Star Trek Strange New Worlds : Critique 2.02 Ad Astra Per Aspera

Date : 22 / 06 / 2023 à 15h00
Sources :

Unification


STAR TREK STRANGE NEW WORLDS

- Date de diffusion : 22/06/2023
- Plateforme de diffusion : Paramount+
- Épisode : 2.02 Ad Astra Per Aspera
- Réalisateur : Valerie Weiss
- Scénaristes : Dana Horgan
- Interprètes : Anson Mount, Ethan Peck, Rebecca Romijn, Jesse Bush, Christina Chong, Celia Rose Gooding, Melissa Navia, Babs Olusanmokun, Carol Kane et Paul Wesley

LA CRITIQUE FM

Ce second épisode permet la résolution d’une des problématiques fil rouge de la première saison de la série qui concernait le secret de Una Chin-Riley. La saison précédente s’étant terminée par son arrestation, Ad Astra Per Aspera permet d’assister à son procès.

Sur l’issue du dit procès, on va dire qu’il n’y avait pas à la base de suspense, Rebecca Romijn étant présente dans de nombreux extraits de la bande annonce de cette seconde saison. L’acquittement était donc acquis dès le départ. Reste à savoir comment...

Et c’est justement ce qui est passionnant avec cet épisode. Encore une preuve qu’il n’y a pas besoin de multiplier les effets spéciaux et les combats au ralenti pour nous scotcher à notre fauteuil. Un débat règlementaire sur les fondements juridiques de Starfleet y arrive très bien.

Et pour cela, il faut une interprétation au cordeau. Anson Mount est, comme à son
habitude, parfait dans une conviction tout en retenue. Et globalement aucune fausse note n’est à déplorer de la part de l’ensemble du cast. À noter l’excellente prestation de Yetide Badaki dans le rôle de l’avocate de Una, Neera.

Sur les tenants et aboutissants juridiques, j’ai un peu peur que les adeptes anti-wokistes ne sautent à pieds joints dans une dénonciation tout azimut de la démonstration de l’avocate de Chin-Riley. Je pense que ce serait une erreur d’analyser son réquisitoire avec ce prisme même si la production nous a habitué à plonger dedans avec délectation, particulièrement avec Discovery.

Reste pour moi le principal problème de l’épisode, c’est la mise, à nouveau, en accusation de Starfleet et de la Fédération. Que les institutions puissent être questionnées ne me pose aucun problème, C’est le coté systématique dans les productions Secret Hideout qui est aberrant.

Si je n’attendais à la base pas grand chose de cet épisode, au final, Ad Astra Per Aspera est à ranger dans les bonnes surprises.

LA TURBO-CRITIQUE YR

Les procès, et plus généralement les problématiques juridiques, auront fourni à l’art audiovisuel certaines de ses plus belles pièces d’anthologie (à l’exemple du chef d’œuvre 12 Angry Men). Reposant sur une démarche essentialiste n’autorisant guère à tricher avec le fond grâce à des artifices de forme, les dialogues en huis clos y tiennent la part du lion pour questionner toutes les facettes de l’existence, des choix individuels déterminants aux failles structurelles des sociétés. Aussi bien en films qu’en séries télévisées, des auteurs de légende — de Sidney Lumet à André Cayatte, de David E Kelley à Dick Wolf (et tant d’autres) — auront laissé une empreinte indélébile, au point d’influencer parfois significativement les choix politiques du monde réel.
L’univers de Star Trek ne fut pas en reste en la matière, avec des opus aussi mémorables que ST TNG 02x09 The Measure Of A Man (version courte ou longue), ST TNG 06x09 The Quality Of Life, ST DS9 04x18 Rules Of Engagement, ST VOY 07x20 Author, Author, ou ST ENT 02x19 Judgment
Inutile donc de dire que SNW 02x02 Ad Astra Per Aspera était attendu de pied ferme depuis l’arrestation avec fracas d’Una Chin-Riley à la fin de SNW 01x10 A Quality Of Mercy… même si ce type de cliffhanger semble récurrent chez Secret Hideout depuis l’arrestation de la capitaine Carol Freeman à la fin de Lower Decks 02x10 First First Contact

Il est incontestable que — une fois n’est pas coutume — la plupart des dialogues de SNW 02x02 Ad Astra Per Aspera sont en eux-mêmes bien écrits (sans pour autant être transcendants), et ils sont même servis par une singulière sobriété d’interprétation (quoique loin de la pudeur bermanienne tant le pathos violoneux se tient toujours ici en embuscade..).
Tentant probablement d’agréger la mécanique efficace de ST TOS 01x04 Court Martial et l’ambition ontologique de ST TNG 02x09 The Measure Of A Man (mais sans parvenir intellectuellement à leur cheville), SNW 02x02 Ad Astra Per Aspera reste finalement peu original dans sa construction narrative, en se bornant à suivre les recettes éprouvées des procès à l’Américaine au sein d’un système accusatoire (civil ou militaire).
Ainsi, pour avoir menti lors de son recrutement sur sa qualité d’Illyrianne et ses modifications génétiques (incompatibles avec une intégration dans Starfleet depuis les Guerres eugéniques et Khan), l’inculpée (Una) se voit proposée par la procureure (capitaine Batel, petite amie de Pike) une "offre généreuse" (renvoi de Starfleet sans honneur — "dishonorable dismissal" en VO — mais en y gagnant un statut de citoyenne de l’UFP). Mais convaincue de sa bonne conscience (à défaut d’une innocence au sens légal), et indignée par cette "négociation", Chin-Riley décide courageusement d’aller jusqu’au procès, présidé par la Judge Advocate General ou JAG amirale Javas, et plaide alors logiquement "non coupable"… prenant alors fatalement le risque d’une peine maximale pour l’exemple (en l’occurrence vingt ans de prison fédérale).
Mais une formidable avocate (l’Illyrianne Neera), accessoirement passionaria des droits civiques illyrians bafoués depuis longtemps et sans scrupule aucun par l’UFP, est embauchée non sans mal par Pike (ayant dû faire le déplacement jusqu’à la nébuleuse de Volterra où l’atmosphère est irrespirable par les humains).
Le prétoire du JAG sera alors le théâtre d’interrogatoires et de débats musclés, impliquant les témoignages successifs de Robert April, de Spock, de La’an Noonien-Singh, et de M’Benga, puis explorant l’enfance d’Una au travers de flashbacks qui révéleront les discriminations crasses endurées par son espèce, et enfin exposant la "complicité" de Pike pour avoir "couvert" en connaissance de cause les améliorations génétiques de sa Number One durant plusieurs mois (ce que le vice-amiral Pasalk, procureur adjoint, tentera de requalifier en conspiration).
Finalement, Neera arrachera l’acquittement de Chin-Riley (et sa conservation dans ses fonctions de Commander exemplaire et ultra-décorée) à la fois grâce à une astuce juridique (un obscur règlement de Starfleet permettant d’y obtenir l’asile à la discrétion des capitaines) et une plaidoirie éthique (les immorales lois de Starfleet contredisant l’idéal d’inclusion trekkien auquel Una a cru si fort toute sa vie).
Mais derrière le procès, le véritable message des scénaristes est tout ce qu’il y a de plus trendy. Évacuons d’abord l’évidence : l’épisode est tellement en prise avec l’actualité du moment aux USA, faisant notamment écho aux débats houleux sur le droit d’asile, qu’il en devient largement tautologique sur ce plan (autant suivre directement les nombreuses chaîne d’actu). La plus-value idéologique réside plutôt dans la tension psychologique qui se dévoile entre Neera et sa vieille amie et compatriote Chin-Riley quant au tokenisme, la première ayant fait le choix de s’assumer quitte à être discriminée, tandis que la seconde s’est fabriqué une fausse identité pour pouvoir vivre son rêve de Starfleet. Mais après vingt-cinq ans de double jeu, n’en pouvant plus, elle fera son coming out par voix juridique (d’où son arrestation) — l’Illyrian Pride s’imposant in fine comme la seule voie respectable (ou politiquement correcte). Dont acte.
Cerise sur la petite madeleine : le titre "ad astra per aspera" qui aura inspiré la vocation d’Una est une référence directe au Starfleet terrien de ST ENT (et indirectement à la NASA).
Il en ressort un épisode d’assez bonne tenue, du moins in abstracto (hors de l’univers Star Trek) et à un niveau de lecture superficiel (tant la somme d’emprunts pourrait en faire la créature de Frankenstein). Cette perception largement relativiste se nourrit aussi du naturel ultra-médiocre à nullissime des productions Secret Hideout, conduisant donc à surévaluer subjectivement un épisode ayant simplement réussi l’exploit d’être dans la moyenne qualitative de la concurrence actuelle, tout en ayant osé s’affranchir de la pyrotechnie pour tenter l’épaisseur psychologique d’un huis clos.

Mais ce satisfecit décontextualisé ne vaut pas quitus pour autant pour qui se réclame du label "Star Trek"…
Car comme à leur habitude, les scénaristes de l’écurie Kurtzman se contentent d’être la caisse de résonance de la doxa du Parti démocrate étatsunien (wokisme identitaire se substituant au progressisme universel) mais aussi (histoire de ratisser large) des mouvances libertariennes en plein essor (promotion de l’individualisme contre l’état réputé forcément oppresseur). Quitte pour cela à massacrer tout ce qui fait l’essence et la vocation de Star Trek.
On se moque ainsi royalement de l‘internalisme et de la continuité, on profane allègrement l’héroïne roddenberrienne (i.e. la société utopique), on cumule tous les contresens (et les contreproductivités), et on prétend à chaque fois (ré)inventer le progrès dans une réalité outrageusement dystopique.

En réalité, l’hypothèse de départ est un nawak mâtiné de WTF. Les Guerres eugéniques de la fin du 20ème siècle auront certes conduit l’humanité à proscrire l’amélioration génétique… des humains et seulement des humains. C’est ce qu’avait explicitement établi ST ENT 04x06 The Augments, où le Denobulan Phlox qui servait dans Starfleet appartenait à une espèce pratiquant depuis longtemps les manipulations génétiques... sans qu’un quelconque Terrien ne songe à l’écarter (alors que les Guerres eugéniques étaient chronologiquement bien plus proches tandis que l’UFP pluri-civilisationnelle n’existait pas encore !). Deux cent ans après, ce n’est pas ST DS9 05x16 Doctor Bashir, I Presume qui viendrait contredire ce postulat. Et qui se souvient de ST TNG 02x07 Unnatural Selection ? Même Khan et ses Augments n’avaient pas été par défaut arrêtés par Starfleet dans ST TOS 01x24 Space Seed (c’est seulement le détournement du vaisseau par eux qui leur valut d’être exilés).
Mais supposer comme le fait SNW 02x02 Ad Astra Per Aspera que la Terre aurait imposé à toutes les espèces membres et non-membres de l’UFP ses propres lois (remontant qui plus est à une époque archaïque antérieure au First Contact) serait le signe d’un anthropocentrisme et d’un impérialisme passéiste délirant, ainsi qu’un déni fondamental de Prime Directive quant à la voie évolutionniste (naturelle et/ou artificielle) que chaque civilisation a suivi à travers son histoire et sa culture propre. Et sachant que l’ingénierie génétique précède la naissance des Illyrians, lesdites lois terriennes sont même éclaboussées d’un sulfureux parfum de crime contre l’humanité, selon la définition philosophique débattue à Nuremberg (à savoir promulguer des lois contre des individus selon leur être et non selon leurs actes).
C’est aussi le symptôme d’un simplisme et d’un amalgame sociologique qui consisterait à mettre aveuglément dans le même panier la création eugéniste de surhommes (telle qu’imaginée au 20ème siècle dans le sillage du nazisme)… et diverses formes de transhumanisme en une ère trekkienne techniquement et scientifiquement éclairée (thérapies géniques pour soigner certaines maladies héréditaires, augmentation de la longévité, adaptations aux terraforming de colonisation…). Résultat, la Fédération apparait ici totalement rétrograde voire obscurantiste, refusant les bénéfices prométhéens offerts par la science au nom d’une évolution naturelle érigée en dogme pour ne pas dire en religion. Contredisant ainsi la proposition trekkienne dans sa définition même...

Mais qu’importe n’est-ce pas, puisque l’objectif évident des scénaristes est d’imposer — à nouveau — une transposition grossière du contemporain, en oubliant que le Star Trek roddenberro-bermanien déchargeait les éventuelles transpositions sur les autres civilisations (les "planètes de la semaine" avec lesquelles est supposée justement avoir renoué SNW), ce qui permettait aux institutions utopiques de l’UFP d’être préservées, des tropismes contemporains du moins.
Mais rien de tel ici, puisque c’est encore et toujours la Fédération et Starfleet qui prennent très cher et qui morflent ! Dès lors, l’UFP endosse le rôle (again) des USA (mais les USA passés du KKK et de l’ère ségrégationniste légale de sinistre mémoire) ; les Illyrians symbolisent les minorités affreusement infériorisées et persécutées ; Neera devient la championne — insupportable de suffisance revanchiste — du NAACP (et son interprète Yetide Badaki compose avec conviction une activiste méprisante et moralisante envers un continuum de "blancs dominateurs") ; les Vulcains sont désormais des comic relief voire des bouffons émotionnels faussement logiques (cf. la tension prétendûment pittoresque entre Spock et le Vulcain Pasalk, supposé être un collègue de Sarek alors que celui-ci méprisait ouvertement Starfleet dans ST TOS 02x15 Journey To Babel) ; et Una énumère consciencieusement toutes les abjections que la Fédération et ses ressortissants perpètrent ou tolèrent impunément à l’endroit de Illyrians… moyennant la panoplie infamante au grand complet comprenant la stigmatisation, l’intimidation, la discrimination, le persécution, le lynchage, la ségrégation, et même l’apartheid légal ! La dystopique Fédération revue et corrigée par Kurtzman ne nous aura décidément rien épargné, pas même la nausée.
Rien d’étonnant alors que la Fédération soit la cible de toutes les rancœurs (de Neera) et que le bréviaire du wokisme s’impose en fanfare tel un antidote salutaire, avec tous ses tics de langage et son maniérisme de posture, infligeant un insultant anachronisme à l’épisode… tant la véritable utopie trekkienne est par construction foncièrement post-woke, post-coming out, post-identités, post-fiertés, post-token, etc. Au fond, c’est comme si cet épisode révélait incidemment que la lutte des classes est la praxis de la société trekkienne... dont les prolétaires exploités et méprisés rêvent en secret du Grand Soir ! Merci Alex pour cette épiphanie tardive mais édifiante.

En outre, comme le faisait si souvent Discovery, SNW se prend ici les pieds dans le tapis de ses luttes intersectionnelles à contresens de l’Histoire du futur, car paralléliser ainsi les combats civiques de minorités aliens persécutés avec la doctrine de l’eugénisme renvoie au mieux un sophisme, au pire à une dérive nauséabonde. En somme, un cadeau empoisonné offert au wokisme.
Et avant qu’Una ne se livre (indirectement) aux autorités et n’implique (par estime) tous ses collègues et amis dans sa défense, apparemment personne au sein de l’UFP n’a même songé à dénoncer publiquement les résultantes humanitaires catastrophiques de ces lois-anti-eugénistes-pour-tout-l’univers, alors que cette tragédie sociale prospère depuis environ un siècle… tout au contraire des dérives potentielles et ponctuelles qui avaient résulté de situations inédites et nouvelles dans ST TNG 02x09 The Measure Of A Man et ST TNG 04x21 The Drumhead (par exemple) ! À moins que l’UFP ne soit un cimetière de zombies empaillés, est-il seulement cohérent qu’en plusieurs décennies, il ne se soit pas trouvé un seul juriste, un seul journaliste, un seul homme politique, un seul ambassadeur extraterrestre siégeant au Conseil de l’UFP pour questionner cette injustice héritée des seuls archaïsmes terriens ? C’est un peu comme si une pratique médiévale humaine – mettons le Jugement de Dieu (ou ordalie) – s’imposait à tous les aliens de la galaxie, telle une sacralité coulant de source !

Le verdict de la cour du JAG sera vécu par beaucoup de spectateurs comme un happy end et un triomphe du progressisme... Pourtant, il est à lui tout seul une négation conceptuelle de l’idéal trekkien. Car la victoire est obtenue essentiellement au moyen d’un tour de passe-passe juridique qui évite commodément de judiciariser le fond de l’affaire et qui ressemble donc... à un montage financier dans le cadre d’une optimisation fiscale ! Donc un complet trompe-l’œil éthique.
En gros, Starfleet se voit contrainte malgré elle d’accepter Una comme réfugiée politique en son sein militaire afin de la protéger de la criminalité civile affligeant la dystopique Fédération... que ladite Starfleet est justement chargée de servir !!! Cette configuration à la fois ubuesque et kafkaïenne pourrait être ironique et même hilarante... si ce n’était l’héroïne roddenberrienne qui se voyait étrillée et ravilie plus bas que l’enfer.
Face à la perfection immaculée Una et ses chevaliers servants de l’USS Enterprise, les autorités sadiques de Starfleet et de l’UFP décrochent la palme du mal incarné, dans le cadre d’une liturgie tapageusement manichéenne se sublimant par une explosion finale de pathos sirupeux (non dans l’interprétation — encore que — mais dans la sémantique — aussi indigente soit-elle).
Ainsi donc les VIP se sauvent entre eux (parce qu’ils le valent bien) et se congratulent pesamment à la fin, MAIS la Fédération reste toujours le même monstre dystopique, as usual chez Secret Hideout. Et ce monstre pourrait même donner des complexes aux laideurs et aux trivialités contemporaines (pour ne pas dire des "heures les plus sombres" du passé) en dehors de quelques oasis humanistes (les héros et leur entourage quoi).
Une "paria" cynique et haineuse (Neera) aura sauvé la mise à une "paria" idéaliste et résignée (Una), mais ça ne changera collectivement rien du tout puisque la société reste toujours aussi pourrie. Soit une pauvre histoire communautaire qui aurait pu prendre place dans le Soweto des années 70... et qui signe la mort de l’universalisme. Franchement pas la peine d’aller si loin dans le futur et dans l’espace pour un pareil surplace stérile...
Dans un moment de mélancolie, il serait presque possible de se prendre de compassion pour la "sainte" Una Chin-Riley, portant désespérément à bout de bras et mentalisant en solitaire tout ce qui reste des lumières trekkiennes, comme si elle avait le super-pouvoir d’entrapercevoir l’utopie originelle (mais révolue) derrière l’épais Miroir obscur kurtzmanien. Comme si Star Trek ne tenait plus qu’à un acte de foi irrationnel contre toutes les évidences. Quelle triste misère.

Rapporté à l’aune trekkienne, SNW 02x02 Ad Astra Per Aspera cumule les apories et les contresens épistémologiques : universalisation d’un trauma humano-humain accouchant d’un impérialisme galactique, confusion entre morale et droit, wokisme au service de l’eugénisme, sacralisation quasi-religieuse des lois naturelles (ébauche d’un droit naturel ?), criminalisation sordide de l’utopique Fédération dans une indifférence ordinaire, manichéisation puérile de toutes les parties, manipulations émotionnelles pour toute substance, récup’ politique par voie de transposition anachronique...
Face à un tel voyage en absurdie (limite Jackass), difficile de ne pas songer à Hubert Bonisseur de La Bath dans Rio ne répond plus pour son désir avoué de "réconcilier les Juifs et les nazis" ! Voilà somme toute (mutatis mutandis) le type de kamoulox dont accouche cet épisode. Mais hélas sans l’intention (ou l’excuse) parodique d’OSS 117.
Le trope kurtzmanien est bien de tout casser perpétuellement... pour prétendre reconstruire l’utopie sans cesse... mais n’importe comment, tel un reboot foutraque institutionnel permanent.

Bref, SNW 02x02 Ad Astra Per Aspera est en lui-même un construct juridique plutôt efficace, se voulant (ou se croyant) touchant... et en pleine contemplation devant lui-même.
Mais cet opus est tellement artificiel et contextuellement inconséquent qu’il est aussi un anti-Star Trek de compétition ! Il incarne le naufrage insolent d’une ambition de worldbuilding chez des auteurs qui en sont intellectuellement incapables tant leur horizon conceptuel se limite à la doxa contemporaine américanisée la plus consensuelle.
Et en définitive, un épisode "brillamment" (?) écrit au service d’un corpus antitrekkien n’est-il pas pire qu’un navet repérable à des parsecs ? Dans le second cas, la supercherie ne trompera personne. Tandis que là…
On en revient donc à nouveau à la tragique équation kurtzmanienne : « pire car meilleur ». D’où le grand écart schizo entre les deux notes ci-dessous (un généreux 3/5 qui masque difficilement un zéro pointé).

NOTE ÉPISODE

NOTE STAR TREK

BANDE ANNONCE





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