Ferdinand : La rencontre avec le réalisateur Carlos Saldanha

Date : 20 / 12 / 2017 à 10h30
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À l’issue de la projection du film Ferdinand, le réalisateur Carlos Saldanha est venu répondre aux questions du public. Un grand merci au metteur en scène pour sa bonne humeur et la générosité avec laquelle il a octroyé de passionnantes réponses au public et fourni de nombreuses anecdotes.

Voici la retranscription des échanges qui ont eu lieu. Vous pouvez aussi en visualiser la vidéo en fin d’article.

Pouvez-vous nous parler du projet du film ?

Il est différent de mes autres films, car issu d’un livre, alors que les autres étaient des idées originales sur lesquelles j’ai travaillé avec un scénariste.

J’ai lu l’histoire quand j’étais un enfant, mais je me suis replongé dedans quand je l’ai lu en anglais. J’ai eu la chance de rencontrer la famille de l’auteur. Le livre est très petit et je devais augmenter histoire. Je leur ai demandé si cela ne leur posait pas de problème. Ils m’ont dit que cela leur allait si je pouvais garder l’essence du livre et les messages qu’il envoyait. J’ai ainsi eu la permission de le changer.

Je suis tombé amoureux du personnage principal et du message de l’histoire. Il a été écrit en 1936, mais reste d’actualité. À l’époque, le livre a été banni en Espagne, Allemagne et Italie. Il y a plusieurs interprétations possibles à cela.

Le message principal est de rester ce que l’on est et de se battre pour faire ce que l’on veut. On ne doit pas juger un livre sur sa couverture. On a l’image d’un taureau fort, mais il n’a pas besoin de se conformer à ce que l’on attend de lui. On se trouve avec un thème de tolérance où on peut l’accepter tel qu’il est à l’intérieur.

Il y a eu beaucoup de travail pour transposer le livre sur grand écran. Il fallait tenter de capter l’histoire et de trouver les moments significatifs.

J’ai commencé le scénario avec le troisième acte, ce que je ne fais jamais, l’arrivée du matador en face de Ferdinand qui est assis. Il fallait construire une histoire pour arriver à cela.

J’ai dû mettre plus de personnages dans le récit, faire comprendre qui est Ferdinand. J’ai beaucoup travaillé avec l’équipe. Il y a beaucoup d’éléments de l’histoire originale. Chaque personnage de l’histoire doit expérimenter les mêmes problèmes que Ferdinand où les vivres avec lui, car ce dernier est toujours au centre du film. C’était un défit majeur.

J’aime le livre et ses illustrations, mais je voulais que le film soit complètement différent du visuel de ce dernier, car le film est réalisé en 3D. Si vous regardez les détails, les arbres, les fleurs, les papillons, les textures, on retrouve le goût des éléments du livre.

C’est parce que je suis un geek. J’adore créer du charme dans les histoires et les personnages. J’ai essayé autant que possible de créer ce charme.

Avez-vous pris John Cena pour ses messages ?

On a commencé le film bien avant le casting. On a utilisé un style de décor personnalisé qui permettait de voir les personnalités des personnages.

Quand j’ai rencontré pour la première fois John Cena, je me suis dit « C’est Ferdinand ! ». Il est si grand et avec de si gentils yeux et un regard doux. Quand il a découvert le design de Ferdinand, il a dit « C’est moi ! ».

Cela a été magique, car il s’est senti comme Ferdinand et a agit comme lui, même si le personnage est un taureau, son jeu correspondait au protagoniste.

Dans l’animation, un acteur devient le personnage animé et un animateur voit de plus en plus l’acteur choisi dans le personnage qu’il anime. C’est un jeu entre les acteurs, animateurs, et personnages. C’est une synergie. À la fin du film, on voit à travers Ferdinand John Cena et dans les autres personnages, ceux qui ont fait leurs voix.

Comment manger un steak après avoir vu le film ?

J’en ai mangé un aujourd’hui.

Aviez-vous peur d’entrer dans la polémique pro ou contre corrida ?

C’était le principe de l’histoire. Je ne pouvais aller contre, même si j’ai pensé à ce débat. C’est le récit d’un taureau qui ne veut pas se battre et se retrouve dans arène. C’est un voyage personnel. Les personnages sont mis dans situations qu’ils n’ont pas décidées.

Ce n’est pas qui va gagner, mais en quoi on croit vraiment. Ferdinand reste ce qu’il est et fait en sorte que les gens voient comment il est de l’intérieur, pas uniquement physiquement. Les gens peuvent interpréter les choses de plusieurs façons, mais c’est l’évolution psychologique qui m’intéresse.

C’est l’histoire de Ferdinand, son point de vue. C’est lui qui ne veut pas se battre. À la fin, le matador n’est pas un méchant, mais un antagoniste. Il respecte les règles du combat et ne se bat pas que pour se battre.

Comment s’est passé le travail sur la musique ?

Je viens d’un film qui est très musical, Rio et dedans, cela avait un sens de mettre beaucoup de musique et de chansons.

Je voulais que dans Ferdinand, elle soit présente, mais n’ai pas un impact du point de vue structurel de l’histoire.

Il y a le thème musical de Ferdinand. Toutes les chansons sont de Nick Jonas. Une autre chanson était consacrée aux personnages des chevaux.

John Powell est mon compositeur attitré. C’était une composition très dure à créer car elle devait être classique avec une touche espagnole. Elle devait aussi être intemporelle, contemporaine et amusante.

Il a passé beaucoup de temps à étudier la musique ibérique et les instruments espagnols. Je pense qu’il a fait une super composition, très sophistiquée.

Comment se fait-il que vous compreniez si bien le français ? Pourquoi détestez-vous les Allemands ?

J’ai toujours aimé le français. Je suis un Brésilien parlant le portugais. J’ai étudié le français depuis que je suis enfant et j’adore venir à Paris. Et j’adore les Allemands !

J’avais besoin d’une idée avec les chevaux et les taureaux et je voulais opposer des chevaux racés et des taureaux bruts pour une rivalité amusante. J’ai donné aux chevaux un accent autrichien. À l’origine, je voulais des chevaux venant d’Andalousie, mais je n’arrivais pas à leur donner un accent qui marchait. J’ai choisi des Lipizzans, qui sont une race de cheval autrichienne.

Aviez-vous une idée en tête pour l’animation où est-ce que le court métrage adapté du roman vous a inspiré ?

J’ai grandi en regardant les chaînes télévisées enfant et j’ai vu le court métrage qu’a réalisé Disney en adaptant le livre.

Quand on m’a proposé le film, je l’ai revu, mais je voulais plus de profondeur dans mon long métrage. Je me suis rendu compte que ce n’était pas le film que je voulais faire, même si l’animé de Disney, Ferdinand le taureau, est superbe et a eu un oscar en 1938.

Il est très beau et bien fait. Mais je ne voulais pas faire ce qu’ils font et créer ma propre interprétation de l’histoire. Leurs personnages sont un peu trop simples et je voulais les miens plus profonds, même si les personnages de Disney sont plus proches du livre.

Est-ce que pour le personnage de la chèvre, le casting s’est décidé après, ou c’est la comédienne qui a déterminé le caractère du protagoniste ?

Pour être honnête, nous avons travaillé sur le film sur 4 ans. Mais quand on a pensé au film avant 2011, la chèvre était un garçon. C’était un bouc. On avait un design original avec lequel on ne savait pas trop le sexe du personnage. Mais parfois, dans l’animation, la chèvre ressemble en effet à l’actrice qui la double, Kate McKinnon.

Vous avez dit qu’elle avait amélioré le film, tellement c’est une pro de l’improvisation ?

Grâce à elle, j’ai du matériel pour faire 3 films ! Elle est très créative. En regardant le script, elle pouvait improviser dessus et faire des choses meilleures que ce qui était écrit dans le scénario. Cela donnait un ton et une couleur formidable à son personnage.

En ce qui me concerne, je suis la voix du matador dans le flash du rêve. Je n’avais pas envie de jouer Ferdinand, car j’adore faire des petits bruits.

Comment vous est venu cette idée des hérissons ?

On a créé beaucoup de personnages et on a eu beaucoup de fun avec. Et certains ont survécus. On a fait beaucoup d’animation test qui a permis de voir ce qu’on pouvait faire avec eux et quelles situations leur donner. Les hérissons sont mignons. Ils se transforment en boule.

Quelque chose leur est arrivé et ils doivent survivre. Ce sont des petites créatures oppressées, car incomprises. On les confond avec des rats où des écureuils. Mais à la fin du film, on peut se dire « et si ? ». On a animé cette séquence dans le générique le dernier weekend du projet. On s’est beaucoup amusé dessus.

Ferdinand est un formidable dessin animé qui fait passer un merveilleux moment d’humour et d’émotion. Vous pouvez en retrouver la critique ICI.

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Rencontre avec Carlos Saldanha :


Bande annonce :



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