La grande évasion : La critique de Biribi le tome 1

Date : 22 / 05 / 2012 à 20h05

Par : Christophe Dasse

Sources :

Source : Unification France

La Grande évasion
tome 1 : Biribi

• Scénario : Sylvain RICARD
• Dessin : Olivier THOMAS
• Couleurs : Christophe ARALDI
• Série : La Grande évasion
• Collection : CONQUISTADOR
• Date de parution : 9 mai 2012
• Éditeur : Delcourt
• Nombre de pages : 64
• Prix : 14,95 €
• ISBN : 978-2-7560-2381-6

Résumé de l’épisode :
Maroc, 1898. Biribi, lieu oublié de tous où s’entassent les soldats condamnés par la cour martiale. C’est dans un de ces camps que le prisonnier Ange Lucciani, ex-souteneur corse, est transféré. Très rapidement pris en grippe par le chaouch qui règne en maître absolu dans ce bagne, il n’entrevoit qu’une possibilité : se faire la belle. Mais on ne quitte pas aussi facilement cet enfer à ciel ouvert...

Décryptage :
Fin du 19^ème
siècle, le bagne de Biribi au Maroc accueille 2 nouveaux soldats français passés en cour martiale et que la France souhaite oublier. Condamnés, ils sont traités comme des animaux dans ce camps qui est là pour les avilir et leur apprendre la discipline. "Le Corse" (Ange Lucciani) ne voit pas du tout cela de la même manière et tout dans son comportement va lui attirer les ennuis et les foudres du chef du camps mais pas uniquement. Les autres détenus dont certains caïds, pour assoir leur autorité, vont décider de lui apprendre eux aussi la discipline. Son seul et unique objectif ? Se faire la malle. Partir de ce trou perdu mais pour cela, il va avoir besoin d’aides et de courage, c’est le désert qui l’attend en dehors du camps.

Autant le dire tout de suite, le récit est passionnant et cette BD se lit d’une traite, impossible de la lâcher. Le seul défaut que l’on peut lui imputer serait dans l’approximation des visages des protagonistes qui ne permet pas tout de suite de reconnaitre qui est qui puisqu’ils sont tous logés à la même enseigne, habits et coupe de cheveux. Toutefois, on peut distinguer des différences dans les tatouages qu’arborent les bagnards. On retrouve ici certains clichés des prisons que l’on peut retrouver dans toutes les séries et films traitant de ce sujet mais on éprouve ici un certain malaise même si l’humour n’est pas absent.

Les auteurs traitent ici de la cruauté et de l’ignominie des camps dans un récit coup de poing. Très fort et très dérangeant parce qu’on est toujours entre la réalité et la fiction, toujours à se dire que cette histoire pourrait être celle d’un véritable prisonnier. C’est sans concession dans la violence physique et morale. Se côtoient impitoyablement, dans ce bagne de fortes personnalités, des personnages hauts en couleur. Le récit traite des relations entre les personnages, que ce soit les rapports de force entre matons et bagnards, des bagnards entre eux mais aussi et surtout de la solidarité entre les bagnards qui au final donne de l’espoir même si l’issue est souvent fatale. C’est au final un récit porteur d’espoir puisqu’il parle de solidarité, d’amour et malgré la violence il laisse un peu la place à l’humour et plus précisément avec ce duo de "petits vieux" tordants de rire et au final très touchants.

Les couleurs chaudes du désert et le trait du dessin finissent de donner un réalisme étouffant à une histoire dure et effrayante.

"Biribi" inaugure la nouvelle collection de chez Delcourt qui sera suivi par 7 autres BD d’ici à octobre 2013. La page de la série : http://www.editions-delcourt.fr/special/lagrandeevasion/

La Grande Evasion : Biribi - Bande annonce BD