L’Étrange Festival : 2017 était un grand cru

Date : 05 / 09 / 2018 à 08h30
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Unification


La 24ème édition de l’Etrange Festival va ouvrir ses portes. Si vous n’avez jamais eu l’occasion de fréquenter cet évènement, voici un récapitulatif de l’édition précédente à travers un avis rapide de la trentaine de films que j’ai eu l’occasion de découvrir sur les 80 présentés. Il faut aussi savoir qu’il est possible de voir des dizaines de courts métrages, ce qui est bien agréable lorsque l’on aime ce format malheureuses rarement visible sur grand écran.

Les films sont classés par ordre alphabétique dans chacune des catégories leur correspondant.

FILMS EN COMPÉTITION

9 doigts (FJ Ossang) :

9 doigts bénéficie d’une magnifique photographie en noir et blanc très léchée et d’un formidable travail sur le son. On suit principalement un huit clos de plusieurs personnes sur un bateau porte-conteneur, et l’interprétation est très correcte, malgré des textes pas toujours passionnants à écouter et une mise en scène parfois un peu trop théâtrale. Néanmoins, la quasi-absence d’un véritable scénario rend rapidement l’histoire pénible à supporter, surtout sur 1 h 45. C’est donc un film français à réserver aux adeptes du réalisateur, les autres spectateurs pourraient bien trouver le temps très long devant cet exercice pseudo-philosophique épuré.


A Day (Sun-ho Cho) :

A Day est une vraie bonne surprise. Ce film coréen utilise la boucle temporelle comme trame de son intrigue, mais réussi à se renouveler et à tenir le spectateur captif en insérant dedans un véritable thriller dont les rebondissements tiennent en haleine. De plus, la réalisation est bien faite, les personnages intéressants à découvrir et les effets spéciaux impeccables. J’espère que le film trouvera un diffuseur français, au moins pour une sortie en DVD, tant ce dernier est un bon film de science-fiction fonctionnant très bien.

Attacks of the Adult Babies (Dominic Brunt) :

Attacks of the Adult Babies est un film satirique et potache anglais mettant en scène des hommes puissants retournant en enfance et aux bons soins de baby-sitter étranges le temps d’un weekend. Mais l’intrusion illégale d’une famille va servir de déclencheur à toute une série de confrontations à la létalité parfois originale. Si quelques situations sont vraiment drôles et la nurse en chef formidable, l’œuvre ne fait pas tant rire, car n’assumant pas certaines situations jusqu’au bout. On passe néanmoins un moment de détente plaisant devant cette critique grinçante de notre société tourné dans les beaux lieux dans lesquels la série Downton Abbey a failli avoir lieu.


Avant que nous disparaissions (Kiyoshi Kurosawa) :

Avant que nous disparaissions n’est pas le meilleur film de Kiyoshi Kurosawa, mais malgré quelques longueurs, il a de véritables qualités cinématographiques. Le scénario tourne autour d’une invasion extraterrestre dans laquelle 3 éclaireurs doivent préparer le terrain. Loin d’un blockbuster aux effets spéciaux pyrotechniques, c’est une œuvre presque intimiste devant laquelle on se retrouve. Le grand intérêt de l’histoire repose sur les notions humaines comme la famille, l’amour... que les étrangers doivent appréhender. Avec un casting impeccable, un bel art de la mise en scène, et une très jolie histoire d’amour, les 2 heures du film passent très vite.

Bitch (Marianna Palka) :

Bitch est une critique intéressante de notre société et de la façon dont les femmes au foyer sont considérées. L’héroïne, devant s’occuper de ses enfants et de son mari sans reconnaissance, se transforme un beau jour en chienne, pas physiquement, mais mentalement. Son mari est alors obligé de revoir entièrement sa conception du monde. La réalisatrice Marianna Palka interprète aussi fort bien le personnage principal et a donné le rôle de son mari à son vrai époux. Leur histoire fonctionne très bien à l’écran et donne à méditer devant cette fable amusante et grinçante.

Cold Hell (Stefan Ruzowitzky) :

Cold Hell est un très bon film du réalisateur autrichien Stefan Ruzowitzky, réalisateur des très bons longs métrages d’horreur Anatomie 1 et 2. C’est vers le thriller qu’il se tourne en faisant poursuivre une jeune chauffeuse de taxi d’origine turc et travaillant en Allemagne par un serial killer. Cette confrontation ne va évidemment pas tourner d’une façon attendue et l’œuvre trace un portrait subtil de l’immigration, la tradition, la religion et la maltraitance. Les portraits des personnages sont très bien faits et le film est vraiment captivant. À voir sans hésiter si vous en avez l’occasion.


Firstborn (Aik Karapetian) :

Firstborn est un film qui s’inspire de Rosemary’s Baby, mais qui reste malheureusement trop classique et n’apporte pas de surprise pour ceux qui ont vu des œuvres similaires. Suite à une agression dans la rue d’un couple, la tentative pour retrouver le voleur du mari va l’entraîner dans des évènements de plus en plus néfastes. Le long métrage se laisse bien suivre, mais le final trop convenu laisse un sentiment d’inachevé. C’est un peu dommage, néanmoins le réalisateur Aik Karapetian est clairement à suivre.


Housewife (Can Evrenol) :

Housewife est la longue plongée en enfer d’une femme au foyer qui va se retrouver confrontée à une secte. Le réalisateur Can Evrenol sait vraiment créer des ambiances horrifiques. Mais ce qui marche dans un court métrage comme Baskin ne fonctionne pas sur la durée. Tout comme son long métrage précédent, l’adaptation longue du court-métrage suscité, il ne sait pas finir ses films, et la partie finale tombe vite dans le n’importe quoi cauchemardesque en s’achevant en queue de poisson. C’est toutefois un réalisateur que je continuerais à suivre, car quand il réussira à avoir un scénario se tenant du début à la fin, son œuvre sera clairement marquante.


Kuso (Flying Lotus) :

Kuso veut dire merde en japonais, et annonce clairement la couleur. Dans une Terre post-apocalyptique, on suit des survivants dans des sketches se croisant parfois. L’œuvre propose de l’expérimental intéressant, d’autant que la bande sonore est vraiment agréable à écouter. Néanmoins, l’abondance de merde, vomis et sperme fatigue vraiment à la longue et si certains passages sont intéressants, ces excréments omniprésents donnent plus le haut-le-cœur que l’envie de rire. En tout cas, la séquence coïtale finale est d’anthologie et renvoie celle marquante post-générique de Frère de sang 3 chez les petits joueurs.

La lune de Jupiter (Kornel Mundruczo) :

Grande déception que ce La lune de Jupiter. J’avais malgré quelques défauts et des longueurs, beaucoup appréciée son œuvre précédente White God, aussi j’attendais sans doute trop de son long métrage suivante. On y découvre un jeune migrant qui après s’être fait tirer dessus se met à avoir la capacité de voler. Ce dernier se retrouve sous la tutelle d’un médecin corrompu voulant utiliser ses dons pour se remplir les poches. Il faut avouer que les scènes aériennes sont remarquablement faites et marquent durablement l’esprit. L’étrange duo fonctionne bien, tout comme l’inspecteur les traquant. Si la façon de traiter l’immigration est très bien menée, le positionnement religieux devient de plus en plus lourd au fil de l’intrigue. Le réalisateur n’a d’ailleurs pas vraiment su finir un long métrage dont il a perdu la maîtrise sur la fin.
Le film a eu le Prix Nouveau genre décerné par Canal +.

Les bonnes manières (Juliana Rojas & Marco Dutra) :

Les bonnes manières est vraiment une excellente surprise. Ce magnifique conte moderne brésilien est d’une poésie crépusculaire poignante. Le parti-pris assumé de l’histoire se déroulant en deux actes séparés de 7 ans et dont une magnifique chanson centrale retrace les évènements manquants est clairement envoûtante. On y découvre une infirmière noire s’occupant d’une jeune femme blanche riche en proie à des crises de somnambulisme. L’ambiance de l’histoire, les surprises qu’elle réserve, sa profonde humanité et la cruauté de la vie en font un long métrage à voir absolument. C’est un beau coup de cœur, d’autant que l’interprétation des deux actrices est magistrale.
Le film a eu le Prix du public du festival.


Les garçons sauvages (Bertrand Mandico) :

Cela faisait 3 ans que j’attendais le premier long métrage de Bertrand Mandico. Ce génie de l’expérimental montre avec talent que cet art du cinéma peut raconter une histoire tout en offrant une immersion visuelle incroyable. Son Les garçons sauvages est évidemment clivant, un grand nombre de spectateurs risquent de ne pas apprécier le fond et la forme et de ne pas rentrer dedans. Pour ma part, je le considère comme un chef d’œuvre qui en une seule vision est devenu culte pour moi. Le film a eu le prix de la technique à la semaine de la critique internationale de Venise 2017 et au vu de la virtuosité des images, du brio de la mise en scène et de l’imagination des séquences, c’est amplement limité. On suit une bande de jeunes adolescents qui pour punition doivent naviguer sur le bateau d’un étrange capitaine qui les conduit sur une île étonnante. Contrairement à ce que laisse entrevoir le premier tiers de l’histoire, l’œuvre recèle de nombreuse surprises et un propos très antipatriarcal. Quant à l’interprétation, elle est tout simplement époustouflante et le choix d’avoir pris des actrices pour interpréter ces garçons se révèle génial, d’autant qu’elles font une prestation tellement bonne qu’on en vient à douter qu’elles soient de vraies femmes, ce qui mélange encore plus un récit ou sexualité et genre sont étroitement imbriqués.


Lowlife (Ryan Prows) :

Un catcheur mexicain, un trafic d’organes, de la prostitution d’immigrés clandestin, une mère ayant abandonné son enfant, une femme enceinte, un ex-taulard sont quelques-uns des éléments que l’on retrouve dans le film. En effet, toutes ses activités illégales sont sous la coupe de fer d’un homme bien peu recommandable dont la pratique est exposée lors d’une séquence d’ouverture magistralement glaçante. Le film, malin est soigneusement déconstruit, offrant plusieurs points de vue, est agréable à voir et réserve quelques passages forts drôles. Ce serait dommage de passer à côté de cette œuvre si elle a la chance d’être visible en France.


Mon Mon Mon Monsters (Giddens Ko) :

L’un de mes films préférés de l’édition précédente était l’incroyable et dérangeant The Tenants Downstairs dont Giddens Ko avait signé le scénario avant de passer derrière la caméra pour l’excellent Mon Mon Mon Monsters. Cette œuvre de genre taïwanaise présente le monstre d’une nouvelle façon tout en critiquant acerbement la société taïwanaise. Amusant et perturbant, on découvre un jeune adolescent souffre-douleur de sa classe qui va se devenir ami avec ces derniers lors de la rencontre avec un monstre qu’ils vont essayer d’apprivoiser cruellement. Cette fable moderne, drôle, caustique et corrosive est la parfaite démonstration que le monstre n’est pas toujours la créature la plus démoniaque. Bien fait et passionnant à suivre.

Replace (Norbert Keil) :

Une jeune femme voit sa peau se dessécher et découvre qu’en se greffant de la peau d’autres femmes, elle s’auto-régénère. Cette dernière va donc se mettre à traquer des jeunes femmes, alors que sa voisine et elle se rapproche de plus en plus. L’œuvre est une belle démonstration de la vanité humaine et de la quête de jeunesse éternelle. Très léchée et reposant sur un fort bon trio d’actrices, le long métrage est spectaculaire et rend esthétiques des passages peu ragoûtants. Néanmoins, le récit souffre de longueurs et de redondances qui l’alourdissent. Heureusement, un final bien trouvé renforce vigoureusement une attention qui s’étiole.


The Family (Rosie Jones) :

The Family est un remarquable documentaire présentant une secte australienne et le traitement qu’elle a infligé aux enfants sous son égide dans les années 70 et 80. Ce dernier est parfaitement construit et se regarde comme un véritable polar noir glaçant d’une cruauté et d’une horreur extrême. La réalisatrice Rosie Jones filme parfaitement son sujet et donne aussi bien la parole aux anciens enfants qui ont bien grandi qu’aux membres toujours dans la secte et défendant cette dernière. Le film est franchement passionnant à regarder et on suit avec intérêt l’enquête menée par la police pour sauver les enfants et dont les principaux protagonistes nous narrent les éléments. Le montage judicieux de documents d’époque et d’interviews en fait vraiment un long métrage à voir.

Thelma ( Joachim Trier) :

Thelma est un très bon film nordique qui n’est pas sans rappeler Carry de Stephen King et son adaptation éponyme par Brian De Palma. Une jeune fille quitte son environnement familial très religieux et contrôlé pour aller faire ses études universitaires à Oslo. Cette dernière va se lier d’amitié avec une autre étudiante et se retrouve à faire d’étranges crises d’épilepsie. Le long métrage présente des éléments classiques de ce type de film : éveil à la sexualité, apprentissage de la liberté, remise en question de ses croyances et habitudes. Néanmoins le traitement très original apporté, associé à une photographie magnifique et fort léchée en font une œuvre à vraiment découvrir. D’autant que rapidement elle oblique vers le thriller et le fantastique et que son interprétation, notamment par l’héroïne, est superbe.

The Marker (Justin Edgar) :

The Marker est un vraiment intéressant film de rédemption. En effet, un jeune homme tue par inadvertance une femme toxicomane et va pendant 8 ans en prison. À sa sortie, il va rechercher la fille de cette dernière pour la protéger, d’autant qu’elle se retrouve au milieu d’une sordide affaire. Si le traitement de l’histoire est classique, et l’interprétation convaincante, c’est vraiment par la relation entre l’homme et sa victime qui apporte toute sa poésie à une histoire crépusculaire. Car ce dernier la voit en permanence et si le film ne tranche jamais entre fantastique et étude psychologique, les actes de l’antihéros sont portés par cette étrange symbiose.

Ugly Nasty People (Cosimo Gomez) :

Après un remarqué Jeeg Robot vainqueur ex-æquo du Prix du public de l’édition 2016, Ugly Nasty People offre un nouveau film de genre italien grinçant et carrément méchant comme l’annonce son titre français Affreux et méchants. Annoncer un nom pareil est évidemment une référence non voilée à l’excellent Affreux, sales et méchants. Un homme sans jambe, sa femme sans bras, leur colocataire drogué et au cerveau anesthésié et un nain décident de braquer une banque pour voler l’argent de la mafia. Bien entendu, le partage de l’argent va poser problème et les trahisons fleurir. Le long métrage manie très bien l’humour noir et égratigne salement tout le monde à l’exception d’une prostituée au grand cœur incarné par l’un des deux acteurs français de l’histoire. Une très bonne œuvre faisant bien rire.


NOUVEAUX TALENTS

Doubleplusungood (Marco Laguna) :

Doubleplusungood est un film réalisé avec un budget vraiment réduit, provenant en grande partie d’une souscription kickstarter, qui exploite bien cela et s’en sort pas mal. Un homme part en croisade contre les antéchrists afin de les éliminer. Le long métrage est déconstruit montrant des indices sur les morts à venir à l’écran, notamment par le biais de la radio. On attend donc les séquences permettant de comprendre la raison d’exécution de tels individus. Le long métrage bénéficie d’une bande sonore bien agréable, qui est d’ailleurs disponible, d’une bonne interprétation et de voitures vintages qui sont parfois bien malmenées.


Friendly Beast (Gabriela Amaral Almeida) :

Friendly Beast est un thriller brésilien un peu décevant, mais néanmoins intéressant à suivre malgré quelques longueurs. Un restaurant est braqué en fin de journée. Le restaurateur ne se laisse pas faire et capture les agresseurs avant d’enfermer tout le monde dans les locaux. Bien évidemment, cette situation va progressivement se dégrader et la nature humaine va se dévoiler dans toute sa triste splendeur. Bien réalisé, mais ayant des longueurs, quelques scènes sont intenses et le final haletant.


Game of Death (Sebastien Landry & Laurence Morais-Lagace) :

Game of Death est un teenage slasher amusant qui offre quelques bons passages, mais choisit vite la voie de la facilité. Une bande de jeunes étudiants bourgeois américains font une fête où ils boivent et se droguent consciencieusement. Après la découverte d’un étrange jeu portant le nom énigmatique du jeu de la mort, ils se décident à lancer une partie. Ce qui est évidemment une mauvaise idée, car le jeu désigne un nombre de personnes à exécuter et tant que ce chiffre n’est pas atteint, si les joueurs ne participent pas et n’abattent pas une cible dans le temps imparti, ils sont éliminés les uns après les autres. Le long métrage souffre d’une section moyenne un peu trop longue, mais les bruitages du jeu sont amusants à entendre régulièrement et l’œuvre se laisse regarder avec plaisir.

MONDOVISION

Death Row Family (Yuki Kobayashi) :

Death Row Family est un film japonais basé sur l’histoire vraie d’une famille de yakusas dont tous les membres ont été condamnés à mort, une sentence judiciaire toujours appliquée au Japon. Le réalisateur Yuki Kobayashi, bien barré en vrai comme le montre la rencontre ci-dessous ou il étranglait sur scène des spectateurs volontaires, reste un peu trop sage dans son histoire qu’il ne filme pas toujours très bien. Ses personnages sont vraiment allumés, surtout son protagoniste principal, et l’intrigue tire sur le burlesque, mais reste parfois brouillonne. Le réalisateur a décidé de raconter son histoire d’une façon humoriste qu’il ne maîtrise pas complètement. Néanmoins le long métrage reste plaisant à découvrir.


Kodoku : Meatball Machine (Yoshihiro Nishimura) :

En bonne fan du réalisateur japonais déjanté, et superbe créateur d’effets spéciaux non-numériques, Yoshihiro Nishimura, je ne pouvais manquer sa dernière œuvre. Et clairement, je n’ai pas été déçue. Une sorte de dôme isole un quartier de Tokyo dans lequel les gens vont se mettre à muter suite à leur symbiose avec un parasite belliqueux. Mais un salarié et une troupe bizarre issue de la police vont tout faire pour sauver des innocents. Le film est vraiment jubilatoire, va très loin tout en s’assumant parfaitement et fait franchement rire. Les transformations sont spectaculaires, surtout quand on sait que le long métrage a dû avoir un budget ridicule, et les prothèses sont incroyables. C’est donc un film où tout le monde en prend plein la figure, sans compromis et vraiment corrosif. Que l’on en apprécie ou non l’outrance, c’est du cinéma !

Sweet Virginia (Jamie M.Dagg) :

Sweet Virginia est un film américain propre et bien fait, mais trop long et finalement peu intéressant. On y suit la petite vie rangée d’un tenancier de motel, ancien cowboy de rodéo, qui va sympathiser avec un de ses locataires. Mais ce dernier, exécutant un contrat, va assassiner 3 notables de la bourgade et va devoir attendre que son employeur le paye pour son contrat. L’histoire tourne assez vite en rond et les personnages semblent anesthésiés par l’ambiance tranquille de la petite ville. Si l’histoire d’amour au cœur du récit est très belle, le film n’apporte pas grand chose au genre et fera plutôt des heureux chez les amateurs de thriller lent, de description de la vie d’un lieu isolée et de relations liant les personnes entre elles.


The Misandrists (Bruce la Bruce) :

Bruce la Bruce est un réalisateur underground bien connu pour ses films à la limite de la pornographie mettant en scène des hommes. Cette fois, il s’attaque aux femmes en montrant une étrange école tenue par des sœurs prenant en charge des délinquantes et prônant la domination féminine du monde. Le long métrage est amusant et n’oublie pas de glisser de nombreuses scènes érotiques entre femmes. Mais c’est vraiment la galerie de personnages et surtout la "mère supérieure" qui fait rire, d’autant que si le discours est outrancier, il n’en a pas moins un fond de vérité. Un message que le réalisateur veut clairement faire passer. Une séquence choc pourrait bien traumatiser les hommes, mais l’ambiance reste à la bonne humeur et les amateurs s’amuseront bien à découvrir ce véritable ovni.

The Villainess (Jung Byung-gil) :

The Villainess est un très bon film coréen sorti en DVD et Blu-Ray. On y découvre une tueuse plus qu’efficace, qui tient parfaitement la comparaison avec John Wick, qui après une séquence d’introduction dantesque est recrutée par une agence la transformant en agent spécial. Le long métrage est en deux parties, présentant l’héroïne lors de sa formation, puis en agent dormant exécutant ponctuellement des missions. À part quelques séquences de combats pas toujours très lisible, Jung Byung-gil réalise un très bon film d’action mettant en scène des femmes fortes à l’instar d’un personnage principal porté par la vengeance et de sa chef très charismatique. Un spectacle vraiment agréable à regarder et à conseiller sans modération.

SÉANCES SPÉCIALES

Tokyo Vampire Hotel (Sono Sion) :

À l’Etrange Festival, il ne faut jamais rater la projection d’un des derniers films de Sono Sion, on ne s’y ennuie jamais. Tokyo Vampire Hotel est avant tout une série de 10 épisodes de 30 minutes produit par Amazon qui a demandé au réalisateur japonais de la mettre en scène. Ce dernier a tourné quelques scènes supplémentaires, une fin alternative et a demandé la permission de faire un film avec.

Bien sûr le long métrage a des ellipses, mais cet affrontement entre des vampires roumains et japonais avec une pauvre humaine damnée au milieu reste vraiment amusant à découvrir et donne une très grande envie de voir la série.


Une page folle (Teinosuke Kinugasa) :
Une page folle est un film de 1924 restauré. C’est aussi la parfaite démonstration de l’impact d’un long métrage des années après sa sortie. En effet, ce dernier a eu peu de succès en salle à son époque. La raison en revient à l’incroyable avant-gardisme dont il fait preuve et que ses contemporains n’ont pu apprécier. L’œuvre s’est retrouvée des années plus tard revendiquée par les impressionnistes, et c’est le fruit d’un bel hasard que des bobines originales ont été retrouvées pour permettre une si belle restauration. Le film doit sortir en vidéo, mais la production en DVD s’est arrêtée, car il semblerait que le texte l’accompagnant, ce dernier n’ayant pas d’encart de texte, aurait été retrouvé au Japon.
On y découvre une femme folle enfermée dans un asile dans lequel son mari essayant de l’en faire sortir s’est engagé comme homme à tout faire.
Le film est intense, montre des images saisissante et fait preuve d’une mise en scène étonnante. La musique créée spécialement pour sa sortie en DVD est clairement hypnotisante et apporte beaucoup au récit qui se dévoile devant nos yeux. C’est une véritable expérience cinématographique que l’on peut vivre en le regardant.


CARTES BLANCHES

Carte blanche à Marc Caro & Jean-Pierre Jeunet :

The American Way (Maurice Philippe) :

Ce film caustique des années 80 critique avec causticité et acerbité la société américaine de l’époque. On y découvre des anciens militaires du Viêtnam volant dans un ancien bombardier et piratant des émissions sur le territoire américain afin de passer leurs propres shows. L’acteur principal est très convaincant et la candidate aux élections présidentielles, qui n’est pas sans rappeler la future candidate Sarah Palin, est vraiment un personnage très drôle. La critique sociétale portée par le long métrage est malheureusement toujours d’actualité et donne encore à réfléchir.


FOCUS BORIS SZULZINGER

La honte de la jungle :

La honte de la jungle est un dessin animé adulte réalisé par Boris Szulzinger qui n’hésite pas à prendre Tarzan pour modèle et s’est attiré les ires de la famille de son créateur Edgar Rice Burroughs. Le héros, pleutre est maladroit doit sauver sa jeanne enlevée par une armée de Zombit. Oui, Zombit, c’est-à-dire des appareils génitaux mâles géants portant un casque de militaire et aux ordres d’une infâme sorcière. Le long métrage tape donc très souvent sous la ceinture et les allusions sexuelles fusent de toutes parts. 52 ans après sa sortie, l’œuvre garde une animation sympathique, des personnages colorés et un humour potache et vulgaire vraiment drôle, car n’hésitant pas à aller au bout de son mauvais goût.

Les tueurs fous :

Les tueurs fous est un film quasiment invisible de Boris Szulzinger, bien que ce dernier ne soit pas contre une ressortie, qui a défrayé la chronique lors de sa sortie en salle et a représenté aux oscars son pays, la Belgique. Le sujet traite d’un véritable fait divers s’étant déroulé dans les Yvelines. Deux jeunes hommes se sont mis à assassiner des gens aléatoirement, souvent pour le simple plaisir. Le procès des deux individus n’avait pas encore eu lieu quand le réalisateur a décidé de faire son film. Néanmoins, il a eu l’autorisation de mettre en scène son long métrage. Le film est fascinant et l’interprétation intense. Après son visionnage, on peut comprendre pourquoi chez certaines personnes, et réalisateurs, il a acquis un statut d’œuvre culte.


SITGES A 50 ANS

Angoisse (Bigas Luna) :

Angoisse est un très bon film espagnol d’horreur qui joue avec brio sur le principe du film dans le film. Une mère castratrice pousse son fils unique à commettre des meurtres et à collectionner les yeux de ses victimes. Néanmoins il s’agit de l’histoire d’un long métrage projeté dans une salle ou les spectateurs sont aussi bien fascinés que révulsés par ce qui se passe à l’écran. Mais la magie du cinéma fait que l’horreur va aussi s’installer au cinéma et que la frontière entre fiction et réalité va s’amenuiser de plus en plus. C’est clair que voir cette œuvre dans une véritable salle renforce l’angoisse du récit, mais c’est vraiment un film très bon qu’il faut absolument visionner quand on est amateur de films d’horreur originaux.

Cold Skin (Xaver Gens) :

Cold Skin est un excellent film de genre qui fait d’autant plus plaisir qu’il est français et que le cinéma de genre français a bien peu d’espace dans notre pays pour exister. Ce dernier est l’adaptation d’un roman espagnol La peau froide d’Albert Sanchez Pinol présentant une île isolée occupée par deux hommes, un météorologue et un gardien de phare, en lutte contre des créatures marines. Un étrange équilibre s’installe entre les 2 hommes alors que chaque nuit, des hordes d’étranges monstres humanoïdes aquatiques essayent de les éliminer. Les effets spéciaux sont vraiment convaincants, tout comme les acteurs qui portent le film sur leurs épaules. L’œuvre est une belle étude psychologique et un appel à la tolérance qui ne peut laisser indifférent. Vivement sa sortie en salle, car le long métrage mérite vraiment d’être vue sur grand écran !


El Ataud de Cristal (Haritz Zubillaga) :

El Ataud de Cristal est un huit clos horrifique dans lequel une actrice célèbre en route pour recevoir un prix pour sa carrière se retrouve captive de la limousine dans laquelle elle se trouve. Cette dernière est obligée de se soumettre aux ordres de plus en plus pervers de son mystérieux ravisseur. La comédienne fait une prestation plus que convaincante, mais le long métrage a un scénario prévisible et les motivations du criminel paraissent quelque peu légers. On passe toutefois un sympathique moment en compagnie d’une femme n’ayant pas froid aux yeux.


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Etrange Festival 2017


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