Joker : La critique

Date : 06 / 10 / 2019 à 14h30
Sources :

Unification


Joker est un excellent film présentant la façon dont l’un des méchants les plus connus de l’univers de Batman est devenu ce qu’il est.

Un homme vivant avec sa mère, et souffrant de problèmes psychiatriques, va sombrer de plus en plus dans la folie. Le scénario de Todd Phillips et de Scott Silver montre parfaitement comment une société peut détruire un individu à la psyché fragile et le pousser vers une violence n’ayant plus de bornes.

Le film a remporté le Lion d’Or à la Mostra de Venise 2019 et c’est réellement mérité. Les amateurs de films de superhéros et les puristes de la saga Batman peuvent ne pas y trouver leur compte, car ce n’est pas vraiment un film de genre. Ceux qui apprécient le DC univers et les histoires psychologiques seront ravis à la fois par le traitement du récit, et par l’interprétation magistrale de Joaquin Phoenix.

À l’annonce d’un long métrage dédié au Joker, de vives discussions ont eu lieu, liées au fait que pour beaucoup d’amateurs, il est impossible d’égaler la prestation de Heath Ledger dans The Dark Knight, Le Chevalier Noir. Avec ce film ce rôle de Joker où il incarne de façon spectaculaire un personnage compliqué dont il montre toute la complexité.

Le comédien, entre sa stature, ses éclats de rire qu’il ne maîtrise pas et ses répliques remarquables, campe un individu saisissant dont les fous rires chaotiques ne quittent plus l’esprit. Sa prestation est tout simplement éblouissante et ce dernier réussi à donner une âme incroyable à l’histoire d’un homme qui va trouver sa propre voie sur de biens obscurs chemins.

On se retrouve à des années-lumière des films Marvel, et de ceux DC précédents. Pas drôle, très dur et sans concession, le long métrage de Todd Phillips est une grande claque. Il montre qu’on peut faire des choix drastiques concernant les univers des supers héros, sortir de tous les codes et clichés et captiver tout autant l’audience. De plus, il est impossible d’attaquer la qualité du scénario, tant ce dernier est cohérent et finement ciselé. Pas d’effets spéciaux omniprésents, pas d’effet de style outranciers, le cœur même du récit porte sur un homme en plein délitement se reconstruisant dans l’excès, et réussi à en montrer son essence.

L’univers de Batman est beaucoup plus sombre que ce que l’on trouve dans d’autres histoires de superhéros. On se focalise souvent sur la dualité du personnage principal, qui n’est pas d’une blancheur immaculée, et qui à une vraie part d’ombre, voire de folie. C’est un remarquable hommage de traiter avec autant de sérieux et d’élégance son alter ego du mal et de montrer qu’il a une aussi grande ambiguïté, qui ne l’absout en rien de ses actes, mais y apporte un éclairage passionnant. Le comportement du père du futur Batman est aussi captivant à découvrir. D’autant que le personnage plane sur le récit et un constitue un fil rouge vivace.

Le Joker et le milliardaire sont d’ailleurs à l’image d’une société moderne, dans laquelle les inégalités se creusent et les désespoirs s’amplifient parfois à l’extrême. Le chaos de Gotham City dans l’histoire en est finalement un parfait reflet et la figure de l’opprimé, matérialisée par ce faciès de clown riant toujours quelle que soit l’horreur de la situation, est un miroir intéressant, à la fois de notre société, et de ce qui peut pousser un homme à vouloir en casser les codes.

La réalisation de Todd Phillips est d’une belle sobriété. Il filme son personnage au plus près et lui offre de grands moments. Les passages où ce dernier dérape dans sa vie sont magnifiquement mis en scène et proposent quelques séquences d’anthologie.

Le travail sur les décors de Mark Friedberg est très bien fait. On a l’impression de se retrouver projeté en plein Gotham City, une cité basée sur New York et où l’insécurité règne en maître. Les costumes de Mark Bridges, plus discrets, sont aussi bien travaillés. La tenue du Joker, et son maquillage, d’une troublante simplicité apparente, sont saisissants et ancrent parfaitement le personnage dans l’univers DC. La photographie de Lawrence Sher est bien soignée, alors que le montage précis de Jeff Groth rend le fil de l’histoire, pas toujours continuellement linéaire, très lisible.

Joker est un film magistral, une œuvre marquante qui réussit à renouveler le film de superhéros et à montrer que genre et œuvre intimiste peuvent être mélangés avec brio. Avec un scénario magnifiquement écrit, une interprétation époustouflante et une réflexion intelligente sur la société et le bien le mal, le long métrage est incroyable et pourrait bien réconcilier les amateurs d’art et d’essai et ceux qui apprécient le grand spectacle.

Impressionnant et intimiste.

SYNOPSIS

Le film, qui relate une histoire originale inédite sur grand écran, se focalise sur la figure emblématique de l’ennemi juré de Batman. Il brosse le portrait d’Arthur Fleck, un homme sans concession méprisé par la société.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 2 h 02
- Titre original : Joker
- Date de sortie : 09/10/2019
- Réalisateur : Todd Phillips
- Scénariste : Todd Phillips, Scott Silver
- Interprètes : Joaquin Phoenix, Robert De Niro, Zazie Beetz, Frances Conroy, Brett Cullen, Shea Whigham, Bill Camp, Douglas Hodge
- Photographie : Lawrence Sher
- Montage : Jeff Groth
- Musique : Hildur Guðnadóttir
- Costumes : Mark Bridges
- Décors : Mark Friedberg
- Producteur : Todd Phillips, Bradley Cooper, Emma Tillinger Koskoff pour Warner Bros., Joint Effort, DC Entertainment, Bron Studios, Creative Wealth Media Finance, Village Roadshow Pictures
- Distributeur : Warner Bros. France

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

Joker


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Photo Credit : Niko Tavernise




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