Roqya : La critique
ROQYA
Date de sortie : 15/05/2024
Titre original : Roqya
Durée du film : 1 h 37
Réalisateur : Saïd Belktibia
Scénaristes : Saïd Belktibia, Louis Pénicaut
Interprètes : Golshifteh Farahani, Amine Zariouhi, Jeremy Ferrari, Denis Lavant, Isma Kébé
LA CRITIQUE
Roqya est un bon film français mélangeant à la fois le thriller et le fantastique pour offrir une proposition sortant de l’ordinaire.
Le scénario de Saïd Belktibia et de Louis Pénicaut se focalise sur une femme faisant du trafic d’animaux rares. Suite à une application qu’elle lance, elle va être considérée comme une sorcière et elle va tout faire pour sauver son fils.
Les co-scénaristes ont cherché un sujet original rarement traité. C’est le formidable livre Sorcière, la puissance invaincue des femmes de Mona Chollet, qui leur a confirmé qu’il était intéressant de traiter de la sorcellerie à l’ère moderne. En sachant que les femmes régulièrement accusées au cours des siècles de ces actes étaient généralement libres et autonomes, voire possédaient un peu de pouvoir, ce qui entraînait peur et jalousie de la part des hommes et du pouvoir en place.
Car il s’agit aussi d’une histoire de femme forte et d’émancipation qui est contée. De plus, il est très intéressant de traiter le sujet des guérisseurs, des marabouts et de la sorcellerie vers lequel des personnes se tournent parfois, ne sachant à qui s’adresser pour résoudre leurs problèmes. D’ailleurs, si le sujet est bien montré, faisant découvrir le type de centre apparaissant dans la partie finale que l’on trouve en France, il est agréable de voir qu’il n’y a jamais aucun jugement négatif porté sur ceux qui font appel à ce genre de professionnels pour trouver une solution à leurs maux.
Le film de Saïd Belktibia est très agréable à regarder. Il offre quelques séquences particulièrement anxiogènes et de longs passages de courses-poursuites tout à fait haletantes.
C’est Golshifteh Farahani qui porte formidablement le long métrage sur ses épaules. À l’image de son rôle de mère courageuse ne lâchant jamais rien, comme dans la très bonne série Invasion, elle incarne une femme que rien ne peut arrêter pour protéger son enfant. Elle est donc particulièrement crédible dans ses actions et cette dernière trouve toujours des ressources pour se tirer de biens mauvais pas.
Amine Zariouhi est formidable dans le rôle de son fils aimant. Jeremy Ferrari est impeccable en ancien mari toxique. Et Denis Lavant est intéressant en voisin ayant un fils handicapé.
L’œuvre se passe en grande partie en milieu urbain, ce qui contribue à obtenir des séquences impressionnantes. La belle photographie de Benoit Soler capte d’ailleurs très bien l’ambiance délétère qui règne sur la seconde partie du récit et qui prend parfois viscéralement aux tripes.
Le film interroge aussi sur la notion de sorcière. Après des images d’archives offrant des témoignages sur la sorcellerie et sur les guérisseurs, on se plonge rapidement dans la thématique.
En effet, il est parfaitement montré à quel point ce sont les individus et le bouche-à-oreille qui fait d’une personne une sorcière. De plus, l’usage des réseaux sociaux est très bien mis en avant pour illustrer cette chasse aux sorcières moderne qui ne s’appuie rapidement plus sur des faits réels, mais part en roue libre.
Roqya est un bon film gardant un rythme de plus en plus anxiogène qui entraîne facilement le spectateur au cœur de cette traque d’une femme, parfois d’une grande violence. Avec une histoire originale, de l’action bien maîtrisée par une très belle réalisation et une actrice crevant l’écran, ce premier long métrage de Saïd Belktibia est vraiment digne d’attention.
Haletant et viscéral.
SYNOPSIS
Nour vit de contrebande d’animaux exotiques pour des guérisseurs. Lorsqu’une consultation dérape, elle est accusée de sorcellerie. Pourchassée par les habitants du quartier et séparée de son fils, elle se lance alors dans une course effrénée pour le sauver. La traque commence…
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Photographie : Benoit Soler
Montage : Benjamin Weill, Nicolas Larrouquere
Musique : Flemming Nordkrog
Décors : Arnaud Roth
Producteur : Ladj Ly pour Iconoclast Films, Lyly Films
Distributeur : The Jokers / Les Bookmakers
LIENS
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