The House That Jack Built : La critique
The House That Jack Built est un très bon film de Lars von Trier, qu’il scénarise aussi, suivant les traces d’un tueur en série.
Un homme raconte à son étrange guide la vie qu’il a menée et les meurtres qu’il a commis. Des "accidents" qu’il n’avait pas forcément prémédités initialement, mais auxquels il a pris goût.
Le long métrage s’articule en chapitre, chacun d’entre eux revenant sur un meurtre marquant. La progression se faisant en grande partie chronologiquement. Et les assassinats, parfois grotesques, participent à l’ambiance délétère et à l’humour très noir du long métrage.
L’œuvre est captivante, alors que l’on plonge dans la psyché tordue d’un psychopathe. On peut néanmoins regretter la présence du chapitre 4 qui est redondant avec le reste du film, n’apporte pas grand chose de plus et crée des longueurs qui font un peu décrocher l’attention. Son plus grand point positif est de montrer la profondeur du manque d’empathie du tueur et sa cruauté intrinsèque, ce que l’on a moult fois l’occasion de constater, notamment lors du chapitre de la famille complètement glaçant.
La mise en scène est brillante et s’articule autour de l’art servant de fil rouge au récit du tueur. Parfois un peu verbeux, ces passages alternent avec des séquences décalées dans lesquels le meurtrier explique sa personnalité. Avant de passer à l’acte en narrant un de ses faits marquants.
Les acteurs sont tous très bons, même dans des apparitions fugaces en temps que victimes à venir. D’ailleurs, dans ce registre, la prestation à contre-courant d’Uma Thurman est vraiment notable.
Quant à Matt Dillon, il est absolument formidable en homme obsédé par la maison qu’il aimerait se construire de ses mains et par ses tueries qu’il met en œuvre comme des objets d’art.
D’ailleurs, les seuls gros défauts de l’œuvre sont à la fois de rendre le tueur vraiment sympathique et de presque le dédouaner de ses actes. Une complaisance parfois dérangeante et en décalage avec les actes souvent horribles et sans remords du psychopathe.
The House That Jack Built est un film intéressant et fascinant. Une plongée sans fond dans l’esprit d’un tueur charmant et sans cœur. Très bien réalisé, impeccablement interprété et truffé d’un humour vraiment très sombre, le long métrage reste longtemps en mémoire. Il est, de plus, une bonne leçon concernant les personnes sympathiques que l’on peut croiser et qui pourraient bien ne pas nous vouloir que du bien.
Réfrigérant et mortel.
SYNOPSIS
États-Unis, années 70.
Nous suivons le très brillant Jack à travers cinq incidents et découvrons les meurtres qui vont marquer son parcours de tueur en série. L’histoire est vécue du point de vue de Jack. Il considère chaque meurtre comme une œuvre d’art en soi. Alors que l’ultime et inévitable intervention de la police ne cesse de se rapprocher (ce qui exaspère Jack et lui met la pression) il décide - contrairement à toute logique - de prendre de plus en plus de risques. Tout au long du film, nous découvrons les descriptions de Jack sur sa situation personnelle, ses problèmes et ses pensées à travers sa conversation avec un inconnu, Verge. Un mélange grotesque de sophismes, d’apitoiement presque enfantin sur soi et d’explications détaillées sur les manœuvres dangereuses et difficiles de Jack.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 2 h 35
Titre original : The House That Jack Built
Date de sortie : 17/10/2018
Réalisateur : Lars von Trier
Scénariste : Lars von Trier
Interprètes : Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman, Siobhan Fallon, Sofie Gråbøl, Riley Keough
Photographie : Manuel Alberto Claro
Montage : Molly Malene Stensgaard
Costumes : Manon Rasmussen
Décors : Simone Grau
Producteur : Louise Vesth pour Zentropa productions
Distributeur : Les Films du Losange
LIENS
PORTFOLIO
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