Contes des chrysanthèmes tardifs : La critique

Date : 04 / 09 / 2015 à 11h25
Sources :

Unification


Après trois films de Nagisa Ōshima et deux œuvres de King Hu, Carlotta Films offre aux spectateurs français une version restaurée d’un classique du cinéma japonais Contes des chrysanthèmes tardifs d’un des maîtres du cinéma japonais Kenji Mizoguchi, moins connu en France à l’heure actuelle qu’Akira Kurosawa, Yasujirō Ozu ou Mikio Naruse.

Le film de 1939 raconte la vie d’un acteur de kabuki (théâtre traditionnel japonais) issu d’une lignée célèbre d’acteurs et sa relation avec une jeune femme d’une famille plus modeste, nourrice de son jeune frère.
Mais cette histoire d’amour compliquée, classique en apparence, permet d’évoquer le Japon de la fin du XIXe siècle, les pièces de kabuki, l’envers du décor de la vie d’artiste aussi bien riche que désargenté et surtout la place de la femme dans la société japonaise.

Les décors et costumes sont soignés et réussissent à parfaitement illustrer cette époque du Japon. A vrai dire, le film peut même avoir un côté sociologique et documentaire sur les comportements et traditions d’une période révolue.

Contes des chrysanthèmes tardifs permet aussi de découvrir d’une merveilleuse façon le théâtre kabuki dont plus de 20 minutes ont été tournées et intégrées avec harmonie au film. C’est aussi à travers ces scènes qu’on voit le talent du réalisateur Kenji Mizoguchi et son utilisation des objectifs grand-angles qui lui permettent de capter l’ensemble de la scène, y compris le public. Un effet extrêmement novateur pour l’époque et qui permet au spectateur actuel de découvrir le théâtre traditionnel japonais dans toute sa richesse, sa beauté et ses codes extrêmement précis.

Quant à la condition de la femme, elle est exposée sans fard à travers un merveilleux personnage de femme dévouée et aimante parfaitement jouée par Kakuko Mori, qui marie avec élégance force et grâce, présence discrète et grande luminosité dans l’interprétation tout en délicatesse de son personnage.

Le rôle-titre est lui magnifiquement incarné par Shōtarō Hanayagi, acteur de théâtre spécialisé dans les rôles de femme qui avait failli refuser le film. On peut d’ailleurs le voir faire une interprétation superbe d’un personnage féminin dans l’une des pièces de théâtre qui ponctue le film. Il permet de donner une grande douceur à son personnage tout en l’empreignant d’une volonté tenace.

Plus qu’une histoire d’amour, c’est aussi la description détaillée de l’envers du décor du milieu du spectacle qui fait la richesse du film. Le scénario navigue d’ailleurs entre grandes salles de spectacle et théâtre ambulant montrant aussi bien les relations entre les différents protagonistes de ce milieu que leurs conditions de vie. C’est aussi l’opportunité de découvrir que quelque soit l’époque et le pays, la notoriété entraîne toujours les même schémas, tant du côté des « groupies » que celui généré par la richesse et la célébrité.

Contes des chrysanthèmes tardifs est une magnifique histoire d’amour matinée de souffrance, de volonté et de sacrifice dans la grande tradition dramatique. Avec des personnages poignants et attachants, et une histoire dans un milieu du spectacle qui malgré un siècle passé est toujours d’actualité, on passe deux heures et demie merveilleuses.

Un film intemporel qu’il ne faut pas hésiter à aller découvrir sur les grands écrans.

Émouvant et hypnotisant.

SYNOPSIS

Tokyo à la fin du XIXe siècle. Kikunosuke est un jeune acteur de kabuki extrêmement populaire qui jouit d’un énorme succès auprès des femmes. Il est en réalité un piètre comédien, ce que personne n’a le courage de lui dire car il est le descendant d’une célèbre lignée d’acteurs. Seule Otoku, la bonne de la famille, ose lui parler franchement et l’incite à travailler davantage son jeu. Les deux jeunes gens se rapprochent progressivement. Lorsque la famille de Kikunosuke découvre leur amour, Otoku est immédiatement renvoyée chez elle. Le jeune acteur décide alors de quitter Tokyo pour partir rejoindre sa bien-aimée à Osaka…

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 2 h 23
- Titre original : Zangiku Monogatari
- Date de sortie : 09/09/2015
- Réalisateur : Kenji Mizoguchi
- Scénariste : Yoshikata Yoda, Matsutarô Kawaguchi, Shôfû Muramatsu d’après l’œuvre de Shofu Muramatsu
- Interprètes : Gonjurô Kawarazaki, Kokichi Takada, Kakuko Mori, Nobuko Fushimi, Kikuko Hanaoka, Benkei Shiganoya, Kisho Hanayagi, Yoneko Mogami
- Photographie : Yozo Fuji, Minoru Miki
- Montage : Koshi Kawahigashi
- Musique : Shirô Fukai, Senji Itô
- Costumes : Kisaburo Okumura
- Décors : Hiroshi Mizutani
- Producteur : Shintarô Shirai pour Shôchiku Eiga
- Distributeur : Carlotta Films

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

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