Star Trek Strange New Worlds : Critique 2.10 Hegemony
STAR TREK STRANGE NEW WORLDS
Date de diffusion : 10/08/2023
Plateforme de diffusion : Paramount+
Épisode : 2.10 Hegemony
Réalisateur : Maja Vrvilo
Scénariste : Henry Alonso Myers
Interprètes : Anson Mount, Ethan Peck, Rebecca Romijn, Jesse Bush, Christina Chong, Celia Rose Gooding, Melissa Navia, Babs Olusanmokun, Carol Kane et Paul Wesley
LA CRITIQUE FM
Suspension d’incrédulité Warp 10, voici ce que m’évoque ce dernier épisode de la saison 2 de Strange New Worlds.
En vrac un pot-pourri, vraiment pourri de ce qui n’a aucun sens :
Sans communication entre la Fédération et les Gorns et donc négociation, comment Starfleet a pu avoir connaissance de cette ligne de démarcation ? Mystère et boule de Tribbles
Pourquoi cet ordre d’abandon sans remords des colons par Starfleet ? Où sont les principes de la Fédération ? Dans les oubliettes de Rura Penthe certainement !
Sur l’Enterprise, il est bien dit que la tour des Gorns ne se trouve pas à proximité des colons. Pour autant, la navette de Scotty se trouve près d’elle. Bref, je connais des officiers de Starfleet qui ont dans leur package des bottes de sept lieux.
C’est kiki la seule survivante du vaisseau ? C’est Christine ! Et c’est kiki qui par "hasard" va venir la sauver ? C’est Spockie !
Je laisse Yves compléter cette liste, tellement le fonds de cet épisode n’a aucun sens logique.
Pour autant, comme la plupart des épisodes, la facture technique est superbe. Pour peu qu’on accepte cette version 2023 des Aliens... euh des Gorns, les bestioles sont superbement bien animées. Le combat en apesanteur dans le vaisseau avec Roméo et Juliette est très bien exécuté. Strange New Worlds est définitivement bien pourvu en budget et cela se voit à l’écran.
Reste la grosse surprise de l’épisode, l’arrivée à l’écran de Scotty. J’ai beaucoup apprécié la prestation de Martin Quinn dans cette version jeune du personnage. L’acteur n’a pas trop eu à se forcer pour prendre l’accent du personnage puisqu’il est nativement écossais.
Globalement, j’ai eu l’impression de noter plus négativement cette saison que la précédente. Pour autant, je me retrouve avec la même moyenne que la saison précédente soit 3.2/5. Cette impression est sans doute dû à un manque d’homogénéité de cette saison avec trop d’épisodes de nature différente, des pures comédies suivis immédiatement par des drames sombres.
Reste que j’ai personnellement de plus en plus de difficultés à continuer à écrire des critiques que j’essaye être sans à priori, dans un environnement où tout un chacun a un avis si définitivement tranché. N’étant ni dans le camp des adorateurs des productions Kurtzman où tout est chef d’œuvre, ni dans celui des détestateurs où tout n’est que merde polyphosphatée, j’estime ne plus avoir ma place dans ce débat.
L’ancienne devise du fan-club Star Trek Unification auquel j’ai adhéré en 1998 était "Le fan-club des Trekkers qui ont une vie". Cette critique sera donc ma dernière sur le sujet.
LA CRITIQUE YR
Même si c’était vaguement annoncé par la fin de SNW 02x01 The Broken Circle, SNW 02x10 Hegemony persiste à faire de la Gorn Hegemony l’ennemi récurrent n°1 de la Fédération et de Starfleet dans la série Strange New Worlds. Or ce parti pris est triplement navrant :
il contredit de façon grossière et insultante ST TOS 01x19 Arena (un épisode majeur pourtant signé Fredric Brown) à l’échelle d’une même timeline en intronisant des Gorns totalement rebootés ou 2.0,
il amoncèle une masse critique d’absurdités et de WTF factuels, à tel point que l’histoire relatée n’a guère de sens tout en enfonçant un peu plus l’institution trekkienne,
il relate systématiquement la même histoire gore et Alien-wannabe, modulo les noms de lieux et les paramètres contextuels (cf. paragraphe suivant).
Autant dire que terminer ainsi la deuxième saison de SNW dessert considérablement la série, et ce n’est pas le re-re-cast d’un autre personnage culte (Scotty) de ST TOS et le cliffhanger en carton qui sauvera les meubles (au contraire...).
Ainsi, SNW 02x10 Hegemony consiste à être le copycat des synopsis du lamentable SNW 01x04 Memento Mori mâtiné de SNW 01x09 All Those Who Wander, en remplaçant respectivement :
la colonie de Finibus III par celle de Parnassus Beta : pour l’attaque brutale par les Gorns et la transformations des ressortissants de l’UFP en incubateurs vivants,
la naine brune (ainsi que la coque du vaisseau cargo résistante à la téléportation) par un brouillage d’ondes gorn artificiel : pour le champ d’interférence ("counterfrequency"/"countersignals) paralysant les héros (en bloquant les scans, les communications, les téléportations...),
l’USS Peregrine par l’USS Cayuga : pour le vaisseau de Starfleet délibérément envahi/détruit par les Gorns et dont l’épave (en un ou plusieurs morceaux) est infestée de monstres reptiliens,
l’ingénieur Hemmer ("maître" de Uhura) par la capitaine Batel (maîtresse de Pike) : pour la "fécondation" d’un personnage récurrent de la série par les œufs gorns et l’issue fatale (avérée/probable) affectant personnellement le main cast.
En bonus, la peinture idyllique de la colonie de Parnassus Beta dans le teaser puis la brutalité de son sort tragique (via le surgissement dans le ciel d’une menace génocidaire) emprunte directement à la colonie de Melona IV dans ST TNG 05x04 Silicon Avatar.
Quant au reste, c’est la surenchère des indignités et des invraisemblances...
Désormais, ce n’est plus seulement "par hasard" que l’USS Enterprise se retrouve seule face à quatre vaisseaux Gorns et doit ruser pour survivre (cf. SNW 01x04 Memento Mori), c’est carrément à dessein, par construction en in-universe ! Le destin de plus de 5 000 âmes est en jeu, exposés à un sort pire que la mort. Mais Starfleet Command envoie uniquement l’USS Enterprise, sans aucun renfort, avec pour consigne de ne surtout pas contrarier les Gorns !
L’irénisme et la soumission à l’infamie dépassent toute mesure lorsque la destruction gratuite de l’USS Cayuga n’est même pas considérée comme un acte de guerre, pas plus que le "viol" potentiel de milliers de citoyens de l’UFP !!! Pas question même de protester, ni de faire face dignement. Non, on doit se contenter de se planquer et de baliser. C’est tout juste si on ne supplie pas les Gorns voire on ne les remercie pas ! Faut pas fâcher les bourreaux, quoi...
C’est du jamais vu dans la franchise (même à l’ère pré-UFP de ST ENT 01x03 Fight Or Flight) ! À croire qu’après avoir fait de la désintégration au phaser et des décapitations l’ordinaire de la Fédération dans la série Picard, SNW tente soudain de transformer Starfleet en Halkans (de ST TOS 02x10 Mirror, Mirror) ! D’une outrance à l’autre. Mais surtout sans jamais passer par la mesure trekkienne.
Et ça continue de Charybde et Scylla... Quand les Gorns imposent unilatéralement une ligne de démarcation sur Parnassus Beta qui "avale" (commodément) une majorité des colons de la Fédération, Starfleet se soumet pieusement, donne l’ordre à l’USS Enterprise de ne surtout pas franchir la ligne de la honte, puis finalement d’abandonner ses compatriotes et de battre en retraite !!!
Mais les scénaristes ont un pseudo-alibi dans leur sac à malice (quoique réservé aux spectateurs les plus attentifs) : le journal de bord révèle (à la sauvette) que la colonie de Parnassus Beta est à l’extérieur des frontières de l’UFP ! Voilà qui est supposé tout expliquer... car il suffit alors pour l’amiral April de jouer sur les mots à la façon des pires sophistes (« les Gorns ne nous ont pas attaqués mais ont attaqué une colonie hors de notre juridiction ») ! Sérieux ?
Or dans le cosmos infini, la notion même de "frontière" est un contresens hors de territoires intégrés, judiciarisés, ou contractualisés en plein accord (négociation, traité, accord, armistice...) avec toutes les parties concernées. Soit une planète (en la circonstance Parnassus Beta) n’est revendiquée par aucune société sentient connue, et alors il est légitime de laisser une colonie s’y implanter, mais moyennant toute la protection dont bénéficient ses ressortissants dans les territoires de la Fédération (sachant que les erreurs sont toujours possibles) ; soit ladite planète n’est pas véritablement un territoire vierge (en raison d’une appartenance à un tiers avérée ou suspectée), auquel cas permettre l’implantation d’une colonie civile (potentiellement illégale et/ou dangereuse) serait d’une irresponsabilité criminelle.
Un épisode comme ST TNG 03x02 The Ensigns Of Command (entre autres) avait d’ailleurs très bien su formaliser cette question...
Mais SNW 02x10 Hegemony tente de jouer sur les deux tableaux et sur aucun en même temps : l’implantation d’une somptueuse colonie de l’UFP délibérément hors des frontières (reconnues par qui ? les Gorns ?), mais pas vraiment protégée par Starfleet (enfin si à la base, sauf en cas de vrai danger... alors que seuls les militaires possèdent des capacités de défense) ! Il serait donc légitime que Starfleet fournisse toutes les ressources à ces colons pour s’implanter mais en revanche pas pour défendre leur vie par la suite si nécessaire ?! Alors quel est le statut réel desdits colons dans cette "extraterritorialité" ? Ils signent une décharge à Starfleet ?! Mais bon sang, c’est quoi cette cagate juridique et opérationnelle ?! Visiblement juste une absurdité fabriquée sur mesure par Secret Hideout, c’est-à-dire un prétexte nonsensique pour que l’institution incurablement dystopique se dérobe à toutes ses responsabilités pour mieux "exceptionnaliser" et donc héroïser les seuls VIPs du main cast. Soit l’un de ces enfumages dont la clique de Kurtzman est coutumière pour vedettiser artificiellement ses personnages (contre leur société "en dessous de tout" as usual) et fabriquer du drama bidon (i.e. sans avoir à rendre de compte pour les invraisemblances).
Pour mémoire dans le True Star Trek, à l’intérieur d’une zone vierge de l’espace, même hors des "frontières" de l’UFP, un vaisseau de Starfleet attaqué se défendait, et un vaisseau de Starfleet détruit constituait un casus belli. Une protection qui s’appliquait a fortiori aux civils.
Curieusement, il y a une petite musique qui circule dans la "trekosphère" pour tenter de justifier ce concert de pleutrerie, à savoir que Starfleet n’aurait aucune chance face aux vaisseaux gorns ! Et donc pour survivre devant un tel déséquilibre de puissance, les vaisseaux de l’UFP n’auraient d’autre choix que de se planquer comme des rats.
Pourtant rien ne permet de conclure à une supériorité militaire des Gorns (en 1:1). Car tout ce que SNW 01x04 Memento Mori avait montré, c’est que l’USS Enterprise était vulnérable sans bouclier (mais sans boucliers actifs, n’importe quel vaisseau de Starfleet peut être aisément détruit même par bien moins puissant que lui).
Pour mémoire, dans ce quatrième épisode de la première saison, le "hunter ship" avait attendu que le vaisseau de Pike déploie un "deep space transport tube" avec le vaisseau cargo des rescapés de Finibus III (en raison d’une téléportation également inutilisable) pour le frapper par surprise et dans un moment de vulnérabilité (le lent transit de passagers interdisant l’activation des boucliers).
Par la suite dans la "brown dwarf", l’USS Enterprise aura réussi à éliminer trois des quatre vaisseaux Gorns, par diverses "astuces" certes, mais aussi parce que le vaisseau de Starfleet était structurellement plus résistant que les vaisseaux gorns.
Accessoirement, l’épisode ST TOS 01x19 Arena (sis huit ans après) avait établi que l’USS Enterprise était de puissance supérieure à égale au vaisseau Gorn.
Alors, la destruction de l’USS Cayuga par un seul "hunter ship" au début de SNW 02x10 Hegemony résulte-t-elle d’une semblable déloyauté sournoise des Gorns... ou bien les auteurs ont-ils oublié le contexte qu’ils avaient établi dans SNW 01x04 Memento Mori pour en arriver à croire eux-mêmes que les vaisseaux gorns ont l’ascendant sur ceux de Starfleet ?
SNW 02x10 Hegemony réussit contre toute attente à faire regretter des épisodes comme SNW 02x09 Subspace Rhapsody, SNW 02x07 Those Old Scientists, ou SNW 01x10 A Quality Of Mercy, car même s’ils n’étaient pas moins nawak en in-universe que celui-ci, ils avaient au moins le mérite d’avoir une certaine originalité conceptuelle, d’avoir tenté quelque chose de différent, au point d’apparaître comme "expérimentaux" aux yeux d’une partie du public.
Alors que SNW 02x10 Hegemony, c’est juste le néant sémantique et l’indigence diégétique. Avec seulement un demi-point pour les effets spéciaux, il réussit l’exploit d’être probablement le pire épisode de la saison après SNW 02x05 Charades… ce qui n’est pas peu dire.
Cette pré-critique en "mode turbo", sommaire et péremptoire, pourrait suffire à exprimer un avis. Néanmoins, afin de circonstancier et corroborer ce jugement, il faut malheureusement en passer par un décryptage (et une déconstruction) de ce qui tient lieu "d’intrigue"...
Suite à son admission dans la formation prestigieuse de médecine archéologique et à sa rupture avec Spock (dans SNW 02x09 Subspace Rhapsody), Christine Chapel a quitté l’USS Enterprise et embarqué sur l’USS Cayuga commandée... par la copine de Pike, c’est-à-dire la capitaine Marie Batel. Oui, le monde de l’entre-soi est petit.
En attendant son rendez-vous avec le Dr Roger Korby (cf. ST TOS 01x09 What Are Little Girls Made Of ?), la super-infirmière participe à une mission d’assistance (stabiliser les récoltes agricoles et vacciner les habitants) sur la planète-colonie de Parnassus Beta. Celle-ci est présentée dans le script comment reproduisant délibérément une petite bourgade du Midwest des États-Unis (ce qui suppose donc aucun changement aux USA entre le 20/21ème siècle et le 23ème siècle trekkien), mais son architecture ressemble beaucoup à celle rencontrée dans certaines planètes de la série originale sujettes à la Hodgkin’s Law of Parallel Planetary Development (par exemple ST TOS 01x11 Miri ou ST TOS 02x25 The Omega Glory...).
Ayant accompli sa tâche, Chapel se téléporte à bord de l’USS Cayuga, tandis que Batel est encore à la surface de la planète à communiquer en duplex avec son chéri. Soudain, la communication se coupe, un gigantesque vaisseau comminatoire sort des nuages et masque en partie le ciel. Un faux air d’Independence Day de Roland Emmerich (1996).
Avant que Parnassus Beta ne devienne le "buffet reproductif" des Gorns, Marie aura tout de même le temps d’envoyer un SOS à Starfleet (sollicitant une évacuation d’urgence). Euh comment, vu que le brouilleur d’ondes a été activé avant même qu’ils ne détectent l’invasion gorn, et il est justement conçu pour bloquer tous les signaux sortants et entrants ?
Aussitôt le Mayday reçu, Pike rongera son frein pour voler au secours de sa belle...
Mais euh... faut-il déduire de son empressement très "intéressé" que si Batel et/ou Chapel n’avaient pas été en danger, l’USS Enterprise ne serait pas parti, ou du moins n’aurait pas manifesté autant d’ardeur à être dans les starting-blocks ? Lorsque le VIPisme forcené de la série flirte avec un détournement de fonds publics...
Enfin c’est à peine si l’amiral Robert April — véritable personnification de la lâcheté — consentira à l’envoi du vaisseau. Car attention, pas question de fâcher les Gorns ! C’est vrai, ils détruisent les vaisseaux de la Fédération et torturent ses ressortissants, mais faut témoigner d’un maximum d’empathie, « "monstre" n’est après tout qu’une autre façon de qualifier l’inconnu » (dixit April) ! Faut donc essayer de les comprendre sans les juger ni se défendre. Et puis, il faut absolument TOUT accepter — même les pires outrages — pour éviter la guerre. Visiblement, les scénaristes ont assimilé — à leur façon — les "idéaux trekkiens". Le ST historique s’était déjà essayé à ce type de "rhétorique" autodestructrice, pour être précis dans ST ENT 03x17 Hatchery, mais sous acides, enfin sous influence chimique alien. Dans SNW, c’est nature ! Une forme de généralisation de la "jurisprudence" antispéciste d’Aymeric Caron sur la sacralisation de toute vie animale, avec interdiction de faire du mal aussi bien aux microbes qu’aux xénomorphes ?
Rien de plus logique alors que d’envoyer un seul vaisseau de Starfleet, pour (ne pas) secourir 5 000 colons de l’UFP, pour être assuré d’être en position d’infériorité face aux Gorns, pour se cacher honteusement (derrière la lune de Parnassus) et ne pas les affronter ouvertement, pour estimer bien naturel qu’il ne reste plus de l’USS Cayuga que quelques débris en orbite... et même pour accepter que les Gorns imposent à Starfleet Command une ligne de démarcation à la surface de Parnassus Beta après l’implantation de la colonie et non avant (afin de se réserver la majeure partie des "ressources" biologiques humaines/humanoïdes pour leur reproduction) !
Pourtant, c’est tout à fait sidérant qu’une partie impose ainsi, unilatéralement et arbitrairement, une frontière à l’autre, une frontière qui est juste le faux nez d’une razzia à grande échelle, et que l’autre partie l’accepte sans broncher, sans discuter, sans négocier, sans confrontation réelle (à part de se laisser passivement détruire ou dominer).
Curieux aussi que Starfleet Command ait directement reçu cette communication des Gorns (pour réussir à la renvoyer aussi sec à l’USS Enterprise en orbite de Parnassus), non seulement en raison du système de brouillage (visiblement à géométrie variable selon la formule bien pratique « message from outside interference field »), mais aussi parce que cela impliquerait un canal de communication direct UFP-Gorn (ce que le postulat de SNW semblait exclure pour exacerber à la fois l’incompréhension et la menace).
Du coup, dans cette philosophie systémique de la soumission, il est presque surprenant que l’USS Enterprise ait embarqué dans son arsenal ("crate 32") un "protocole anti-Gorn", c’est-à-dire des upgrades des tricorders (pour enfin repérer les Gorns) et des phasers (pour enfin les atteindre grâce à des ajustements d’harmoniques), ainsi que des grenades d’azote liquide congelant tout à 10 m et fatal pour les Gorns (cf. le suicide de Hemmer à la fin de SNW 01x09 All Those Who Wander).
Toujours est-il que sous l’impulsion du capitaine Pike (qui a un intérêt très personnel dans l’affaire), les héros n’hésitent pas à désobéir aux ordres directs mais indignes de Starfleet Command, c’est-à-dire "cross the line" au propre comme au figuré, en montant une opération clandestine coordonnée d’infiltration et de sauvetage "derrière les lignes ennemies"...
Mais comme le NuTrek est un tireur ivre qui manque à chaque fois sa cible, la démesure pacifiste bêlante de l’état-major de Starfleet a pour contrepoint la démesure xénophobe nauséabonde des protagonistes de l’USS Enterprise. Faut "savourer" leur briefing surréaliste qui possède tout d’une réunion du KKK avant un lynchage de haine, avec le plaisir décomplexé de massacrer du Gorn, l’exutoire de programmer une petite extermination (oui ça fait du bien les jours de pluie), la gourmandise à la perspective se payer un trip d’ultra-violence (avec M’Benga en maître de cérémonie of course).
Une ligne de démarcation a donc divisé en deux la planète Parnassus Beta. Enfin faut le dire vite, car c’est surtout le petit bourg des colons qui a été divisé en deux. Faut-il que les intentions prédatrices des Gorns — c’est-à-dire des scénaristes — soient cousues de fil blanc, et que la tartufferie de Starfleet Command (faisant semblant de n’y voir qu’une légitime revendication territoriale) soit surréaliste, car quelle était la probabilité que sur une planète entière inhabitée, la frontière traverse "comme par hasard" la seule petite colonie de l’UFP ? C’est encore plus improbable qu’à travers le village d’Assola dans la parodie La loi c’est la loi de Christian-Jaque (1958). Si c’était vraiment une question de territoire, les Gorns auraient pu annexer plus de 50% de la vaste superficie de Parnassus Beta sans même que les colons ne s’en rendent compte...
Depuis l’orbite, un "hunter ship" des Gorns se tient en embuscade pour détruire tout ce qui franchit ou dépasse ladite ligne de démarcation. Or, faute de téléporteurs fonctionnels, l’objectif est d’atterrir dans la zone interdite en navette pour secourir les colons (enfin seulement les VIP que sont Chapel et Batel, car il n’y a clairement pas la place pour 5 000 personnes). Le script tente de se donner un vernis de crédibilité (en réalité enfumer les spectateurs) au moyen d’itinéraires improbables convoquant un "slingshot" au moyen de la gravité lunaire ou encore des orbites géosynchrones, pour finalement se rabattre sur un cache-cache à l’intérieur des débris de l’USS Cayuga afin de n’en sortir qu’après avoir dépassé le quatrième point de Lagrange, puis plonger en piqué jusqu’à Parnassus Beta avant de redresser à seulement 1 500 m du sol. Une manœuvre de voltige sensationnelle supposée glorifier une nouvelle fois l’as du pilotage Ortegas "née pour ça" (elle a parait-il fait cela des centaines de fois durant la guerre contre les Klingons...). Mais ce qui frappe surtout, c’est le portanawak intégral de toute cette "stratégie"...
Parce que si les Gorns surveillent vraiment la ligne (du moins là où elle traverse la colonie) depuis l’orbite, donc sans angle mort (en évitant par exemple de se placer derrière une lune et en s’imposant si nécessaire des corrections/propulsions orbitales), alors un "slingshot" gravitationnel lunaire ou encore le passage par des orbites géosynchrones ne pouvait pas en soi tromper la vigilance gorn (du moins sans technologie de "deception" de type furtivité).
Quant à imaginer qu’il suffit de se cacher dans le champ de débris que les Gorns ont eux-mêmes causé pour franchir tranquillou le plan orbital de la ligne de démarcation, c’est vraiment faire passer ces derniers pour des crétins (vu la tension créée par cet "apartheid" unilatéral, c’est bien ce champ de débris qui aurait dû être surveillé en priorité). La tentative d’analogie par Una entre ce "déguisement" en "détritus spatial" et les rescapés qui "s’habillent" en morts-vivants pour tenter de leur échapper dans les films de zombis (référence quasi-explicite à The Walking Dead d’où provient Sonequa Martin-Green avant DIS) situe bien le niveau tactique des officiers de SNW, outre d’infliger à la série un énième anachronisme crasse sous couvert de "fun" et d’Easter egg (donc des personnages évoluant prétendument en 2259 commentent en direct live l’actu série des années 2020 ?!).
En outre, les scénaristes ne pigent visiblement rien au problème à trois corps de Joseph-Louis Lagrange : car non, des débris déjà en orbite (sans propulsion propre) ne peuvent pas dépasser un des cinq points de Lagrange (qui plus est aussi stable que le quatrième), parce que malgré leurs dénominations, ces derniers sont des orbites spécifiques "synchrones" (et pas des points fixes dans l’espace qu’une autre orbite pourrait naturellement croiser).
De plus, une rentrée atmosphérique à la verticale aurait dû, non pas seulement secouer, mais provoquer un embrasement fatal de la navette pilotée par Erica (et embarquant Pike, M’Benga, La’an, et Sam Kirk), car même dans le futur trekkien, toute rentrée atmosphérique reste une phase fort délicate imposant un angle d’incidence très strict (comme en témoigne avec éloquence plus d’un siècle après le cas de Jake Kurland dans ST TNG 01x19 Coming Of Age en 2364).
Enfin, aussi hypersoniques et dangereuses qu’elles soient, la rentrée atmosphérique puis la "chute" en piqué demeurent très loin des vitesses relativistes (i.e. petites par rapport à 0,1 c) contrairement à ce que prétend Pike (qui les compare à la vitesse de la lumière !), sans pour autant décrire une trajectoire balistique (naturelle) de débris non propulsés (pourtant la "couverture" des héros pour tromper l’ennemi). Même en rallumant les moteurs à seulement 1 500 m du sol, cette intrusion aurait donc dû être aisément détectée et interceptée par les Gorns (a fortiori vu l’effet joule engendré). Bref, n’importe quoi du début jusqu’à la fin.
Le détachement a atterri dans la "zone occupée". Il est tout de même bien curieux que les Gorns ne détectent pas une irruption pareille. Les protagonistes affirment que la portée des scans du "hunter ship" est limitée à 1 500 m au-dessus de la surface. Mais comment le savent-ils au juste ? Les technologies gorns sont largement inconnues de Starfleet, et l’aveuglement des scans de l’USS Enterprise n’auraient pas dû permettre de disposer d’informations aussi précises. En sus, comment se fait-il que les Gorns ne possèdent pas des systèmes de surveillance au sol, ne fût-ce que pour empêcher leurs "proies" de fuir vers la "zone libre" ?
La progression au sein de la colonie ravagée de fait nuitamment. Aucun humanoïde en vue, si ce n’est des traces de sang un peu partout ! Où sont passés les 5 000 colons ? C’est bien un rip-off de SNW 01x04 Memento Mori, mais à plus grande échelle. La jolie cité lumineuse entraperçue dans le teaser s’est transformée en zone de guerre et d’épouvante, hantée par des crypto-vélociraptors du Crétacé supérieur, entre Terra Nova (2011), War Of The Worlds (2019+), et Invasion (2021+).
Les protagonistes détectent soudain un signal humain (toujours malgré le champ d’interférence !) dans un immeuble aux abords de la rue principale. Ils s’y rendent et tombent alors dans... un "piège à Gorn", c’est-à-dire une cage en champ de force dont l’appât était un générateur de faux signaux humains (phéromones et empruntes thermiques). Le génial bricoleur n’est autre que... le lieutenant ("junior grade") Montgomery Scott !
Le micro-cosmos kurtzmanien est décidément aussi minuscule qu’un bac-à-sable, les VIP auraient bien moins de chance de se croiser dans le métro de Los Angeles. Rien n’a donc changé depuis Kelvin en 2009. Scotty avait été recasté une première fois (par Simon Pegg) ; le pli fut pris, et il l’est maintenant une seconde fois (par Martin Quinn) ! À quand la troisième ? JJ Abrams — et donc déjà Alex Kurtzman en amont — avaient totalement redéfini la typo du personnage au complet mépris de ST TOS. Il était à l’origine un ingénieur, certes brillant et créatif pour retaper les moteurs de l’USS Enterprise en situation de crise, mais néanmoins représentatif de l’esprit Starfleet. Mais ST 2009 en aura fait un inventeur incontinent et un bouffon impénitent, l’inévitable "petit génie" ou "tech guy" omniscient des productions hollywoodiennes à la mode, préfigurant déjà le Benji Dunn de Mission Impossible : Dead Reckoning (2023).
Alors de quelle version de Montgomery s’inspire SNW, la "true" ou la "fake" ? La réponse coule de source, contrefaçon oblige. Mais parce que la politique d’Alex Kurtzman est de toujours enchérir sur lui-même (en général pour le pire), le Scotty de Martin Quinn ne pouvait être qu’une caricature (involontaire) de celui de Simon Pegg, pourtant déjà une caricature (grossière) de l’original de James Doohan. Or une caricature2 a de quoi laisser songeur...
Alors voici le topo sur ce deus ex machina (doublé d’un comic relief) tombé du ciel pour agréer les protagonistes (et le fan service). Les chemins de la providence sont impénétrables très pénétrables.
L’USS Stardiver était en mission scientifique, à savoir surveiller les éruptions solaires massives de l’étoile Shangdi voisine. C’est alors qu’il fut détruit par des Gorns volant en essaim ! Mais tandis que tous ses collègues sont morts, Scotty se prévaut d’être le seul membre d’équipage à avoir réussi à se barrer en navette, faisant honneur à l’esprit "chacun pour soi" du FakeTrek (contrastant douloureusement avec par ex. les problèmes de conscience de Jean-Luc Picard dans ST TNG 02x13 Time Squared).
Et comment sa navette a-t-elle échappé aux Gorns qui avaient pourtant submergé le vaisseau de Starfleet ? Facile : en quelques secondes chrono, le génial Scotty 3.0 a simplement boosté la capacité des moteurs et a su se cacher au nez et à la barbe des Gorns ! En fait, il lui a suffi de faire une évaluation éclair de leur façon de communiquer, puis hop, il a bricolé "fingers in the nose" un transpondeur gorn qui lui a permis de faire passer sa navette pour un vaisseau gorn aux yeux des autres Gorns ! Et zou, passez muscade ! C’était tout simple, aussi simple que de le dire. Dommage que personne d’autre n’y ait pensé. Dommage aussi que Montgomery n’en ait pas fait profiter l’USS Stardiver et son équipage en premier lieu (puisqu’il a utilisé pour cela leur équipement spécialisé de "solar array"). Dommage surtout qu’après la simulation (tout aussi rapide) par l’USS Enterprise du Morse gorn par voie de lidar ("ship-to-ship communication through light") dans SNW 01x04 Memento Mori (au point d’avoir réussi à provoquer la destruction d’un vaisseau ennemi), l’intégralité des ressources intellectuelles collectives de Starfleet (et de l’UFP) n’aient pas réussi à accomplir en un an ce que Scotty 3.0 a improvisé en quelques instants pour mystifier les vaisseaux Gorns. Mais eh, c’est toute la magie du "VIP power" électif... que les "nobodies" sont supposés pieusement admirer.
Malgré tout, une fuite d’antimatière dans sa navette a conduit le "miracle worker" "miracle inventor" à atterrir sur Parnassus Beta... pour le plus grand bénéfice des protagonistes de SNW. Où se trouve donc la capitaine Batel dans ce no man’s land sinistré ? Pas de problème, suffit de demander à Montgomery... et suivre le guide...
C’est ainsi que Christopher retrouve Marie, planquée avec quelques autres rescapés dans un diner barricadé. Mais après une étreinte rituelle, loin de se réjouir de voir son soupirant accourir à son secours, elle lui adresse une litanie de reproches (en "mode soap toujours") ! Auquel cas, pourquoi avoir diffusé un appel à l’aide désespéré sur toutes les fréquences de Starfleet... si elle en déplore maintenant les effets (même a minima) ? Croyait-elle vraiment que le vertueux Pike allait s’aligner sur la politique collabo’ de Starfleet ?
La’an Noonien-Singh, la grande experte des Gorns (depuis que toute sa famille du SS Puget Sound s’est fait "digérer" par eux), reconnaîtra dans la tragédie qui s’est abattue sur Parnassus Beta la procédure d’invasion "standard" de ces crypto-Magogs sortis de la série Andromeda (2000-2005) ou de ces crypto-Krogans sortis de la franchise de RPG Mass Effect (2007+), en particulier se servir de leurs œufs xénomorphes pour soumettre la population humanoïde afin de créer une "breeding planet". Cependant, l’espèce de tour implantée à quelques km du centre de la colonie (visible à l’œil nu), et émettant une lumière verdâtre vers le ciel tel un phare nocturne, quoique faisant aussi partie de la panoplie d’invasion gorn connue, conservera une part de mystère quant à sa fonction exacte. Elle sera considérée par La’an alternativement comme une balise destinée à piéger les voyageurs (hypothèse de son défunt frère Manu), comme un signal pour entériner la contamination des indigènes par la progéniture reptilienne... ou comme la source du brouillage artificiel des signaux. Et c’est bien cette dernière hypothèse qui intéresse tactiquement le détachement (avec le projet de la détruire). Auquel cas, ce balisage semble tout droit sortir d’un jeu vidéo en monde semi-ouvert, avec des cibles clairement indiquées sur la map à l’attention des joueurs...
Une seule "anomalie" aura néanmoins été détectée dans ce tableau : les "younglings" gorns, au lieu de s’entretuer comme d’hab pour la domination (jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un) semblent cette fois coopérer entre eux ! Un hasard, une évolution, ou un malentendu ? Cette ignorance semble presque réjouir Pike... car ce serait le signe qu’il y aurait encore quelque chose à découvrir sur les Gorns. Possible. Mais indépendamment même de l’incompatibilité absolue envers la timeline de ST TOS, l’existence de pareils précédents (et il y a bien plus d’une décennie vu l’âge de La’an), si parfaitement documentés (à quelques epsilons près certes), ne fait que souligner le degré d’incurie et même d’impéritie de la Fédération kurtzmanienne envers ses colonies.
Et si le désir de Pike (et probablement d’April en amont) de trouver une solution pacifique pour s’entendre avec les Gorns s’inscrit en soi dans un paradigme trekkien, sa situation de proie offerte à des prédateurs frappe le réflexe idéaliste d’un angélisme très discréditant. Un peu à la façon dont Hubert Bonisseur de La Bath rêvait dans OSS 117 Rio ne répond plus (2009) que les nazis et les Juifs fassent la paix (sauf que c’était une parodie intentionnelle) ! On n’aurait jamais vu Kirk (celui de ST TOS) ni même Picard (celui de ST TNG) se culpabiliser comme Pike en pareille situation. Ce serait donc un euphémisme de parler de trahison diachronique. Entre les "complexes repentants" de Pike (pour quoi au juste ?) et les "soifs de ratonnades" de son équipage, ça fait probablement une moyenne... mais bien plus contemporaine que trekkienne pour le coup. Surtout qu’il y a une multitude de scènes dans cet épisode et les précédents où certains personnages (Batel en particulier) suggèrent avec un certain paternalisme que Pike serait un incurable idéaliste hors sol, en somme comme le faisait la série Picard (surtout dans sa première saison) envers son personnage en titre. Une façon toute kurtzmanienne de réduire l’idéalisme roddenberrien aux rêveries intimes et immatures de quelques héros chevaleresques tandis que leur société serait invariablement aussi cynique et "pourrie" que la nôtre.
Il apparaît que Scotty ne peut pas rééditer son exploit sur la navette d’Ortegas sans cannibaliser un "Hubble K7C Stellar Assessment Array"... quasi-inamovible de sa propre navette. Alors curieusement, Christopher tentera de retrouver seul cette dernière, dans le dos de Montgomery, afin d’en récupérer l’équipement "invisibilisant". Ce qui est particulièrement inconséquent étant donné que le capitaine ne sait pas où ladite navette se trouve, que les tricorders/scaners sont "aveugles" (ce que les auteurs semblent oublier une scène sur deux), et surtout qu’il n’a pas le dixième de la compétence technique géniale que l’épisode vient de nous vendre...
Toutefois, quelques indiscrétions opportunes (pour le script) permettront à Pike d’être finalement accompagné dans son équipée par Batel et... Scotty. Arrivé à bord de sa navette en piteux état, ce dernier s’attèlera à la lourde tâche de démonter l’équipement requis (il sera même question de casser un "quadrocoupler"...).
C’est alors que surgira un jeune vélociraptor Gorn. Mais contre toute attente, alors que chacun des trois protagonistes avait largement le temps de sortir son phaser pour neutraliser cette menace majeure, nul ne fait rien. Du pacifisme suicidaire à contremploi ? Une application littérale des ordres de l’amiral April ? Même pas ! Juste un mauvais passage scripté où il fallait absolument que les héros agissent de façon absurde — c’est-à-dire en la circonstance qu’ils n’agissent pas alors qu’ils auraient dû — pour donner l’occasion au "petit" Gorn de ne pas attaquer Batel et repartir sans demander son reste !
Un signe de respect plein de promesses ? Du tout ! Juste le fait que la bestiole tout en crocs a senti que Batel était déjà contaminée ! En somme, une redite de la célèbre scène d’Alien3 de David Fincher (1992) dans laquelle Ellen Ripley comprend dans de semblables circonstances qu’elle est "enceinte" d’un xénomorphe. Mais ici, Marie le sait déjà ! Quant à Christopher, il le comprend très vite ; et alors que sa copine tente maladroitement de changer de sujet, il réussit à la faire avouer. Elle dévoile alors un bras, tacheté de façon caractéristique. Étant donné que la "fécondation" s’est produite la veille et que la maturation ne prend qu’un jour et demi, elle n’en a plus pour longtemps. Retour donc à la case de feu Hemmer dans SNW 01x09 All Those Who Wander.
Au passage, il est à noter que toute tentative d’anthropomorphisation angélique de la progéniture gorn serait particulièrement malvenue. Car la prévention humaine envers les bébés et les enfants de toute espèce (sentient ou animale) est basée sur le règne du vivant du monde réel (du moins tel qu’il existe aujourd’hui sur Terre), à savoir des nouveaux nés et des jeunes systématiquement vulnérable. Mais avec les Gorns, ce postulat du vivant est non seulement invalidé, mais il est même renversé. Ce qui pourrait d’ailleurs conduire à estimer que ledit postulat introduit par SNW est un complet nawak exobiologique.
Bien sûr, encore sous le choc de la nouvelle, Pïke veut ramener Marie à bord de l’USS Enterprise pour la soigner, pour lui donner une chance, mais elle refuse. Elle estime être condamnée, et il est raisonnable de penser qu’étant donné le niveau d’osmose imposée par la gestation, il ne serait pas possible de guérir Batel en séparant l’hôte du "parasite" par voie de téléportation. Sa dernière volonté est de piloter la navette d’Ortegas — dès qu’elle sera équipée de l’équipement que Scotty est en passe de démonter — pour se crasher en kamikaze sur la tour verte, supposée être la source du champ d’interférence. Son sacrifice rétablirait ainsi les communications et la téléportation, ce qui permettrait à l’USS Enterprise de rapatrier en un clin d’œil le détachement ainsi que les colons rescapés. Le hic est que ce projet de Marie transgresse les ordres de l’amirauté de Starfleet qui est de ne surtout pas attaquer les Gorns, de ne surtout pas résister, de ne surtout pas se défendre... et de se laisser docilement emmener à l’abattoir.
Mais à ce moment-là, un gros projectile provenant de l’orbite s’abat sur la tour verdâtre des Gorns... et met tous les plaideurs d’accord.
Passons donc à "l’étage supérieur" pour comprendre... ou pas !
En effet, en parallèle de tous ces événements de surface, sur l’USS Enterprise (en orbite de la lune de Parnassus), Spock scrute avec angoisse les débris de l’USS Cayuga. Devinez pour quoi ? Pour chercher des traces de Christine Chapel, pardi ! Comment sait-il qu’elle s’était téléporté à bord juste avant l’attaque ? Mystère ! Car ce n’est pas Batel qui avait transmis cette info à Pike lors de leur duplex interrompu ni dans le SOS qui a suivi. D’ailleurs un échange parallèle au sol entre M’Benga et Ortegas confirmera que le personnel de l’USS Enterprise ignorait bien que la super-infirmière était à bord du vaisseau en orbite. Bah, de la même façon que les protagonistes de Lower Decks sont des trekkies en cosplay, il faut croire que certains héros de SNW ont regardé l’épisode en même temps que les téléspectateurs ! Spock ne détecte que quelques poches d’air dans les débris qui pourraient abriter des survivants ! Mais euh comment fait-il ? Le brouilleur artificiel gorn bloque le fonctionnement de tous les scans, donc il ne devrait pas pouvoir davantage repérer à distance les poches d’air que les traces de vie. Dans le cas contraire, le sauvetage des survivants de l’épave aurait dû être organisé depuis longtemps !
Finalement, grâce à un mouvement de rotation de la soucoupe éventrée, Spock finit par découvrir que l’infirmerie a été détruite ! Cette découverte angoissante s’accompagne d’un grand moment d’expression compatissante de la part des collègues de Spock, Una notamment. Il en fut exactement de même au début de l’épisode lors de la découverte de la destruction de l’USS Cayuga : la mise en scène soulignait alors moins l’effroi que constituait ce fait en lui-même qu’elle n’exhibait l’attendrissement de l’équipage pour Pike ! Les tragédies se voient ainsi réduites à une pantomime dégoulinante coulée dans le bronze sur l’entre-soi. Les showrunners s’imaginent qu’ils tiennent ainsi la recette pour émouvoir les spectateurs. Mais ils ont tout faux, car loin de prendre la direction de l’inégalé Stanley Kubrick, SNW flirte dans ces moments-là avec le "larmoyant" Perdu de recherche des Inconnus (manque juste la pub pour les Kleenex).
De son côté, Nyota a réussi à trianguler l’origine des "countersignals"/counterfrequency" du champ d’interférence déployé par les Gorns. La source est un émetteur exogène (non local) déposé par les attaquants de l’autre côté de la planète ("far side of the planet") par rapport à la colonie. Alors certes, Uhura s’est fait un peu aider de l’ingénieure Pelia, mais c’est bien l’exolinguiste qui a eu l’idée géniale et qui a dirigé le projet ! Cela sort pourtant totalement de son champ de compétence. Mais que faisaient donc pendant ce temps-là l’officier scientifique Spock (c’est vrai, il songeait à Christine...) ou la cheffe ingénieure (c’est vrai, elle était dirigée par Uhura), ou encore les centaines d’officiers de l’équipage (qui sont supposés être l’élite de Starfleet mais qui ne servent jamais à rien sauf de faire de la figuration dans les couloirs) ?!
Visiblement, l’écriture d’Uhura se dirige dans la même direction que celle de Chapel : en faire un personnage omniscient, totalement surqualifié, et sans rapport aucun avec son homonyme de ST TOS ! Et pourquoi pas quelques superpouvoirs aussi, puisque la continuité n’a aucune espèce d’importance ? Rien d’étonnant que Celia Rose Gooding soit toujours aussi satisfaite d’elle-même, le script ne pourrait d’avantage la glorifier et la vedettiser.
Quant à la technologie de brouillage employée par les Gorns, elle contredit toutes les lois scientifiques et trekkiennes connues. Car ce n’est pas seulement dans la réalité mais aussi dans (le vrai) Star Trek que l’épaisseur et la densité de matière composant une planète tellurique fait obstacle à toute transmission (téléportation incluse). Alors placer un émetteur de contremesure sur la face opposée à la zone d’application, c’est juste ubuesque ! Mais le FakeTrek n’en est pas à son coup d’essai en matière de "signaux magiques" (TGCM) supposés passer à travers les noyaux planétaires, cf. par exemple Picard 02x03 Assimilation.
Après la sortie de distorsion de deux "gorn hunter ships" supplémentaires, ils sont désormais au nombre de trois en orbite de Parnassus Beta. Mais puisque les Gorns sont incapables de distinguer un débris en chute libre... d’un vaisseau dirigé, l’idée de Pelia et surtout d’Uhura — qui exulte toujours d’autosatisfaction jusqu’à la nausée (chez les téléspectateurs) — pour ne pas se faire repérer est de reproduire la manœuvre d’Ortegas ayant permis d’atterrir en navette derrière la ligne de démarcation, mais cette fois en propulsant ce qui reste de la soucoupe de l’USS Cayuga afin de la faire se crasher sur le brouilleur d’ondes des Gorns. À cette fin, deux charges explosives (des retro-rockets en fait) devront être judicieusement placées sur l’épave pour l’envoyer vers la destination au sol à détruire, ce qui impliquera une intervention manuelle en combinaison spatiale (de type EMU) dans le champ de débris.
Mais là, inexplicablement, Spock déclarera qu’il est impossible pour un humain d’effectuer cette tâche, et donc il est le seul à pouvoir s’en charger !!! Le VIPisme aigu de la série ne s’embarrasse même plus de prétextes internalistes quitte à ce que le NuTrek kurtzmanien se contredise grossièrement lui-même : la mission de Spock sera à la base très anodine (avec des semelles magnétiques, se poser tranquillement sur la soucoupe, puis déposer lentement deux bombes), tandis que les humains James T Kirk et Michael Burnham s’étaient payés des sorties spatiales en combinaison autrement plus extrêmes et dangereuses respectivement dans ST Into Darkness et dans DIS 01x01 The Vulcan Hello ! Mais eh, pour des besoins (pressants) de mélo et de pathos, il fallait absolument que Spock se retrouve seul en danger avec son "love interest" (oui, la survie de Chapel n’est pas un scoop because ST TOS... même si ces personnages homonymes n’ont rien de commun).
En outre, convertir le débris principal de l’USS Cayuga en missile clandestin pour bombarder la source du champ d’interférence implique un total mépris pour les éventuels survivants à bord (faute de scanner fonctionnel pour pouvoir s’en assurer). Alors certes, l’urgence en situation de guerre peut justifier des mesures aussi extrêmes (par exemple pour des raisons tactiques ou pour la survie du plus grand nombre), mais il aurait alors été appréciable que le script assume explicitement cette implication, non pas à travers un dilemme moral (ne rêvons pas car c’eût été bien trop demander !), mais fût-ce à travers une modeste ligne de dialogue. Eh bien même pas, car la Marque K offre toujours bien moins que le minimum syndical.
Enfin, Pelia ne manque pas culot en prétendant qu’il faudra faire un calcul judicieux en plaçant les charges pour que les Gorns croient en un déclin d’orbite naturel ! Parce que ce dernier demanderait un temps fou (au minimum des jours), or comme la suite de l’épisode le montrera sans ambiguïté, c’est à la verticale que la soucoupe sera propulsée au sol (comme la navette d’Ortegas avant), impliquant donc un changement de trajectoire orbitale à presque 90° ! Il n’a traversé l’esprit de personne dans writer’s room qu’un débris aussi énorme que la soucoupe d’un vaisseau spatial, changeant radicalement de vitesse et d’étagement orbital pour se précipiter directement sur le composant le plus stratégique de l’invasion, serait immédiatement perçue par les Gorns comme une attaque à peine dissimilée ? Que nenni, RAS.
Spock part donc poser ses charges en EVA...
Tandis que l’intérieur de la soucoupe de l’USS Cayuga est encore en grande partie pressurisé, l’ordinateur de bord annonce répétitivement d’une voix monocorde que le niveau d’oxygène va être bientôt critique. Parmi les nombreux cadavres — ou corps évanouis des officiers de Starfleet — Chapel reprend conscience et s’extrait tant bien que mal des décombres.
Si elle bien la seule survivante de l’USS Cayuga, c’est un bis repetita de Scotty-cul-bordé... Scotty-béni-du-destin, car lui-même unique survivant de l’USS Stardiver. Le "hasard" est toujours si bienveillant envers les VIPs... mais ça commence à en faire un peu beaucoup à l’échelle d’un même épisode.
Mais si Christine n’est pas la seule survivante, eh bien c’est paradoxalement pire encore... étant donné ce qui va suivre ! Mais n’anticipons pas...
Puis Christine rétablit une source d’énergie qui restaure le "life support" pour une heure. Mais malgré sa qualité de super-infirmière plus qualifiée qu’un médecin, il ne lui vient pas à l’esprit d’employer un tricorder (ou mieux encore un tricordeur médical) pour rechercher d’autres survivants (les corps inanimés mais pas forcément décédés ne manquent pourtant pas autour d’elle). Bah, ce ne sont que des anonymes...
En revanche, elle détecte à travers un hublot la présence rassurante de l’USS Enterprise... qui ne la remarque évidemment pas malgré ses signaux lumineux. Mais son supplice de Tantale ne fait que croitre quand passe dans l’espace sous son nez Spock... qui ne la voit pas non plus malgré ses mouvements et ses hurlements dans la soucoupe. Elle a alors le réflexe de s’équiper elle-même d’une combinaison spatiale...
Mais avant d’être en mesure de s’élancer dans l’espace pour rejoindre Spock, elle tombe au détour d’une coursive sur un Gorn adulte (pour la première fois dans SNW), lui-même pourvu d’une combinaison spatiale à sa mesure, et tentant de forcer sans succès l’ordinateur de bord du Cayuga (« command code invalid ») ! Le visuel bénéfice d’un standing certain, essentiellement grâce à l’exosquelette noir qui tient lieu d’EV suit au Gorn. De beaux VFX quoi, en partie animatroniques. Heureusement pour Chapel, sa présence n’a pas été détectée. Proprement tétanisée, elle se tient longuement en retrait, car le moindre geste inconsidéré lui serait fatal.
Ces scènes singent et samplent — jusqu’aux accords musicaux — Alien de Ridley Scott (1979) et Aliens de James Cameron (1986). C’est finalement Spock, qui en posant la seconde charge, se laisse surprendre... par derrière ! Il entrapercevra le monstre derrière lui dans un reflet de console (comme un air de déjà-vu...). Mais le temps de dégainer l’air de rien puis de se retourner brutalement, et le Gorn lui arrache des mains son phaser... qui "s’envole" en l’absence de pesanteur. La créature dispose d’une gigantesque queue qui s’avère bien plus redoutable que ses bras et ses jambes. Cet appendice inexistant dans ST TOS 01x19 Arena change totalement le rapport de force, car il enserre aussitôt le cou de Spock à la façon d’un boa constricteur tandis que le grand reptile s’apprête à briser le casque de sa combinaison. Outre la disparité envers la série originale, les scénaristes semblent avoir toutefois oublié ce qu’ils avaient pourtant établi auparavant, à savoir que le grand froid est fatal aux Gorns, or ici sa combinaison ne recouvre pas sa queue... qui devrait donc se briser sous l’effet des températures du vide spatial (bien inférieures à l’azote liquide des grenades).
Chapel arrive in extremis pour sauver la vie du Vulcain : elle réussit à attraper le phaser planant, puis tire ! Cela libère alors l’étreinte exercée sur Spock, qui se ressaisit aussitôt et brise le casque du Gorn au moyen d’une tige métallique. Ce dernier agonise tandis que son oxygène est expulsé dans le vide...
C’est alors que les deux charges explosent, précipitant la soucoupe vers la planète et son point d’impact tactique. Mais comme en état de grâce, Spock et Chapel s’enlacent puis s’élèvent hors de l’épave en perdition, comme s’ils lévitaient et que l’inertie n’avaient aucune prise sur eux (un côté Superman et Lois dans Superman Returns de Bryan Singer). Leurs combinaisons sont-elles propulsées ? Possible, mais absolument rien dans le SFX ne le suggère ! Ils apparaissent tels des anges immatériels, se tenant amoureusement par la main en contemplant l’ultime vestige de l’USS Cayuga — et ses possibles rescapés que nul n’a songé à sauver — s’embraser en pénétrant dans l’atmosphère, comme d’autres admirent des couchers de soleil. De toute évidence, Spock & Chapel, ce n’est pas du tout fini, et l’univers est au garde-à-vous, il retient même son souffle.
Quant au "hunter ship", c’est vraiment un pro de la surveillance celui-là : il était visible à l’œil nu en permanence tout du long (durant la pose des deux retro-rockets, durant l’affrontement entre Gorn adulte et Spock/Chapel, durant leur extraction de l’épave, durant l’explosion des charges, durant la friction spectaculaire de la soucoupe en pénétrant à 90° dans l’atmosphère...). Le Gorn n’a-t-il pas prévenu (ou appelé à l’aide) son équipage en voyant Spock poser les charges ? Est-il crédible que son vaisseau n’ait pas du tout bougé alors que c’est sous son nez que la soucoupe être propulsée vers la source du brouillage ? Voudrait-on nous faire croire que ce Gorn adulte qui se promenait dans l’USS Cayuga était le capitaine et l’occupant unique de ce hunter ship ?
Cette longue scène spatiale, empruntant beaucoup à la saga Alien et un peu à Jurassic Park, est émaillée de nombreux WTF (cf. ci-avant). Mais elle possède néanmoins une certaine gueule (quand bien même dans le genre absurde). Elle ose se passer de tout dialogue verbal, s’avère riche en regards expressifs notamment de Chapel (décidément Jess Bush est une excellente actrice), bénéfice d’effets spéciaux qualitatifs utilement employés, et est traversée d’une certaine poésie macabre assorti d’un romantisme à contremploi. Il s’agit du seul passage partiellement réussi (hors ST) de SNW 02x10 Hegemony, ce qui lui garantit un demi-point, évitant donc à l’épisode un (double) zéro pointé.
Malgré tout, le paradoxe est que cet affrontement assez léché mais bourré d’incongruités reste bien moins marquant que le duel assez cheap — mais cependant cohérent et culte — de Kirk vs. le craignos monster de ST TOS 01x19 Arena.
Il est maintenant temps d’établir la "jonction" avec "l’étage inférieur".
Et là, ben... il y a un gros problème ! Bon, ce n’est pas comme s’il n’y en avait pas déjà une avalanche (de problèmes). Mais cette fois-ci, comment dire, c’est à ne pas en croire ses yeux !
En effet, il avait été clairement établi peu avant dans la salle de briefing de l’USS Enterprise (réunissant Uhura, Pelia, Una, et Spock) que la source du champ d’interférence était un dispositif artificiel placé de l’autre côté de Parnassus Beta, sur son "far side", dans sa face sombre (aucune lumière ni reflet) — illustrations graphiques explicites à l’appui (sur les écrans de contrôle). Pelia dit explicitement à 31’30 : « we don’t have any photos, because it’s on the far side of the planet. But we do know it’s not native. There’s no structure indicated on any colony maps in that location. ». Or en astronomie, "the far side of the planet" ne désigne pas la zone momentanément invisible ou non éclairée d’une planète du fait de sa rotation à un instant t, mais la zone diamétralement opposée à celle prise pour référence par rapport au centre de la planète. Or la zone de référence opérationnelle est forcément ici la bourgade (car c’est là que se trouvent les colons au cœur de tous les enjeux). Donc la source du brouillage est bien aux antipodes planétaires de la colonie de l’UFP (aussi invraisemblable scientifiquement que cela soit en physique du signal). S’il s’était agi de la banlieue immédiate de la colonie (là où se trouve la tour lumineuse), jamais un briefing tactique n’aurait employé ce langage : Pelia aurait d’emblée insisté sur la proximité du brouilleur avec la colonie (donc une zone connue et non un "far side" jamais photographié), ce qui aurait automatiquement conduit le staff à se préoccuper de l’énorme danger de bombarder à seulement quelques km... sans avoir les moyens de savoir où se trouvent les colons à ce moment-là (en raison justement du brouillage).
Accessoirement, si "the far side of the planet" désignait la position temporaire de la colonie par rapport à l’USS Enterprise dans le cadre de la rotation de la planète, cela impliquerait la possibilité de téléporter (cf. ci-après) à travers la barysphère (le noyau ou nife). Mais bon, ce ne serait même pas dirimant chez Secret Hideout, puisque depuis Discovery très incluse, les scénaristes ne ratent jamais une occasion de se foirer avec la téléportation : elle est utilisée lorsqu’il n’est scientifiquement pas possible de le faire (cf. PIC 02x03 Assimilation), mais personne ne songe à l’employer lorsqu’elle est légitimement disponible et qu’elle peut sauver des vies (cf. DIS 02x09 Project Daedalus)
Quoi qu’il en soit, si l’on se base sur les dialogues, c’est bien sur une cible diamétralement opposée à la colonie que le vestige de soucoupe de l’USS Kayuga a été projeté par deux retro-rockets "judicieusement" placées par Spock (mais que nul ne pourrait confondre avec un déclin orbital naturel).
Or il s’avère pourtant à la surface de planète, depuis la navette de Scotty, que ce qui restait de la soucoupe de l’USS Kayuga est venu percuter la tour gorn que le détachement au sol (mais pas le staff de l’USS Enterprise) considérait comme la source du champ d’interférence. Une tour sise à seulement quelques encablures du centre de la colonie... puisqu’il était possible d’en apercevoir sa lueur verdâtre à l’œil nu (comme plusieurs scènes en ont clairement témoigné) et dont Pike, Batel et Scotty s’étaient d’ailleurs considérablement rapprochés pedibus cum jambis. Parnassus Beta n’est pas la "planète" (l’astéroïde B 612) du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry.
Et on peut d’emblée exclure une erreur de calcul de trajectoire de la part de l’équipe de l’USS Enterprise. Car cette hypothèse aurait eu pour effet que le projectile rate sa cible (de peu ou de beaucoup), mais pas qu’il atteigne "comme par hasard" un point diamétralement opposé sur la planète... et que ce résultat soit considéré comme une réussite... puisque dès l’impact, le champ de brouillage gorn est neutralisé !
De plus, si les protagonistes (Uhura, Pelia, Spock) avaient eu réellement pour but de cibler un objectif à quelques km de la colonie (ce qui n’était pas le cas ni dans le script ni à l’écran), il est juste impensable (même dans le nawak systémique du Kurtzmanverse) qu’ils ne se soient aucunement souciés (pas même à travers une modeste ligne de dialogue) du risque qu’ils allaient faire courir aux colons et à leur personnel au sol. Car en l’absence de tout scan fonctionnel, il leur était impossible de déterminer où s’étaient réfugiés — et/ou à quel endroit avaient été conduits de force — les ressortissants de l’UFP. La probabilité que certains soient dans — ou au voisinage immédiat — de cette tour était élevée. De plus, ignorant la nature exacte de cette technologie gorn émettant une lumière verdâtre et brouillant tous les signaux électromagnétiques, balancer dessus une gigantesque soucoupe de vaisseau était susceptible de produire une explosion dans un rayon de plusieurs kilomètres, avec le risque non négligeable d’embraser toute la colonie et ses habitants !
Alors quelle est cette arnaque cosmique dans l’écriture et la réalisation ?
Tout se passe comme si, malgré le signataire officiel unique (Henry Alonso Myers) du scénario, une première équipe s’était chargée de la partie du script se déroulant à la surface, et une autre équipe (bien distincte) s’était chargée de la partie se situant en orbite. Sauf qu’in fine, ils n’auraient pas accordé leurs violons !
De plus, il y a eu une possible confusion linguistique entre "far side of the line" (l’autre côté de la ligne de démarcation) et "far side of the planet" (l’autre côté de la planète par rapport à la colonie).
Alors personne n’a relu le scénario (pas même les "scripts supervisors") ? La réalisatrice (Maja Vrvilo) et le monteur (Andrew Coutts) n’ont pas tiqué ? Cette gaffe monumentale révèle le niveau de je-m’en-foutisme, de bêtise, ou de mépris (rayez la mention inutile) de Secret Hideout. Et il parait que ces jackass sont payés des fortunes ?! Il parait également que cet épisode récolte une note record sur IMDb ?! Même une série Z aussi négligente et inepte produite par The Asylum possède au moins l’excuse d’assumer son cynisme rigolard par un "humour" décalé au zième degré...
Malgré tout, quelqu’un a dû découvrir la bourde durant la postproduction, et c’est ainsi que durant le briefing, une illustration dissonante a été insérée (visiblement au dernier moment et sans qu’aucun acteur n’apparaisse dans le champ), à savoir un plan dynamique rouge faisant apparaître des structures (probablement celles de la colonie) à proximité d’un cercle légendé "interference field location" à 31’39. Tout l’art alibi-esque du raccrochage aux branches... mais détectable seulement en avançant dans l’épisode image par image et en faisant des zooms ! Question intelligibilité, on aura connu mieux. Et cela ne rattrape de toute façon ni l’incompatibilité bien réelle des dialogues dans l’exposé initial (contredisant le plan en rouge) ni l’irresponsabilité criminelle de ce bombardement en aveugle en bordure de la colonie.
Plus généralement, en cas de doute, ce sont les dialogues qui font autorité en matière de canon. À plus forte raison quand les illustrations schématiques s’affichant sur les écrans de l’USS Enterprise ne sont pas du tout fiables, ce qui est le cas dans SNW. Il s’agit en effet trop souvent de bricolages incohérents à l’exemple de la modélisation 3D qui apparaît à 10’34 où il n’y a pas d’intersection dans l’espace entre la ligne de démarcation et la planète ! Et quand bien même il y en aurait, une ligne 1D n’a aucun pouvoir séparateur dans un espace 3D ! Ce type de bâclage aurait été impensable du temps de Michael & Denise Okuda (pourtant il y a une vingtaine d’année et avec bien moins de moyens).
Étant donné la proximité évidente (visuellement attestée) de Pike, Batel et Scotty du point d’impact (c’est tout juste si la soucoupe ne leur tombe pas directement sur la tête) et le voile blanc qui suit (une grosse explosion au minimum), il est très étonnant qu’ils réapparaissent ensuite comme des fleurs, pas même blessés ni secoués. Mais dans une réalité virtuelle où tout est factice, est-ce vraiment si étonnant ?
Quoi qu’il en soit, le brouilleur d’ondes a été détruit. Dans la mesure où la situation stratégique est ultra-tendue, c’est littéralement une course de vitesse avec les Gorns… qui vont forcément riposter d’une façon une d’autre (et la ligne de démarcation perdra aussitôt sa valeur de protection illusoire). Par conséquent, chaque seconde compte pour téléporter une maximum de monde à bord. Or comme c’est l’USS Enterprise qui a initié et monitoré le bombardement de la source du champ d’interférence, ayant pour elle l’avantage tactique de la surprise (un avantage de courte durée et volatile), il aurait été logique que son personnel soit sur les starting-blocks pour lancer la téléportation en masse à l’instant même où les scanners auraient "recouvré la vue". Et quand bien même le monitoring précis du crash n’ait pas été possible en raison du brouillage des signaux, la traque (à la seconde près) de la disparition du champ d’interférence serait revenue au même.
Mais absolument rien de tel ! L’USS Enterprise commandée par Una Chin-Riley est d’une mollesse lénifiante et apathique. C’est-à-croire que personne ne se préoccupait des phases opérationnelles, alors que la survie collective était indexée à son enchaînement millimétré ! Est-ce le résultat d’une gouvernance tellement horizontale qu’elle en est léthargique et endormie ? Oh, le personnel de la passerelle détecte bien en temps réel la désactivation du brouillage, mais à part d’être contents et d’arborer le grand sourire autosatisfait d’Uhura, ils ne font rien à leur initiative. Ils prendront le temps de téléporter Spock et Chapel (pas la priorité) avant de contacter Pike pour lui adresser un coucou, tandis que celui-ci transmettra des consignes laborieuses sur l’endroit où sont parqués les survivants. Or lorsque l’on comprend ce qu’implique vraiment une démolécurisation à distance (notamment la profondeur des scans en amont), ces échanges verbaux sont aussi tautologiques que superflus en situation d’urgence. Ils témoignent d’une impréparation, d’une incapacité à être multitâche (la queue leu-leu ?) et font perdre des instants plus que vitaux. Des instants… qui seront mis à profit par les Gorns !
L’USS Enterprise met en effet tellement de temps pour téléporter Spock et Uhura depuis l’espace et Pike, Batel et Scotty depuis la surface... qu’elle laisse le tout loisir aux Gorns de téléporter dans leurs vaisseaux (et sans se presser encore !) tous les autres ressortissants de la Fédération (notamment le groupe composé de M’Benga, La’an, Ortegas, Sam Kirk) ! L’épisode ose même en jouer en faisant croire que c’est l’USS Enterprise qui les "beam" tous... pour que les téléspectateurs découvrent pas mal de temps (polynomial) après qu’ils ne sont pas arrivé sur l’USS Enterprise.... car ses officiers n’ont même pas commencé à les téléporter ! Magnifique d’efficacité ! Et lorsque Spock commencera à se dire qu’il serait peut-être temps de téléporter les colons rescapés, ben, il n’y aura plus aucun humanoïde à la surface ! Vraiment ballot.
Le script peut donc sembler cohérent en montrant cette conséquence tragique. Mais comme les héros ne sont pas du tout cohérents (pour avoir permis ladite conséquence), le script n’est en réalité pas du tout cohérent. Il n’est qu’artificiel... et incriminant.
Impressionnant de voir comment les héros ont paresseusement gâché le seul atout (l’effet de surprise) qu’ils avaient face aux Gorns. C’est tellement ridicule, tellement médiocre, tellement minable militairement que ça se passe de commentaire. Et tout ça pour permettre l’artifice d’un cliffhanger capillotracté... histoire de justifier une seconde partie étirée en longueur comme du chewing-gum.
Le soap VIPique sera en revanche généreusement servi (comme toujours car il n’y a que ça qui importe)...
Scotty est téléporté à bord avec son "Hubble K7C Stellar Assessment Array" démantelé (un vrai look de ferraille, les accessoiristes ne se sont pas foulés, estimant probablement qu’un pot d’échappement ferait l’affaire). Montgomery sera aussitôt mis en relation avec l’ingénieure en chef Pelia... qui s’avérera être "comme par hasard" son ancienne prof à Starfleet Academy ! D’après elle « son meilleur élève à qui elle a attribué ses pires notes » (c’est d’un logique...). Toujours le syndrome de "l’univers de poche" où tout le monde se connait, où tout le monde ne cesse de se croiser encore et encore. Et Pelia était déjà la prof d’Una... qui n’est clairement pas de la même génération que Scotty. Alors OK, elle est une Lanthanites, mais euh... il n’y a qu’une seule prof d’ingénierie à l’Académie ?! Ça vaut vraiment la peine de parcourir des espaces intersidéraux pour se sentir autant à l’étroit que... dans une soirée mondaine sur Sunset Boulevard.
Pareil du côté de Chapel, celle qui aura décidément eu l’heur de dompter tous les Vulcains. Christine et Spock ont vécu l’apocalypse la main dans la main, autant dire que leur idylle est repartie comme en quarante. Après d’interminables non-dit complices et regards langoureux (que reste-t-il de la vulcanité dans tout ça ?), la super-infirmière est mise à contribution pour tenter de sauver la vie de Batel... qui couve en effet quelque chose. Marie lui a demandé de l’euthanasier dans le cas où la situation serait désespérée, mais « pas question d’abandonner » revendique doctement Christine. Ah mais ! Elle lance une sédation, active un champ de stase... Mais, euh, ne serait-ce pas de la responsabilité d’un médecin ? Ok, M’Benga rend visite aux Gorns, mais n’y a-t-il vraiment aucun autre médecin à bord de l’USS Enterprise ? Visiblement pas. C’est donc Chapel, toujours Chapel, rien que Chapel. Faut s’attendre à ce que son génie sans égal immunise les humains de la ponte gorn dans la troisième saison…
Sur la passerelle, Pike veut contacter Starfleet Command pour leur communiquer la découverte capitale de Scotty : les Gorns sont sensibles à la lumière, et les éruptions solaires les rendent berserk (enfin encore plus que d’habitude). Mais voilà qu’un destroyer gorn entre en scène. Et ça, c’est un gros vaisseau, contrairement aux trois "petits" "hunter ships" qui l’avaient précédé (un seul est quand même supposé avoir détruit l’USS Cayuga, mais probablement par surprise lorsque ses boucliers étaient désactivés si SNW 02x10 Hegemony respecte vraiment SNW 01x04 Memento Mori). Le capitaine reçoit alors l’ordre formel de se débiner et de laisser en pâture tous les citoyens de l’UFP aux Gorns !
Le pauvre Pike est ouvertement dépassé par la situation et confronté à un choix impossible (mais pas à un dilemme moral pour autant contrairement aux apparences). Désobéir et affronter un ennemi supérieur en nombre pour tenter de sauver ses quatre potes (et accessoirement quelques centaines d’anonymes). Ou être un officier modèle de Fakefleet et décaniller la queue entre les guiboles.
Que l’ordre de retraite sonne "comme par hasard" à ce moment-là (quelle synchro !) suggère que Starfleet Command monitore le spectacle en direct, confortablement planqué dans son état-major, mais sans lever le moindre petit doigt (ni envoyer des renforts adéquats). Oh, que ça ne donne pas envie de vivre dans sans la société faketrekkienne ! C’est bien pire qu’aujourd’hui : y a des monstres, et on les nourrit comme des Minotaures.
Et dire que certains "puristes" trouvaient à redire de l’adoubement de l’assassinat de l’ambassadeur Dak’Rah par le Dr Joseph M’Benga dans SNW 02x08 Under The Cloak Of War ! Mais là, Starfleet prodigue une vraie leçon de relativisme en passant à un tout autre niveau : l’adoubement cette fois des sacrifices humains à grande échelle ! De quoi cueillir les derniers idéalistes qui s’accrochaient encore candidement au Star Trek de papa.
Voilà qui donne sérieusement envie de se replonger dans The Walking Dead (dont l’épisode fait d’ailleurs la pub). Car là au moins, il n’y a aucune tromperie sur la marchandise ; et vu qu’il y a une vraie volonté de reconstruire, on peut rêver d’un monde meilleur…
L’épisode s’est échiné à accroître et consolider (s’il le fallait encore) sa totale incompatibilité internaliste avec ST TOS. Mais comme Akiva Goldsman est le nouveau Trofim Lyssenko (célèbre pour son très soviétique « l’idéologie a raison et la réalité a tort »), c’est le reboot hypocrite i.e. FakeTrek (DIS-SNW-PIC-LD-PRO) qui est désormais supposé faire vaniteusement autorité tandis que l’original obsolète i.e. Star Trek (ENT-TOS-TNG-DS9-VOY) est honteusement invité à s’incliner (ou s’effacer) ! En effet, si l’on multiplie sciemment les contradictions à l’échelle d’une même timeline et que l’on vient ensuite s’en vanter dans les médias, alors aucun doute, cela signifie bien que l’on estime que Gene Roddenberry avait tort et qu’il convient désormais de corriger/amender et conformiser sa création.
Et visiblement, le drôle vient de récidiver. Avoir le culot de prétendre que la timeline n’avait pas changé malgré un déplacement d’une quarantaine d’années des Guerres eugéniques ne suffisait pas. Il vient maintenant invoquer comme une fleur la dynamique trekkienne de la compréhension et de l’entente se bâtissant avec le temps (ce fut en effet le cas avec les Vulcains, les Klingons, les Ferengis, les Cardassiens…) pour justifier dans SNW des Gorns... proto-Magogs (Andromeda) ou proto-Krogans (Mass Effect) ou proto-xénomorphes (Aliens) ! Mais bon, ils cesseront d’être Magogs/Krogans/xénomorphes lorsqu’ils deviendront des potes, c’est juste une question de regard hein ! Ben voyons... Faut juste pour cela d’arrêter de penser et se mettre en mode "apnée intellectuelle".
Sauf que ce postulat — a fortiori lorsqu’il est développé à rebours dans un prequel — suppose un worldbuilding à toute épreuve. Or SNW en général et SNW 02x10 Hegemony en particulier fait exactement l’inverse sous couvert de "réimagination" de l’espèce Gorn (dixit J Alan Scott, collaborateur de Secret Hideout et co-fondateur de Legacy Effect). Un terme hollywoodien branchouille pour infliger un retcon ou un révisionnisme complet en se gardant bien d’apporter une quelconque justification et encore moins crédibilisation internaliste. Mais le problème n’est pas d’avoir eu recours à de nouvelles techniques d’effets spéciaux (combinaison de numérique et d’animatronique en 2023 ce qui est ad hoc) au lieu des images de synthèse intégrales (dans l’univers miroir de ST ENT) ou du costume en caoutchouc (dans ST TOS) ; non le problème est de n’avoir respecté ni les spécificités (morphologie et caractéristiques) de cette espèce, ni les fondamentaux biologiques élémentaires (y compris dans le cadre des prétendus "cycles de vie"), ni le contexte diachronique de la chronologie in-universe de l’univers ST. Faut-il que J Alan Scott soit un adepte, non pas seulement de la langue de bois politique, mais carrément des fake news d’un certain leader du GOP pour oser affirmer sans complexe que « l’équipe de scénaristes et l’équipe de producteurs sont vraiment au courant du canon et des orientations de toutes les séries » !!! Car c’est exactement et même maladivement le contraire !
Selon le modèle évolutif r/K des écologues Edward Osborne Wilson et Robert MacArthur, les Gorns de SNW suivent la stratégie r de reproduction (impliquant un opportunisme extrême et au besoin un parasitisme des autres formes de vie, une croissance/maturation rapide, une absence complète de soins parentaux...). C’est ce qui expliquerait que ces Gorns-là passent leur temps à "pondre" dans les corps des ressortissants de la Fédération, que l’éclosion (et donc la mort pour le porteur) survienne aussi vite, et ensuite que la portée de nouveaux nés soit livrée à elle-même et s’entretue jusqu’à ce qu’un seul (le plus fort) survive (quel gâchis de ressources au passage !), au fond à la façon de spermatozoïdes (mais ici longtemps après la fécondation). C’est la vie dans sa forme la plus brutale et primitive, à l’instar du banc de méduses (cf. Anima de Michel Onfray). Mais la contrepartie de la stratégie r (caractérisant essentiellement les micro-organismes et les parasites), c’est qu’il n’y a aucune latitude d’évolution comportementale ou idéelle, l’intégralité des ressources biologiques étant consacrés à l’alimentation et à reproduction, c’est littéralement l’animal-machine tel que l’entendait René Descartes.
Pour des formes de vie biologiques, seules la stratégie K (croissance et maturation lente, rôle essentiel des soins parentaux, transmission d’habitus...) offrent des potentialités d’accès à la pensée rationnelle, donc à la créativité individuelle et à la civilisation collective, et partant, à l’abstractisation fictionnelle (cf. Sapiens et Homo Deus de Yuval Noah Harari), soit le préalable à tout développement scientifique susceptible de conduire (éventuellement) au voyage spatial et au FTL. Une erreur que n’avait justement pas commise le True ST avec les insectoïdes xindis (dans ST ENT 03x17 Hatchery). Mais comme à son habitude, Secret Hideout a eu la prétention inconséquente de jouer sur les deux tableaux à la fois... pour avoir le beurre et l’argent du beurre en toute impunité. C’est ainsi que ces Gorns retconés de SNW possèdent la dangerosité invasive d’une espèce en stratégie r (pour l’effet gore de monstres de cauchemars épigones d’Alien) ET l’évolution technologique d’une espèce en stratégie K (pour des extraterrestres qui matchent technologiquement l’UFP) ! Pourtant cette combinaison est aussi incompatible avec les lois évolutionnistes que les connaissances simultanées de la vitesse et de la position selon le principe d’indétermination de Heisenberg.
Mais pour qui s’en fout assez pour oser sans vergogne réunir une chose et son contraire à la fois, il est ensuite aisé de recourir au perpétuel joker passe-partout du TGCM. Ce qui permet à Secret Hideout de ne se poser aucune question de crédibilité épistémologique et de n’être jamais comptable de rien, ni envers les lois physiques et naturelles, ni envers la vraisemblance la plus élémentaire, ni envers la continuité interne du Trekverse.
Les inconséquences de ce postulat se détectent notamment :
#1 Par la sensibilité présumée des Gorns à l’activité solaire. L’étoile supergéante rouge Shangdi ayant émis de puissantes "Coronal Mass Ejections", les protagonistes supposent que cela aurait éveillé un cycle de consommation chez les Gorns en les faisant débarquer en essaim ! Et pour appuyer l’incongruité de cette relation de causalité, le script prend en toute bonne foi (ce n’est même pas une lantern pour le coup !) l’analogie les sauterelles dont certains facteurs environnementaux déclenchent un instinct boulimique de masse ! Mais euh de qui on parle là ? D’insectes dépourvus de libre-arbitre exclusivement poussés par leur instinct et leurs réflexes... ou d’êtres sentients forcément doués de raison sans quoi ils n’auraient jamais pu construire des vaisseaux spatiaux aussi puissants et rapides ?! Toute tentative de parallèle avec ST TOS 02x05 Amok Time et le pon farr vulcain serait une aporie.
# 2 Par la monomanie pathologique des Gorns de SNW qui limitent leurs contacts avec les autres formes de vie de l’univers à l’appropriation de leur corps à des fins d’incubation pour leur progéniture insatiable ! Ce qui revient à avoir imaginé des macro-bactéries pourvues... de vaisseaux de guerre et de distorsion ! Lorsqu’on songe à toutes les étapes évolutionnistes et conceptuelles par lesquelles il faut en passer pour développer le FTL (l’humanité contemporaine en est encore bien loin...), la légèreté avec laquelle les showrunners de Secret Hideout bradent cet accomplissement — à la façon d’un acte de défécation à la portée de n’importe quel animal, insecte, ou parasite —, ce n’est pas seulement incohérent, c’est insultant ! Davantage encore si cela se veut un gage d’inclusivité. Toute tentative de parallèle avec les très cybernétiques Borgs serait non moins une aporie.
En admettant malgré tout (pour les besoins de l’analyse) ce postulat fantaisiste d’animaux devenus sentients par stratégie r et carrément jusqu’à rivaliser avec les accomplissements de la Fédération (tant qu’à faire) — un illogisme ou un paralogisme dont même la bonne fantasy ne voudrait pas —, quel serait le sens de déployer les moyens colossaux que demande le voyage spatial en FTL (si l’on comprend vraiment ce qu’il implique) uniquement pour "pondre" dans les corps des ressortissants d’une société suffisamment avancée pour avoir les moyens de se défendre et de riposter (étant donné que la soumission et la lâcheté dont témoigne le Starfleet de SNW n’est pas un état naturel vraisemblable sur lequel il aurait été possible de tabler). Dans la mesure où les planètes abritant naturellement la vie sont fréquentes dans le Trekverse, pour alimenter leur "Gorn planetary nursery" ou "Gorn breeding planet", "féconder" des animaux aurait été incomparablement plus "rentable" (étant bien plus nombreux et sur bien davantage de planètes, opposant bien moins de résistance, représentant bien moins de risques de représailles, et réclamant bien moins de ressources en énergie, en distance et en stratégie).
Quant à arguer de "nutriments" spécifiques dont les œufs reptiliens auraient besoin pour se développer à l’intérieur des corps humanoïdes de l’UFP (et non dans les corps d’espèces moins "avancées" notamment animales), l’argument ne serait pas recevable, car les Gorns n’ont pas attendu de rencontrer les humains du vaisseau colonial SS Puget Sound (la famille de La’an) pour croitre et devenir l’espèce dominante de leur propre planète d’origine...
À l’échelle de l’in-universe, SNW n’est pas mieux lotie. SNW 01x04 Memento Mori et SNW 01x09 All Those Who Wander s’étaient "contentés" de mettre en scène des Gorns "bébés" (ou du moins enfants) pour s’accorder la "liberté créative" de se moquer de ce que ST TOS 01x19 Arena et ST ENT 04x19 In A Mirror, Darkly, Part II avaient établi. L’alibi factice (tant il n’a jamais été creusé) était d’imputer toutes les incompatibilités sur les différences d’âges : les grands seraient tout le contraire le petits (rapides, cruels, indomptables...), presque à la façon de deux espèces distinctes. Invoquer la chenille et le papillon relèverait encore d’une analogie animalière impropre, mais cela aurait pu néanmoins constituer la base d’une exploration exobiologique qui aurait fait honneur à l’altérité au cœur de la SF. Mais hélas, aucune ambition de ce genre, ni aucun fond chez Secret Hideout, juste un train fantôme stérile, strictement rien au-delà du spectacle éphémère.
Rien d’étonnant que SNW 02x10 Hegemony ait fait voler en éclats ledit alibi, en succombant à la tentation incontinente d’introduire un Gorn adulte, derrière une combinaison spatiale ne dissimulant rien de sa morphologie. La comparaison directe étant dès lors devenue permise, force est de constater (enfin d’avoir la confirmation) que les Gorns trash-cartoonesques de SNW forment une espèce sans rapport avec les tyrannosaures bipèdes et vêtus de ST TOS (qui ont tant marqué la culture pop). D’une part, la vitesse des grands n’a manifestement rien à envier à celles des petits (quelqu’un en avait-il douté ?). D’autre part, un appendice caudal — totalement absent de la série originale — se voit érigé ici en redoutable cinquième membre préhensile ! Si "bien" que même par-delà les écarts de moyens de représentation (entre 1966 et 2023) et les éventuelles licences artistiques (de J Alan Scott notamment), James T Kirk n’aurait matériellement eu aucune chance (sans arme à particule) face à un Gorn adulte de SNW dans la célèbre arène. Dans SNW 02x10 Hegemony, il a fallu deux humanoïdes (dont un Vulcain plus fort qu’un humain), qui plus est armés de phasers, avec "en renfort" la vulnérabilité face au vide spatial (la combinaison ayant fini par perdre son étanchéité) pour réussir à vaincre tant bien que mal le Gorn ! L’incohérence envers la série originale est donc majeure. Mais visiblement, les scribouillards d’Alex Kurtzman récidivent avec les Gorns de SNW leurs mémorables exploits quant aux Klingons de DIS : c’est-à-dire faire absolument n’importe quoi pour attirer l’attention au premier visionnage, quitte à rendre les revisionnages difficiles voire impraticables, et quitte à piétiner l’unité trekkienne au-delà de tout rattrapage rétroactif possible.
Mais pire encore, c’est tout le "délire Gorn" de SNW (et même en germe dans DIS 02x05 Saints Of Imperfection) qui est chronologiquement impossible à l’échelle d’une seule timeline. Tandis que l’amiral Robert April glose avec le plus grand naturel (au début de SNW 02x10 Hegemony et même dans plusieurs épisodes antérieurs de la série) sur les relations difficiles entre la Fédération et la Gorn Hegemony, c’est pourtant dans la série originale que les Gorns furent découverts (et non avant) ! Il suffit de revoir ST TOS 01x19 Arena (aisément accessible sur Paramount+, Netflix, en DVD et en Blu-ray…) pour comprendre à quel point Starfleet ignorait alors tout des Gorns et de la Gorn Hegemony, aussi bien leur nom, leurs vaisseaux, leur menace, leurs procédures d’attaque, leur morphologie physique reptilienne… jusqu’à leur existence même (dixit explicitement Spock dans l’épisode de la série originale). D’où l’erreur de souveraineté de bonne foi commise par la colonie de Cestus III...
Alors faudrait-il croire que le capitaine Kirk de ST TOS serait le seul officier de l’USS Enterprise à n’avoir jamais entendu parler des Gorns... tandis que tout son équipage à commencer par Spock, Scotty, et Uhura — parfaitement au courant (on le serait à moins) — serait juste faux cul et jouerait double jeu envers lui ?
Faudrait-il croire que la Starfleet de la série originale serait une institution criminellement amnésique — ou idiocratique — envers la menace qui traumatisait toute la Fédération huit ans avant (avec des militaires et des civils "violés" et massacrés par milliers) ? Auquel cas, le lieutenant Harold et tous les morts de Cestus III compteraient au nombre des victimes de la dystopie kurtzmanienne.
Faudrait-il croire que les omniscients/omnipotents/moralisateurs Metrons seraient de complets abrutis incapables de voir la moindre différence entre des prédateurs de cauchemar et des idéalistes en colère ?
Faudrait-il croire que les tactiques "militaires" Gorns ont elles-mêmes été frappées d’inflation en moins de dix ans, puisque sur Cestus III, il n’y eu ni brouillage artificiel des communications, ni kidnapping ni "viols" des ressortissants de l’UFP (mais "seulement" massacres au phaser), ni confrontation avec l’USS Enterprise (mais retraite et fuite à distorsion maximale) ?!
À son terme (dans quelques saisons), la série SNW aura-t-elle le culot de ressortir la "rustine" du secret défense à grande échelle afin de frapper tous ces événements (et les rescapés) d’omerta, selon le précédent grotesque de DIS 02x14 Such Sweet Sorrow Part 2 (qui avait "expurgé" officiellement de l’existence Michael Burnham, le spore drive, et l’USS Discovery) ?!
En somme, se permettre n’importe quelle profanation de continuité, puis prétendre l’effacer de la mémoire collective admise par des théories du complot renversées. Franchement, il y a des limites au foutage de g***** !
Si SNW avait fait du Dominion (du quadrant gamma) son principal ennemi un siècle avant ST DS9, cela n’aura pas été davantage invraisemblable, irrespectueux, et choquant que cette sinistre farce...
Mais à l’ère post-factuelle de la post-vérité, l’aplomb d’une interview dans les médias en mode abramsien (« oubliez tout ce que vous savez et laissez-nous délirer à notre guise ») suffit à faire avaler n’importe quel sophisme et faire taire les mécontents. C’est bien le règne des bullshitters : non pas seulement mentir, mais pire, se moquer de la vérité ; ne pas même demander qu’on croie ce qu’ils disent, mais qu’on croie en eux. Akiva Goldsman et Alex Kurtzman se prétendent anti-trumpistes, mais ils emploient exactement le procédé "rhétorique" de l’inénarrable Donald.
S’infliger SNW 02x10 Hegemony revient à se payer un énième "actioner" super-mainstream (suffisamment d’action et de tension pour empêcher le spectateur de penser et de se retourner), misant tout sur ses effets spéciaux et la pyrotechnie, sur son soap et sur son VIPisme, mais restant malgré tout un Alien/Aliens/Alien3 du pauvre (tout en pilliant graphiquement ces trois références de la Hard-SF horrifique), débordant d’incohérences factuelles, piétinant l’unité de l’univers Star Trek, frappant de déshonneur et d’irresponsabilité le commandement de Starfleet (manquant à toutes ses obligations légales et prêt à abandonner lâchement à la plus horrible des morts une partie des ressortissants de la Fédération), ne disant rien sur rien (zéro fond, zéro questionnement, zéro enjeu, si ce n’est de raviver une romance soap que le précédent opus était supposé avoir clos en musique), et s’achevant par un faux cliffhanger pour maintenir l’intérêt du public sous perfusion (Pike survivra tout comme l’USS Enterprise car sinon ST TOS n’existerait pas).
Et une fois de plus, le pseudo-"dilemme" (obéir aux ordres indécents XOR venir en aide aux victimes) imposé à Pike par Starfleet dans les dernières secondes de l’épisode n’en est pas un : le spectateur sait parfaitement que le vertueux Pike n’abandonnera jamais les VIP (M’Benga, La’an, Ortegas, Sam Kirk) du main cast aux Gorns xénomorphes (si encore c’était "juste" 5 000 anonymes, ce serait probablement OSEF). Mais dans le Faketrek, ce sont les institutions qui sont systématiquement indignes, pas les héros... qui eux le sont (indignes) seulement dans quelques épisodes (genre SNW 02x08 Under The Cloak Of War). Et un dilemme éthique n’a jamais consisté à devoir choisir entre une bonne solution et une mauvaise solution...
Pour conclure, tous les écueils kurtzmaniens usuels (cf. toutes les critiques précédentes) sont consciencieusement réunis et compactés en un bloc si dense que le trou noir commence dangereusement à se former (l’appel irrésistible du néant). Mais cette fois, Secret Hideux nous inflige en bonus :
une gaffe d’ampleur inédite dans la (dé)construction narrative (la discordance du point d’impact et son irresponsabilité criminelle) qu’un alibi graphique tardif ne rattrape pas,
une inconséquence intra-kurtzmanienne dans les rapports de force (non, les Gorns ne sont pas plus puissants 1:1 que Starfleet mais "on fait comme si" pour tenter justifier toute les lâchetés/indignités),
une négation proprement contrefactuelle de ST TOS (ontologie des Gorns 2.0 contredisant les lois biologiques connues et parfaite connaissance de la Gorn Hegemony une décennie avant de la découvrir),
et le sophisme de la bestialité la plus primitive érigée en sentience incomprise.
Chapeau, l’horizon des événements a été franchi !
Lorsque sonne l’heure du bilan à l’horloge penchée, force est de constater qu’à nouveau, aucun miracle ne s’est produit.
Intuitivement (hors de tout calcul), cette seconde saison de SNW fait l’effet d’être pire encore que la première, selon la vieille équation kurtzmanienne qui s’est maintes fois vérifiée.
Pourtant, paradoxalement, les moyennes arithmétiques des deux jeux de notes sont stables d’une saison à l’autre, avec cependant un écart-type plus important cette fois, preuve que la série a tenté de sortir de la routine durant sa deuxième année, mais sans vraiment réussir à transformer l’essai. Serait-ce alors de l’anti-émergentisme avec "un tout inférieur à la somme des parties" ?
Sa formule ou plutôt sa "martingale" consiste toujours à recycler et réassembler massivement des échantillons du vaste catalogue créatif de ST entre 1964 et 2005, à piocher presque stochastiquement (de façon inconsistante donc contreproductive) dans le lore inépuisable de la franchise, tout en important (sans finesse aucune) la doxa et la coolitude contemporaines, en passant les personnages à la casserole du psychologisme (traumas de la semaine, exhibition émotionnelle, pathos, mélo...), en dystopisant à qui mieux mieux les institutions idéalistes roddenberriennes, et en sabordant le worldbuilding bermanien. De surcroît, toute la haie d’honneur des facilités et des travers de Secret Hideout est au garde-à-vous, prête à recevoir les accolades reconnaissantes de la communauté.
Enfin, l’usine Tricatel-Kurtzman abuse de la fausse connivence "méta" permettant de rendre "cool" toutes les nullités. Du proverbial "faute avouée est à moitié pardonnée" est tiré un système qui prend le contrepied de "nemo auditur propriam turpitudinem allegans" : on se prévaut désormais de ses turpitudes. Ce n’est pas qu’on assume ses co****** (avec l’idée de s’amender ou de se perfectionner), non, à l’inverse, on les revendique fièrement et répétitivement jusqu’à ce qu’elles cessent d’être perçues comme telles ! Avec à la clef un reformatage par le bas des attentes, des exigences, et finalement des normes.
La troisième série live du NuTrek persiste donc à rester un FakeTrek de compète, quand elle n’est pas carrément un anti-Trek décomplexé.
On retiendra tout au plus dans la catégorie "épisode" (hors Star Trek) cinq opus qui se démarquent un peu (2/5 ou plus à la première note) :
SNW 02x02 Ad Astra Per Aspera : l’ambition d’un procès mais au détriment de l’utopie trekkienne (ravilie une fois de plus),
SNW 02x03 Tomorrow And Tomorrow And Tomorrow : un vrai voyage dans le temps mais pas plus cohérent que toute la seconde saison de Picard,
SNW 02x07 Those Old Scientists : un cross-over singulier avec Lower Deck mais accouchant d’une convention de trekkies,
SNW 02x08 Under The Cloak Of War : une sobriété presque trekkienne mais conduisant hélas à un contresens anti-trekkien,
SNW 02x09 Subspace Rhapsody : une comédie musicale inédite dans ST mais tellement artificiellement "justifiée" que rien ne tenait debout...
SNW 02x07 Those Old Scientists et SNW 02x09 Subspace Rhapsody ont en commun d’être des épisodes "méta" (quatrième mur fissuré ou brisé) et conceptuels (idées off concept), mais si les initiatives méritent probablement d’être saluées en soi, les exécutions furent bien trop démagogiques et aussi trop prématurées dans un worldbuilding encore trop fragile. Il faut (hélas ?) s’attendre à d’autres "trouvailles" improbables de ce genre dans la troisième saison... probablement pour faire diversion (tout en flattant les fans).
Dans la catégorie "Star Trek", trois opus échappent (de peu) au zéro pointé par le jeu de quelques fragrances ou illusions davantage persistantes qu’à l’accoutumée : SNW 02x04 Among The Lotus Eaters, SNW 02x06 Lost In Translation, SNW 02x08 Under The Cloak Of War. Mais c’est tellement insignifiant que cela mérite à peine d’être mentionné...
Chistopher Pike, le personnage à l’origine le plus réussi (essentiellement grâce à la sobriété de son interprète Anson Mount) a presque déserté la seconde saison et fut rarement à la hauteur de ses responsabilités, troquant le plus souvent sa casquette de commandant contre une toque de cuisinier (curieuse évolution de carrière...).
L’omniprésence de Jim Kirk est malaisante (tel un VIPisme aigu de fanproduction), et son interprète Paul Welsey est tellement trivial (et anti-shatnerien) qu’il en fait regretter Chris Pine.
Il en est presque de même avec Ethan Peck dont l’interprétation trop souvent ado et immature de Spock rendrait en comparaison Zachary Quinto presque Vulcain.
Martin Quinn est en lui-même bien sympathique ; mais son Scotty nouveau (3.0) est totalement caricatural, pondant comme il respire des inventions invraisemblables à la façon de Rick Sanchez dans le dessin animé Rick And Morty, si bien qu’il réussit l’impensable : faire pire encore que le Scotty cartoonesque (2.0) de Simon Pegg !
Celia Rose Gooding est tellement infatuée et autosatisfaite dans son interprétation d’Uhura que Zoe Saldana apparait finalement bien plus convaincante (et mature) dans le rôle.
Erica Ortegas est toujours une Kara Thrace (de BSG 2003) ratée, mais elle s’avère moins agaçante qu’Uhura sur la durée.
La nouvelle venue, Pelia (Carol Kane), n’est pas aussi catastrophique qu’elle le semblait en début de saison, si ce n’est que son espèce (les Lanthanites) est fort peu cohérente en in-universe, et son apport reste quasi-inexistant et gadget, faisant d’autant plus regretter la disparition de Hemmer (l’une des rares figures à haut potentiel, mais qui fut comme par hasard embauché temporairement juste pour servir de faire-valoir initial à Uhura !).
Christina Chong conserve une belle sobriété de jeu, et son personnage La’an reste l’un des plus crédibles de SNW, malgré une écriture très inégale. Ironiquement, il aura fallu que les showrunners saturent un personnage de complexes et de traumas incompatibles avec la coolitude (dont ils sont d’ordinaire si friands) pour le rendre quasi-crédible dans un contexte trekkien (et même militaire en général) !
Rebecca Romijn est toujours aussi majestueuse, mais Una Chin-Riley en devient transparente, davantage que ne l’était Chakotay dans ST VOY.
Jess Bush est la surprise de la saison (une interprète étonnamment juste voire touchante)... à l’inverse malheureusement de son personnage d’infirmière Chapel totalement incongru (entre sa romance stérile avec Spock et sa science infuse la transformant en super-médecin/biologiste lorsque les médecins, enfin l’unique médecin en est réduit à n’être qu’un brancardier en sa présence). Quel impardonnable gâchis de talent.
Idem pour Babs Olusanmokun : il se révèle également bon acteur, mais son personnage M’Benga s’est invraisemblablement vu retconé en ex-tueur professionnel des black op’ (Section 31 ?)... et accessoirement en vigilante avec la bénédiction du capitaine !
Intégrée au background trekkien, SNW demeure sur le fond probablement la pire déclinaison live de Secret Hideout à ce jour. Aussi irrespectueuse des idéaux trekkiens et de l’internalisme que Discovery et Picard, aussi incohérente envers elle-même (les portnawaks et les bullshits sont légion) que les autres productions Kurtzman, mais... davantage trompeuse (grâce à son ambiance, ses designs, sa luminosité de forme, son fan service rivalisant parfois avec celui de Lower Deck). En faisant abstraction de Spock, Pike et Una (seuls personnages imposés par le canon), la présence d’un bon nombre de vétérans recastés de ST TOS (Uhura Chapel, M’Benga, Samuel Kirk…) dans ce qui est pourtant supposé être un équipage distinct une décennie avant… renvoie une impression de facticité et de micro-univers.
De plus, chaque fin de saison recaste un nouveau personnage de ST TOS pour l’introduire dans la série au moins à temps partiel : à la fin de la première année ce fut Kirk ; à la fin de la seconde, c’est Scotty (interprété par Martin Quinn). À quand McCoy, Sulu, et Chekov ? Visiblement ces initiatives plongent une partie des trekkies dans l’extase (si l’on en croit les feedbacks aux USA), comme si Star Trek se limitait au fétichisme immature de quelques personnages, circulairement recastés. Auquel cas, ST est prêt à connaitre le sort circulaire et nombriliste du MCU et de DC...
Toujours est-il qu’il ne fait aucun doute qu’après deux contrefaçons (DIS et PIC) en roue libre, SNW a trouvé sa voie : faire du Kelvin en série TV ! C’est-à-dire un remake de ST TOS qui ne dirait pas son nom, branchouille et superficiel, mais susceptible de faire illusion sous couvert de vrai-faux prequel. Une recette qui s’est avérée rentable dans les salles obscures. Certes, le recast intégral de tous les personnages de la série originale ne s’est pas fait ici en une fois (mais sur plusieurs saisons), certes chaque épisode ne consiste pas à contrer un méchant de service qui veut se venger. Mais la série est aussi vide et aussi profanatrice que pouvaient l’être les films Kelvin.
En pire malgré tout, car outre un casting in fine encore moins convaincant, SNW a perdu la seule "qualité" de Kelvin, c’est-à-dire son alibi de canonicité. Oh, la ligne temporelle est toujours aussi distincte de l’originelle de facto, mais elle ne l’est plus de jure. C’est-à-dire que les auteurs ont désormais (depuis 2017) la tartufferie de ne plus assumer les évidentes divergences... au prix d’une gymnastique aporétique de plus en plus risible (et hors sol) dans les médias...
Le discrédit d’une utopie post-monétaire gouvernée par les études de marché de la société libérale de consommation ; l’IA d’une écriture automatisée à base de samples, d’échantillonnages, d’algos, de formules, de (fausse) randomisation, de vedettisation people, et de recettes émotionnelles/idéologiques en kit (garantissant au mieux un prêt-à-penser au pire un coma cérébral) ; et puis le wokisme comme faux-nez du libertarianisme... voilà à quoi se réduit désormais le produit Star Trek. À moins que le produit ne soit le trekker lui-même…
Mais chut, faut pas le dire (trop fort), car ça pourrait faire bugger le simulacre.
Lorsque l’illusionnisme cesse d’être assumé, cela s’appelle contrefaçon ou manipulation (quand bien même éco-recyclable). Et de l’haeccéité trekkienne, il ne reste plus rien.
Le philosophe allemand Ludwig Feuerbach écrivait : « Et sans doute notre temps préfère l’image à la chose, la copie à l’original, la représentation à la réalité, l’apparence à l’être. Ce qui est sacré, ce n’est que l’illusion, mais ce qui est profane, c’est la vérité. Mieux, le sacré grandit à mesure que décroît la vérité et que l’illusion croît, si bien que le comble de l’illusion est aussi le comble du sacré. »
Ce que le lettriste et conseilliste Guy Debord résumait dans La Société du spectacle (1967) par « Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux. »
SNW = WTF + OSEF
BANDE ANNONCE