Star Trek 11 : Un avis différent sur Star Trek version Abrams

Date : 20 / 11 / 2008 à 00h10


Présent lors de l’avant première exceptionnelle de 20 minutes de Star Trek, Yves Raducka nous propose aujourd’hui de vous faire partager son analyse du reformatage de Star Trek par J.J. Abrams, analyse assez différente de celle que je vous avais proposé la semaine dernière (cliquez ici pour la lire). J.J Abrams répète à qui veut l’entendre qu’il n’a pas fait le film pour les fans de Star Trek mais pour les autres, il ne faut donc pas s’étonner que les extraits montrés puissent choquer certains d’entre nous . Voici la critique d’Yves.

Frank Mikanowski
Rédacteur en Chef Unification

Frank Mikanowski a publié comme à son habitude un parfait compte-rendu de l’avant-première partielle du prochain Star Trek.

Je me garderai donc de faire la mouche du coche en paraphrasant son vivant témoignage de l’évènement, ou encore sa fidèle description de la bande annonce et des quatre extraits projetés.

Je voudrais simplement faire connaître une appréciation alternative du contenu de cette projection, et rappeler à cette occasion que ce qui transparait du futur film de J.J. Abrams ne fait pas forcément l’unanimité parmi les trekkers.

I - Premières impressions


Incontestablement, JJ Abrams est un grand professionnel qui n’a plus à démontrer ses compétences. Il a de toute évidence bien fait son travail de réalisateur. Techniquement, les quatre extraits projetés sont irréprochables, et parfaitement au goût du jour : spectaculaires à souhait, effets spéciaux qui "déchirent", et climax très marqué.

Malheureusement, je n’y ai trouvé ni l’esprit, ni l’ambiance, ni le style d’un quelconque élément existant de l’univers Star Trek !

Lorsque j’ai découvert avec les autres invités la (seconde) bande-annonce, j’ai hurlé (dans mon for intérieur - je sus civilisé tout de même) : "mais quelle horreur !".


Avec un peu de recul, j’ai retrouvé ma sérénité. C’était tout simplement la bande-annonce de l’un de ces insupportables blockbusters explosifs qui inondent le marché contemporain, surtout en SF...

Et pour la première fois de ma vie, ma motivation à découvrir un nouveau film Star Trek a fondu comme neige au soleil ! Le comble pour le grand trekker que je suis !

Ca commençait plutôt mal.
Mais la suite fut à l’avenant.

Dans les quatre extraits qui ont suivi, plusieurs violations majeures du canon m’ont violemment explosé au visage, et j’ai assisté à une véritable entreprise de simplification et de paupérisation de l’univers que Rick Berman avait patiemment réussi à complexifier et donc crédibiliser durant dix-sept ans !


Au premier abord, les échanges Pike/Kirk et Spock-Nimoy/Kirk font mine de respecter le fond de Star Trek en ce sens qu’ils paraphrasent des répliques déjà entendues auparavant dans la franchise. Mais ces répliques n’apportent rien de bien nouveau, si ce n’est qu’elles paraissent soudain s’inscrire dans le très pénible (pénible car ultra-galvaudé) schéma campbellien qui avait fort heureusement épargné jusqu’à maintenant l’univers de Star Trek.

Ces "marques d’enracinement" font l’effet d’une quête de légitimité assez grossière. On s’approprie quelques idées et quelques propos antérieurs ultra-resucés que même le moins trekker des spectateurs connait, et on les enrobe d’artifices spectaculaires qui garantissent le succès au box office.

II - Quatre extraits pour 20 minutes de film, et déjà 11 violations du canon (ou de la crédibilité)


1) Est-il vraiment crédible de faire interagir de manière aussi étroite plus de dix ans avant tous les protagonistes de Star Trek TOS ? Est-il vraisemblable que tous les intervenants cultes de Star Trek TOS aient comme par hasard dans leurs jeunesse joué les uns envers les autres des rôles aussi déterminants (Uhura qui fait fantasmer le jeune Kirk, Pike qui fut le mentor du jeune Kirk...).

L’univers de Star Trek est supposé être considérablement plus vaste que le nôtre, puisqu’il s’étend sur un bon quart de Voie-Lactée. Mais là, il apparaît bizarrement aussi minuscule qu’au travers du prisme onaniste d’un rôliste, d’un groupe de fans qui tenterait tant bien que mal de recréer Star Trek en petit comité pour jouir et s’y croire.

Du temps (béni) de Rick Berman, pas un flash-back mis en scène dans Star Trek n’a tenté de réduire l’univers d’un protagoniste à une piètre reproduction enfantine de son univers d’adulte.


2) J’ai encore à l’esprit les échanges entre James T Kirk et le Commodore Jose Mendez sur la Starbase 11 dans Star Trek TOS 01-15 The Menagerie Part I (La ménagerie 1re partie) : "Mendez : You ever met Chris Pike ? - Kirk : We met when he was promoted to Fleet Captain. - Mendez : About your age. A big, handsome man, vital active. Kirk : - I took over the Enterprise from him."

Mais de quelle parcelle de cet échange pourtant sans ambigüité Roberto Orci et Alex Kurtzman ont-ils bien pu déduire que Pike était deux fois plus vieux que Kirk, et qu’il fut responsable de son entrée dans Starfleet ? A vrai dire, cet échange suggère plutôt qu’à l’ère de Kirk, il n’est pas rare que les capitaines de vaisseaux aient tout juste la trentaine, et qu’il est même très probable que Pike ait reçu le commandement de l’Enterprise plus jeune encore que Kirk ! On est donc loin, très loin, des dénaturations hasardeuses et fétichistes (à la gloire de Kirk) du film de J.J. Abrams.


Quand je pense au foin que les fans avaient fait lorsque l’épisode Star Trek Enterprise 01-19 Acquisition (Règles de l’abordage) avait "osé" révéler que les humains et les Ferengis s’étaient en fait rencontrés 213 ans avant Star Trek TNG 01-05 The Last Outpost (Le dernier avant-poste), alors que pourtant aucune réplique de cet épisode de Star Trek TNG n’excluait la possibilité de telles rencontres informelles auparavant (et même au contraire beaucoup d’aspects ultérieurs de Star Trek TNG et Star Trek DS9 en suggéraient la probabilité...).

3) Il suffit de songer au soin - quasi-amoureux - apporté à la reconstitution de l’intérieur des vaisseaux de classe Constitution dans Star Trek TNG 06-04 Relics (Reliques), dans Star Trek DS9 05-06 Trials And Tribble-ations (Épreuves et tribulations), et dans Star Trek Enterprise 04-19 In A Mirror, Darkly, Part II (Le côté obscur du miroir 2ème partie) pour mesurer le peu de scrupules de J.J. Abrams en ayant affublé l’Enterprise NCC-1701 d’un tout nouveau design intérieur, dont il est impossible - même avec la meilleure volonté du monde - de le situer temporellement avant le pilote de Star Trek TOS.


A côté, l’adoption du phase pistol dans Enterprise au lieu du laser entraperçu dans le pilote The Cage est une initiative plus qu’anodine - et pourtant quel procès n’a-t-on pas fait à Star Trek Enterprise pour si peu ?

Par opposition, il est difficile de ne pas songer au tour de force de l’épisode d’Enterprise 04-19 In A Mirror, Darkly, Part II (Le côté obscur du miroir 2ème partie) qui parvint à grandir magistralement le cadre archéo-futuriste des vaisseaux de classe Constitution, non au moyen d’un lifting démagogique, mais par la beauté d’une simple confrontation, conférant soudain une puissance et une ultériorité insoupçonnées à tous ces vieux décors, et relativisant l’apparente modernité de l’Enterprise NX-01.


4) Comment ne pas se souvenir de Star Trek TOS 02-20 A Piece Of The Action (Une partie des actions), l’un des épisodes les plus drôles de la série originale, et dont Ronald D Moore voulait même que Sigma Iotia II soit le cadre de l’hommage de Star Trek : Deep Space Nine au trentième anniversaire de la franchise.

Sur Sigma Iotia II, en parfait terrien du 23ème siècle, Kirk se révélait totalement incapable de conduire une vieille Cadillac V-12 de 1931.
Or comme en témoigne sa bande-annonce, voilà que le film de J.J. Abrams met en scène un Kirk préadolescent conduisant un cabriolet de notre ère avec la dextérité d’un pilote de F1 !!!

Manifestement, il ne s’agit pas du tout du même Kirk !

Les cadors que JJ Abrams a embauchés pour écrire le scénario devaient encore certainement se croire aux commandes d’Alias, où le respect de l’intégrité d’un Kirk ne pèse pas lourd tant l’orgasme provoqué par d’obscènes cascades est grand.

5) Comment comprendre dans le quatrième extrait que Kirk et Sulu affrontent des Romuliens aux visages découverts, alors que leur parenté avec les Vulcains ne sera révélée que longtemps après, en 2266, dans La série Originale 01-08 Balance Of Terror (Zone de terreur) ? Et dans cet épisode, Kirk et Sulu étaient loin de jouer la comédie à leur équipage en découvrant eux aussi au même moment la véritable apparence des Romuliens.


6) Que dire du voyage temporel auquel auront été confrontés les protagonistes dans les années 2250, alors que cette possibilité ne fut découverte par eux qu’en 2266, et accidentellement encore, dans Star Trek TOS 01-07 The Naked Time (L’équipage en folie).

La Temporal Cold War d’Enterprise, quant à elle, concernait Archer et un tout autre équipage, dont il est raisonnable de penser que l’histoire officielle n’aura pas consigné les implications temporelles de certaines de leurs missions.

7) Que dire aussi de ces adversaires romuliens, ceux du quatrième extrait, comme ceux de la bande annonce, qui n’ont physiquement pas grand chose à voir avec le phénotype crypto-vulcain des Romuliens, et qui ressemblent à de vulgaires malfrats bien trop humains.


8) Il est également permis de s’interroger sur la consistance d’un projet romulien visant à anéantir Vulcain alors que 40 ans de Star Trek ont largement montré que les Romuliens présentent un profond attachement envers Vulcain (même s’il celui-ci est de nature impérialiste).

9) Et quelle est la pertinence de raconter les exploits qui permirent à Kirk de devenir le plus jeune capitaine (prétendu) de Starfleet, si ces exploits résultent d’une altération de timeline dont n’est justement pas issu le Kirk-Shatner de Star Trek TOS ?

A l’inverse dans Enterprise, Archer peut se prévaloir d’innombrables exploits en propre (saisons 1, 2 et 4), hors de toute problématique temporelle.

10) L’épisode La série originale 02-04 Who Mourns For Adonais ? (Pauvre Apollon) révèle que Pavel Chekov est né en 2245. Alors selon quelle logique improbable ce film surréaliste espère-t-il nous faire croire que Chekov sert dans Starfleet à peine sorti du berceau ?

11) Ah oui. N’oublions pas le plus futile, mais qui sautera aux yeux de n’importe quel connaisseur : les uniformes ! Bien que vaguement recréés, ils s’apparentent sans le moindre doute à ceux de la courte période 2266-2270, et en aucun cas à ceux de la période 2254-2265 (correspondant aux deux pilotes de Star Trek TOS). Leur présence dans les années 2250 ne peut s’expliquer que par la volonté d’exploiter indûment une image d’Epinal - et pas la meilleure - au mépris de toute cohérence interne.

Alors bien sûr, les altérations répétées de la timeline permettent tous les révisionnismes historiques (mais pas toutes ces violations du canon pour autant). C’est juste une astuce pour qui veut tricher avec le cadre fatalement contraignant d’un véritable prequel, à fortiori lorsque la souche remonte aux sixties.

III - Geek on non-geek ?

Vous objecterez peut-être que mon argumentaire est un ratiocinage de geek. Après tout, qu’importent les incohérences contextuelles face au plaisir de retrouver l’univers que l’on aime tant, face à la fierté de le voir décliné - enfin - d’une manière branchée et spectaculaire, et face à la perspective de lui assurer un avenir.


Pour un autre univers de SF, entièrement d’accord.
Mais l’aune de Star Trek est bien différente, et un tel raisonnement est tout simplement… un reniement !

Il faut garder à l’esprit que Star Trek possède des spécificités que ne partagent pas les autres univers audiovisuels, au nombre desquelles il y a la cohérence interne très profonde, et le refus du spectaculaire et du grand spectacle.

Star Trek est par son étendue, sa complexité, et sa méticulosité, un univers de geeks qui s’assume comme tel. Les détails y sont capitaux, car ils en constituent l’ossature.


Un film qui prend place dans un univers aussi interconnecté et interdépendant doit impérativement tenir compte de ses 736 opus canoniques antérieurs, soit un exercice périlleux qui mérite d’échoir à de véritables connaisseurs, et non à des mercenaires profanes qui clament même publiquement ne pas aimer Star Trek.

Quant à la "fierté" pour un trekker de se dire que son univers de SF préféré disposera enfin d’un film à grand spectacle qui n’aura pas à rougir face à la concurrence, qui damera même le pion à Star Wars ou à Batman, n’est-ce pas en vérité un faux débat ?

Car est-ce le grand spectacle ou est-ce en fait son absence qui a fait de nous des trekkers ? Etait-il approprié que Star Trek cherche soudain à s’imposer selon les critères et sur le terrain même des autres univers de SF ? La spécificité exclusive de Star Trek n’est-elle pas justement sa première richesse ?


Du grand spectacle, il y en a bien assez partout, nul besoin d’en vouloir par surcroît dans Star Trek !

Comment est il possible de se féliciter que la nouvelle direction de la Paramount (ayant succédé à Donald DeLine) soit prête à sacrifier de pareilles spécificités - uniques aujourd’hui - pour faire de Star Trek une SF ordinaire, à l’image de toutes les autres, triviale, tendance, et banquable ?

Il faut se souvenir que les trekkers ont plombé Star Trek : Enterprise soi-disant pour non-respect des canons - alors à tord pourtant.

Il serait donc singulièrement inique que les trekkers s’accommodent avec la plus grande complaisance des viols en séries perpétrés par le produit de J.J. Abrams, alors qu’ils ne toléraient d’Enterprise aucune latitude créative !

Les qualités de star interplanétaire et de non-trekker revendiqué octroient-elles à J.J. Abrams une dispense exceptionnelle pour réduire à néant la consistance de Star Trek avec la bénédiction des trekkers ?!

IV - Retombées


Il est frappant de constater que n’importe quel épisode - et a fortiori 98 - de Star Trek Enterprise parvient à convaincre le spectateur qu’il est bel et bien immergé dans l’univers de Star Trek TOS.

Il est tout aussi frappant de constater qu’il aura suffi de quatre extraits du relifting de JJ Abrams pour être convaincu de mettre les pieds dans un tout autre univers, un univers qui possède certainement ses qualités propres, mais qui usurpe le label Star Trek.

En d’autres termes, il n’y a pas vraiment de place dans un même univers connexe pour la vision de JJ Abrams et pour celles de Gene Roddenberry et de ses dignes héritiers.

Soit l’on trouve le film d’Abrams déplacé, soit l’on trouve La série Originale dépassée !

Un tel film n’aura d’autre effet que de faire prendre un sérieux coup de vieux à la série originale !


Soit l’antithèse même d’Enterprise, qui loin de faire de l’ombre à Star Trek TOS, est parvenue avec une incomparable finesse à revaloriser la série originale, à la révéler à elle-même, à en dévoiler des richesses insoupçonnées...

Et si le film de JJ Abrams devait casser la baraque - il a été étudié pour avoir du succès - qu’adviendra-t-il de l’univers Star Trek ?

Pour "survivre", Star Trek est-elle condamnée à devenir Alias, Lost, ou Heroes ? C’est à dire perdre son âme ?

Evidemment, je réserve mon jugement définitif au 8 mai 2009, une date que j’attends moi aussi de pied ferme, mais avec force appréhension et nulle impatience.

Je précise à cette occasion que je ne porte à aucun moment dans cet article de jugement intrinsèque sur le film de J.J. Abrams, d’une part parce que je ne l’ai pas vu en entier, et d’autre part parce que je pressens qu’il sera en lui-même réussi. L’objectif de mon article est de questionner la légitimité de ce film à porter le label Star Trek, et de clamer haut et fort qu’un univers de SF qui est parvenu à conserver son intégrité et sa vraisemblance durant 40 ans, sur 726 épisodes et 10 films, soit plus de 550 heures de contenu, aurait dû gagner un droit d’inaltérabilité et d’inaliénabilité.

V - Pour conclure

Oui, le Star Trek de J.J. Abrams est spectaculaire. Oui, il est même impressionnant. Oui, il va faire venir en masse le public accro aux blockbusters. Oui, il va même plaire à certains fans qui vont se réjouir de retrouver leur personnages favoris - et tant pis s’ils sont recastés - dans une illusion d’alchimie trinitaire.


Mais ce film est aux antipodes de ce qui a conduit le plupart des trekkers de la planète à le devenir. Il ne possède ni l’esprit du Star Trek de Gene Roddenberry, ni la finesse crédibilisante du Star Trek de Rick Berman.

Que l’ensemble des personnages de Star Trek TOS interagissent tout naturellement plus de dix ans avant - comme si un univers de portée galactique pouvait invariablement se réduire à un même petit cercle de potes - me fait l’effet d’un prequel pour super-héros, qui aurait eu sa place dans les univers de DC ou de Marvel, mais en aucun cas dans celui de Star Trek.

Quarante années de rigueur à la limite de la psychorigidité ont fait de Star Trek l’univers au long cours le plus cohérent & consistant de la SF audiovisuelle ! Et finalement tout ça pour quoi ? Pour que sa cohérence soit foulée aux pieds par le plus infime extrait du Grand œuvre que nous concocte JJ Abrams ?!

Pire, cela me fait l’effet d’un Star Trek version babies, d’un fanfilm très talentueux et à très gros budget, qui prétend organiser des rencontres artificielles et forcées entre personnages de légende dans une émulation infantile aux accents de jeu de rôle ou de bac à sable.


Tout comme d’autres trekkers en d’autres temps confrontés au funeste destin de Star Trek : Phase II, il m’est difficile de ne pas être saisi d’une bouffée de regrets teintés de mélancolie, en songeant à ce qu’aurait pu être en 2005-2006 le film Star Trek : The Beginning d’Erik Jendresen sous l’égide de Rick Berman.

Il aurait fait la jonction indispensable entre Star Trek Enterprise et Star Trek TOS en levant enfin le voile sur un événement clé de la mythologie de Star Trek : les Guerres romuliennes. Et cela à la façon d’une leçon d’histoire, sans tricher avec les timelines.

L’univers trekkien aurait alors été à la fois agrandi et grandi par l’introduction de nouveaux protagonistes, et il aurait échappé à l’insulte du recasting des personnages historiques. Un recasting dont la fonction évidente - strictement vénale - est de mettre à profit sans retenue la notoriété planétaire des "marques commerciales"que sont devenues Kirk et Spock. Or le recasting des personnages principaux est précisément ce contre quoi Gene Roddenberry puis Rick Berman ont lutté durant quarante ans.


Et pour peu que la Paramount eût consenti à lui consacrer les fonds somptuaires alloués à J.J. Abrams, Star Trek : The Beginning aurait pu lui aussi être spectaculaire... mais avec l’insigne avantage d’être conduit par les héritiers légitimes et méritants de la franchise, garantissant ainsi l’inviolabilité du canon.

Souvenons-nous que Gene Roddenberry avait rejeté en 1990 de manière viscérale et définitive le projet Star Trek : The First Adventure (appelé parfois Starfleet Academy) de Harve Bennett & David Loughery, impliquant déjà le recasting des personnages de Star Trek TOS ! Or dans la mesure où le prochain film s’inspire directement de ce projet (sans trop le dire), faut-il que JJ Abrams et la nouvelle direction de la Paramount soient dépourvus de toute vergogne pour avoir le culot de prétendre restaurer ainsi la "vision" du Great Bird of the Galaxy !!!

La scandaleuse éviction de Rick Berman (pourtant adoubé par Gene Roddenberry lui-même), immédiatement suivie par le recyclage éhonté du projet auquel Gene Roddenberry s’était personnellement opposé quasiment sur son lit de mort... constituent autant d’outrages crapuleux à la mémoire du père de Star Trek !!!

Mais nul ne le voit, et nul ne s’en soucie... pourvu… que le Star Trek nouveau "make big money" et rabatte un public superficiel & volatil dans les salles obscures... et que le Star Trek futur cesse d’être une œuvre d’auteur(s) pour devenir un vulgaire produit de consommation courante, aux normes et à la mode.


Baptiser ce film d’un simple Star Trek sans autre qualificatif, n’est-ce pas en réalité l’apothéose de la mégalomanie ? N’est-ce pas un geste hautement symbolique, porteur d’une prétention ontologique, séminale, et finalement substitutive ? N’est-ce pas une manière de faire table rase comme le font toujours les révolutions ? Et c’est alors que la plus odieuse des hypothèses s’impose à l’esprit. Ce film ne serait-il pas tout simplement – allez disons-le franchement - un remake ? Oui, un pur remake de Star Trek. Mais un remake déguisé, masqué même, histoire de préserver les illusions des trekkers les plus naïfs, les plus conciliants, ou les plus honteux…

VI - La faute aux orthodoxes !

Une seule pensée me console, une pensée cynique, méchante même.
Les trekkers les plus orthodoxes ont assassiné la série Star Trek : Enterprise car leur dogmatisme ne leur permettait pas de comprendre que non seulement cette série ne violait aucun canon de la franchise, mais elle réussissait même à tous les consolider en profondeur.
Et qu’auront-ils gagné en faisant annuler une série aussi audacieusement canonique ?

Eh bien ils auront gagné à faire naître un rouleau compresseur, qui laminera Star Trek et tous ses précieux canons. Jusqu’à faire disparaître le concept même de trekker.

Je ne sais pas pour vous, mais moi cette ironie me réconforte… un peu. Elle possède comme un doux parfum de justice immanente…

Star Trek est mort. Vive Star Trek !


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