La Llorona : La critique
La Llorona est un bon film Guatémaltèque qui revient d’une façon originale sur les massacres perpétrés sur les Indiens Maya par les autorités du pays.
Le scénario du réalisateur, co-monteur et co-producteur, Jayro Bustamante s’inspire d’une légende célèbre des pays d’Amérique du Sud. Une femme qui a eu deux enfants hors mariage décide de les noyer pour devenir une honnête épouse. Néanmoins, prise par le remords, elle va se suicider et ses plaintes vont hanter les gens. Le réalisateur décide de transformer cette femme en victime des militaires et d’en faire une vengeresse dont les pleurs ne sont entendus que par ceux qui sont coupables.
L’histoire présente un général inculpé de génocide qui reste enfermé dans sa belle maison, alors que des manifestants demandent sa condamnation. Ce dernier entend les sanglots d’une femme, alors que l’arrivée d’une nouvelle domestique d’origine maya change l’ambiance de la maisonnée.
Le film se concentre sur un huis clos dans lequel l’horreur psychologique s’insinue. En effet, les différents protagonistes évoluent et sont de plus en plus confrontés aux horreurs d’un passé pas si lointain. Entre l’attitude inflexible du Général, le déni de sa femme et la prise de conscience progressive de sa fille, chacun des individus présentés permettent d’appréhender le tableau d’un pays divisé par des luttes qui ont conduit à la mort de dizaines de milliers de personnes. Une scission des mentalités toujours d’actualité, alors que les militaires continuent d’avoir une grande emprise sur le pays.
Les comédiens sont tous très bons. Julio Diaz est vraiment intéressant en général considérant n’avoir fait que son devoir. Margarita Kénefic est étonnante en femme fermant les yeux. Sabrina de La Hoz est sympathique en fille se posant de plus en plus de questions. Et Maria Telón est très bonne en indienne, chef des domestiques de la famille. Quant à María Mercedes Coroy, en jeune employée maya, elle est fascinante et extrêmement troublante. La jeune comédienne, repérée lors d’un casting sauvage par le réalisateur lors d’un de ses films précédents est d’ailleurs devenue l’égérie d’une population indienne encore souvent considérée comme des citoyens de seconde catégorie.
Jayro Bustamante joue avec les codes du film d’horreur pour faire une proposition cinématographique, tant au niveau de l’ambiance que visuelle, permettant de faire monter la tension et le malaise. Si l’horreur intrinsèque de l’œuvre tient plus à son sujet génocidaire, la thématique d’une vengeance d’origine surnaturelle est originale et intéressante à découvrir.
La mise en scène utilise beaucoup les films les codes des films d’horreur classique. Les très beaux décors de Sebastián Muñoz donnant une grande présence à la maison servant de huis clos, le travail de Megan Spatz sur les tenues, l’atmosphère sonore et musicale et les jeux de lumière créent une atmosphère particulière souvent bien sombre.
La Llorona est un intéressant film fantastique qui en utilisant les codes du genre permet de parler de massacres perpétrés au Guatemala et de la lutte des classes qui y perdure. Avec une belle réalisation, une photographie intéressante et des comédiens superbes, le long métrage prend son temps et réserve quelques belles séquences poignantes.
Intéressant et marquant.
SYNOPSIS
La Llorrona : seuls les coupables l’entendent pleurer. Selon la légende, la Llorona est une pleureuse, un fantôme qui cherche ses enfants. Aujourd’hui, elle pleure ceux qui sont morts durant le génocide des indiens mayas. Le général, responsable du massacre mais acquitté, est hanté par une Llorona. Serait-ce Alma, la nouvelle domestique ? Est-elle venue punir celui que la justice n’a pas condamné ?
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 37
Titre original : La Llorona
Date de sortie : 22/01/2020
Réalisateur : Jayro Bustamante
Scénariste : Jayro Bustamante
Interprètes : María Mercedes Coroy, Sabrina de La Hoz, Julio Diaz, Juan Pablo Olyslager, Margarita Kénefic, Maria Telón, Ayla-Elea Hurtado, Pedro Javier Silva Lira
Photographie : Nicolás Wong
Montage : Gustavo Matheu, Jayro Bustamante
Musique : Pascual Reyes
Costumes : Megan Spatz
Décors : Sebastián Muñoz
Producteur : Jayro Bustamante, Gustavo Matheu pour Les Films du Volcan, La Casa de Producción
Distributeur : ARP Sélection
LIENS
PORTFOLIO
Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.