Claustrophobia 5 films courts sud-coréens : La critique

Date : 10 / 09 / 2015 à 10h17

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Le court métrage est au cinéma ce que la nouvelle est au livre, par définition court mais n’ayant rien à envier à son grand frère. Néanmoins s’il est relativement facile de se procurer des nouvelles, avoir la chance de voir un court métrage au cinéma, hors festival, est assez rare.

Dans le cadre de l’année de la Corée, L’agence du court métrage a la bonne idée de sortir un « film » constitué de 5 courts métrages coréens, tous bien choisis, et dont la thématique commune illustre parfaitement le titre choisi pour les représenter Claustrophobia.

Mould
Mould est un très beau court métrage, lent sans être long, mêlant réalité et onirisme. Une fort belle mise en scène de Park Chun-Kyu se met au service d’une histoire délicate mettant en exergue solitude et isolement.

C’est aussi une merveilleuse histoire d’amour qui est contée. Celle d’un jeune homme vivant avec sa mère malade dans un appartement insalubre qui va rencontrer une mystérieuse jeune femme.

Le court métrage alterne passage sombre, voire sordides, avec d’autres dans lesquels une certaine gaieté et une grande douceur se dégage.

Les trois acteurs sont à l’unisson d’une histoire frôlant le fantastique, rehaussée par une magnifique photographie. Cette dernière permet d’obtenir des scènes fantastiques dans lesquelles l’appartement prend l’eau d’une façon à la fois surréaliste et d’une poésie menant au sublime.

Safe

Safe est un thriller nerveux dont la tension ne cesse de monter jusqu’à son apex final révélant toute la pertinence de son titre.

La jeune actrice qui en est le personnage principal réussi à porter avec une grande puissance le rôle de cette jeune étudiante pratiquant un petit boulot qu’elle abhorre.

Le réalisateur Moon Byoung-go a un sens du rythme diabolique et réussit à entraîner le spectateur dans une spirale infernale.

C’est donc plus que mérité que ce court métrage ait obtenu la Palme d’or du court métrage au Festival de Cannes en 2013.

C’est aussi l’un de mes coups de cœur de la sélection.

Last interview

Mon deuxième coup de cœur. En utilisant les codes du genre, Last interview de Huyn Moon parle d’une façon singulière et percutante de l’isolement, du handicap et du problème de travail des jeunes en Corée.

Le court métrage se focalise d’ailleurs sur un entretien d’embauche, tout en flirtant vers le documentaire. Un mélange de genre qui fait mouche et renforce l’impact de l’histoire.

De belles images, un scénario recherché et surprenant et une thématique sous-jacente plus profonde que de prime abord font de Last interview une œuvre d’une grande puissance.

Janus

Avec Janus, c’est un retour au thriller, mais filmé d’une manière tout à fait originale qui n’est pas parfois sans rappeler le cinéma expérimental.

En effet la caméra est le personnage important du film. Cette dernière permet ainsi au réalisateur Sung Hwan Kim d’exploiter des angles, des perspectives et des focus tout à fait originaux.

Ma seule remarque un peu négative est qu’en dehors d’une qualité visuelle étonnante et parfois envoûtante, le scénario manque quelque peu de finition. Et quoique qu’on puisse en penser, un bon scénario abouti ne nuit jamais à un film, qu’il soit long ou court.

12th Assistant Deacon

12th Assistant Deacon de Jang Jae Hyun est la seule demie-déception de la programmation. Non pas qu’il soit raté, en effet il n’y a rien à lui reprocher, mais il s’inspire, et ne s’en cache d’ailleurs pas puisque c’est en quelque sorte un hommage, de L’exorciste.

Ainsi pour les connaisseurs du film, ou les amateurs de genre, l’histoire ayant été tellement plagiée, copiée, détournée ou revisitée, elle n’apporte rien de plus.

Reste que le court est très efficace et peu rendre mal à l’aise les personnes n’ayant pas de goût pour l’horreur.

La photographie est très réussie et les acteurs parfaitement convaincants. L’originalité de l’histoire du jeune prêtre est le point fort du scénario et permet aussi d’évoquer le service militaire obligatoire de deux ans en Corée du Sud et la soumission que les jeunes doivent avoir vis-à-vis de leur aînés et supérieurs.

Claustrophobia

Claustrophobia est une anthologie de courts métrages coréens très réussie. C’est une excellente idée d’avoir mis à l’honneur des films en huis clos.
L’équilibre entre chaque histoire est aussi très réussi entre thriller, horreur, documentaire et romance.

Claustrophobia est un film à voir sans hésiter pour tous les amateurs de films coréens. Il ne faut d’ailleurs pas bouder son plaisir, l’accessibilité aux courts métrages sur grand écran étant difficile hors festival.

Le court métrage n’a rien à envier au long métrage et cette sélection en est la parfaite démonstration.

Un véritable plaisir pour les yeux.

SYNOPSIS

Le cinéma sud-coréen bénéficie d’une reconnaissance internationale dans le domaine du film de genre. Thriller, horreur, suspens, gore, films de zombies, de vampires ou d’exorcisme : tous les sujets sont un prétexte à l’expression débridée et talentueuse des réalisateurs coréens contemporains. Claustrophobia est une sélection de cinq films représentatifs de cette vitalité et virtuosité d’un cinéma encore méconnu en France.

Mould de Park Chun-Kyu, 25 min
Won-Ki vi avec sa mère malade dans un appartement insalubre. Une nuit, une femme mystérieuse fait irruption dans leur vie…

Safe de Moon Byoung-go, 13 min
Une étudiante travaille pour un cercle de jeu illégal. Elle ne supporte plus l’addiction des joueurs.

Last interview de Huyn Moon, 8 min
M. Baek recherche un emploi malgré sa maladie qui l’affaiblit quand il est au soleil. C’est son dernier entretien.

Janus de Sung Hwan Kim, 15 min
Sur une route enneigée, un couple renverse un enfant. Leur conflit est filmé par la boîte noir du véhicule.

12th Assistant Deacon de Jang Jae Hyun, 22 min
Un jeune prêtre vient assister un exorciste. C’est le 12ème à se confronter au diable qui habite le corps de cette jeune femme.

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Durée du film : 1 h 23
Titre original : Claustrophobia
Date de sortie : 16/09/2015
Réalisateurs : Chun-kyu Park, Moon Byoung-gon, Moon Hyun-Sung, Sung-hwan Kim, Jang Jae-hyun
Distributeur : L’agence du court métrage