Ex_Machina : La critique

Date : 31 / 05 / 2015 à 11h05
Sources :

Unification


Quand on parle d’intelligence artificielle et de robot, on pense immanquablement au chef d’œuvre Blade Runner même s’il s’agit d’androïde dans le film.
Dernièrement le très bon Her s’est aussi interrogé sur l’IA.
A vrai dire l’intelligence artificielle est un thème mainte fois utilisé en science-fiction que ce soit au niveau littéraire aussi bien que cinématographique. Aussi dès le début du film, on est en droit de se demander quelle sera le traitement de cette thématique dans Ex_Machina. Et bien le film est vraiment incroyable en réussissant même le tour de force d’être novateur et surprenant dans un domaine souvent exploité.

Beaucoup de films ont de très bons scénarios, mais Ex_Machina a une écriture d’une grande précision qui en fait un véritable bijou. Dans le domaine de la science-fiction, les scénaristes prennent parfois des partis pris irréalistes qui passent parfois inaperçus au milieu d’une histoire qui bouge beaucoup ou fait appel à une foultitude d’effets spéciaux. Ex_Machina choisit une optique différente en instaurant un huis-clos dans un lieu perdu dans la nature entre 4 personnages. Si les effets spéciaux sont très nombreux et souvent présents à l’écran, c’est réellement la qualité d’écriture de l’histoire et des personnages d’Alex Garland qui en font un très grand film !
Le scénario ne tombe ni dans le sensationnalisme, ni dans des schémas déjà traités et apporte une fraîcheur étonnante et une réflexion extrêmement intéressante sur le concept d’intelligence artificielle. En choisissant d’opposer la grandeur de la nature sauvage, l’opulence d’une villa de milliardaire à la claustrophobie de la partie enterrée de cette même maison, c’est dès le départ une ambiance particulière qui se dégage du film.
L’histoire, basée sur une variante du test de Turing (proposition de test d’intelligence artificielle fondée sur la faculté d’imiter la conversation humaine), permet une confrontation en 7 jours entre un humain et une intelligence artificielle, le tout sous la supervision et manipulation d’un grand manitou marionnettiste de l’ombre.

Outre l’intelligence des lignes de dialogue, c’est les choix de mise en scène qui font gagner au film ses lettres de noblesse. L’enfermement du personnage principal dans une sorte de cage en verre alors qu’il parle à une machine qui est libre d’aller et venir, le tout dans un sous-sol duquel elle ne peut sortir entraîne des changements de perspectives très intéressants.
Mais le réalisateur Alex Garland sait aussi jouer avec son film et le manipule, tout comme le spectateur, à sa guise. Ainsi progressivement on glisse d’un film de science-fiction technique à une véritable réflexion psychologique avant de se retrouver projeté au cœur d’un thriller haletant, anxiogène et paranoïaque qui ne peut laisser le spectateur indifférent.

Les acteurs sont tous formidables. Domhnall Gleeson est remarquable dans le rôle de ce jeune surdoué du codage qui va servir de cobaye candide. Gentil et policé, il réussit à faire évoluer son personnage d’une façon surprenante.

Alicia Vikander livre une prestation extraordinaire d’une intelligence artificielle qui doit convaincre les humains de sa propre humanité. Le personnage extrêmement délicat à interpréter doit à la fois être une machine, ce que le spectateur découvre visuellement sans difficulté, mais aussi montrer l’évolution de son caractère. Un rôle qui n’est pas sans rappeler celui de Rudger Hauer dans Blade Runner mais en plus attachant.

Oscar Isaac est superbe dans l’incarnation de ce boss multimilliardaire et génial qui veut créer la nouvelle étape de l’évolution et quelque part essaye de se substituer à Dieu. Son personnage parfois inquiétant et souvent manipulateur permet de créer une tension qui va crescendo.

Sonoya Mizuno dont c’est le premier rôle au cinéma utilise la grâce de sa formation de danseuse classique du Royal Ballet de Londres pour interpréter finement le rôle muet de la servante discrète mais subtilement imposante.

On ne peut qu’être bluffé par la qualité des effets spéciaux et des décors choisis. La villa et l’hôtel norvégien créés par la même société d’architecte sont franchement étonnants et apportent une profondeur à l’histoire incroyable.
Les effets spéciaux sont magnifiques. Le design des différentes pièces des robots, les technologies nouvelles dont la maison est remplie et le personnage d’Ava elle-même en mettent plein les yeux et c’est un véritable plaisir de découvrir tous les détails scientifiques réalistes qui ponctuent le film.
Il faut aussi noter que Sammy Sheldon la costumière qui a déjà travaillé sur les costumes de Kick Ass et X-Men : Le commencement entre autre a créé une combinaison pour Ava incroyable qui permettra au personnage de faire date dans l’histoire des individus non humains du cinéma.

Quant à la musique et aux effets sonores, ils accompagnent merveilleusement le film en sachant tirer au mieux les partis pris de réalisation.

Cette année a été riche en grands films de science-fiction originaux : Interstellar, Jupiter : Le destin de l’Univers ou plus récemment À la poursuite de demain, mais il me faut avouer qu’en tant que grande lectrice de science-fiction, Ex_Machina a une qualité scénaristique incroyable qui en fait une œuvre digne de figurer dans le top des œuvres de genre parlant de sujets moins spectaculaires mais tout aussi passionnant comme la réflexion sur l’humanité elle-même.

Ex_Machina est un film remarquable qui bénéficie d’une écriture exquise et d’une profondeur incroyable. Le scénariste Alex Garland signe sa première œuvre cinématographique et c’est réellement un coup de maître. Entre une nature merveilleuse, des décors flamboyants et des pièces claustrophobiques, c’est un affrontement d’anthologie entre humain et machine qui attend le spectateur. Ajoutez à cela des effets spéciaux épatants, une photographie sublime et un quatuor d’acteurs impressionnant et vous obtenez un film qui fera longtemps réfléchir le spectateur.

Un chef d’œuvre à voir sans hésiter une seule seconde.

Le film a eu le prix du jurydu festival du Film Fantastique de Gérardmer 2015.

SYNOPSIS

Caleb, 24 ans, est programmateur de l’une des plus importantes entreprise d’informatique au monde. Lorsqu’il gagne un concours pour passer une semaine dans un lieu retiré en montagne appartenant à Nathan, le PDG solitaire de son entreprise, il découvre qu’il va en fait devoir participer à une étrange et fascinante expérience dans laquelle il devra interagir avec la première intelligence artificielle au monde qui prend la forme d’un superbe robot féminin.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 48
- Titre original : Ex_Machina
- Date de sortie : 27/05/2015
- Réalisateur : Alex Garland
- Scénariste : Alex Garland
- Interprètes : Oscar Isaac, Alicia Vikander, Domhnall Gleeson, Sonoya Mizuno, Deborah Rosan, Chelsea Li, Elina Alminas, Corey Johnson
- Photographie : Rob Hardy
- Montage : Mark Day
- Musique : Geoff Barrow, Benjamin Salisbury
- Costumes : Sammy Sheldon
- Décors : Mark Digby
- Producteur : Andrew MacDonald, Allon Reich pour DNA films, Film4
- Distributeur : Universal Pictures International France

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO



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