L’Enfance d’Ivan : La critique

Date : 30 / 06 / 2017 à 10h00

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L’Enfance d’Ivan est le premier long métrage sorti en 1962 d’un réalisateur russe qui en 7 films va révolutionner le cinéma et atteindre le titre envié de réalisateur culte : Andreï Tarkovski.

Dès sa première œuvre, on retrouve les éléments qui vont devenir endémiques de son travail avec ses séquences d’eau toujours puissantes et troublante et son rapport avec la terre, que ce soit des lieux ayant parfois trait à l’enfance ou l’élément qui tour à tour protège et sali.

Ivan est un jeune orphelin d’une douzaine d’années qui se révèle être un espion russe pendant la deuxième guerre mondiale. S’opposant à ses supérieurs qui veulent l’envoyer dans une école de cadres militaires, il souhaite se retrouver sur le front ou ses capacités d’infiltration seraient mieux utilisées.

Le film est l’adaptation, par lui-même, de l’œuvre de Vladimir Bogomolov. Si elle se penche sur l’histoire d’un enfant, elle n’oublie pas de présenter d’autres protagonistes dont un gradé n’arrivant pas à accepter les avances d’une infirmière, elle-même harcelée par un autre officier.

Cette romance avortée fait un pendant cruel aux horreurs de la guerre, alors que quelques séquences oniriques et joyeuses extraites du subconscient d’Ivan, viennent éclairer le long métrage et lui offrent un prologue et une fin de toute beauté et poignante à souhait.

Le film a été modérément accueilli par l’intelligentsia russe n’appréciant pas cette mise en avant des enfants-soldats, dont la Russie souhaiterait taire la participation. Mais les qualités cinématographiques et narratives d’Andreï Tarkovski lui ont apporté une certaine reconnaissance qu’il a utilisée pour faire Andreï Roublev, son second film, une fresque historique de 3 heures sur un peintre d’icônes religieuses vivant au 15ème siècle.

Avec une première réalisation qui est un coup de maître et lui permettra de remporter le Lion d’Or au Festival de Venise, Andreï Tarkovski va au fil des films, et du temps, tisser une œuvre extrêmement riche et originale qui ne peut laisser indifférent ceux sensibles à son talent et à sa mise en scène sortant des sentiers battus.

Le casting est très bon et permet de découvrir Nikolai Grinko qui apparaîtra dans nombre des œuvres ultérieures du réalisateur. Le jeune Nikolai Burlyayev est saisissant de réalisme et permet un véritable attachement à ce gamin au destin volé.

L’Enfance d’Ivan est un très beau film, magnifiquement restauré, le plus "classique" du réalisateur, qui est une porte d’entrée agréable aux œuvres parfois plus ésotériques et absconses comme le très bon Le Miroir qu’il réalisera plus tard.

Impressionnant est touchant.

SYNOPSIS

Ivan se souvient : il a eu une enfance heureuse, mais la guerre détruit son bonheur familial. Son père, sa mère, sa petite sœur sont tués par les Allemands, le laissant orphelin à l’âge de douze ans. Pour se venger, il s’engage dans l’armée et manifeste son intelligence et son courage lors de missions dangereuses.

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Durée du film : 1 h 36
Titre original : Ivanovo detstvo
Date de sortie : 05/07/2017
Réalisateur : Andreï Tarkovski
Scénariste : Vladimir Bogomolov, Mikhail Papava, Andreï Tarkovski
Interprètes : Nikolai Burlyayev, Valentin Zubkov, Dimitri Miljutenko, Nikolai Grinko, Walentina Maljawina, Walentin Subkow, Dmitri Milyutenko, Irma Raush
Photographie : Vadim Yusov
Montage : Lyudmila Feiginova
Musique : Vyacheslav Ovchinnikov
Décors : Evgeniy Chernyaev, Vyacheslav Ovchinnikov
Producteur : Ministerstvo Kinematografii
Distributeur : Potemkine Films