Franklin : La critique des deux premiers épisodes

Date : 14 / 04 / 2024 à 12h00
Sources :

Unification


FRANKLIN

- Date de diffusion : 12/04/2024
- Plate-forme de diffusion : Apple TV+
- Épisodes : 1.01, Poussé à la prière - 1.02, Bienvenue, Polisson
- Réalisateur : Tim Van Patten
- Scénaristes : Kirk Ellis, Howard Korder
- Interprètes : Michael Douglas, Noah Jupe, Thibault de Montalembert, Danniel Mays, Ludivine Sagnier, Tom Hughes, Eddie Marsan, Théodore Pellerin, Jeanne Balibar, Marc Duret, Lily Dupont, Assaad Bouab, Murat Subasi, John Hollingworth, François Legrand, Lou Ladegaillerie, Olivier Claverie, Olivier Rabourdin, Tom Pezier

LA CRITIQUE

On dit d’Apple TV+ qu’il est le streamer des séries SF de première qualité. Mais avec une certaine Manhunt, récemment sortie sur la plate-forme de streaming, et maintenant cette nouvelle mini-série Franklin, va-t-on également dire que Apple TV+ est le lieu où se trouvent les meilleurs drames historiques d’époque ? Il est vrai que la série dédiée à la plus grande chasse à l’homme de l’Histoire américaine est d’une excellente facture. Qu’en est-il exactement de celle dédiée aux péripéties de Benjamin Franklin en France, en vue d’y demander l’aide française contre le tyran Anglais ?

Arrivé en catimini sur les côtés bretonnes le 6 décembre 1776, Benjamin Franklin est pourtant accueilli en héros dans notre pays, adulé du bon peuple français pour avoir "inventé l’électricité". L’homme n’est pourtant pas venu en France pour agiter le côté savant un peu fou de sa personnalité. Il est là car son pays naissant, les États-Unis, peine à confirmer son désir d’indépendance vis-à-vis de de l’Angleterre. Et qui de mieux que le plus vieil ennemi des anglais pour l’aider dans leur projet unique - à lui, à George Washington et à ses collègues Pères Fondateurs - de la création de la "Première démocratie" du monde ? Car sur le front, les forces révolutionnaires peinent à résister face aux Tuniques Rouges et il est urgent que les français se positionnent dans cette affaire.

Pour rappel, en décembre 1776, si les Américains ont déclaré leur indépendance - le 4 juillet, dans les faits, la lutte pour la garder est toujours en cours. Et elle continuera encore jusqu’en avril 1783.

Mais l’entreprise de Franklin n’est pas si simple. Lui qui n’est vu que comme un "insurgé" auprès des têtes couronnées du vieux continent, il n’a pas vraiment sa place dans les hautes sphères de la cour de Louis XVI. Il devra donc user de son intelligence, de son habileté verbale et de ses réseaux - ainsi que de l’art de placer des mensonges là où il faut - pour réussir à approcher l’un des monarques les plus puissants d’Europe. La position du roi de France n’est pas non plus très facile à tenir : peut-il aider une colonie à combattre son état de tutelle ? Ne risque-t-il pas ainsi de créer un précédent et de donner plus de résonnace à certaines voix éclairées qui font naître certaines revendications dans son propre royaume ? Mais d’un autre côté, aider les Américains à pérenniser leur nation peut avoir comme résultat de faire s’effondrer la puissance maritime anglaise, donnant ainsi à la France la possibilité de faire "goûter la soumission" à leur ennemi historique et de s’emparer de son commerce. Les enjeux sont donc tout autant élevés que risqués.

Tout comme Manhunt, Franklin est un thriller politique et d’espionnage - respirant parfois l’air nauséabond de la conspiration - qui a su donner sa place à l’authenticité historique des faits racontés. D’une grande justesse d’esprit, les deux premiers épisodes de la série décrivent à la perfection cette délicieuse atmosphère qui habitait déjà la société parisienne - et française - de l’époque : à savoir, celle de cette aspiration à plus de liberté que craint tellement le régime autocratique français. Nous sommes en 1776, à quelques 12 années des évènements qui déboucheront sur la Révolution Française, faut-il le rappeler ? D’autant que les salons parisiens sont nourris depuis un certain temps par les théories portées par un certain courant idéologique porté par Les Lumières.

Les producteurs - sans doute encouragés par ce vent qui veut rendre à César ce qui appartient à César - auront également cette magnifique idée, pourtant pas forcément évidente outre atlantique, de proposer une série avec des acteurs autant américains que français, et de décrire la difficulté pour les deux nations de se parler quand d’un côté on manie la langue de Molière et de l’autre, celle de Shakespeare. Et pour bien montrer cette dichotomie, vous pourrez régler votre lecteur en mode V.O. ou V.F., les américains parlent anglais, et les français parlent français. Ce qui donne à l’oeuvre télévisuelle encore plus de crédit. Et mon dieu quel plaisir que d’entendre la star Michael Douglas proférer quelques paroles dans un français hésitant ! Les acteurs français, quant à eux, n’hésitent pas non plus à lui rendre la pareille dans un "franglais" (cet anglais si caractéristique parlé avec notre accent français) parfait !

Côté casting, on ne voit que Douglas à l’écran. L’acteur de 79 ans semble avoir été fait pour incarner ce "Docteur" ancien maître imprimeur venu de Philadelphie. On a tout simplement l’impression que l’icône américaine a attendu cette occasion toute sa vie. Noah Jupe, qu’on a connu dans Sans un bruit en 2018, joue Temple, son petit-fils. Et ne vous fiez pas aux apparences, le Père Fondateur a emmené le garçon avec lui pour une raison, même si ce dernier n’est pas très au fait de la finesse de la politique et de la diplomatie.

Côté Français, on note la présence de bon nombre d’acteurs bien connu de chez nous. Ludivine Sagnier brille en compositrice Anne Louise Brillon de Jouy alors qu’on devine déjà les intentions de Thibault de Montalembert en comte de Vergennes, Ministre des Affaires étrangères auprès de Louis XVI, joué quant à lui à la perfection par Tom Pezier. Et que dire de Assaâd Bouab qui irradie la scène en incarnant un Monsieur de Beaumarchais prétentieux à souhait, et parlant de lui à la troisième personne. On regrettera néanmoins que la production se soit endimanché d’un acteur canadien, Théodore Pellerin, pour donner ses traits à celui que les "insurgés" verront plus tard comme étant "le trait d’union" entre leur nation et la France, j’ai nommé le jeune et impétueux La Fayette, riche comme Crésus et avide de vengeance.

Au risque d’être qualifié de pro-Apple TV+, j’encense donc encore une fois une série issue des équipes du géant de l’informatique. Franklin fait tout simplement le travail de vulgarisation d’une partie parfois méconnue de l’Histoire commune qu’on partage avec les États-Unis, car il s’agit bien de cela. Michael Douglas lui-même y faisait récemment référence. Une excellente entrée en matière pour la série. Sans prétention aucune, ma chère Franklin, je vous tire mon chapeau !

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