Midsommar : La critique

Date : 29 / 07 / 2019 à 13h30
Sources :

Unification


Midsommar est un excellent film d’horreur incroyable et effroyable duquel on ne sort pas indemne.

Avec son premier film d’horreur Hérédité sorti en 2018, Le réalisateur Ari Aster m’avait déjà fait une forte impression en faisant une proposition horrifique vraiment intéressante. Avec son second film, il va beaucoup plus loin, et redéfini vraiment certains canons des films de genre. Une œuvre qui est aussi dans la lignée de celle précédente et dont l’horreur étouffante provient aussi de la confrontation entre ce que l’on découvre et la normalité étrange des scènes.

Suite à un drame familial, une jeune femme américaine accompagne son petit ami et ses amis en Suède pour assister à une cérémonie exceptionnelle du solstice d’été dans une communauté très retirée.

Le scénario d’Ari Aster se base principalement sur la jeune femme et sur la vision et le ressenti qu’elle a des événements qui se produisent devant elle. Ainsi, son instabilité mentale se mélange parfois aux drogues qui sont distribuées aux participants pour qu’ils communiquent plus avec la terre. Si le récit suit aussi les autres protagonistes, c’est par son biais que l’on va interpréter les situations. Une vision des choses qui renforce l’immersion du spectateur dans l’histoire et qui en démultiplie l’horreur qui se produit devant nos yeux.

Le récit se base sur de véritables cérémonies du solstice et de la Saint Jean. Certaines coutumes, notamment nordiques, sont aussi utilisées, donnant une, fausse, impression de normalité rassurante.

Ari Aster propose un film magistral à la réalisation extrêmement brillante. Il filme ses scènes d’une façon incroyable et s’appuie sur de subtils effets spéciaux parfois utilisés uniquement en bordure des images pour créer une sensation croissante qui happe le spectateur, l’asphyxie parfois et le laisse exsangue et haletant à la fin d’un long métrage réellement marquant.

Il sait choisir aussi des plans très larges montrant différents protagonistes vacants à des activités variées et permettant aux spectateurs de se focaliser sur le personnage qu’il veut ou de découvrir dans son ensemble ce qui se passe au cœur de ce village. Un choix visuel extrêmement fort et réellement perturbant lorsque l’on voit progressivement une scène se modifier et devenir dérangeante, alors qu’autour, tout, et tous, semblent garder une normalité réconfortante.

De plus, il a fait construire un village entier en pleine nature, qu’il inonde de soleil perpétuellement. Il s’appuie ainsi sur la sublime photographie de Pawel Pogorzelski qui renforce le malaise ressenti en présentant des événements parfois effroyables se produisant constamment sous la lumière.

Il faut aussi vraiment saluer le travail sur les décors d’Henrik Svensson, les accessoires et les superbes costumes d’Andrea Flesch, qui renforcent la sensation d’accéder à un véritable village existant, aux codes que l’on découvre en même temps que les protagonistes et aux croyances bien ancrées.

Les détails, telles les magnifiques peintures du plafond de la maison communautaire des jeunes gens, sont vraiment travaillées. À tel point, parfois, que l’on a l’impression qu’il s’agit d’un documentaire sur une société isolée, avant qu’un élément perturbant, parfois simplement entraperçu du coin de l’œil, vienne remettre en question cette sensation d’assister à des coutumes charmantes et bucoliques ayant un effet un petit air rétro.

L’intégration de la musique est vraiment formidable. La composition de Bobby Krlic constitué de flûtes, de tambourins et d’instruments à cordes est parfois jouée par les habitants du village eux-mêmes, ce qui offre des séquences magnifiques, tels que l’arrivée des protagonistes étrangers au cœur de ce village semblant tellement charmant. Le travail sur la voix et la respiration est aussi très intéressant. Il faut d’ailleurs saluer la qualité du son permettant de renforcer parfois la sensation de sidération que l’on a en voyant certains passages.

Le montage de Lucian Johnston est absolument remarquable. Les séquences s’enchaînent d’une façon magnifique. Les plans variés sont parfaitement intégrés et la dramaturgie gagne en intensité grâce à une maîtrise parfaite de la trame narrative.

Le casting est vraiment formidable. Même les personnages les plus secondaires ont une réelle présence, donnant vraiment l’impression d’une immersion au cœur de ce village isolé. De plus, les acteurs jouant aussi les étrangers sont vraiment très bons.

Il faut souligner la prestation superbe de Jack Reynor en petit-ami ambiguë du personnage principal. Quant à Florence Pugh en jeune femme essayant d’oublier ses malheurs, elle est tout simplement éblouissante. Malgré son comportement complexe, la comédienne réussit à insuffler une grande puissance à celle qu’elle incarne et lui apporte une grande dimension dramatique qui renforce la connexion que le spectateur peut avoir avec elle. Et consolide de plus en plus le malaise viscéral que l’on ressent à la découverte du village, et de ses traditions, en sa compagnie.

Midsommar est un film qui est véritablement non seulement une claque visuelle, mais une immersion éprouvante au cœur d’une horreur se dévoilant progressivement. Avec son deuxième long métrage, Ari Aster frappe un grand coup et montre qu’il est réellement un réalisateur à suivre et que sa façon de voir, et de faire du cinéma, apporte vraiment quelque chose à ce dernier.

Un scénario inexorable associé à une prestation impeccable et à une mise en scène éblouissante font de l’œuvre un film marquant qui n’est pas prêt de quitter votre esprit lorsque vous l’aurez vu.

Effroyable et incroyable.

SYNOPSIS

Dani et Christian sont sur le point de se séparer quand la famille de Dani est touchée par une tragédie. Attristé par le deuil de la jeune femme, Christian ne peut se résoudre à la laisser seule et l’emmène avec lui et ses amis à un festival estival qui n’a lieu qu’une fois tous les 90 ans et se déroule dans un village suédois isolé.

Mais ce qui commence comme des vacances insouciantes dans un pays où le soleil ne se couche pas va vite prendre une tournure beaucoup plus sinistre et inquiétante.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 2 h 20
- Titre original : Midsommar
- Date de sortie : 31/07/2019
- Réalisateur : Ari Aster
- Scénariste : Ari Aster
- Interprètes : Florence Pugh, Jack Reynor, Will Poulter, William Jackson Harper, Vilhelm Blomgren, Archie Madekwe, Ellora Torchia, Julia Ragnarsson
- Photographie : Pawel Pogorzelski
- Montage : Lucian Johnston
- Musique : Bobby Krlic
- Costumes : Andrea Flesch
- Décors : Henrik Svensson
- Producteur : Lars Knudsen, Patrik Andersson pour A24, B-Reel Films
- Distributeur : Metropolitan FilmExport

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

Midsommar



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