[Théâtre] Derrière les montagnes : La critique

Date : 21 / 05 / 2016 à 07h48
Sources :

Unification


Derrière les montagnes est une pièce surprenante et d’une grande densité qui est fort réussie.

On y découvre deux acteurs, rien de bien étonnant. Ces derniers sont assis sur des cubes lumineux, ne bougent quasiment jamais et n’interagissent ensemble que bien après que la pièce ait commencé, alternant les prises de parole en s’adressant au public. Un ensemble qui pourrait paraître rébarbatif sans la très grande qualité du texte et la puissance des acteurs.

En effet, le récit est âpre et sombre, mais il captive et entraîne le spectateur au cœur d’une histoire de famille poignante et hypnotisante.

C’est l’histoire d’une mère et de son fils adoptif qui racontent leur vie. Une existence parsemée d’embûches, de douleur et d’évènements dramatiques. Mais malgré une grande noirceur, l’histoire s’écoute parfois en apnée et prend viscéralement aux tripes.

La progression de l’intrigue est parfaitement menée. Les diverses ellipses temporelles sont admirablement expliquées par les mots prononcés par les protagonistes. Entre amour et douleur, faits nus et phrases esquissées, les sentiments des deux personnages atteignent le spectateur de plein fouet et sont d’une grande force.

Le jeune acteur Olivier Chenille signe le scénario de la pièce et son talent force l’admiration. Le texte est ciselé, redoutablement écrit et d’une narration implacable. Les trois actes sont bien délimités, mais dans la même continuité dramatique. Parsemés de références bibliques trouvant un écho dans la vie des protagonistes, le mystique plane sur cette relation mère-fils conflictuelle.

C’est donc avec des mots vrais, des phrases justes et sans concessions que les acteurs captivent leur audience. Au fur et à mesure que la pièce se déroule, les interactions se font plus grandes, tantôt subtiles, tantôt houleuses, mais ne laissant jamais indifférent, ni ceux qui prononcent les mots, ni ceux qui les reçoivent.

Si la mise en scène est d’une grande sobriété, touchant parfois à l’ascétisme, un film est projeté sur le rideau du fond tout du long de la représentation. Ce dernier accompagne magnifiquement les acteurs, illustrant visuellement les propos énoncés. Avec des séquences parfaitement explicites, ou des scènes allégoriques, voire oniriques, cette trouvaille visuelle transforme la pièce en spectacle multimédia captant l’attention sans faillir.

La musique d’AaRON accompagnant cette projection est parfaite. Elle rehausse subtilement les silences, approfondie encore plus l’ambiance formidable de la pièce et ne masque jamais les mots des comédiens.

Ces derniers sont d’ailleurs remarquables, fascinants et émouvants.

Joana Preiss joue avec talent une mère distante obsédée par son fils naturel. La comédienne est d’une grande intensité alliant détachement à passion la plus violente.

Olivier Chenille est impressionnant dans le rôle de son fils adopté. L’acteur use d’un phrasé particulier pour marteler son histoire et impacter ses mots dans l’esprit des spectateurs.

L’alchimie entre les deux artistes est très grande et se sublime dans une scène finale d’une grande intensité qui clôt une histoire simple, mais dramatiquement efficace abordant sujets sensibles et douloureux.

Derrière les montagnes est clairement une pièce à découvrir qui vous fera passer une heure vraiment envoûtante. Le texte formidablement écrit et interprété, au développement prenant, l’ambiance particulière qui se dégage de la scène illuminée par une projection très bien mise en valeur marque durablement les esprits. Ajoutez à cela une interprétation fort inspirée avec des acteurs vivant intensément leurs mots sur scène et c’est une belle soirée à laquelle on peut assister.

Puissant et bouleversant.

INFORMATION


Tous les mercredis et dimanches à 20 h 30 jusqu’au 9 juin au Théâtre du Marais (37 Rue Volta, 75003 Paris) au tarif unique de 23 euros.

- RÉSERVATION
- SITE OFFICIEL

SYNOPSIS

« Un lien unit cette famille. Je le perçois comme un fil invisible qui les attache. Chez moi ce fil est coupé. »

Depuis 15 jours qu’Antoine était parti, une certaine gène s’était installée entre Catherine et moi. Nous n’étions jamais restés que tous les deux. Antoine occupait toute l’énergie de Catherine et sûrement encore maintenant, elle aussi brûlait ». Le lourd rideau rouge s’ouvre, des mots lumineux viennent se graver. Ils annoncent le premier des trois actes. Face au public sont installés une femme et un jeune homme.


DISTRIBUTION

  • Pièce de : Olivier Chenille
  • Catherine : Joana Preiss
  • Seroja : Olivier Chenille
  • Musique : AaRON
  • Durée : 1h00
COMMUNIQUḖ DE PRESSE

Elle, c’est Catherine (Joana Preiss), elle est la mère protectrice ou indifférente. Sa vie semble sur le fil du rasoir, comme arrêtée en plein vol. Antoine, son tout petit, son enfant chéri, a disparu. Pour cette louve, tous sont coupables.

Lui, c’est Seroja (Olivier Chenille), nouveau-né abandonné en Hongrie par une mère dont il ne sait rien et recueilli par Catherine alors qu’elle n’en voulait déjà plus. Il finit recalé au second plan après la naissance du fils légitime Antoine.

Sans échanger, sans se regarder, chacun laissera échapper sa vérité. Pas de remords, non pas de fautes avouées, pardonnées, juste une dernière fois, une première fois, se parler.

Jusqu’à la dernière révélation, celle de l’indicible. Face à face cruel de deux survivants en quête si ce n’est de rédemption, au moins de réponses.

Derrière les montagnes : tel est le nom de la pièce qui vient de démarrer au théâtre du Marais à Paris. Quelles montagnes ? Celles dont chacun hérite puis agrandit, pour se protéger non des ennemis, mais des plus proches. A tort, a raison ? Personne ne peut le dire, surtout lorsque « le fil est coupé ». « Un lien unit cette famille. Je le perçois comme un fil invisible qui les attache. Chez moi ce fil est coupé. »

Jeu d’acteurs magnétique, scénographie minimaliste, bande-son hypnotique... Voici des bonnes raisons de courir voir la pièce Derrière les montagnes interprétée par Joana Preiss et Olivier Chenille, au Théâtre du Marais à Paris.

Cette pièce d’Olivier Chenille immerge les comédiens Joana Preiss et Olivier Chenille dans une création vidéo magnifiée par la musique d’AaRON qui permet à ce drame de tenir en haleine le spectateur jusqu’au crescendo final.

Derrière Les Montagnes raconte une relation mère-fils poignante et dramatique, servie par des acteurs troublants et justes (Joana Preiss sublime en mère déchirée et Olivier Chenille bouleversant en fils tourmenté), avec de fortes références bibliques, et une mise en scène originale et envoûtante. Derrière Les Montagnes se joue jusqu’au 9 juin au Théâtre du Marais à Paris.


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