Insiang : La critique

Date : 22 / 06 / 2016 à 07h35
Sources :

Unification


Réalisé en 1976, Insiang fut le premier long-métrage philippin présenté au Festival de Cannes, à la Quinzaine des Réalisateurs en 1978. Le film a était tourné en seulement en 11 jours dans les bas-fonds de Manille et est considéré comme étant l’un des chefs-d’œuvre de son réalisateur Lino Brocka, ce qui explique sa ressortie en version restaurée 4K.

Ne vous fiez pas à l’affiche du film qui n’arrive pas vraiment à capter la beauté du visage de Hilda Koronal, qui interprète le rôle-titre. Ce visage cache une personnalité complexe dont on découvre toute la complexité au fil de l’intrigue. Elle, comme tous les autres acteurs sont impressionnants de crédibilité et renforcent parfaitement le parti-pris réaliste voulu par Brocka. Par rapport à nos critères actuels de spectateurs, la mise en scène du film pourrait paraître un brin austère, voire désuète et beaucoup de spectateurs potentiels seraient tentés de passer à côte de cette œuvre dont la mécanique dramatique est pourtant d’une modernité éblouissante.

Les bidonvilles philippins constituent une métaphore des rapports entre les différents protagonistes. L’être humain y a été broyé et a perdu toute sa dignité. L’amour véritable n’est donc pas possible et sera forcément souillé par ce vice ambiant qui a corrompu l’âme de tout un chacun. Que faudra-t-il faire alors pour survivre ? C’est ce que va découvrir Insiang, maltraitée continuellement par sa mère Tonya. Cette dernière est tombée amoureuse de Dado, un caïd qui pourrait être son fils et qui est en fait attiré par Insiang. Un triangle sulfureux va se mettre en place qui fera forcément jaser leur communauté. Ce qui va arriver à la pauvre Insiang sera à la fois dur et humiliant et on ne voit pas vraiment comment elle va s’en sortir. C’est pourtant là qu’apparaît tout le talent de Lino Brocka. Par sa mise en scène composée de nombreux gros plans sur le visage des personnages, il nous prend à contre-pied, feignant de capter l’innocence apparente d’Insiang pour mieux nous surprendre à la fin du film en dévoilant la véritable noirceur de la jeune femme. Lors de la sortie du film dans son pays natal, cette fin fut d’ailleurs jugée immorale et a alors été censurée. Enlever cette fin, c’est pourtant enlever tout le sens qu’on peut donner au film et se priver d’un dénouement incroyablement surprenant et qui restera gravée de manière certaine dans la mémoire de nombreux spectateurs.

Un mot sur la remasterisation en 4K, assez impressionnante, qui vous donnera à certains moments l’impression de regarder un film avec les standards de qualité visuelle actuelle. Une raison de plus d’aller voir cette pépite au cinéma et découvrir un pan du cinéma mondial assez méconnu pour les moins cinéphiles d’entre nous.


SYNOPSIS

Insiang habite un bidonville de Manille avec sa mère, la tyrannique Tonya. Elle se démène corps et âme pour survivre dans ce quartier où chômage et alcoolisme font partie intégrante du quotidien. Un jour, Tonya ramène chez elles son nouvel amant, Dado, le caïd du quartier, en âge d’être son fils. Ce dernier tombe rapidement sous le charme de sa nouvelle « belle-fille »…

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1h 45
- Date de sortie : 22/06/2016
- Réalisateur : Lino Brocka
- Scénaristes : Mario O’Hara, Lamberto E Antonio
- Interprètes : Hilda Koronal, Mona Lisa, Ruel Vernal, Rez Cortez, Marlon Ramirez, Nina Lorenzo, Carpi Asturias, Mely Mallari
- Photographie : Jconrado Baltazar
- Montage : Augusto Salvador
- Musique : Max Jocson
- Décors : Jun Manuel
- Producteur : Cinemanila
- Distributeur : Carlotta Films

LIENS

- ALLOCINÉ
- IMDB
- SITE OFFICIEL

PORTFOLIO

Insiang



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