BIFFF 2023 : Le deuxième weekend

Date : 07 / 08 / 2023 à 09h00
Sources :

Unification


Le temps passe à toute allure. Et le ralentissement lié à la période estivale permet de revenir sur des événements marquants de ces derniers mois.

Il est donc plus de temps de parler d’un second week-end du BIFFF qui a tenu toutes les belles promesses d’un premier particulièrement réussi.

Il est d’ailleurs extrêmement dommage de ne pas trouver beaucoup de Français se déplaçant pour ce festival aussi sympathique et chaleureux. D’autant que pour les Franciliens, Bruxelles n’est qu’à 1h20 de train et qu’il y a des hôtels pas très loin du centre immense où se déroule le BIFFF.

Vous pouvez trouver ci-dessous un avis rapide, classé par ordre alphabétique, des longs et courts métrages que j’ai visionné lors de ce second weekend.

LONGS MÉTRAGES

Anthropophagus II de Dario Germani

Avis : Le premier volet est sorti en 1980 et cette suite se déroule des années plus tard. Toutefois, il n’y a vraiment pas besoin d’avoir pris connaissance de l’œuvre précédente pour suivre sans problème ce scénario résumé en rigolant par l’une des protagonistes avec une certaine naïveté "Des jeunes femmes enfermées dans un bunker où personne ne sait qu’elles sont pourraient être la proie des humains qui y sont entrés pendant la Deuxième Guerre Mondiale et ne sont jamais ressorti", suivi d’un grand éclat de rire.

Mais tout le monde le sait, surtout des festivaliers de films de genres, quand on vous invite à passer un week-end dans un lieu isolé en vous interdisant d’en parler à qui que ce soit, ce n’est, évidemment, pas une bonne idée. Ainsi, on va suivre les rencontres mortelles de jeunes femmes thésardes et de leur professeur ayant trouvé comme formidable idée d’aller passer quelques jours enfermées dans un bunker géant où un serial killer aimant bien torturer, charcuter et dépecer ses victimes vivantes vit. Vu qu’il s’agit d’une série Z, il ne faut pas s’attendre à grand-chose au niveau de l’interprétation, de la réalisation ou même des dialogues.

Toutefois, dans le cadre d’une séance de minuit, cette succession de crimes plus ou moins horribles ne passe pas trop mal dans une salle s’amusant à faire des commentaires et à crier pour faire passer un temps parfois très long ponctué de, toujours mauvaises, décisions des donzelles.

Blaze de Del Kathryn Barton

Avis : Ce très bon film australien, plusieurs fois primé dans des festivals, permet de suivre une jeune adolescence ayant assisté au viol et au meurtre horrible d’une femme. Cette dernière doit témoigner contre le coupable et on va être à ses côtés pendant plusieurs mois, alors qu’elle lutte contre l’horreur et ses émotions grâce à une imagination formidable.

L’œuvre est d’une grande force et repose sur une interprétation magistrale. Il est facile de se laisser entraîner dans la vie de cette jeune fille essayant de surmonter le traumatisme de l’acte violent auquel elle a assisté. D’autant que celle-ci bénéficie d’une imagination sans limites et que la représentation de son monde intérieur est d’une grande richesse. Le long métrage est donc non seulement d’une très forte puissance, mais vraiment nécessaire pour comprendre comment un acte criminel peut impacter durablement la vie et la psychologie d’une jeune fille, surtout s’il est lié à un crime sexuel, le viol, qui est finalement si peu et mal, puni dans le monde.

Grandson (The) de Kristóf Deák

Avis : c’est un véritable coup de cœur que cet étonnant thriller qui emmène le spectateur où il ne s’attend pas et qui fait une magnifique proposition cinématographique. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait reçu le prix Black Raven.

On découvre un homme âgé se faisant arnaquer. Son petit-fils va alors tout mettre en œuvre pour essayer de retrouver la montre à laquelle celui-ci tenait beaucoup. On est très loin des rôles musclés que l’on a l’habitude de découvrir dans ce genre d’œuvre, ce qui est vraiment rafraîchissant. L’écriture est vraiment remarquable et l’interprétation impeccable. La mise en scène offre de grands moments, et joue aussi bien sur le suspense que sur l’émotion. De plus, il est plaisant que le film ne tombe jamais dans de l’action débridée. Il faut donc espérer, au vu de sa qualité, que le film trouve la voie des salles de cinéma en France.

In My Mother’s Skin de Kenneth Dagatan

Avis : Cette histoire de fée démoniaque se déroulant en Indonésie a un certain charme et de vraies qualités. Néanmoins, cette dernière possède de très grandes longueurs qui ont fait décrocher l’attention des festivaliers. En effet, les déplacements des différents protagonistes prend beaucoup de temps. Et on ne verra assurément plus la montée et la descente des escaliers de la même manière. Sans compter que la propension des deux personnages principaux, des enfants, à passer leur temps à s’appeler a instauré un mouvement qui va perdurer jusqu’à la fin du festival.

Ainsi, dans d’autres projections ultérieures, les "Bariany" et les "Thala" (nom des deux enfants), associés à un "Youhou" étaient entendu au quatre coin des salles de projection dès qu’une longueur apparaissait dans la long métrage, ou qu’un personnage en cherchait un autre. Toutefois, l’atmosphère est bien présente dans cette œuvre horrifique et cette confrontation entre une jeune fille décidée à sauver sa famille et une fée vraiment inquiétante mérite assurément la peine d’être découverte.

Infinity Pool de Brandon Cronenberg

Avis : Le troisième long métrage de Brandon Cronenberg tient toutes ses promesses et offre une nouvelle immersion bien étrange et viscérale dans la vie d’un personnage que l’on découvre. Suite à des événements dramatiques, ce dernier va se retrouver confronté à une curieuse coutume locale et se retrouver entraîné dans les actions pas très recommandables d’un groupe d’amis aisés.

L’œuvre est parfois malaisante, mais interroge avec pertinence sur la culpabilité et la capacité à faire ce que l’on veut en échange d’un prix terrible, notamment psychologique, que l’on peut n’avoir aucun problème à payer. La mise en scène et le travail visuel sont une vraie réussite et permettent d’immerger le spectateur au cœur de surprenantes vacances desquelles on ne sortira pas indemne.

Le film a reçu le prix Silver Raven.

It Came From The Water de Xawery Zulawski

Avis : Évidemment, quand on croise des jeunes gens partis faire une grande fête et des personnes infectées, on s’attend à avoir du fun, des morts et du gore. Toutefois, le film tient bien peu ses promesses et sous couvert d’écologie et d’une pointe de féminisme, il est finalement peu intéressant à regarder.

Seules les 20 dernières minutes sont bien sympathiques. Mais ce final, associé à une idée d’un personnage infecté tout à fait original dans le genre, maintes fois utilisé des zombies, ne suffisent pas à garder un bon souvenir de l’œuvre. De plus, cela ne masque pas la déception que l’on éprouve devant un long métrage où même la psychologie des jeunes gens n’a finalement que peu d’intérêt.

Nightsiren de Tereza Nvotová

Avis : En festival, il est toujours sympathique de découvrir les productions venant de pays dont on n’a pas l’habitude de voir les films. Sur le papier, cette histoire de femme, qui n’est pas sans rappeler un récit de sorcière, avait tout pour plaire. En effet, une jeune femme revient dans son village natal suite à un héritage. Elle va alors découvrir des éléments sur son passé, et sur sa famille, qui vont remettre sa propre existence en perspective.

Toutefois, l’œuvre est particulièrement lente à démarrer. Et si elle propose quelques plans intéressants et des passages angoissants, surtout liés au statut de quasi étrangère d’une nouvelle venue féminine dans ce village reculé et patriarcal, elle est globalement peu marquante. C’est d’autant plus dommage qu’un final particulièrement intéressant vient conclure un récit qui n’a jamais su trouver totalement le bon ton.

Renfield de Chris Mckay

Avis : Avec l’approche de l’intéressant Le Dernier Voyage du Demeter, Dracula a, en cette année 2023, de nouveau la côte. Impeccablement interprété par Nicolas Cage qui n’en fait pas trop, le conte vampirique se retrouve face à son fidèle employé qui au bout de plusieurs centaines d’années de maltraitance a envie d’avoir une existence lui appartenant en propre. À ce duo en pleine crise, s’ajoute une réflexion sur la corruption de la ville dans laquelle il a établi ses nouveaux quartiers, ce qui permet à une jeune flic intègre, parfaitement interprétée par Awkwafina, de faire équipe avec un Nicholas Hoult extrêmement à l’aise dans son rôle de subalterne. La comédie offre des moments d’action spectaculaire et une pléthore de passages plus jubilatoires les uns que les autres. Vous pouvez retrouver l’article complet ICI.

Satan’s Slaves : Communion de Joko Anwar

Avis : C’est toujours un plaisir de retrouver sur grand écran une œuvre de Joko Anwar. D’autant que si les œuvres Philippines sortent rarement en salle, celle d’origine fantastique et horrifique ont encore moins de chance.

Il s’agit d’une suite d’un film sorti en 1976. On y retrouve certains personnages et quelques événements peuvent paraître vraiment surprenants, voire inexplicables, si on n’a pas de notion de ce qui s’est déroulé précédemment. Toutefois, l’intrigue est compréhensible et l’atmosphère particulièrement imposante. En effet, un immeuble va se retrouver isolé lors d’une tempête et une cérémonie étrange va plonger les habitants dans l’angoisse, et l’horreur la plus complète qui s’achève régulièrement sur un décès.

Le film propose certains passages particulièrement spectaculaires et bénéficie d’une très bonne interprétation. On suit donc avec plaisir certains des résidents essayant de survivre à une nuit de cauchemar, alors que l’horreur se répand partout. Si vous aimez les œuvres vraiment sombres et angoissantes, qui ne fait pas de cadeaux aux enfants, ne passez pas à côté de cette dernière production très réussie d’un réalisateur prolifique qui ne déçoit jamais.

COURTS MÉTRAGES

Compétition européenne de courts-métrages :

  • The Farmhouse (La masía) de Víctor Catalá Avis : Un très bon court métrage tournant autour d’une jeune fille allant chez ses grands-parents et y découvrant des choses de plus en plus inquiétantes. L’œuvre utilise les codes de l’horreur pour faire monter l’angoisse et offre un finale réjouissant.
  • Caterpillar de Matt Bentley-Viney Avis : Un cours intéressant permettant de s’immerger dans la psyché en pleine déliquescence d’un individu. Une façon originale de présenter la dépression et la maladie mentale.
  • Shurik de Aleksandr Samsonov Avis : Un bon cours un peu long à se mettre en place et bénéficiant d’un visuel très intéressant, tout en donnant l’occasion de se pencher dans un récit fantastique utilisant l’imaginaire russe.
  • Turkey Jeanne (Jeanne Dinde) de Pauline Ouvrard Avis : Un très bon court montrant une jeune fille très attachée à la dinde dont elle s’occupe et qui va progressivement se transformer. Une réflexion intéressante sur le regard des autres, le poids de la société et le désir profond.

Le film a remporté le prix du Méliès d’argent.

  • Family Night de Alan Dunne Avis : Un très bon court métrage inspiré d’une histoire vraie et montrant une soirée en famille qui n’est pas ce qu’elle semble être. Le suspense monte crescendo, tout comme l’horreur au fur et à mesure que l’on comprend la situation.

Belgian short films competition :

  • A Friend’s Friend (La pote d’un pote) de Henry Julien Avis : Un court métrage amusant tournant autour de deux jeunes filles qui se racontent des histoires qu’elles ont entendu et qui sont toutes plus horribles les unes que les autres. Grâce à son interprétation et à sa pointe d’humour, on passe un bon moment.
  • Drifter de Joost Jansen Avis : Un très beau court métrage d’animation à la fois expérimental et psychédélique présentant un voyage sortant de l’ordinaire. Son visuel travaillé et son immersion dans la conscience d’un humain se laissant dériver au cœur de l’espace est une vraie véritable expérience visuelle et sensorielle.

Le film a remporté le Grand Prix Belge.

  • Black Loves (Amours noires) de Michel Collige Avis : Un bon court métrage qui aurait mérité d’être resserré. Ce n’est pas courant de se trouver devant un thriller aussi noir en version courte, mais le mécanisme mis en place dans sa première moitié se répète un peu trop et finit par légèrement lasser. Néanmoins, l’ambiance est particulièrement prégnante et dévoile une histoire d’amour vraiment compliqué.

Le film a remporté le Prix du jury jeune.

  • Inert de Tim Truyens Avis : Un court métrage traitant du deuil à travers un jeune homme perturbé par le traumatisme qu’il a vécu. De très beaux plans, mais une histoire qui au final manque d’impact.
  • Signal de Jérôme Pierrat Avis : Un très bon court métrage horrifique jouant sur le visuel, l’ombre et le son et présentant une situation de plus en plus angoissante. Le film fonctionne très bien et marque assurément les esprits.

Le film a remporté le Prix BeTV

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