Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D. : Jim Steranko pas emballé du tout

Quand on est fan de comics, le mot S.H.I.E.L.D. va évoquer deux noms : Nick Fury et Jim Steranko. Le premier est bien sûr le boss de l’agence d’espionnage de l’univers Marvel. Le second est le dessinateur qui donna à cette série une identité visuelle à la fin des 60.

Dans ses pages, Steranko a mis en scène des combats homériques à bases d’espions s’affrontant dans des poses et des accoutrements over the top, des armes totalement exubérantes le tout sur fond de libération des mœurs et de psychédélisme.

Alors quand la télé lui sert en retour Phil Coulson et son air pincé, deux geeks sortis d’un app store, un Jack Bauer du pauvre, l’interne d’Urgences et Chloé Benett (euh... rien à dire là), on comprend qu’il tire la tronche.

Quelques jours après la diffusion du tout premier épisode de Marvel’s Agents of SHIELD, Steranko s’est fendu d’un très bon billet en forme de critique constructive de la série de Joss Whedon (on y trouvera quelques échos du récent speech de Kevin Spacey sur le diamètre des cojones des producteurs de séries télés).

Voici les points saillants de l’accusation :

 On l’aura compris, Whedon semble reprendre la sauce Buffy/Smallville pour l’appliquer à Marvel. 1 épisode = 1 gars normal à qui il arrive une tuile surnaturelle. Steranko : « Les créateurs de la série ont déclaré ouvertement qu’elle traitera de gens ordinaires, reprenant en quelque sorte l’approche hitchcockienne (des gens ordinaires dans des circonstances extraordinaires). Peut être que dans ce cas, l’ordinaire ne suffira pas à générer fidélité et intérêt auprès du public. »

 Sur le dénouement de l’épisode et l’interminable monologue sur l’héroïsme de l’infortuné chômeur/cobaye : « Nous comprenons tous que le mélodrame a ses avantages, et implique intrigue et coïncidence mais il n’est pas déraisonnable d’attendre une certaine transcendance de la part des talents créatifs à l’œuvre sur la série. » En l’occurrence donc Joss Whedon et Jeph Loeb.

 Et le point de rupture : qui doit être l’ancrage du show ? Pour qui le téléspectateur doit il se passionner en vue d’une fidélisation ? Game of Thrones nous a appris qu’un tel personnage n’est pas une nécessité absolue. Mais Steranko déplore l’absence de Nick Fury , ne fut-ce que sous forme de caméos, pour introniser le cast de la série. Car non, Phil Coulson n’est pas plus charismatique qu’une endive grillée.

Intermède ésotérique pour les vieux de la vieille à qui on la fait pas : concernant la vision que Joss Whedon a du personnage de Coulson, il semblerait en effet qu’elle aussi sache pleurer.

Le public restera-t-il fidèle sur la durée à un show fonctionnant à l’économie de moyens, malgré un fort potentiel ? Rejoindra-t-elle Heroes sur le pavé de l’Enfer et ses bonnes intentions ?

D’accord ? Pas d’accord ?

Ci-dessous, une journée normale pour Nick Fury.

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