Manille : La critique
Il y a quelques mois, nous faisions la critique d’Insiang, film également réalisé par Lino Brocka, à l’occasion de sa ressortie en version restaurée 4K. Ce mois-ci sort donc Manille qui reprend des thématiques similaires, mais avec une intrigue totalement différente.
Nous suivons ici Julio, un jeune pêcheur qui débarque à Manille afin de retrouver sa fiancée partie quelque mois plus. Pour les gens de la campagne philippine, le départ à Manille, capitale du pays, est synonyme de richesse et de réussite, mais le jeune homme va très vite déchanter face à la précarité dans laquelle il va tomber.
Au début du film, une solidarité semble se mettre en place entre les personnages, tous sans-le-sou. Certaines répliques hilarantes des personnages, décrivant l’exploitation dont ils sont victimes, permettent à Julio et au spectateur de relativiser la dureté de leur vie. Malheureusement, la mort est les situations les plus tragiques vont graviter autour de notre héros et le rapprocher toujours plus d’un destin que l’on pressent tragique.
L’enquête que même Julio pour retrouver sa fiancée sert de fil conducteur d’une dénonciation très forte de la situation de vie désastreuse dans laquelle se trouve de nombreux habitants les quartiers pauvres de Manille. La ville est un personnage à part entière du film que l’on peut assimiler à celui d’un prédateur. Elle arrive à attirer vers elles des âmes pures qu’elle corrompt ensuite avec les nombreux vices que l’on peut trouver à chaque coin de ses rues. La violence des rapports hiérarchiques, la prostitution omniprésente et des injustices de toutes sortes vont éveiller chez le héros une colère qui va souiller son âme de manière indélébile.
Bien que le film soit sorti en 1975, il est encore d’une modernité assez surprenante et novatrice. Sa dimension socio-politique reste très forte et tout à fait actuelle. La mise en scène parvient brillamment à illustrer la solitude de Julio à travers notamment l’utilisation de travellings. On remarque également qu’au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue, les scènes se déroulent majoritairement la nuit, renforçant l’idée que les ténèbres ont de plus en plus d’emprise sur la destinée de Julio. De même, l’utilisation de flashbacks récurrents amplifie la dimension tragique du jeune provincial, pour qui les souvenirs semblent être la seule lueur d’un espoir bien mince de s’en sortir.
Bien que le rythme de Manille ne corresponde pas vraiment à nos standards actuels, il regorge d’idées de cinéma et d’une fin mémorable qui justifient pleinement le statut de chef-d’œuvre. Pour les plus cinéphiles, c’est donc un film incontournable à découvrir sur grand écran lors de sa ressortie en salle en version restaurée 2K.
SYNOPSIS
Julio cherche à retrouver sa fiancée dans les bas-fonds de Manille. Engagé comme ouvrier dans le bâtiment, il ne tarde pas à se prostituer.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1h42
Date de sortie : 07/12/2016
Réalisateur : Lino Brocka
Scénariste : Clodualdo Del Mundo Jr. D’après l’oeuvre d’Edgardo Reyes
Acteurs : Hilda Koronel, Bembol Roco, Lou Salvador Jr., Joonee Gamboa, Pio De Castro III, Danilo Posadas, Joe Jardy, Spanky Manikan
Musique : Max Jocson
Photographie : Mike De Leon
Montage : Ike Jarlego Jr., Edgardo Jarlego
Décors : Alfonso Socito, Soxy Topacio
LIENS
PORTFOLIO
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