[Théâtre] Marie Stuart : La critique

Date : 03 / 10 / 2019 à 09h30
Sources :

Unification


Marie Stuart est une très bonne adaptation de la pièce de Friedrich Schiller, écrite il y a pratiquement deux siècles, et portant sur l’affrontement entre la reine d’Angleterre, Élisabeth 1er, et celle d’écosse, Marie Stuart, au XVIIe siècle.

Le metteur en scène Leonardo Alejandro Hincapié a décidé de centrer l’histoire sur cinq personnages clé et de faire dérouler l’action à la fin des 19 ans d’emprisonnement de Marie Stuart durant les quelques jours qui ont décidé de son destin. Il dirige ses acteurs dans un ballet verbal de haute intensité dans lequel les déplacements sont comptés et les regards ont parfois plus de poids que les mots énoncés.

La mise en scène est minimaliste, ce qui permet de se focaliser à la fois sur le jeu des acteurs et sur l’intensité du texte. Une veste pour les hommes, une sur-tenue pour les femmes, permet à ces derniers, en scène constamment, d’indiquer que c’est à eux d’intervenir au cours de l’intrigue.

La scène est constituée d’un sol en damier, symbole vivace des machinations et imbroglios politiques qui vont se jouer durant toute la pièce. Deux tabourets et un trône constituent l’unique mobilier que l’on y trouve. Il n’en faut, néanmoins, pas plus pour que les comédiens fassent entrer le spectateur de plein fouet dans des intrigues de palais s’étant déroulé il y a plus de 300 ans.

La performance collégiale est vraiment très bonne. Il est très difficile de garder son énergie et sa concentration en étant constamment sous le regard du spectateur, surtout si on n’intervient pas directement et qu’on doit se faire le plus discret possible. Un seul accessoire, un regard et un geste, suffisent à ceux-ci pour incarner en une fraction de seconde leur propre personnage.

Marie Metteau est magnifique en Marie Stuart, fière et pétrie de sa croyance catholique, espérant mettre enfin un terme à sa captivité. Séverine Saillet est remarquable dans la protestante Élisabeth 1er devant faire fi des manipulations et voulant se débarrasser de la femme qui peut lui ravir son trône. Gilles Darras est très bon en homme fidèle du pouvoir voulant éradiquer une menace à la couronne d’Angleterre. Denis Lefrançois est touchant en seigneur proche de la reine, attiré par le pouvoir, et ne sachant pas prendre les bonnes décisions. Quant à Cyril Guelle, en jeune Lord tombé sous le charme de l’ex-reine d’Écosse, il est particulièrement sympathique.

Le texte de Friedrich Schiller est absolument magnifique. Les répliques ciselées et merveilleuses, très bien interprétées par les acteurs captivants, sont d’une grande beauté et indémodables. Les échanges ont une saveur parfois amère et désespérés. Alors que la vie ou la mort de Marie Stuart se décide devant les yeux du public, certains passages ont une telle force et une si grande énergie qu’ils coupent la respiration.

Marie Stuart est une très bonne pièce de théâtre s’appuyant sur un texte remarquable et bénéficiant d’une interprétation impeccable. Cette confrontation entre 2 reines, qui a décidé du sort de l’Angleterre il y a plusieurs siècles de cela, n’en finit pas de fasciner. Le drame déploie toute son ampleur alors que, inexorablement happés par le jeu des acteurs, les spectateurs assistent à un événement historique qui a changé la face du monde.

Impressionnant et passionnant.

INFORMATION

La pièce se joue le 4 octobre à 21h et le 6 octobre à 16h30 au Théâtre de Nesle (8 Rue de Nesle, 75006 Paris).

- RÉSERVATION
- SITE OFFICIEL

SYNOPSIS

Marie Stuart, reine d’Écosse, est emprisonnée en 1568 en Angleterre par sa cousine Élisabeth première.

Elle restera enfermée 19 ans, accusée de complot et de tentatives de rébellion. Sur cette base historique, Friedrich Schiller construit dans sa pièce (écrite en 1800) une toile d’araignée surprenante, tissée à partir des manipulations, des mensonges et des trahisons des personnages. Drame romantique et drame politique par excellence, cette œuvre nous touche dans ce qu’il y a de plus humain et de plus dangereux : l’amour et le pouvoir. Une question à résoudre donc dans cette intrigue vertigineuse : quel personnage aura finalement le dessus ?

Cette mise en scène du classique allemand, adapté pour être joué par cinq comédiens, met l’accent sur l’art de l’interprétation, sur la manière d’incarner un personnage, sa complexité et son ambiguïté, dans le va-et-vient de la fiction et de la réalité.


DISTRIBUTION

  • Adaptation et mise en scène : Leonardo Alejandro Hincapié
  • Avec : Marie Metteau, Séverine Saillet, Denis Lefrançois, Gilles Darras et Cyril Guelle
  • Texte : Friedrich Schiller
  • Durée : 1h40
  • Public : tout public
  • Compagnie : Diversités
TARIFS

  • Plein tarif : 18 euros
  • Tarif réduit : 13 euros


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