Mythic Quest : Review 2.05 Please Sign Here et 2.06 Backstory !

Deux épisodes aussi différents qu’une orange et une banane : forme, goût, couleur, saveur.... rien en commun, et aucune continuité entre eux ni avec les épisodes précédents. Mais dans l’absolu, l’arche narrative d’une société qui fabrique des jeux vidéos n’a pas grand intérêt et ne sert que de prétexte pour mettre des personnages originaux dans des situations originales. Cette hétérogénéité des styles m’oblige à critiquer et noter chaque épisode de façon indépendante, au risque d’alourdir cet article.

205 : Please Sign Here met un scène à la façon du théâtre classique (unité d’action, de lieu et - presque - de temps) une situation liée à la gestion des ressources humaines. Carol, la RH (Naomi Ekperigin) est très irritée : un groupe de rebelles refuse de signer le test de personnalité qu’elle leur a fait passer. Il faut dire qu’ils ne sont pas très contents : être comparés à des animaux n’est pas vraiment flatteur, en tout cas pour les babouins, les souris et les loutres. Les lions et les loups, eux, sont satisfaits de leurs résultats, mais chacun proteste pour des raisons qui lui sont propres. Carol est prête à faire n’importe quelle concession pour amener les révoltés à signer, mais tout le monde n’a pas l’esprit coopératif, ce qui est assez inquiétant pour le personnel d’une société où le travail en équipe est fondamental.

Je ne pense pas que cet épisode ait été écrit dans le but de nous faire rire à gorge déployée, et si c’est le cas, c’est loupé. Les auteurs caricaturent avec juste ce qu’il faut de cynisme des situations d’entreprise que nous avons tous plus ou moins vécues, où l’ego des individus passe avant la cohérence du groupe. Non, ce n’est pas drôle, c’est même carrément triste, parfois, tellement c’est vrai. Tout y passe : la fierté mal placée, la jalousie, la mesquinerie, le mépris, l’agressivité etc. Il n’y a pas de bons sentiments dans cet épisode, à part peut-être dans la conclusion où un peu d’honnêteté vient apaiser le conflit.

La réalisation et le montage sont efficaces, ce qui est nécessaire lorsque l’action se déroule dans un lieu unique et que l’on veut éviter de tomber dans la rigidité d’une pièce de théâtre. Les dialogues sont, à l’habitude, excellents, et touchent là où ça fait mal : on reconnaît ses propres expériences dans trop de situations pour pouvoir prendre de la distance et se dire ’Ce n’est que de la fiction’. Alors je suis partagée : c’est bien exécuté, mais il manque un ’je ne sais quoi’ (comme aiment à dire les anglophones en français dans le texte) qui m’a laissée sur ma faim.

Dans la saison 1, l’excellent épisode Dark Quiet Death (105) faisait un retour dans les années 90, aux origines de l’engouement pour les jeux vidéos tels que nous les connaissons actuellement. L’épisode 206, Backstory !, qui brille autant par son originalité que par son scénario et sa réalisation, se déroule, lui, dans les années 70. Il raconte l’histoire du jeune Carl Longbottom (Josh Brener), un auteur de science-fiction qui vient d’être recruté comme correcteur pour un journal qui publie de la science-fiction. Il commence en même temps que deux jeunes gens aux ambitions similaires aux siennes : le charmant et très humble Peter (Michael Cassidy) et la brillante et perspicace A.E. (Shelley Hennig). Dans les bureaux du journal, ils croisent des auteurs aussi célèbres que Isaac Asimov, Ray Bradbury ou Ursula K. Le Guin, leurs héros.

Tout trois rêvent que Sol (Craig Mazin), leur éditeur en chef, publie la nouvelle qui leur a permis d’être embauchés, et ils décident de la faire lire aux autres pour recueillir leurs avis et leurs critiques. Si Peter et A.E. s’enthousiasment sur leurs oeuvres réciproques, leurs sentiments sont bien différents en ce qui concerne le travail de Carl. Ils n’osent pas le lui dire, mais ils le trouvent carrément nul. Mais son opportunisme va permettre à Carl de réaliser ses ambitions pour devenir plus tard... le C.W. (F. Murray Abraham) que nous connaissons et aimons tous (si vous suivez la série, évidemment).

Les créateurs n’ont pas lésiné sur la reconstitution et la petite touche de sépia qui va bien apporte juste ce qu’il faut de nostalgie. La description de ce personnage narcissique, ambitieux et pourtant attachant est du pain bénit pour les scénaristes qui s’en donnent à coeur joie en nous livrant avec intelligence et subtilité un bébé C.W. pas très honnête intellectuellement mais totalement visionnaire. De la très belle ouvrage, un épisode avec un délicieux petit goût de long-métrage.

 Episodes : 2.05 & 2.06
 Titres : Please Sign Here, Backstory !
 Date de première diffusion : 28 mai et 4 juin 2021 (Apple TV+)
 Réalisateurs : Megan Ganz, Rob McElhenney
 Scénaristes : Katie McElhenney, Craig Mazin

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