La loi de Téhéran : La critique

Date : 23 / 07 / 2021 à 11h00
Sources :

Unification


La loi de Téhéran est un excellent film qui a gagné brillamment le Grand prix et le Prix du jury au Festival du film policier 2021.

Le scénario du réalisateur Saeed Roustayi se déroule il y a quelques années, alors qu’une loi permettait en Iran d’arrêter et de condamner à mort des trafiquants de drogue et des consommateurs qui avaient plus de 30 g de drogue sur eux.

On suit un enquêteur traquant un chef de cartel local et essayant à tout prix de mettre le grappin dessus. L’œuvre, sombre et sans compromis, permet une immersion spectaculaire dans le milieu carcéral. Le spectateur se retrouve aussi au cœur d’une enquête particulièrement palpitante.

En effet, la police iranienne est suivie de près, donnant l’occasion de découvrir les moyens qu’elle emploie pour remonter la piste d’un trafic. Elle a une façon de procéder extrêmement éloignée de celle qui est pratiquée en France. On se retrouve ainsi régulièrement confronté à une vision de l’enfer carcéral local qui fait franchement froid dans le dos.

Le film de Saeed Roustayi est brillamment mis en scène. Certaines séquences sont particulièrement remarquables et l’atmosphère anxiogène, et d’une grande noirceur, qui plane sur l’œuvre est particulièrement prégnante. Dès l’ouverture spectaculaire, il est impossible de décrocher du récit tant celui-ci est intense.

La photographie d’Hooman Behmanesh est remarquable. Que ce soient les ruelles de la ville, le bidonville incroyable, des lieux cossus ou encore cette prison impressionnante, les endroits prennent vie et participent pleinement au récit qui nous est conté.

L’immersion en plein dans cette enquête tendue est particulièrement impressionnante. Le remarquable travail sur le son, la composition de Peyman Yazdanian, les mouvements de caméra, l’étouffement lié à des endroits écrasés par la chaleur, nous projettent aux côtés d’un enquêteur pugnace, parfois en délicate position vis-à-vis de sa hiérarchie.

À travers ce polar noir très sombre, c’est la société iranienne qui est passée en revue. Le trafic de drogue qui gangrène la société, permettant aux plus miséreux d’essayer fictivement de s’évader de leur enfer quotidien, les pauvres gens qui essayent de survivre dans des conditions pas faciles, les violences policières ou encore une réflexion sur la peine de mort sont évoqués.

La fin, particulièrement cruelle et amère, va droit au cœur et renforce une œuvre majeure d’une inexorable intensité. D’autant que cette dernière propose des protagonistes humains qui ne sont pas si éloignés de cela les uns des autres, bien qu’ils soient considérés comme appartenant au camp du « bien » ou du « mal ».

L’interprétation est magistrale. Payman Maadi est absolument remarquable en enquêteur ne lâchant jamais prise et voulant à tout prix mettre la main sur un gros bonnet. Houman Kiai est très bon en policier menant l’investigation à ses côtés. Navid Mohammadzadeh est impressionnant en chef de bande essayant de se tirer de ce mauvais pas.

Les trois comédiens sont formidables et fonctionnent parfaitement ensemble. Qu’il soit du même côté ou antagonistes, leurs relations sont très bien retranscrites et permettent aussi de s’attacher à des individus que l’on découvre progressivement plus intimement. En mettant leurs motivations en pleine lumière et en permettant de prendre le temps de les connaître, la dimension humaine du long métrage est percutante et fait beaucoup réfléchir sur ce qui est acceptable et les raisons de cette acceptabilité.

La loi de Téhéran est un très grand film qui est remarquablement écrit, mis en scène et interprété. Cette plongée au cœur de la lutte contre le trafic de drogue en Iran est réellement impressionnante et capte complètement l’attention pendant les deux heures du film.

Intense et bouleversant.

SYNOPSIS

En Iran, la sanction pour possession de drogue est la même que l’on ait 30 g ou 50 kg sur soi : la peine de mort. Dans ces conditions, les narcotrafiquants n’ont aucun scrupule à jouer gros et la vente de crack a explosé. Bilan : 6,5 millions de personnes ont plongé. Au terme d’une traque de plusieurs années, Samad, flic obstiné aux méthodes expéditives, met enfin la main sur le parrain de la drogue Nasser K. Alors qu’il pensait l’affaire classée, la confrontation avec le cerveau du réseau va prendre une toute autre tournure...

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 2 h 10
- Titre original : Metri Shesh Va Nim
- Date de sortie : 28/07/2021
- Réalisateur : Saeed Roustayi
- Scénariste : Saeed Roustayi
- Interprètes : Payman Maadi, Navid Mohammadzadeh, Houman Kiai, Parinaz Izadyar, Farhad Aslani, Maziar Seyedi, Ali Bagheri, Marjan Ghamari
- Photographie : Hooman Behmanesh
- Montage : Bahram Dehghani
- Musique : Peyman Yazdanian
- Costumes : Ghazale Motamed
- Décors : Mohsen Nasrollahi
- Producteur : Jamal Sadatian, Mohammad Sadegh Ranjkeshan pour Boshra Films
- Distributeur : Wild Bunch Distribution

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

La loi de Téhéran



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