Étoiles de cristal : La critique du film Netflix

 Date de sortie : 08/04/2022
 Plateforme de diffusion : Netflix
 Titre original : Las niñas de cristal
 Durée du film : 2 h 12
 Réalisateur : Jota Linares
 Scénaristes : Jota Linares, Jorge Naranjo
 Interprètes : María Pedraza, Silvia Kal, Mona Martínez, Marta Hazas, Ana Wagener, Olivia Baglivi, Iria del Río, Fernando Delgado, Jota Castellano

C’est une incursion étonnante et parfois cauchemardesque que le film espagnol Étoiles de cristal propose aux spectateurs.

Le scénario du réalisateur Jota Linares et de Jorge Naranjo se focalise sur une jeune danseuse étoile à qui est offert le rôle-titre du ballet Giselle. Cette dernière va avoir une vie de plus en plus compliquée, alors qu’elle n’est pas forcément supportée par sa famille. Mais sa rencontre avec une nouvelle danseuse, sous le joug de sa mère, va permettre à celle-ci de se libérer dans un étrange monde intérieur.

L’histoire est relativement sombre et, en dehors de quelques fulgurances poétiques, montre la lente descente aux enfers d’une danseuse de plus en plus consumée par le milieu toxique dans lequel elle évolue. En effet, la compagnie de danse, menée d’une main de fer par sa directrice, est parfois très anxiogène.

Il faut donc être bien conscient en regardant le long métrage que l’on ne se retrouve pas devant une jolie histoire montrant la danse une belle façon. Il s’agit plutôt du récit d’une passion dévorante et d’une personnalité progressivement détruite par la pression d’un milieu très concurrentiel.

Malgré sa thématique très dure, l’œuvre propose régulièrement de merveilleux passages dansés, dont un long extrait du ballet Giselle. Qu’il s’agisse des répétitions ou du spectacle, l’enchantement est bien là.

Mais ce sont les passages oniriques qui sont absolument somptueux et restent très longtemps en mémoire. En effet, ceux-ci sont merveilleusement chorégraphiés et des effets spéciaux subtils sont parfaitement intégrés dans les tableaux proposés et leurs apportent une immense profondeur.

D’autant que ce milieu est la représentation intérieure d’un monde fantasmé où les deux danseuses peuvent s’exprimer en toute sécurité et qui porte la marque de leurs très grandes joies et de leurs espoirs sans fin.

L’interprétation est fort bonne et d’excellents danseurs font partie du casting pour apporter une grande touche d’authenticité aux images qui sont montrées.

La comédienne María Pedraza est aussi une danseuse classique professionnelle diplômée du conservatoire de danse de Madrid, ce qui lui permet d’interpréter les danses de très haut niveau qui ponctuent le long métrage. Elle est donc particulièrement impressionnante dans le rôle de cette danseuse étoile. D’autant qu’elle interprète elle-même ses danses.

Silvia Kal est impressionnante en jeune femme ambiguë trouvant une étonnante âme sœur dans cette ballerine isolée. Les deux comédiennes fonctionnent parfaitement ensemble et donnent une grande crédibilité à leur relation singulière. Mona Martínez est excellente en ancienne danseuse devenue une directrice intransigeante et parfois délétère. Marta Hazas est formidable en mère omniprésente poussant sa fille vers la danse.

Jota Linares filme formidablement les danses proposées et offre une belle mise en abîme avec l’histoire tragique de Giselle, jeune paysanne tombée amoureuse qui meurt de chagrin et rejoint la cohorte des fantômes des jeunes femmes décédées.

Étoiles de cristal est un film qui a une grande puissance et est aussi très malaisant. Avec une histoire percutante montrant le côté plus sombre du milieu de la danse professionnelle, une réalisation offrant des séquences dansées extraordinaires et un duo d’actrices envoûtant, l’œuvre est parfois difficile, mais fait une proposition très forte.

Dérangeant et marquant.

Sous pression, une ballerine choisie pour un nouveau rôle-titre se réfugie avec une autre danseuse dans une amitié qui va les couper de la réalité.

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