The Florida Project : La critique
“Une version contemporaine des Petites Canailles. C’est comme ça que je décris The Florida Project en général", explique Sean Baker.
"Pour ceux qui s’en souviennent, cette série de courts-métrages des années 20 et 30 parle d’enfants de familles pauvres pendant la Grande Dépression.
Mais leurs origines modestes ne constituent qu’une toile de fond : les courts-métrages s’attachent essentiellement à leurs aventures, drôles et piquantes..." poursuit le réalisateur qui nous livre un joli film, coloré, agréable à regarder, en dépit du fond plutôt triste de l’histoire.
The Florida Project se déroule dans la banlieue d’Orlando, capitale mondiale du divertissement, abritant le célèbre “Royaume enchanté“ de Disney. L’autoroute qui dessert les parcs à thèmes et les hôtels-clubs est bordée de motels autrefois fréquentés par les touristes et désormais pris d’assaut par des familles sans abri.
De fait le contraste entre les décors enchanteurs des motels, devenus leurs refuges, plutôt bon marché, mais qu’il faut payer tout de même et les situations précaires de leurs occupants, pose la question de la misère sur un mode inattendu. Comme le dit Aznavour dans l’une de ses chansons, "la misère est moins triste au soleil"...
Et c’est vrai que les journées des "petites canailles" de Baker, sentent bon les vacances et les virées entre copains. Jusqu’à ce que le drame rattrape la comédie...
Une interprétation tout en émotion, mais qui ne verse jamais dans le pathos habille cette sorte de fable contemporaine au sujet grave. La crise d’aujourd’hui n’ayant rien à envier à celle des années trente. La crise des "subprimes" notamment qui a mis beaucoup de gens à la rue, est venue gonfler le nombre des sans-abris, au pays de la richesse, dans une conjoncture qui voit de plus en plus le fossé entre les plus riches et les plus pauvres se creuser inexorablement.
Sérieux mais pas larmoyant, le scénario pointe la difficulté de ces personnes à vivre décemment, en essayant de ne pas les stigmatiser. Et montre la belle part d’humanité qui anime "les aidants". Le personnage de Bobby le gérant du motel, incarné avec brio par Willem Dafoe est un exemple parlant. Lui-même tiraillé par ses propres problèmes, il veille sur cette population fragile, qu’il considère un peu comme sa famille.
Un beau film, qui arrive à raconter une histoire triste avec légèreté. Touchant.
SYNOPSIS
Moonee a 6 ans et un sacré caractère.
Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney world, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents.
Ses incartades ne semblent pas trop inquiéter Halley, sa très jeune mère.
En situation précaire comme tous les habitants du motel, celle-ci est en effet trop concentrée sur des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien…
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 51
Titre original : The Florida project
Date de sortie : 20 décembre 2017
Réalisateur : Sean Baker
Scénaristes : Sean Baker, Chris Bergoch
Interprètes : Willem Dafoe, Caleb Landry Jones, Bria Vinaite, Brooklynn Kimberly Prince, Valeria Cotto
Photographie : Alexis Zabé
Montage : Sean Baker
Musique : Matthew Hearon-Smith
Costumes : Fernando A. Rodriguez
Décors : Stephonik Youth
Producteur : June Pictures
Distributeur : Le Pacte
LIENS
PORTFOLIO
Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.