Another Life : Review de la série Netflix

Date : 29 / 07 / 2019 à 14h30
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Another Life est une série qui semble tout d’abord belle et intéressante avant de se révéler vite de plus en plus pénible à regarder. Et même en essayant de la visionner comme du pur divertissement, l’enchaînement des épisodes, plus fatigants les uns que les autres, n’a jamais réussi à me faire rentrer dedans. Seul l’emballement final de l’avant-dernier épisode qui accélère un peu le tempo fait mieux passer la pilule d’une grosse déception qui revient en force sur un dernier épisode complètement incohérent par rapport à ce que la série a voulu mettre en place durant les 9 précédents. Mais une grande partie de ma déception vient sans doute du fait que j’avais l’impression qu’il s’agissait d’une série de science-fiction qui se voulait, un peu, sérieuse...

Résumée en un seul film, on aurait pu pardonner certains éléments et essayer de trouver à l’œuvre des qualités. Mais allongée sous le format de 10 épisodes d’environ 40 minutes, on passe son temps à tomber de charybde en scylla et on se demande jusqu’où elle va aller dans ses travers qui se révèlent de plus en plus nombreux.

Car malheureusement, la série accumule les clichés, les poncifs et les éléments qui sont hautement improbables au XXIe siècle. À tel point, qu’on se demande si ceux qui sont à ses commandes ont réussi à en oublier un.

Ainsi, seuls les Américains semblent s’intéresser à un artefact extraterrestre qui, heureusement, est tombé sur leur territoire, ce qui leur évite de voir débarquer qui que ce soit d’autre que les 3 scientifiques chargés d’essayer de communiquer avec. Après la merveille qu’était Premier contact, il est à peine croyable de se dire qu’un élément qui peut impacter autant la Terre ne puisse être confiée qu’à quelques individus et que le reste de l’humanité soit shunté.

Une seule scène fait un peu référence à ce choix tellement étonnant, dans le contexte actuel de la mondialisation, de ne pas faire appel à des scientifiques étrangers, et est expédiée aussi vite que le sujet est abordé. Pas de communication non plus avec d’autres scientifiques de talent qui pourraient potentiellement les aider. Il faudra d’ailleurs attendre la fin du troisième épisode pour que l’un d’entre eux fasse quelque chose d’une certaine logique, mais qui paraît invraisemblable malgré tout dans le contexte de la série.

En ce qui concerne le vaisseau, on trouve une certaine diversité et un sexe-ratio bien partagé entre les hommes et les femmes. Néanmoins, tous semblent être bien américains, de souche ou immigré, ce qui paraît là aussi improbable de nos jours. Et qui permet d’ailleurs de resservir les relents de : "Je suis le représentant d’un pays de la Terre, les États-Unis d’Amérique, et je suis venu vous parler !" Que cela puisse passer dans un film est une chose, dans une série proposée sur une plate-forme internationale, cela fatigue un peu.

Prométhéus semble être le film de chevet du créateur et des scénaristes. On retrouve au fil du récit de nombreux éléments qui font immanquablement penser à ce film. Et malheureusement pas en bien. Je ne tiens pas à spoiler les lecteurs, mais un certain nombre d’événements qui m’avaient fait fortement soupirer dans le scénario du film de Ridley Scott, se retrouvent malheureusement dans celui de la série.

Alors, véritable hommage aux œuvres de science-fiction littéraire des années 50 et 60, et/ou aux plus récentes œuvres cinématographiques des années 80 et 90, associé à de gros écueils scientifiques, c’est aux spectateurs de juger. Mais en tant que grande lectrice de science-fiction, et scientifique de formation moi-même, je n’ai pas été souvent éblouie par les propositions scientifiques de la série et par leurs représentants humains ressemblant parfois plus à des amateurs qu’à des experts de haut niveau. La série montre un monde futuriste, mais tant d’éléments sont bancals que ça finit par en faire grincer les dents.

Il faut reconnaître que la série est plutôt belle et bénéficie d’effets spéciaux généralement réussis. Il y a un vrai travail sur les décors du vaisseau spatial qui laisse croire à la crédibilité de son existence, en dehors des chambres laissant une impression bizarre de par leurs décors intérieurs. L’artefact est lui aussi intéressant et apporte un peu de fraîcheur à la série. Si on accepte les sons liés au déplacement du vaisseau dans l’espace, allant jusqu’à la porte d’un boîtier externe qui grince en plein espace, les images sont agréables et le design de vaisseau est vraiment sympathique.

On ne peut malheureusement pas en dire la même chose sur les personnages du récit. Ils sont vraiment souvent très caricaturaux, avec une mention spéciale pour le couple de l’héroïne qui semble tellement issu d’une publicité qu’on n’arrive même pas vraiment à croire à l’existence d’une famille aussi lisse. Si on prête soin aux détails de la vie de l’héroïne, elle semble d’ailleurs plus qu’étonnante. Avec des protagonistes auxquels on ne s’attache pas vraiment, qui accumulent les clichés, qui se comportent parfois de façon ridicule et dont les répliques sont de temps en temps atterrantes, il est difficile d’en faire quelque chose de bien.

Leur interprétation n’est d’ailleurs pas très bonne, les acteurs en font souvent trop et dans certaines séquences, il est même difficile de trouver celui qui s’en sort le mieux. Il y en a même certains qu’on aimerait bien voir mourir très vite et qui malheureusement réussissent à survivre à leurs compagnons, parfois un peu plus digestes...

Katee Sackhoff qui incarne le commandant du vaisseau est omniprésente, et il faut lui porter un certain respect lorsqu’elle doit sortir des répliques tellement mal écrites. Le spectateur a aussi droit à une intelligence artificielle qui a des sentiments, des spécialistes qui sont parfois dépassé par leur propre métier et des astronautes qui ont, quelquefois, un comportement digne d’une école maternelle et qui, bien sûr, ne respectent pas du tout les règles. Une astuce finalement maline pour pouvoir intégrer sur les huit heures de la série des rebondissements plus invraisemblables les uns que les autres. Ainsi, à 2 épisodes d’intervalle, les scénaristes réussissent à recaser la même stupidité d’un personnage qui est édifiant. On a donc du mal à croire que cette galerie de bras cassé soit celle qui, potentiellement, peut sauver l’humanité d’une espèce qui peut ne pas être amicale au final.

Another Life est une immense déception et une série à laquelle je n’ai jamais réussi à accrocher. J’ai fait un gros effort pour tenir jusqu’au dernier épisode en espérant, malgré tout, que j’y trouverai un peu d’enthousiasme, mais cela n’a malheureusement pas été le cas. Si l’on ne retient que le visuel et qu’on apprécie une sitcom dans l’espace avec des acteurs que l’on apprécie et des éléments invraisemblables permettant d’y injecter des rebondissements sans queue ni tête, on devrait pouvoir prendre un certain plaisir à la visionner.

En tout cas, cela me confirme encore une fois que le Space opera cinématographique et télévisuel n’est vraiment pas mon genre préféré. Au vu de la production, parfois remarquable, de la science-fiction littéraire de ces dernières années et de l’avancée technologique formidable au niveau des effets spéciaux, c’est vraiment décevant de voir une série qui est alléchante sur le papier et qui laisse une impression aussi amère après l’avoir visionnée.

Et ce qui me chagrine le plus est l’écriture aussi mauvaise de la série, tombant dans tous les clichés, essayant de recycler d’une façon fourre-tout les classiques de la SF cinématographique et réussissant à tuer le seul personnage ayant un peu de caractère de l’histoire. Les autres, pas vraiment aidés par le jeu des acteurs les incarnant, étant parfois de telles caricatures ambulantes qu’ils offrent des scènes sidérantes. Et pas dans le bon sens du terme.

Le final annonce potentiellement une seconde saison, mais je ne peux pas dire que je m’en réjouisse vraiment. Pour lui apporter la stature qu’elle mériterait d’avoir, il faudrait un changement d’écriture réellement profond et revoir un peu la psyché plus que plate et inintéressante des différents personnages.

Si vous avez huit heures devant vous, vous pouvez jeter un coup d’œil dessus. Mais franchement, si vous n’accrochez pas à la fin du premier épisode, ce n’est pas la peine d’aller plus loin, vous n’irez que de déception en déception.

Fatiguant et irritant.

ÉPISODE

- Episode : 1.01 à 1.10
- Titre : À travers l’univers, La Vallée des ombres, Crise de nerfs, Culpabilité, Ténacité, Seuls, Une vie de rêve, Quand la lumière se perd, Cœur et âme et La Rencontre
- Date de première diffusion : 25 juillet 2019 (Netflix)
- Créateur : Aaron Martin
- Réalisateur : Sheree Folkson et Omar Madha
- Scénariste : Gorrman Lee, Aaron Martin et Sabrina Sherif
- Avec : Katee Sackhoff, Justin Chatwin, Samuel Anderson, Greg Hovanessian, Elizabeth Ludlow, Blu Hunt, A.J. Rivera, Alexander Eling, Alex Ozerov, Jake Abel, JayR Tinaco

RÉSUMÉ

Lors d’une mission ultra-risquée, l’astronaute Niko Breckenridge et sa jeune équipe affrontent de terribles dangers pour en savoir plus sur un artefact extraterrestre, retrouver les propriétaires.

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