For All Mankind : Review 1.07 Hi Bob

Date : 02 / 12 / 2019 à 14h30
Sources :

Unification


Second épisode écrit par Ronald D Moore himself (le premier aura été l’exceptionnel pilote 01x01 Red Moon), For All Mankind 01x07 Hi Bob s’essaie avec audace à l’exercice de style. Filant malicieusement la mise en abyme esquissée dans For All Mankind 01x06 Home, l’inénarrable sitcom The Bob Newhart Show (1972-1978) (hélas totalement inédite dans le monde francophone) devient désormais le contrepoint et le Gestalt du séjour lunaire prolongé des trois infortunés astronautes d’Apollo 22… jusqu’à baptiser l’épisode d’une de ses répliques les plus célèbres.

L’enquête sur l’explosion d’Apollo 23 et de son lanceur Saturn V est maintenant achevée, mais le rapport sans appel établi par Wernher von Braun a eu pour conséquence de relever considérablement les normes de sécurité et les contrôles qualité. Et qui dit exigence dit délai. La fabrication de la valve de remplissage défectueuse a désormais été confiée à une autre société, et finalement, le second étage d’Apollo 24 a révélé des faiblesses nécessitant de "cannibaliser" Apollo 26.
Bref, Edward Baldwin, Gordon Stevens, et Danielle Poole sont encalminés sur la base lunaire Jamestown pour un long moment, allant du 9 novembre au 4 décembre (voire au 20 décembre) 1974. Et les jours s’égrènent, interminables, semblables les uns aux autres, rythmés par des activités aussi monotones que les paysages lunaires sont immobiles depuis des millions d’années.
For All Mankind 01x07 Hi Bob serait ainsi un pur bottle show dans la plus pur tradition de la SF – hard surtout – s’il n’était périodiquement entrecoupé de séquences bien terriennes, essentiellement focalisées sur les impacts (et les dégâts) que la longue absence imprévue des astronautes inflige à leurs familles respectives.

Mais l’expérience audiovisuelle aura montré à quel point ces épisodes bouteilles sont bien souvent les plus fins et les plus ambitieux en terme d’étude psychologique, à l’instar des grands huis clos du 7ème Art tels Rope (La corde) d’Alfred Hitchcock (1948) et 12 Angry Men (Douze hommes en colère) de Sidney Lumet (1957). Car ce que le budget ou le rythme ne permettent pas, l’écriture et l’interprétation le rachètent au centuple...
Certes, en apparence, For All Mankind 01x07 Hi Bob pourrait sembler lent et inintéressant (d’aucuns pourraient même le railler par un anathématique « y s’passe rien »). Mais en vérité, l’épisode plonge les spectateurs dans une radioscopie acérée de la psyché des protagonistes, de leur écosystème, et finalement de la condition humaine… augmenté d’un décalage savoureux qui jamais ne se déploie aux dépens de la gravité.
Si les obsessions intersectionnelles social justice warrior de la série se rappellent encore timidement aux spectateurs au détour de quelques répliques, leur niveau d’intégration à la diégèse (et à la sociologie des seventies) est ici tellement maîtrisé que le scénario ne souffre aucune critique.
Dans Hi Bob, point de triomphalisme crypto-soviétique quant au turbo-progressisme de ces USA alternatifs qui auraient tout réussi mieux que dans notre ligne temporelle avec un demi-siècle d’avance. Mais en retour, point de misérabilisme victimaire non plus (ni de sanglots longs) quant aux iniquités sociales qui s’abattent sur certains protagonistes…

Ainsi, l’agent du FBI Gavin Donahue s’acharne sur la pauvre Ellen Waverly afin de tenter de prouver que Larry Wilson et elle sont en fait respectivement homosexuels, sous l’épée de Damoclès d’un retrait de son habilitation (qui briserait sa carrière d’astronaute). L’administrateur de la NASA, Harold Weisner, recommande alors vivement à Ellen d’officialiser sa relation avec Larry par un mariage. Eh oui, c’était une époque où l’institution maritale était encore tellement sacrée que l’on soupçonnait bien moins un lavender marriage qu’un lavender dating d’être le cover up d’orientations gays. Mais pour ces mêmes raisons, Pam Horton, la concubine secrète d’Ellen, décidera de rompre, estimant que leur relation clandestine ne pourrait survivre à un mariage (quand bien même de convenance) avec Larry. Et c’est finalement dans l’anonymat d’une mairie (et sans aucun invité) qu’Ellen et Larry éloperont, afin de sauver leur carrière et satisfaire les Procustes de leur temps. Une simple scène parmi d’autres sur laquelle l’épisode ne s’attardera pas tant elle était une résultante depuis longtemps écrite.
Et c’est précisément pour cette raison que cette issue dramatique sera poignante. Car à aucun moment elle n’a artificiellement cherché à l’être. Faisant honneur à une tradition de distanciation kubrickienne, sans mélo ni manipulation émotionnelle.
Il en sera de même lorsque Clayton Poole, revenu à la vie civile, (télé)confesse à son épouse Danielle, impuissante, ses difficultés (pour ne pas dire ses humiliations) durant sa recherche d’emploi, les recruteurs ne voyant que sa tête (i.e. sa couleur de peau) en faisant fi de ses diplômes universitaires, de sa qualité d’officier, et de son expérience de commandant de section au Viêt-Nam.
« Si le fait est éloquent, il se suffit à lui-même pour édifier » écrivait Anton Tchekhov.

En prenant à la fois pour point de mire et pour point de fuite la série The Bob Newhart Show, Ronald D. Moore réussit à abattre le quatrième mur du théâtre brechtien, pour s’ouvrir avec gourmandise sur la culture série des années 50 à 70 dont il est un grand connaisseur.
Mais derrière Bob Hartley, son microcosme haut en couleurs (Emily, Howard, Jerry, Carol...), et son incontournable « Hi Bob », se devine l’immense trekkisme de celui qui doit son illustre carrière de scénariste à Michael Piller et Rick Berman...
Car, oui, For All Mankind 01x07 Hi Bob déborde de références à Star Trek, invitant à une relecture de l’épisode à travers le prisme trekkien :
- À l’occasion du revisionnage en boucle de The Bob Newhart Show, les conversations se porteront sur une guest star, John Fiedler (ayant joué dans dix-sept épisodes). Outre les autres séries de cette époque où il fit quelques apparitions (Get Smart (Max la menace), Bewitched (Ma sorcière bien aimée), Fantasy Island (L’île fantastique) avec Ricardo Montalban, mais pas Lost In Space), Danielle "Dany" Poole soulignera explicitement que Fiedler avait joué Hengist dans Star Trek… comme si le rôle et l’épisode concerné étaient aussi populaires que Star Wars IV A New Hope). Mais effectivement, John Fiedler interpréta M. Hengist… un humanoïde originaire de la planète Rigel IV et administrateur d’Argelius II dans ST TOS 02x07 Wolf In The Fold (le "fameux" épisode où Kirk combattit Jack l’Éventreur qui s’avérait être un prédateur extraterrestre se "nourrissant" de terreur).
- L’équipage d’Apollo 22, plus isolé encore que dans la base polaire antarctique de The Thing de Christian Nyby (1951) ou de John Carpenter (1982), sera sujet à une vive altération de comportement. Soit un passage obligé dans chaque série Star Trek (i.e. TOS 01x06 The Naked Time, TNG 01x03 The Naked Now, DS9 01x18 Dramatis Personae, ENT 02x09 Singularity)… si ce n’est que les causes ici seront davantage endogènes qu’exogènes (ni influence extraterrestre, ni phénomène astronomique inconnu, encore que...). Bien entendu, Danielle Poole demeurera stable (plutôt prévisible dans une série aux accents féministes). Mais Gordon Stevens perdra progressivement toute maîtrise de soi au point d’être à deux doigts d’arracher sa combinaison en pleine excursion lunaire sous l’effet d’hallucinations (ce pilote d’élite se révélera vulnérable à la claustrophobie). Tandis que sous l’emprise de ses traumas de guerre (ayant enduré l’enfer du 38ème parallèle), Edward Baldwin développera une paranoïa aigüe (quoique potentiellement justifiée) à l’endroit de la base lunaire soviétique.
- Soudain privés de l’accès aux épisodes de The Bob Newhart Show (suite à un froissage de bande par le magnétoscope), et sans possibilité d’en recevoir de nouveaux (cf. plus bas), les trois Robinsons – totalement accros de cette sitcom – meublent leur assuétude en rejouant eux-mêmes (brillamment d’ailleurs) les scènes qu’ils connaissent par cœur. En somme, le sujet même du mémorable épisode VOY 06x22 Muse
- Buzz Aldrin remplace Deke Skayton au sol, depuis que celui-ci s’est auto-affecté à Apollo 24 (dont l’équipage d’Apollo 22 attend la relève avec une impatience messianique). Logique, car dans le monde réel, après Apollo 11, Buzz s’était exclusivement consacré au back office, quittant finalement la NASA en même temps que celle-ci enterrait le programme lunaire avec Apollo 17.
- Faisant une excursion à but thérapeutique à la surface lunaire, Gordo confessera à Edward son aspiration pionnière le portant davantage vers des records de vitesse et d’altitude que vers l’isolement et le confinement. Par son intonation de voix, la tonalité de ses propos, son élan rêveur (plein d’étoiles dans la tête) et sa soif d’exploration, comment ne pas songer à Jonathan Archer, et davantage encore à Charles "Trip" Tucker, le fan favorite de la série Enterprise ?
- Devant la majesté des paysages sélénites (sur lequel il est le premier humain à poser un regard), Gordo Stevens lancera un mythique « where no men has gone before » ! On ne présente plus le titre du second pilote de la série originale de Star Trek, devenu depuis la devise fondatrice de cet univers de SF pas comme les autres.
- La construction de For All Mankind 01x07 Hi Bob, isolant plusieurs personnages dans une situation de stress extrême jusqu’à leur révéler mutuellement le bois dont ils sont fait, renoue directement avec l’esprit d’ENT 01x16 Shuttlepod One – épisode emblématique de la plus right stuff des séries ST (et que Ronald D Moore avait hélas jadis décriée).

D’autres hommages audiovisuels s’invitent également par le portillon mémoriel....
Durant sa crise de spleen aéronautique, frustré par son immobilisme imposé, Gordo invoque les aventuriers Davy Crocket et Daniel Boone… dont la superposition renvoie non seulement implicitement au mythe du Far West redigéré par Buffalo Bill puis Hollywood, mais surtout en creux à Fess Parker, invariablement coiffé de sa casquette de raton-laveur, et qui aura incarné indifféremment à l’écran ces deux personnages que pourtant tout opposait (entre 1954 et 1955 puis entre 1964 et 1970).
Lorsque le département d’état US, par l’entremise de la NASA, ordonne à Apollo 22 l’espionnage de la base Zvezda des Russes en réponse à leur récente "intrusion" au voisinage de Jamestown (des traces de roues), c’est ni plus ni moins un acte fondateur qui est alors posé : à savoir l’importation de la Guerre froide terrienne sur l’astre lunaire ! Convoquant une kyrielle de classiques du Golden Age de la SF littéraire, et tout particulièrement The Martian Chronicles (Les Chroniques martiennes) de Ray Bradbury / Richard Matheson / Michael Anderson, et 2010 : The Year We Make Contact d’Artur C Clarke / Peter Hyams.
Depuis le début de la série, ces Soviétiques alternatifs s’avèrent aussi impénétrables que des sphinx. On screen, c’est la complète omerta sur les causalités scientifiques, politiques et économiques qui auront permis à l’URSS de devancer les USA dans la course à l’espace, puis demeurer au coude à coude avec eux pour l’occupation lunaire. Et ce n’est pas For All Mankind 01x07 Hi Bob qui lèvera tant soi peu le voile sur ce mystère insondable et obsédant. La station russe n’en paraîtra que plus impénétrable et inquiétante, derrière ses balises lumineuses rouges…

Si l’adage populaire estime que Dieu (ou le diable) est dans les détails, ceux-ci constituent en général l’un des meilleurs litmus qualitatifs d’une œuvre, car témoins d’exigence, de culture, et de réflexion en amont.
Or Hi Bob est une proposition d’Histoire contrefactuelle millimétrée, dépourvue de toute faute ou approximation.
- Par exemple, après avoir identifiée les traces de véhicule lunaire soviétique à proximité de la base américaine (confortant sa suspicion), Edward Baldwin recevra des instructions visuelles codées de la NASA (comportant l’ordre d’espionner les Russes). Mais autant les transmissions vidéo analogiques (le signal numérique n’existant pas encore) pourront être cryptées, autant les transmissions audio ne le pourront pas encore. Ce qui est rigoureusement exact.
- En dépit de la dépendance croissante des astronautes envers The Bob Newhart Show, devenu littéralement une béquille morale à leur séjour lunaire prolongé, les studios hollywoodiens (en l’occurrence CBS) refusent de leur en faire parvenir de nouvelles cassettes. Malgré le prestige d’alimenter en vidéo des pionniers américains sur la Lune, la raison invoquée est la crainte que cette distribution de cassettes ne donne l’idée aux spectateurs d’enregistrer les programmes diffusés. Par-delà l’ironie (et le coup de griffe aux majors), cette inquiétude n’en est pas moins historiquement authentique. Au début des années 70, les formats Betamax (1975), VHS (1976), V2000 (1979) n’avaient pas encore vu le jour. Mais les professionnels utilisaient déjà des cassettes U-Matic (apparaissant justement dans l’épisode) ainsi que VCR, et les diffuseurs appréhendaient alors que le grand public ne s’en empare...
- En confrontant leurs expériences respectives durant les batteries de tests ayant présidé à leur recrutement, les trois astronautes soulignent la polarisation freudiennes des psychologues des années 60 et 70 (i.e. "éroticocentriques", traquant perpétuellement les fantasmes incestueux et les pulsions homosexuelles...).
- Bien que la NASA ait un statut hybride (force seulement partiellement armée) à l’instar du Starfleet de Star Trek, son personnel n’en est pas moins souvent baigné de culture militaire. Ce qui se traduit par un défilé de terminologies très typées, allant du pieux Godspeed (formule fétiche du général George Hammond dans Stargate SG-1) à l’obscène BOHECA (Bend Over Here It Comes Again)...
- Afin de compenser les limites (budgétaires) de représentation gravitationnelle moindre à bord de la base Jamestown (notamment dans 01x06 Home Again), les mouvements limités des astronautes dans l’environnement confiné du module lunaire croisent avec le plus grand naturel la quasi-lévitation d’objets volumineux (au risque de pousser le bouchon un peu loin en simulant un état d’apesanteur, les objets étant "seulement" six fois plus légers mais tombant également six fois moins vite sur la Lune que sur Terre – l’écart étant même moindre du fait des forces de frottement dans l’atmosphère terrestre).
- Apollo 22 a déployé une tyrolienne entre la base Jamestown et le gisement de glace à l’intérieur du cratère Shackleton, ce qui constitue un moyen d’approvisionnement (et d’autarcie) aussi fiable que crédible dans le cadre d’une station lunaire en version alpha (i.e. embryonnaire).
- Il serait difficile d’être plus élogieux sur la véracité et la somptuosité des paysages lunaires… qui se taillent la part du lion dans cet épisode hautement contemplatif. For All Mankind peut même se targuer d’être la série de fiction à avoir produit les reconstitutions lunaires en CGI les plus proches des documentaires et des images d’archives. Bluffant ! Et quand Gordo, sous l’empire d’un extase esthétique, déclare avec un trémolo dans la voix qu’aucune pellicule argentique ne serait capable de rendre justice à une beauté si incommunicable, c’est somme toute une revanche que le numérique HD prend ici sur l’Histoire (et aussi sur les théories complotistes).
- Ah oui, même si cela a déjà été dit et répété, quel plaisir de n’entendre aucun son dans le vide spatial. Enfin !

Cet opus a beau collectionner les moments inénarrables, tantôt barrés et surréalistes (Gordo qui réveille en pleine "nuit" ses deux compagnons d’infortune pour leur faire jouer un sketch de The Bob Newhart Show à la manière d’une liturgie religieuse, ou encore les vues plongeantes sur la base lunaire mais ambiancées façon sitcom, avec toute l’autodérision musicale et les rires pré-enregistrés…), tantôt poétiques (un émerveillement visuel qui redonne – comme la première saison d’Enterprise – tout son poids à ce que la SF avait fini par banaliser)… pour autant, à aucun moment la narration ne tente d’amenuiser ni d’escamoter la profondeur sémantique. Bien au contraire...
La profondeur du sacrifice que Danielle Poole n’hésite pas à consentir sans que la société ne la sache : se casser elle-même physiquement le bras (ce n’est pas rien) pour que le rapatriement prématuré vers la Terre au moyen du module de secours en orbite lunaire ne puisse être imputé à l’inaptitude mentale de Gordo Stevens (qui l’aurait privé à jamais de sa raison de vivre : le pilotage).
La profondeur de l’abnégation d’Edward Baldwin qui décide – si nécessaire au prix d’une désobéissance – de rester seul sur la Lune pour tenir éloignés les Russes de Jamestown, sans aucun backup ni possibilité de retour avant le décollage (incertain) d’Apollo 24.
La profondeur du vague à l’âme ayant brisé l’équilibre mental de Gordo. Il était – de tous – le plus appelé par l’ultime frontière et pourtant il n’a pas su couper le cordon ombilical avec les voluptés terrestres, symbolisant ainsi les contractions irréconciliables et plurielles qui hantent l’humanité.
La profondeur de cette uncanny valley (ou inquiétante étrangeté) d’un environnement non terrestre… qui transforme imperceptiblement les insouciants qui osent s’y établir.

La superbe BO de Jeff Russo flirte de plus en plus avec celle – non moins superbe – de feu Joel Goldsmith (le fils de feu Jerry) sur la série Stargate Universe, oscillant entre les morceaux purement cosmiques (façon Cosmos (1980) de Carl Sagan) et les chansons à forte expressivité (toujours choisies ad hoc avec beaucoup de goût) afin de relayer des mots devenus impuissants. En la circonstance : A Horse With No Name du groupe de rock America (1972) et Someday Never Comes de Creedence Clearwater Revival (1972)…
Et tandis que s’achève l’épisode, telle une boucle stylistique refermée sur elle-même, l’ombre de Battlestar Galactica 2003 point en filigrane, avec son lot de souffrances et de névroses dark’n’gritty. Car l’accélération spatiale et sociale de cette trame temporelle se paiera cash, en lourds tributs personnels. Danielle s’est mutilée en s’auto-cassant un bras (au risque d’y perdre son aptitude pour la NASA), Gordo a révélé une incontinente fragilité mentale (le perdant certainement pour l’astronautique à défaut de l’aéronautique), l’homosexuelle Ellen a été contrainte d’entrer de force dans le moule de l’hétérosexualité (en y perdant au passage celle qu’elle aimait), Edward (du fait de son exil lunaire) et Karen (du fait de sa froide et intransigeante rigidité de mère) y ont probablement perdu leur fils Shane…
C’est à ces douloureuses "factures" du destin que se mesure le réalisme d’une œuvre.

For All Mankind 01x07 Hi Bob est une vraie pépite, aussi bien de fond que de forme, composant un authentique huis clos lunaire, à cosmos ouvert.
Embrassant sans grandiloquence les tragédies ordinaires dans une société (encore) très imparfaite, poussant le réalisme sociétal jusque dans ses plus infimes replis (une dimension compacte où les Histoires réelle et contrefactuelle se rejoignent), s’accordant un temps polynomial pour magnifier la fascination spatiale, saisissant l’opposition paradoxale entre la soif pionnière d’inconnu et la vulnérabilité humaine hors de son milieu naturel, valorisant le sacrifice réel sans emphase ni reconnaissance sociale, combinant de façon indissociable (donc shakespearienne) la dramaturgie et la comédie, mettant intelligemment à l’honneur la culture série (de l’âge d’or) et les plus illustres thèmes trekkiens (de TOS à ENT)... la fausse sitcom Hi Bob catapulte For All Mankind à son apogée !
Offrant un échantillon de ce que la série de Ronald D Moore aurait dû être depuis son lancement... dans une timeline idéale.
Tout en rédimant les épisodes 01x02 à 01x06 par son contraste transcendant.
Autant dire un rêve éveillé pour les amoureux de Hard SF uchronique et de métalepse narratologique.
« Five card stud, nothing wild... and the sky’s the limit. »

ÉPISODE

- Episode : 1.07
- Titre : Hi Bob (Salut, Bob)
- Date de première diffusion : 29 novembre 2019 (Apple TV+)
- Réalisateur : Meera Menon
- Scénariste : Ronald D. Moore

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