Annecy Festival : Entretien avec les réalisateurs du Royaume de Kensuke

Date : 26 / 06 / 2023 à 09h00
Sources :

Unification


A l’occasion de leur venue au festival d’Annecy, les réalisateurs Neil Boyle et Kirk Hendry nous ont accordés un entretien au sujet de leur film le Royaume de Kensuke.
Le film est l’adaptation du célèbre roman éponyme de Michael Morpurgo. Il narre les aventures d’un jeune garçon naufragé sur une île isolée qui découvre qu’il n’est pas seul quand il rencontre un vieux soldat japonais hostile. Il devront apprendre à se connaître et à unir leur force pour protéger ce paradis insulaire.

Le scénario était-il fini quand vous avez été impliqués dans le projet ?

Neil Boyle : les droits de l’adaptation étaient optionnés depuis longtemps par Sarah Radclyffe. Elle voulait, au départ, faire le film en live action, c’est-à-dire avec de vrais acteurs, pas un film d’animation. Mais très vite, elle s’est rendu compte que le live action était difficile à faire. Un enfant dans la jungle et beaucoup d’ animaux très différents les uns des autres, ce n’était pas facile à filmer. Elle s’est dit alors : pourquoi pas de l’animation ? Cependant, un scénario avait déjà été demandé à Frank Cottrel Boyce pour un film en live. Elle lui a alors demandé de le transformer en animation.
L’animation permet au spectateur de rentrer dans la tête du personnage, très rapidement, et de manière très claire. L’animation donne un grand contrôle sur les personnages.

Vous êtes deux réalisateurs, comment la collaboration s’est-elle passée, comment vous êtes-vous répartis les rôles ?

Kirk Hendry  : la première chose que l’on a faite, c’est de prendre le scénario de Franck de le simplifier. 80 pages sont devenus 4 pages et des priorités ont été listées.
Avec ces quatre pages qui pouvaient être lues en même pas 10 minutes, nous avons réfléchi comment refaire un scénario correspondant à un film d’animation. C’était sur Zoom, car c’était pendant la pandémie. C’est comme ça que notre collaboration a commencé, en discutant de notre vision de l’histoire et de comment nous allions l’adapter.
Nous n’avons pas séparé les rôles, nous avons tout fait ensemble, même si notre expérience est différente. Neil a plus d’expérience avec l’animation et moi avec la composition. Tout était fait ensemble, mais quand il y avait des feed-back à donner pour un artiste, chacun intervenait selon sa spécialité. Parfois, on était très très occupé, alors chacun aller parler à un directeur de département, mais toutes les décisions étaient prises ensemble en amont.
Au cœur de notre amitié et de notre collaboration, il y a la passion de raconter des histoires en film de la meilleure manière possible.Il n’y a jamais eu de réels conflits entre nous parce que nous n’y étions pas Neil ou Kirk mais nous devenions un monstre à deux têtes pour devenir un réalisateur unique. Quand on est deux, il est très facile de rentrer en conflit, mais nous avons l’impression d’être devenu une seule et même personne pour réaliser ce film.

Comment s’est fait le choix de la 2D pour l’animation ?

N. B. : pour nous, c’est la forme d’animation qui a le plus de charme. C’est celle que l’on voit en premier enfant. C’est pour ça que l’illusion de notre monde se fait très facilement avec cette technique. Depuis que l’on est enfant, on a ce lien avec cette image. Les formes d’animation en 3D, en stop-motion offrent beaucoup plus de détails. La 2D tend vers l’illustration et est beaucoup moins détaillée. Moins de détails donne de la place à l’imagination des spectateurs et les dessins deviennent plus symboliques.

Il y a un fort contraste entre la plage et le bateau qui ont des décors dépouillés et l’ile où c’est très beau, très luxuriant. Comment avez-vous travaillé les visuels et la lumière des décors ?

K. H. : les choix faits sur les décors et la lumière étaient avant tout pour renforcer l’émotion. Souvent, les plages sont représentées avec un ciel bleu, un beau soleil et des cocotiers partout. Nous voulions que quand Michael arrive cela ne soit pas comme ça que ce soit plutôt brumeux et qu’on ne sache pas exactement où il est.
Par exemple, quand Michael arrive sur l’île, c’est un endroit totalement étranger. Pour lui, c’est terrifiant. Les premiers animaux qu’il voit ne lui sont pas familiers. Ce sont des reptiles. Le paysage est très gris et puis Michael va rencontrer Kensuke et apprendre à apprécier, à respecter la nature. Au fur et à mesure de ce cheminement, elle deviendra beaucoup plus belle. Cela va avec son trajet émotionnel et son apprentissage pendant le film. Tous les choix artistiques ont été pris afin de renforcer les émotions des spectateurs et d’accompagner l’évolution des personnages.

L’animation des personnages et en particulier celle des animaux est très réussies. On retrouve vraiment les gestuelles et les expressions, comment les animateurs ont-ils travaillé pour arriver à ce résultat ?

N. B. : nous avons eu la grande chance de travailler avec une excellente jeune animatrice qui s’appelle Ludivine Berthouloux. Elle nous a rejoint dès le story board, au tout début du film.
Nous avons vu tout de suite qu’elle avait une affinité particulière pour animer les animaux. Pas seulement bien les dessiner, mais aussi les ressentir. Elle a une vraie connexion avec eux.
Nous avons donc demandé à ce qu’il y ait beaucoup de recherche sur les mouvements des différents animaux qui seront représentés dans le long-métrage et sur la manière dont ils se comportent.
Ludivine donnait beaucoup de conseils aux autres animateurs en regardant leur travail et parfois en suggérant des changements, pour être au plus proche du comportement des animaux de la jungle.
Nous avons fait très attention d’apporter de l’émotion avec les animaux en essayant de ne pas leur donner un côté cartoon ou irréel. Nous avons essayé de trouver le juste milieu avec une performance qui ne soit pas surjouée.

Comment avez-vous géré la relation entre deux personnes que tout oppose la culture, l’âge et surtout l’impossibilité de communiquer ?

K. H. : cette relation est au cœur de l’histoire, et c’est ce qui la rend si intéressante et attachante. Les contrastes sont intéressants pour raconter des histoires. Nous avons essayé de pousser celui-là au maximum.
Au début, tout oppose les deux personnages mais, au fur et à mesure, chacun commence à adopter des traits de caractère de l’autre et à partager.

N. B. : l’auteur du livre du Royaume de Kensuke raconte souvent ce type d’histoire avec deux personnes que tout oppose et qui apprennent l’une de l’autre. Ces histoires sont souvent sur des hommes ou des animaux qui sont presque des ennemis au départ. Ils ont beaucoup de différences surtout culturelles mais à la fin une histoire d’amitié ou d’amour s’est formée. Ce sont des histoires de liens. Au-delà de cela, l’auteur essaie d’appliquer ce genre de relation entre l’homme et la nature.

Il y a un très fort message écologique dans le film. Est-ce voulu où est-ce simplement l’adaptation du livre ?

K. H. : c’était déjà dans le livre, mais je pense que nous avons essayé de le pousser encore plus en donnant à chaque animal, une famille. Par exemple, il y a le bébé orang-outang, il y a l’insecte qui protège ses œufs. En créant des familles aux animaux, on a créé un lien encore plus fort avec les spectateurs. Quand les braconniers arrive sur l’île, nous avons fait en sorte que la plupart des animaux présents sur l’île soit affectés. Cela a un impact encore plus grand pour les spectateurs.
L’île du film est en fait une métaphore de notre planète

Combien de temps a pris le projet pour être sur grand écran ?

N. B. : très longtemps ! Sarah Radclyffe a acquis les droits du film, il y a une vingtaine d’années. Le financement a pris huit ans et demi à partir du moment où la productrice a décidé que ce serait un film d’animation. Le processus d’animation en lui-même et l’élaboration du film ont pris deux ans et demi. Le film n’est pas seulement une aventure sur l’écran, mais ça a été une très longue aventure pour toute l’équipe.


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