La passion d’Augustine : La critique

Date : 25 / 03 / 2016 à 09h30
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La passion d’Augustine est un très beau film sur la passion, le dévouement et le sacrifice. J’ai eu un véritable coup de cœur pour une œuvre sensible et délicate qui fait souvent rire malgré ses propos sérieux et dont la musique enivre l’esprit.

Un scénario basé sur la révolution tranquille canadienne dans les années 60, qui a entraîné la transformation des écoles tenues par des religieux en écoles publiques laïques, peut paraître de prime abord peu attractif. Mais si le sujet est évoqué dans le film, c’est une école de musique tenue par une mère supérieure passionnée qui en est le centre. Et c’est bien cette passion et l’amour de cette femme pour la musique et pour les élèves à qui elle l’enseigne qui est montrée avec talent. Car plus qu’un sujet d’actualité, c’est une histoire universelle qui est brossée dans La passion d’Augustine. Le récit touche l’humanité dans ce qu’elle a de plus beau : l’espoir, la bonté, la générosité, le talent et bien évidemment la passion. Celle qui permet à de simples bipèdes de s’élever et de toucher les émotions les plus profondes.

La réalisatrice Léa Pool signe une très belle réalisation et sait à merveille utiliser les différentes saisons du Canada pour montrer l’évolution des personnages et de l’histoire. L’hiver qui occupe une grande place dans sa mise en scène est magnifié, et sa disparition mène aussi à l’avènement d’une nouvelle période pour tous les protagonistes.

La photographie de Daniel Jobin est très réussie. Le couvent est superbement mis en valeur et apparaît comme un personnage à part entière. Celui qui couve ses élèves, leur sert de refuge, de lieu d’apprentissage et résonne des voix et des notes des élèves musiciennes.

Le casting laisse la part belle à des actrices atypiques, mais toutes talentueuses, qui incarnent cet aréopage très divers de religieuses. Et si certaines font plus rire que d’autres ou sont attendrissantes, Céline Bonnier est clairement éblouissante dans le rôle de cette mère supérieure décidée à tout pour garder son école de musique pour jeunes filles souvent désargentées.

L’actrice est parfois en état de grâce et touche toujours tant la vérité de son personnage est prégnante. Elle illumine complètement le film de sa présence et ce dernier est bonifié par son interprétation sans faille de cette femme passionnée.

L’alchimie parfaite qui règne entre elle et la jeune Lysandre Ménard incarnant sa nièce est l’un des points forts du film et leur relation le moteur de l’histoire.

Mais le génie du casting est d’avoir choisi pour les jeunes pensionnaires de l’école de véritables élèves d’écoles de musique. Ainsi ces dernières chantent à merveille et les morceaux de musique interprétés au piano sont magistraux.

Lysandre Ménard est d’ailleurs une soliste internationale accomplie et son interprétation d’une version de Bach jazzy est époustouflante. La jeune femme révèle aussi un beau talent d’actrice, réussissant sans peine à nous convaincre de la crédibilité de son personnage.

Le parti-pris d’avoir des musiciennes à la place d’actrices (et encore une fois, il faut le savoir tant les jeunes femmes sont convaincantes et naturelles dans leurs divers rôles) permet à la réalisatrice de filmer la musique d’une façon exceptionnelle. En effet la caméra passe des mains au visage des interprètes au piano avec une grande fluidité. Les travelings sur les touches succèdent à une vision d’ensemble avant de virevolter à nouveau avec les doigts pour finir sur le visage de l’artiste. Chaque passage au piano se transforme en tableau dont la beauté étreint le cœur et la musicalité emporte l’esprit.

Ainsi tous les morceaux sont joués sans truquage et avec grand talent, y compris par Céline Bonnier qui la première doit montrer l’exemple à ses élèves.

Vous l’aurez compris, la musique est omniprésente dans le film et joue un rôle prépondérant dans l’intrigue qui se dévoile à nos yeux. Le spectateur peut s’amuser à reconnaître les multiples morceaux classiques qui parsèment l’œuvre. Les cœurs ne sont d’ailleurs pas en reste et l’une des chansons créées spécialement pour le long métrage est formidable. Le compositeur François Dompierre a vraiment réussi une bien belle bande originale. Il a d’ailleurs composé lui-même cette variation originale de Bach qui m’a tant marquée.

Le soin porté aux costumes est lui aussi très grand et permet d’assister à une scène extrêmement émouvante et d’une force incroyable lors du changement des tenues des sœurs. Une séquence poignante qui a aussi été vécue très intimement par les actrices.

La passion d’Augustine est un film qui m’a profondément touchée et beaucoup émue. Le scénario d’une grande simplicité est captivant et montre le combat d’une femme pour ce qu’elle aime. Les actrices sont formidables et les musiciennes incroyables. Céline Bonnier et Lysandre Ménard sont merveilleuses et les actrices interprétant les sœurs font souvent beaucoup rire. Avec une très belle mise en scène et photographie et une bande originale magnifique, le film fait partie de ces œuvres qui réchauffent le cœur, changent les idées et donnent foi en l’humanité.

C’est vraiment un petit bijou que je vous conseille de découvrir. Comme quoi la musique et l’art sont parmi des plus belles créations humaines.

Le film a obtenu de nombreux prix dans le monde entier, et a été plébiscité par le public. C’est plus que mérité !

  • Prix du Public au Festival de Valois
  • Prix du Public au Festival du film francophone d’Angoulême
  • Prix du Public au Rencontres Cinématographiques de Cannes 2015
  • Prix du Public et Prix Ibis d’Or du Meilleur Scénario au Festival du Cinéma et de la Musique de Film de la Baule 2015
SYNOPSIS

Simone Beaulieu, devenue Mère Augustine, dirige avec succès un petit couvent sur le bord du Richelieu. Passionnée, résiliente, Mère Augustine met toute son énergie et son talent de musicienne au service de ses élèves. Lorsque sa nièce Alice lui est confiée, c’est non seulement une nouvelle pianiste prodige qui fait son entrée, mais aussi une jeune femme dont les aspirations sont au diapason de l’époque et qui rappelle à Mère Augustine un passé qu’elle avait cru mis de côté définitivement. L’école, malgré sa petite taille, est un joyau musical qui rafle tous les grands prix de piano. Les murs respirent la musique. Matin, midi et soir, du grand couloir à l’escalier principal, résonne un flot de gammes, d’arpèges, de valses de Chopin et d’inventions de Bach. Et, à défaut de prier, on chante !… Mais lorsque le gouvernement du Québec instaure un système d’éducation public au milieu des années soixante, l’avenir de Mère Augustine et de ses Sœurs est menacé.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 43
- Titre original : La passion d’Augustine
- Date de sortie : 30/03/2016
- Réalisateur : Léa Pool
- Scénariste : Léa Pool
- Interprètes : Céline Bonnier, Lysandre Ménard, Diane Lavallée, Valérie Blais, Pierrette Robitaille
- Photographie : Daniel Jobin
- Montage : Michel Arcand
- Musique : François Dompierre
- Costumes : Michèle Hamel
- Producteur : Lyse Lafontaine, François Tremblay pour Lyla Films
- Distributeur : KMBO

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

La passion d'Augustine



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