Star Trek Strange New Worlds : Critique 2.01 The Broken Circle

Date : 15 / 06 / 2023 à 15h00
Sources :

Unification


STAR TREK STRANGE NEW WORLDS

- Date de diffusion : 15/06/2023
- Plateforme de diffusion : Paramount+
- Épisode : 2.01 The Broken Circle
- Réalisateur : Chris Fisher
- Scénaristes : Henry Alonso Myers & Akiva Goldsman
- Interprètes : Anson Mount, Ethan Peck, Rebecca Romijn, Jesse Bush, Christina Chong, Celia Rose Gooding, Melissa Navia, Babs Olusanmokun, Carol Kane et Paul Wesley

LA CRITIQUE FM

C’est parti pour une nouvelle saison de Strange New Worlds, la série Trek la mieux reçue par le public depuis la reprise en main de la Franchise par l’équipe d’Alex Kurtzman. Il faut avouer que visuellement, c’est certainement la série qui a le plus régalé notre rétine et cette saison 2 démarre de la même manière. On peut dire merci aux studios avec écrans à la Mandalorian. Jamais dans une série Trek, on n’avait eu à ce point l’impression d’être sur un monde étrange.

On était resté sur l’arrestation de Una Chin-Riley pour cause de génétique pas acceptable pour Starfleet. Le procès étant prévu pour l’épisode 2, la problématique est vite évacuée avec Pike qui part à la recherche d’une solution pour sauver sa Number One.

Malgré la situation et les scènes d’actions, l’épisode garde un ton léger où l’humour est souvent très présent. Je ne suis pas allergique à une dose d’humour, mais c’est souvent très mal placé. Le choix du "Engage" de Spock est très drôle, mais c’est toujours aussi peu compatible avec une représentation de l’armée du futur à l’écran, surtout à un moment de crise.

Le nouveau personnage interprétée par Carole Kane, Pelia, est un cas d’école. La remplaçante de Hemmer a une sacrée personnalité qui va certainement diviser le public, d’abord avec sa voix si particulière, ensuite avec la nature même de ce personnage. En tout cas, Carole Kane a une présence incroyable. J’espère donc que la production va trouver le bon dosage et les bonnes nuances pour faire de Pelia un personnage mémorable.

On en arrive au WTF de la semaine. J’imagine les scénaristes à la machine à café se dire que ce serait une bonne idée de voir le Docteur M’Benga et la Nurse Christine Chapel s’injecter une dose de sérum de super soldat pour botter le cul à des dizaines de Klingons...


Oui, Steve Carrel, dans cette scène mythique de The Office, résume à la perfection mon opinion. En plus de ne pas être crédible pour un sous, la scène est très mal réalisée et chorégraphiée.

Je me pose toujours autant de questions sur la trajectoire de certains, comme Spock, qui semble toujours aussi peu en phase avec leur personnage en devenir, mais la vie est un chemin à parcourir. J’attends donc toujours de voir si les scénaristes ont un plan pour les faire évoluer vers leur représentation dans La série originale ou pas. Reste le cas du look des Klingons qui sont désormais TNG Compatible mais pas TOS...

The Broken Circle est donc une entrée en matière pour cette seconde saison très fun, sans être totalement aboutie. Mais, ceux qui considèrent que ce n’est pas du Star Trek auront à nouveau des arguments...

Et justement, quand on parle du loup...
Yves est toujours trop indisponible IRL pour continuer à assurer ses analyses exhaustives auxquelles il a habitué les lecteurs d’Unification durant 14 ans.
Alors à défaut, je lui ai amicalement demandé de livrer sommairement son avis sur l’épisode en n’y consacrant pas davantage de temps que la durée de visionnage.

LA TURBO-CRITIQUE YR

Il est devenu bien difficile de composer une critique — qu’elle soit humorale ou analytique — des productions Secret Hideout sans radoter, les mêmes causes dans les mêmes conditions produisant invariablement les mêmes effets. Albert Einstein disait bien que « la folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. »

SNW 02x01 The Broken Circle a beau être dédié à feue Nichelle Nichols (cf. le début du générique de fin), il représente une nouvelle fois la plus absolue négation de ce que fut ST TOS sur tous les plans…

Inventaire non exhaustif :
- Malgré quelques alibis chromatiques, les designs et les technologies semblent encore davantage sortir du 32ème siècle clinquant de Discovery que du 23ème siècle vintage de la série originale...
- Les Klingons ont certes perdu leurs looks discoveriens de Xénomorphes mâtinés d’Orques, mais sans la moindre once d’explication, et de toute façon ils n’en demeurent pas moins anachroniques. En effet, leur aspect général correspond au 24ème siècle de ST TNG alors que l’épisode est sis au 23ème siècle avant ST TOS (autant dire que le Klingon Augment Virus de ST ENT 04x16 Divergence au 22ème siècle est honteusement ignoré). De surcroît, leur maquillage apparaît bien fake, l’artisanat bien moins onéreux de Michael Westmore était incomparablement plus convaincant, des cosplays amateurs réussissent même à être plus convaincants que "ça"... En outre, leur représentation et leur écriture sont très primaires (confusion patente des scénaristes entre la culture klingonne et un ramassis de soudards attardés). Mine de rien, c’est à une dislocation globish de la klingonité que se livre le FakeTrek...
- Dumping indécent de ST III TSFS où le vol de l’USS Enterprise contre les ordres explicites de l’amirauté symbolisait à la fois la nécessité impérieuse et la fraternité d’arme d’une vie entière face au danger. Mais ici, il suffit que la "trauma" La’an Noonien-Singh (rencontrée il y a moins d’un an) envoie un message équivoque (même pas de détresse) durant sa perm pour que tout l’équipage se précipite tête baissée à son secours en territoire ennemi. Faut bien s’occuper, quoi... C’est ainsi que l’exceptionnel devient banal dans une société qui n’a décidément plus rien d’utopique. Et fuck la déontologie au sein d’un paradigme militaire désormais tellement inflationniste qu’il frise la cour d’école... En somme, sur la seule base d’une "intuition vulcaine" (un oxymoron de compétition)... l’outrage aux supérieurs, l’insubordination préméditée et collective (limite mutinerie), la désobéissance directe aux ordres reçus, le vol d’un vaisseau spatial (susceptible de se transformer en vaisseau de guerre)... tout ça est "cool" et "fun" ! C’est même l’expression la plus pure de la "coolitude"... dans un univers virtuel où rien n’a vraiment de conséquences. 100% Kelvin et 0% Star Trek.
- Malgré toutes les irresponsabilités tactiques et les impréparations idiocratiques des héros face aux Klingons, la Main Invisible des scénaristes se débrouille pour donner raison à leur désobéissance ; celle-ci épargnera à la Fédération une redite (bien voyante) de Discovery 01x01 The Vulcan Hello.
- L’ensemble des comportements hyper-humanisés de Spock ne se contentent pas de puer l’anthropocentrisme et de contredire sa typo originelle, c’est l’intégralité de son parcours vulcain et de sa trajectoire très personnelle à travers ST TOS (série puis films) qui sont dès lors foulés aux pieds et rendus sans objet. En quoi la désobéissance de Spock est-elle inédite et transgressive dans ST TOS 01x15+01x16 The Menagerie s’il y eut de pareils précédents (qui plus est sans conséquence) ? Quel sens ont encore les leçons de poker et les éloges de "l’intuition in the guts" délivrés répétitivement par Kirk à un Spock inflexible tout au long de la série originale si ce dernier maîtrisait et appliquait déjà par lui-même tout ce bréviaire kirkien ? Une hypocrisie systémique de plus ?
- Les interactions entre les protagonistes et les informations dont ils font montre une dizaine d’années avant la série originale continuent à être désastreuses pour le worldbuilding et la crédibilité de ST TOS : Spock est devenu l’ami de Kirk seulement parce que sa sœur cachée le lui a demandé, Spock sera un parfait tartuffe en faisant mine de s’étonner dans ST TOS 01x06 The Naked Time de la découverte du voyage temporel alors qu’icelui fut portant au centre de son existence auparavant, Kirk passe pour un crétin fini dans ST TOS 01x09 Balance Of Terror en ignorant l’existence des technologies d’invisibilité alors que celles-ci avaient mis à genoux l’UFP dix ans avant, Starfleet n’a jamais rencontré ni même entendu parler des Gorns dans ST TOS 01x19 Arena alors que ceux-ci menaçaient ouvertement l’UFP une décennie auparavant et martyrisaient même ses ressortissants. Et ce dernier contresens doublé de révisionnisme (un de plus !) sera de toute évidence le fil rouge de la-mort-qui-tue dans la seconde saison de SNW... L’incohérence crasse se double donc d’un doigt d’honneur obscène.
- L’emploi de drogues miraculeuses par le personnel médical de Starfleet (Dr M’Benga et l’infirmière Christine Chapel) leur permet de se transformer instantanément en Augments pour liquider à main nue un équipage entier de Klingons ! Serait-ce la potion magique de Panoramix ou le X1 du comte de Champignac ?! Exit donc la jurisprudence des conséquences de ST ENT 04x04 Borderland. Et puis, c’est toute la vulnérabilité humaine future (au 23ème et au 24ème siècles) face aux Klingons qui se voit ainsi rétroactivement frappée d’absurdité.
- L’entrée en scène de la nouvelle ingénieure de l’USS Enterprise illustre la confusion entre exotisme et parodie. Pelia (Carole Kane) est supposée être Lanthanite (une espèce alien quasi-immortelle qui s’était mêlée aux Terriens jusqu’au 22ème siècle sans qu’ils ne le sachent). Mais entre ses répliques à contremploi, ses outrances quasi-funesiennes, son potentiel de dea ex machina, et sa voix (en VO) de vieille sorcière, SNW semble lorgner le comic relief fonctionnaliste et la rustine narrative de Jett Reno (ingénieure aussi) dans Discovery.
- Fort curieusement, dès le milieu 23ème siècle, le personnel de l’USS Enterprise (y compris Spock) jongle visiblement à la perfection avec les manières et les us klingons (au point de nager dans leurs libations orgiaques tels des métamorphes). L’équipage qui succédera dans ST TOS paraîtra bien ignorant (et gauche) en comparaison. Mais rabaisser rétrospectivement plus bas que terre ceux qui viennent après (mais qui ont été créés avant), c’est bien la caractéristique des prequels ratés et/ou profanateurs. N’est pas ST ENT qui veut.
- Au passage, désormais le vin d’hémoglobine klingon est commodément inoffensif pour les humains (La’an) et même les Vulcains (Spock) pourtant peu résistants à l’alcool. Il faudra pourtant attendre le 24ème siècle (cf. ST DS9 05x01 Apocalypse Rising) pour développer un antidote.
- La science-pour-rire est toujours un accessoire facultatif, une skin interchangeable, à l’image de cette planète à la gravité improbable ou encore de la sortie de distorsion en plein champ de débris spatiaux...
- Plus généralement, mirez la panoplie kurtzmanienne © des WTF en roue libre et/ou des trivialités racoleuses "même pas honte" : voltiges spatiales nombrilistes à la Star Wars, rhétorique nauséabonde sortie de Starship Troopers, badasserie chorégraphiée, bastons stériles et soulantes (l’interminable fight des deux officiers médicaux est un complet nawak), effets stroboscopiques et ralentis lourdingues dignes des pires séries Z, fan-service gratuit (et donc contreproductif) en mode exhibitionniste, pathos glucosé et guimauve toujours en embuscade derrière la retenue apparente (le fake-sacrifice langoureux de Christine et M’Benga, les minauderies entre Chapel et un Spock tellement la larme à l’œil qu’il va finir par convaincre le spectateur qu’il est bien le frère de Michael "Niagara" Burnham)....
- Mention spéciale à la séquence onaniste où Spock — tombeur de ses dames et squattant le fauteuil du capitaine de l’USS Enterprise — est prié par ses nombreuses groupies féminines aux regards connivents (voire lascifs) d’étrenner son gimmick performatif, sa catchphrase pour "mettre les gaz" ! Soit un rituel de passage phallocratique inauguré par Kelvin et permettant d’être médaillé dans l’ordre du "tombeur le plus cool de la bande". Faut-il en être ému ?
- Mention spéciale également à l’absence de sanction pour désobéissance caractérisée, vol de vaisseau, et casus belli potentiel avec les Klingons. Certes, Spock a "sauvé le jour" par la volonté scénaristique. Mais dans l’ordre des apparences (histoire d’être "fun"), la morale de l’histoire est "comme le mutin était torché, tout est pardonné". À "comparer" à la condamnation kafkaïenne à perpétuité de Michael Burnham à la fin de DIS 01x02 Battle At The Binary Stars (quelque quatre ans avant)...
- Enfin, qu’il s’agisse de l’emprisonnement d’Una pour non-conformité procuste (son procès stalinien se tiendra au prochain épisode SNW 02x02 Ad Astra Per Aspera) ou des secrets inavouables de l’amirauté (Robert April colorswapé) aux relents complotistes et même... comploteurs (par lesquels l’épisode s’achève à grand renfort de roulements de tambour), le Starfleet kurtzmanien est structurellement toujours aussi sombre et dystopique, tandis que le tropisme sérialisant (pyramide de Ponzi) des productions Secret Hideout n’aura pas mis longtemps à refaire surface (en dépit de la promesse épisodique).

Alors oui, les personnages sont "cools" (par la grâce aussi de comédiens jouant bien plus sobrement que ceux de Discovery). Oui, les effets spéciaux en jettent (mais bon, c’est un peu le b.a.ba vu le budget pharaonique de production). Et, oui, le spectacle est "fun"... tant il est dans le vent (comme les feuilles mortes). Mais SNW 02x01 The Broken Circle fait son nid au détriment et au mépris le plus total du STU préexistant et plus particulièrement de ST TOS… qui devient rétrospectivement obsolète (et même ridicule) dès lors que l’on entérine la réalité de SNW.
Ce qui confirme une fois de plus que Strange New Worlds est simplement la version série des films Kelvin (2009-2016) propulsés par JJ Abrams (quoiqu’en pire), c’est-à-dire un parfait coucou, mais en bien plus faux cul... au fur et à mesure que la contrefaçon se perfectionne : chronologie compressée voire désincarnée, prequel foireux et vampirisant la série originale, facilités et incohérences produites à un rythme industriel, recast jeuniste systématique de ST TOS, personnages en perpétuelle auto-contemplation dont les postures auto-satisfaites se subrogent à toute substance, promotions sociales et professionnelles par seule voie de "coolitude" et de "funitude" sappy, immaturité narcissique valorisant la désinvolture et induisant l’irresponsabilité (par démagogie à l’attention d’un public TikTok), check list de la branchouille suiviste (gerbant !), continuum conspirationniste en toile de fond (non moins gerbant !)… MAIS (contrairement à Kelvin) sans jamais avoir l’honnêteté intellectuelle d’assumer une nouvelle timeline (pourtant tout autant incompatible avec l’originelle).
Bref, on peut certes prendre son pied en regardant SNW... mais à condition de supporter que les mêmes schémas narratifs — stéréotypés et passe-partout — soient inlassablement recyclés (modulo Ɛ) depuis 2009 (ChatGPT ferait-il mieux ?). À condition surtout d’oublier tout ce que l’on sait, de faire fi de tout ce qu’était vraiment Star Trek. Un peu ballot quand même lorsque — dans le même temps — le fonds de commerce du FakeTrek est précisément le nostalgia porn ! Un open bar de Memberberries (cf. South Park) à l’attention des amnésiques (volontaires) ? Cherchez la schizophrénie... ou le BDSM.

Check : le défi des 52 minutes chrono maximum pour rédiger cette turbo-critique a bien été relevé (auquel il faut cependant ajouter un temps de relecture et d’optimisation).

NOTE ÉPISODE

NOTE STAR TREK

BANDE ANNONCE





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