Horrifique : La critique du jeu aux origines de HP Lovecraft

 Type : JDR Complet
 Format : Boîte
 Auteur : Frédéric Ghesquière
 Éditeur : Acritarche
 Illustrations : Michel Di Nunzio
 Édition Française : Oui
 P.P.C. : 80 euros

"Inspiré par les nouvelles de H. P. Lovecraft, le jeu est très simple et ne nécessite aucun scénario et aucune préparation.
Les Mystères se construisent au fur et à mesure que l’histoire progresse. Ils sont élaborés en collaboration entre les participants, qui se répartissent entre deux à quatre personnages–joueurs (PJs) et un meneur de jeu (MJ).
Plusieurs jeux de cartes vous aident à amener de nouveaux éléments (Mystères, Cadres, Étrangetés,...).

Dans Horrifique, vous jouez des gens instruits de la bonne société du début du XXème siècle, poussés par leur fort caractère à explorer un mystère inquiétant ou une contrée inexplorée. Ce ne sont pas des enquêteurs et ils ne luttent pas contre des cultes innommables. C’est pourquoi leur destin est le plus souvent tragique.

Une partie d’Horrifique commence dès que l’Horloge de l’horreur est posée sur la table et que les joueurs choisissent le Mystère qu’ils vont explorer ensemble. Ils choisissent ensuite le Cadre dans lequel prendra place ce Mystère. Puis ils créent leurs personnages en associant un Caractère et une Occupation. Enfin, ils tissent des liens entre leurs personnages et répondent aux questions du prologue qui dépendent du Mystère, du Cadre et des Caractères et Occupations. Tous ces choix rendent chaque partie d’Horrifique unique et intense.

Horrifique est un jeu propulsé par l’Apocalypse (pbta). Il s’articule autour de l’Horloge de l’Horreur qui détermine le ton et l’ambiance que l’on peut amener autour de la table. Elle crée le crescendo qui fait monter la tension, l’horreur et le danger au fil de l’exploration du Mystère. C’est elle qui, à minuit, sonne le glas des personnages. Lorsque l’Horloge dépasse 12h, le Meneur peut déclencher la scène qui mènera à l’Horreur finale, puis à l’épilogue.

Complément indispensable de l’Horloge, les points d’Angoisse traduisent la noirceur qui s’introduit dans le récit, parcourt les veines des protagonistes ou rampe dans les recoins sombres, prêts à surgir subitement pour engloutir les PJs imprudents. Un joueur peut prendre des points d’Angoisse quand il estime que son personnage ressent une émotion négative (inquiétude, peur, tristesse, stress, malaise,…). Et il les utilise pour faciliter la réussite d’une Action et les additionnant au lancer de 2d6. De son côté, le Meneur les utilise pour reprendre le contrôle de l’histoire, surprendre les PJs, et amener des rebondissements afin d’approfondir l’horreur et la noirceur du récit.

Ces deux mécaniques, ainsi que les habituels Agendas, Objectifs et Principes des pbta, assurent à tout le monde de passer un moment vraiment horrifique dans la plus pure tradition des écrits de H.P. Lovecraft."

Le contenu de la boîte est pléthore, et remplie d’aides de jeu :

 1 Livret de règles format A5
 1 Horloge de l’Horreur en carton
 1 Écran de jeu en carton rigide A5
 6 Cartes Mystères et 6 cartes Cadres
 1 Aide de jeu Lancer la partie
 1 Aide de jeu Autres Temps
 4 Cartons de PJs effaçables
 24 Cartes Étrangetés
 9 Cartes Caractères
 9 Cartes Occupations
 5 signets Actions/Agenda
 10 Cartes Actions format
 2 Cartes Faits & Découvertes
 2 plateaux Ellipse
 6 Cartes Circonstances
 4 Cartes S’épancher/Récupérer
 6 Cartes Parques
 44 Cartes Portraits recto/verso
 2d6 + 1 marqueur effaçable + 1 carte X émotionelle

Avec ses aides de jeu d’introduction (qui permettent de vite appréhender le système), la partie se lance immédiatement ou presque, puisque la création de personnage (caractère, nom, relations avec les autres personnages...) se fait en choisissant des options sur deux cartes que le joueur garde devant lui et qui résumeront aussi ses actions spéciales et les revers que pourra déclencher le MJ.

Le MJ, quant à lui, disposera aussi de cartes d’action, lui permettant de provoquer des choix chez les PJs lors de toutes les actions de base d’un jeu de rôle (évaluer, chercher, s’opposer...), ou des cartes de portraits et de déclencheurs d’horreur.

La table de jeu sera donc jonchée d’aides de jeu, avec écran pour le MJ, pions d’Angoisse et plateau de personnage sur lequel chacun pourra écrire avec un feutre effaçable.

Tout ceci permettra, après lecture du livret de règles, de jouer sans avoir à revenir à sa lecture, comme un jeu de plateau.

Alors, vous me direz, il manque le scénario. Oui, mais, bien loin de L’Appel de Cthulhu et ses fantastiques scénarios et campagnes, Horrifique propose l’anti-thèse. En effet, ils ne sont pas totalement écrits à l’avance. Seules les fiches mystères (6 dans la boîte de base, mais vous pourrez en créer plus évidemment), et les fiches de cadres de jeu, permettent de créer un point de départ. Ensuite, le MJ disposera d’une liste d’Actions d’obscurité qui, selon l’avancement de l’Horloge, définira les actions, événements, développements, climax qu’il devra proposer aux joueurs.

En fait, tout l’intérêt du jeu tourne autour de ce dernier point, car Horrifique veut revenir au canon lovecraftien de l’horreur et proposer une ligne directrice non pas basée sur l’histoire, mais sur l’enchaînement du scénario. Le but n’est pas d’évoquer l’horreur, mais bien de la faire vivre aux joueurs. Pour cela, le système pbta adapté ici, avec la horde d’aides de jeu, permet vraiment cela sans avoir à convoquer à chaque fois des entités mortelles plus imposantes.

Cette boîte à outils magnifique est donc indispensable aux adeptes du mythe de Cthulhu (et ils sont nombreux), s’ils veulent enfin provoquer quelque chose.

Une petite note finale sur l’écriture inclusive, très présente dans le jeu. On comprend facilement les intentions de l’auteur, mais si certains éléments comme la carte X (qui donne la possibilité à un joueur de pointer, en pleine partie, un thème particulièrement sensible avec lequel il ne serait pas à l’aise) peuvent être tout simplement mis de côté si l’on pense ne pas en avoir besoin, autant l’écriture inclusive, avec . et iel, est une horreur et rend la lecture pénible parfois.
Comprenons-nous bien, cela n’enlève rien au plaisir ludique qui s’en suivra, tant le monde du JdR est habitué à extraire ce que le MJ et ses joueurs préfèrent, et cela ne devrait gêner en rien la découverte du jeu, même pour les allergiques à cette écriture (dont je fais partie donc).

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