et à dérailler. L’une des scènes emblématiques, située aux deux-tiers du film, est d’ailleurs un grand moment de cinéma quand les deux actrices dévoilent leurs véritables envies cachées derrière leurs jeux érotiques.
Sidse Babett Knudsen incarne splendidement une femme mure, maîtresse dominante de sa jeune amante. Entre ses regards et ses maladresses parfois attachantes, elle rend son personnage attractif et doué d’une grande sensibilité.
Chiara D’Anna en jeune compagne soumise, maîtrise très bien un personnage effacé qui se soumet avec délectation aux remontrances et punitions que lui donne sa maîtresse. Elle réussit à donner une grande épaisseur à un personnage vif et brillant.
Les deux actrices livrent une interprétation impressionnante de leurs personnages dans un film au casting entièrement féminin. On peut aussi souligner le personnage incroyable qu’incarne Fatma Mohamed dans un rôle d’ébéniste qui sort de l’ordinaire et fait beaucoup rire.

The Duke of Burgundy est un film vraiment très beau dont la photographie sublime et l’esthétique léchée, associées à une ambiance feutrée et sensuelle, fait qu’on ne voit pas le temps passer. Avec deux actrices extraordinaires livrant une interprétation impressionnante d’un couple qui sort de l’ordinaire, on se retrouve dans un film qui s’oriente parfois vers un étrange conte de fée dans lequel l’amour est au cœur de l’histoire.

Un film étonnant qui fait s’interroger longuement sur son contenu, dont la création est redoutablement pensée et qui restera longtemps en mémoire.

A voir pour une œuvre d’une grande puissance visuelle et une magnifique histoire d’amour.

Pinastri.

SYNOPSIS

Quelque part, en Europe, il n’y a pas si longtemps… Cynthia et Evelyn s’aiment. Jour après jour, le couple pratique le même rituel qui se termine par la punition d’Evelyn, mais Cynthia souhaiterait une relation plus conventionnelle. L’obsession d’Evelyn se transforme rapidement en une addiction qui mène leur relation à un point de rupture…

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 44
- Titre original : The Duke of Burgundy
- Date de sortie : 17/06/2015
- Réalisateur : Peter Strickland
- Scénariste : Peter Strickland
- Interprètes : Sidse Babett Knudsen, Chiara D’Anna, Monica Swinn, Eugenia Caruso, Kata Bartsch, Fatma Mohamed, Eszter Tompa, Zita Kraszkó
- Photographie : Nicholas D. Knowland
- Montage : Matyas Fekete
- Musique : Cat’s Eyes
- Costumes : Andrea Flesch
- Décors : Zsuzsa Mihalek
- Producteur : Andrew Starke pour Rook Films
- Distributeur : The Jokers / Le Pacte

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO



Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.



 Charte des commentaires 


Nicky Larson : La critique du film Netflix
Un jeune chaman : La critique
Notre monde : La critique
Les Maîtres du temps : La critique
Le Mangeur d’âmes : La critique
Unif’ TV : Visionnez le premier épisode de la série (...)
Rebel Moon - L’Entailleuse : Ce que le film Netflix doit à (...)
The Exorcism : La bande annonce avec Russell Crowe
Star Wars - The Bad Batch : Critique 3.14 En Ligne de (...)
Kaiju No. 8 : Critique des deux premiers épisodes Crunchyroll
Transformers - Le Commencement : Les affiches personnages du film (...)
Stellar Blade : La critique du jeu sur PS5
That ’90s Show : Adieu, Wisconsin ! pour Mila Kunis et (...)
Orphan : Dulé Hill et Sarayu Blue face à Ellen Pompeo
Paris Fan Festival 2024 : La troisième édition