Il était une fois les séries : La carrière de Lee Majors

Date : 26 / 03 / 2023 à 09h00
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LEE MAJORS

Lee Majors est une star du petit écran des années 80. De son vrai nom Harvey Lee Yeary (né le 23 avril 1939 à Wyandotte, Michigan, USA).
Il a été notamment marié à Farrah Fawcett (L’Âge de Crystal, Saturn 3, l’Equipée du Cannonball, Extremities au cinema et Jinny de mes rêves, l’Homme qui valait 3 milliards, Drôles de dames, L’Homme qui tombe à pic, Autopsie d’un Crime et Spin City à la TV) de 1973 à 1979.

Après des études sportives, il se blesse au dos lors d’un match de football américain, et se tourne ensuite vers le théâtre, puis commence sa carrière à la TV à 25 ans en jouant dans des séries de Western qui pullulent à cette époque (Gunsmoke, La Grande Vallée, Le Virginien).

Mais c’est surtout avec le rôle du Colonel Steve Austin dans L’Homme qui valait 3 milliards (1973-1978) qu’il se fait connaître du grand public. Suis très vite le rôle de Colt Seavers dans L’Homme qui tombe à pic (1981-1986).

Il ne retrouvera ensuite jamais son lustre d’antan, bien qu’il apparaisse par à-coups dans des séries jusqu’à aujourd’hui (La Croisière s’amuse, L’Enfer du Devoir, Raven, Walker, Texas Ranger, Will et Grace, The Game, Grey’s Anatomy, Les Experts : Manhattan, Dallas, Ash vs. Evil Dead, La Fête à la maison : 20 ans après, Magnum PI…) et dans des téléfilms revival de L’Homme qui valait 3 milliards (en 1987, 89 et et 94).
Il ne perça jamais vraiment au cinéma, même quand il était le producteur de ses propres films (comme dans Des nerfs d’acier en 1979).

Mais, on ne lui rendrait pas hommage en se contentant d’ânonner une liste de faits, comme un wiki.
Alors, prenez un verre de Tang et un Raider, installez-vous dans votre canapé et remémorons-nous, ensemble, le caractère particulier de deux de ses séries notables.

L’HOMME QUI VALAIT 3 MILLIARDS

- Type : Science Fiction
- Titre Original : The 6 Million $ Man
- Diffusion USA : ABC (1973-1994
- 1ère Diffusion France : TF1 (1975)
- Épisodes : 9 x 90 + 97 x 47 minutes
- Créée par : Kenneth Johnson
- Producteur Exécutif : Harve Bennett
- Production : Universal Television
- Musique : Olivier Nelson
- Interprètes : Lee Majors, Richard Anderson, Martin Balsam, Martin E. Brooks

L’homme qui valait 3 milliards (conversion en anciens francs des 6 millions de dollars du titre original), c’est d’abord le meilleur générique de l’histoire de la TV.

Steve Austin, astronaute. Un homme tout juste vivant. Messieurs, nous pouvons le reconstruire, nous en avons la possibilité technique. Nous sommes capables de donner naissance au premier homme bio-ionique. Steve Austin deviendra cet homme : il sera supérieur à ce qu’il était avant l’accident. Le plus fort, le plus rapide... En un mot, le meilleur !

Œuvre de Jack Cole (qui avait déjà œuvré sur les génériques de L’Homme de Fer, Le Virginien et Dossiers Brûlants) et utilisant de véritables images de crash ou rush de stock-shots, et véritables dialogues de communication de la NASA redoublés en post-synchro sur une musique jazzy d’Oliver Nelson, saxophoniste qui a joué avec Duke Ellington.

On sait alors, en seulement 90 secondes, toute l’histoire du pilote d’essai Steve Austin, de son accident et de sa reconstruction cybernétique (dite bionique ou bio-ionique). Ses jambes lui permettent de courir à plus de 100 km/h, et de sauter à plus de 10m de haut, son bras possède la force d’un vérin hydraulique et son œil agit comme un zoom en lui donnant la vue d’un aigle.

Il œuvrera dès lors pour l’OSI, une organisation proche du gouvernement, en tant que super-agent sous la direction d’Oscar Goldman et la supervision technique du Dr. Rudy Wells, en paiement de sa coûteuse remise en forme.
Il ne faut pas se mentir, les effets spéciaux ont bien vieilli de nos jours.

Mais, nous sommes à l’époque, avec vos yeux d’enfant, et nous admirons la course hyper-rapide (ironiquement simulée par un lourd ralenti) que vous aviez le bonheur d’imiter dès lors qu’il s’agissait de courir à l’école, mais aussi la force surhumaine que vous rêviez d’avoir. La super-vue paraissait moins glamour, mais vous utilisiez ce petit plus de temps en temps, au moins pour être fidèle à votre série préférée du moment. Et vous n’étiez pas le seul, car vous saviez qu’à la récréation tous les garçons allaient singer l’épisode du week-end, allégeant la charge de ces satanés lundis de 1975.

Cette année-là, en France, l’ORTF a laissé place à 3 chaînes (TF1, Antenne 2 et FR3), Valéry Giscard d’Estaing est président de la République, le mensuel Fluide Glacial est créé, la dernière DS est fabriquée chez Citroën, et la carte orange est proposée à tous les usagers des transports en commun de Paris et sa banlieue.
Pierre Fresnay, Pierre Dac et Mike Brandt nous quittent.
À la télévision, Les Visiteurs du mercredi, Apostrophes, Automoto, Le Petit Rapporteur, Thalassa, Stade 2, Cosmos 1999 connaissent leur première diffusion et 24 heures à la Une sa dernière.
Les boîtes de bonbons Quality Street passent la Manche. Au rayon des jouets, L’arbre magique de Vulli, le Parking Shell, les Playmobils Cowboys et Indiens, le circuit Rallye Jouef et le jeu de société La Bonne Paye font fureur.

En ce qui concerne L’Homme qui valait 3 milliards, d’abord double diffusé sur Antenne 2 (1977-1978), puis double diffusé sur TF1 (1980 -1982), puis diffusé sur La Cinq à partir de 1988, personne n’y échappera.

En plus de l’aspect physique impressionnant, ce sont aussi les bruitages qui rendaient "plausible" la chose : le thème du générique réutilisé lors de la course, mais surtout le décuplé lorsque Steve Austin soulevait une charge ou le ressort quand il sautait par-dessus un obstacle. Et vous faisiez fureur auprès de vos camarades en les imitant à la perfection !

Les ennemis n’avaient qu’à bien se tenir, en plus de bandits, miliciens, voyous, braqueurs et malfrats habituels, vous vous souviendrez des plus redoutables, dont Maskatron (un robot pouvant changer de visage et prendre l’apparence des connaissances ou même de Steve Austin lui-même), et leurs homologues féminins, les femmes robots, ou encore l’extra-terrestre Big Foot et les scientifiques Niosynthenics (une forme avancée de la technique bionique) ou le second homme bionique (avec les deux bras cybernétiques, plus cher, mais instable mentalement) qui apparaîtront tous dans différents épisodes.

Et que dire de la femme bionique, Super Jaimie, interprétée par la fantastique Lindsay Wagner, qui apparut dans la saison 2 et devait y mourir, pour réapparaître plus tard sous la pression des fans en colère et qui connut sa propre série spin-off. Les filles pouvaient ainsi pleinement s’identifier à une héroïne dont la douceur n’avait d’égale que le sourcil toujours sérieux de Steve Austin (elle possède les mêmes pouvoirs ou presque, remplaçant l’œil par une oreille bionique).

Pour les histoires, d’abord inspirées du roman Cyborg de Martin Caidin, elles s’en détachent vite afin d’éloigner Steve Austin de l’espion typé James Bond. On y retrouvera souvent des ambiances proches de Chapeau Melon et Bottes de cuir ou de La Quatrième dimension (inventions diaboliques, savants fous, problèmes d’identité ou de santé mentale, amnésie, situations ubuesques, doubles maléfiques, mystères à percer…)

On y croisait des acteurs devenus célèbres, comme Farrah Fawcett , Kim Basinger (9 semaines ½, Batman), William Shatner (Star Trek, Hooker, Boston Justice), Erik Estrada (Chips), ou le catcheur français André The Giant.

Les super-pouvoirs (et c’est une spécificité de la série), n’étaient pas utilisés que dans les périodes d’affrontement, mais aussi dans la vie de tous les jours, ce qui faisait de l’homme bionique un personnage attachant, relié à tout jamais au charisme de son interprète (alors que des remakes au cinéma ont souvent été annoncés).


L’HOMME QUI TOMBE A PIC

- Type : Aventure
- Titre Original : The Fall Guy
- Diffusion USA : ABC (1981-1986)
- 1ère Diffusion France : A2 (1982)
- Épisodes : 113 x 47 minutes
- Créée par : Glen A. Larson
- Producteur Exécutif : Glen A. Larson
- Production : Glen A. Larson Production, Century Fox Television
- Chanson : Glen A. Larson
- Interprètes : Lee Majors, Douglass Barr, Heather Thomas

Imaginez que vous avez environ 10 ans en 1982, et que vous assistez à la première diffusion sur Antenne 2, de cette série.

En France, cette année-là, à la télévision, le Pr. Choron se bat avec des lycéens en direct lors de l’émission Droit de réponse présentée par Michel Polac, Michel Sardou est le premier invité de l’émission Champs-Elysées, les émissions Platine 45, Les Enfants du rock, Cinéma - cinémas, Mardi Cinéma, La Dernière séance, l’heure de vérité, le Petit Théâtre de Bouvard, l’Académie des neuf, Gym Tonic, Le Bébête Show connaissent aussi leur première diffusion, tout comme Télétactica, Arnold et Willy, Tom Sawyer, et Les Mystérieuses Cités d’Or. Les émissions pour la jeunesse Les Visiteurs du mercredi et L’île aux enfants s’achèvent.

Le Tubble Gum, le chewing-gum en tube, est lancé par Lutti. Les figurines Les Maîtres de l’Univers, les mains collantes, Luxi la Luciole, et l’ordinateur de jeu Commodore 64 sont réclamés par tous les enfants.

Dans les rues, on assiste à la première Fête de la Musique, Jean-Loup Chrétien est le premier astronaute français à être envoyé dans l’espace, le premier bébé éprouvette nait, le minitel est disponible pour tous.

Romy Schneider, Patrick Dewaere, Pierre Mendès France, Jacques Tati et Louis Aragon décèdent.

Vous découvrez alors, Lee Majors dans sa nouvelle série, où il incarne Colt Seavers, cascadeur et chasseur de primes à ses heures perdues.

Vous ne le saviez pas (et vous vous en fichiez), mais cette série est l’œuvre du scénariste et producteur Glen A. Larson, alors pilier de la série américaine (à qui l’on doit aussi Magnum, K2000, Opération Danger, Galactica, Buck Rogers, Manimal… rien que ça !)

Ce qui saute aux yeux d’un spectateur de l’époque, c’est l’humour un peu grossier (les regards sur les femmes sont plus qu’insistants, Seavers prend son bain dans une baignoire extérieure en charmante compagnie…), ainsi que l’action omniprésente (bagarres et poursuites dantesques, sauts dangereux…) et toujours à la limite de la blessure des protagonistes, souvent burlesques.

On y retrouve des clins d’œil ou des parodies du film de genre (Espionnage, Western, films de guerre, comédies musicales, Science Fiction, Horreur…)

Plus que dans L’Homme qui valait 3 milliards, le héros est ici épaulé par des faire-valoirs très efficaces :

Howie, interprété par Douglas Barr (aussi dans Le Magicien), est un cousin maladroit, qui commet toutes les erreurs possibles avec pourtant une fausse assurance, quand il prend la chance au bon de montrer ses talents d’apprenti.

Jody, interprétée par la magnifique Heather Thomas, servira surtout de distraction aux yeux des malfrats qui en deviendront encore plus bêtes.

Les scènes où elle apparaît en bikini ont tout autant médusé les spectateurs mâles de l’époque.

On y croisera un nombre incroyable de guest stars (Tony Curtis, James Coburn, Paul Anka, David Carradine, Roy Rogers, Richard Burton, Tom Selleck, Heather Locklear et Linda Evans, entre autres).

Parmi les épisodes cultes, on retiendra celui où Lou Ferrigno incarne son propre rôle en Incroyable Hulk par exemple, mais surtout, on s’imprégnera de la naïveté de l’époque, qui a malheureusement totalement disparue de nos jours.

Notez qu’une adaptation cinématographique est prévue en 2024, avec Ryan Golsing et Emily Blunt.

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