Concussion : La critique du film

Deux titres, un seul film, deux vies et une même quête : l’épanouissement. D’un titre à l’autre, Concusion (traumatisme crânien) ou Breathe (respire), nous assistons à un déclic, celui d’une mère au foyer, d’une femme étouffée par son quotidien qui nous offre son sursaut de vie pour ne plus renoncer au plaisir.

Stacie Passon filme avec délicatesse l’intimité du couple, ses asymétries, ses interrogations, ses frustrations, ses non-dits et la souffrance. Il y a celui qui s’éloigne de soi-même et de ses propres besoins et celui qui ne peut donner plus que ce qu’il donne déjà. Kate Abelman (Julie Fain Lawrence) travaille et se définit par son travail et en apparence fait vivre la famille. Au sens matériel du terme, elle permet cette vie aisée et paisible, que voudrait-on de plus ? Abby (Robin Weigert) s’occupe des enfants et rend le foyer chaleureux, accueillant. Et ça ne la résume pas, non plus. Abby a besoin de se sentir vivante et ce besoin passe par le sexe. Les maîtresses ne suffiraient pas et c’est dans la prostitution qu’elle va inscrire sa quête en s’inventant une vie et en devenant Eléonor.

Dans ce long métrage, Stacie Passon ne s’attarde pas sur un jugement inutile des choix d’Abby. Ce soin particulier nous permet de réellement vibrer avec ce personnage, avec sa détresse, avec sa quête susceptible de l’immerger à tout moment. L’appartement, ce nid qu’elle se crée pour faire vivre Eleanor est d’une beauté incroyable. Le film dans son entier n’est qu’esthétique, sensualité et sensibilité. Le sujet du couple est traité avec tant de finesse, de sincérité et d’authenticité que l’homosexualité du couple ne fait pas de ce film, un film LGBT : enfin !! On nous murmure à l’oreille que les rapports humains, les rapports de couple n’ont peut-être pas de sexe et respirent une complexité touchante ; une complexité qui fait justement de nous des humains. Au-delà des non-dits qui peuvent éloigner deux personnes, on retient du film de Stacie Passon l’essentiel qui les rapproche : l’amour qu’ils se portent.

LM

Concussion est un film qui parle de l’érosion du couple, de la crise de la quarantaine et du désir. Le sujet a cela d’original qu’il parle d’un couple de femmes. Il faut avouer qu’on oublie bien vite cet état de fait car cela fini par devenir presque anecdotique tellement les problèmes rencontrés par ce couple sont semblables à ceux des couples hétérosexuels.
Le film a d’ailleurs eu le prix spécial du jury aux Teddy à Berlin en 2013.

Le personnage principal, Abby, magistralement interprété par Robin Weigert, est une riche femme au foyer. Cette dernière porte d’ailleurs l’ensemble du film sur ses épaules et elle s’en sort remarquablement bien. Ses enfants grandissent et sa femme lui préfère son travail. Un coup reçu à la tête va la pousser à remettre sa vie en question et à partir en quête de sa libido perdue. C’est d’ailleurs en se payant une call girl qu’elle va découvrir qu’elle aime faire plaisir aux autres. L’idée de vendre son corps en échange d’argent afin de se réapproprier sa propre vie m’a d’ailleurs fait penser au très beau Guilty of Romance de Sono Sion avec une réflexion sur la féminité très similaire.

A travers ce personnage de femme délaissée qui se cherche une occupation et une nouvelle raison de vivre, c’est aussi une intrusion dans la vie des femmes au foyer qui nous est décrite.

Le film est vraiment esthétique avec une photographie léchée et une lumière très belle. L’ensemble dégage une certaine douceur qui renforce l’empathie que l’on peut avoir pour le protagoniste principal.

L’appartement a un rôle très important dans l’histoire. Il passe d’un simple ensemble de murs à rénover, à un échappatoire à une vie morne. Il est transformé progressivement en un lieu de luxure avant de se définir comme un espace de vie et de respiration pour Abby.

C’est à travers l’évolution de cet appartement que l’on voit celle de la vie d’Abby. Leurs destins sont liés comme un cocon et un papillon et c’est lors d’une scène magnifique en son sein que la nouvelle femme qu’est devenue Abby prendra son envol.

Concussion est un très beau film. Intelligent, posant des questions existentielles universelles. Il nous offre de plus une très belle mise en scène sublimée par une photographie somptueuse. L’impression qu’il en reste est une grande douceur et un bel apaisement.

Un film à voir par tous, bien que certaines scènes dénudées le réserve à un public averti. Certaines personnes haineuses devraient le visionner pour voir que les problématiques de l’Humanité concernent tout le monde quel que soit son genre.

IA

Abby est mariée, riche et lesbienne. A 42 ans, elle s’occupe des enfants tandis que son épouse consacre ses journées au travail. C’est une famille heureuse. Sa vie bascule le jour où elle est frappée à la tête par une balle de baseball. Son quotidien lui paraît soudain insoutenable. Elle décide alors de s’inventer une nouvelle vie, faite de secrets et d’érotisme.

 Durée du film : 1 h 36
 Titre original : Breathe
 Disponibilité : 29/10/2014
 Réalisateur : Stacie Passon
 Scénariste : Stacie Passon
 Interprètes : Robin Weigert, Maggie Siff, Ben Shenkman, Johnathan Tchaikovsky, Daniel London, Emily Kinney, Janel Moloney, Julie Fain Lawrence
 Photographie : David Kruta
 Montage : Anthony Cupo
 Musique : Barb Morrison
 Costumes : Jennifer Bentley
 Producteur : Rose Troche pour The Group Films
 Distributeur : Chrysalis Films

 ALLOCINÉ
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