Portrait de la jeune fille en feu : La critique

Date : 15 / 09 / 2019 à 10h00

Sources :

Portrait de la jeune fille en feu est un très bon film de Céline Sciamma se passant au début du siècle dernier et présentant une femme peintre devant faire le portrait d’un modèle récalcitrant.

Sur une île isolée, une femme aisée demande à une jeune artiste de produire un tableau de sa fille afin de l’envoyer à son futur époux. Le scénario se focalise sur la façon dont cette dernière va essayer de mener à bien sa tâche, malgré une jeune femme ne voulant pas faire de séance de pose afin d’éviter un mariage qu’elle ne souhaite pas.

À travers cette histoire, c’est aussi le sort de la femme qui est abordé. Et très vite, le récit propose quatre magnifiques portraits de femmes : une artiste libre de faire ce qu’elle veut dans les limites de son sexe, une jeune fille rêvant d’un destin hors maternité, une servante essayant d’avoir une vie de femme sans en subir les inconvénients et une femme mure voulant retrouver les fastes de sa jeunesse. Il faut signaler que pour son histoire, Céline Sciamma a eu le Prix du scénario au Festival de Cannes 2019, et cela est bien mérité.

C’est ce très beau quatuor qui évolue tout au long d’une histoire délicate et intelligente se focalisant néanmoins principalement sur la relation de plus en plus proche et intense entre les deux personnages principaux.

La réalisatrice Céline Sciamma fait des propositions visuelles magnifiques grâce à de subtils jeux de lumière et une façon d’utiliser la caméra remarquable. Elle sait filmer parfaitement ses comédiennes et offre aux yeux du public des séquences d’une grande délicatesse et d’une véritable tendresse pour les sujets qu’elle suit.

Les scènes, tant en intérieur, qu’en extérieur sur cette île battue par le vent et les flots, proposent parfois de véritables tableaux qui reste gravés au fond de l’esprit.

Le travail sur les décors de Thomas Grézaud, et celui sur les costumes de Dorothée Guiraud sont parfaitement illuminés par la photographie de Claire Mathon qui est d’autant plus pertinente que la peinture dépend aussi de la lumière pour exprimer son essence.

Les actrices sont réellement remarquables. Noémie Merlant est formidable en artiste talentueuse. Adèle Haenel illumine le film de sa présence parfois solaire. Luàna Bajrami incarne une jeune bonne sympathique et attachante et Valeria Golino campe superbement le rôle d’une mère inflexible.

La musique de Jean-Baptiste de Laubier et Arthur Simonini accompagne fort bien les passages contemplatifs et les séquences de non-dits entre les différents protagonistes. À travers ces quelques jours de liberté pour des jeunes femmes pas si différentes que cela, chacune cantonnée dans le rôle que la société attend d’elle, c’est une magnifique œuvre présentant des individus variés et attachants qui se déploie. Un long métrage proposant une représentation de femmes du siècle dernier dont la psyché, les sentiments et les espoirs sont finalement intemporels.

Portrait de la jeune fille en feu est une belle histoire d’amour, de liberté et de femmes. Sans compromis et avec délicatesse, le récit est touchant et permet à la fois de se plonger dans un monde suranné et au cœur de sentiments universels. Porté par un formidable duo d’actrices, et bénéficiant d’une superbe mise en scène, l’œuvre est une grande beauté et va droit au cœur.

Délicat et subtil.

SYNOPSIS

1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Durée du film : 2 h 00
Titre original : Portrait de la jeune fille en feu
Date de sortie : 18/09/2019
Réalisateur : Céline Sciamma
Scénariste : Céline Sciamma
Interprètes : Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luàna Bajrami, Valeria Golino
Photographie : Claire Mathon
Montage : Julien Lacheray
Musique : Jean-Baptiste de Laubier, Arthur Simonini
Costumes : Dorothée Guiraud
Décors : Thomas Grézaud
Producteur : Véronique Cayla, Bénédicte Couvreur pour Lilies Films
Distributeur : Pyramide Distribution