John Carter : Quand Edgar Rice Burroughs invente l’aventure spatiale

Date : 02 / 03 / 2012 à 00h15
Sources :

Source : Unification



Avant que les genres littéraires "fantasy" ne soient plus clairement délimités en "Heroic Fantasy" (seigneur des anneaux), "Dark Fantasy" (Dracula, Frankenstein, les histoires de monstres), "Science Fiction" (2001 l’Odyssée de l’Espace) voire "Space Opera" (Dune, Star Wars, Flash Gordon...) les récits imaginaires profitaient d’un large panorama ou, de fait, aventure, romance, mystère et frayeur avaient clairement leur place en tant qu’éléments narratifs, le décor planté n’étant, au final, qu’une nécessité pour insérer de l’exotisme ou une forme d’originalité.


Ainsi, les pères de la Science-Fiction que sont Jules Verne et H.G. Wells, ont-ils défriché un terrain fertile en histoires rocambolesques. Tandis que le français situait clairement ses aventures extraordinaires chez ses contemporains, dans les airs (Robur le conquérant) et pour le plus connu sous les océans (20.000 lieues sous les mers) se risquant juste ce qu’il faut dans le domaine spatiale avec un passage sur la Lune (en rapport avec les connaissances du moment, et un soupçon de Baron de Munchausen quand même), l’anglais explorait les guerres du futur avec une race invasive et technologiquement supérieure (La guerre des mondes), ou envoyait son héros dans le temps plus que dans l’espace (La machine à explorer le temps)...


Reste que ces récits, qui ont marqué des générations, si elles ont fait l’objet d’adaptations cinématographiques durant le XXe siècle, profitant souvent d’avancées techniques permettant des prises de vue inédites auparavant (première scènes sous-marine dans 20.000 lieues sous les mers de Disney, effets visuels inédits avec miniatures pour La guerre des mondes de George Pal), ont aussi bénéficié à la seconde génération de conteurs de l’imaginaire, pour des récits inédits et fantastiques. Edgar Rice Burroughs fait partie de ces gens là... L’américain est surtout connu pour son homme sauvage, Tarzan seigneur de la jungle. Un homme, blanc, élevé par des singes, qui aura fait les beaux jours du cinéma de très nombreuses fois.


Mais Burroughs a touché également au Western, au roman policier et... A la science-fiction. Ou plus exactement à ce que je nommerai ici la Space Fantasy. Un récit fantastique qui se passe dans un autre monde que le notre, mais avec des éléments chevaleresques et autres quêtes qui ont plus à voir avec l’Heroic Fantasy que la Science-Fiction. Un humain, un terrien sur Mars, pourquoi pas ? Mark Twain, plus connu pour son Tom Sawyer, a bien envoyé un Yankee à la cour du Roi Arthur n’est-ce pas ?

Et qu’est-ce que Burroughs va donc inventer, au sens latin du terme, qui va révolutionner les domaines de l’imaginaire ?


Mars a toujours fait rêver. Bien avant que l’Homme ne se sache capable de traverser les espaces intersidéraux, ou ne sache même que le vide "existe" plutôt que l’éther dont l’univers était supposé se composer. Mars tient son nom du Dieu Romain, Dieu de la guerre (à qui l’on doit également les arts martiaux, Martial vient de Mars, qu’on se le dise !), frère de Minerve, déesse de la guerre, les deux étant plus connus sous les noms grecs d’Arès et Athéna. Nous avons eu droit à de nombreux récits qui profitaient de la menace de la planète rouge, c’est-à-dire communiste, après la seconde guerre mondiale, les petits hommes verts, notre voisine dans le système solaire suscitant toutes les possibles rêveries des Hommes. Mais bien avant cela c’est un américain, Percival Lowell, profitant de sa fortune personnelle, après la lecture des ouvrages de Camille Flammarion sur la planète rouge, qui se lance dans de folles théories qui seront sans doute à l’origine de bien des images de civilisations grandioses, et de planètes habitées qui fascineront et terroriseront nos aïeux au XIXe et début du XXe siècle. Installant un observatoire à 2.300 m, il défendit jusqu’au bout la théorie des canaux martiens sensés amener de l’eau des calottes polaires vers l’équateur de Mars.


Notons au passage que tout comme John Carter, Lowell a fait ses recherches en… Arizona. Les chroniques martiennes de Ray Bradburry sont peut-être un héritage de cette mythologie due à de mauvaises observations et un matériel optique défaillant (et sans doute beaucoup d’imagination) mais tous les auteurs parlant de Mars s’inspireront de ce genre de travaux, et de la carte martienne ainsi inventée.

Lui-même inspiré, c’est en 1912 que Les conquérants de Mars (titre français) est écrit par Edgar Rice Burroughs et va lui aussi bouleverser de futurs écrivains et auteurs de Science Fiction. Aux USA, cela commence par une publication en feuilleton dans All-Story Magazine, sous le titre original de Under the moons of Mars (qui sera renommé plus tard Une Princesse de Mars) avant de paraître sous forme de recueils que l’on connaît aujourd’hui, à partir de 1917. Le cycle s’achève en 1948 avec 10 volumes, mais en comprendra un 11e, publié après la mort de Burroughs (1950) en 1964 qui réunit deux nouvelles non publiées de 1940 (si les romans ont été traduit et publié en français chez Hachette en 1938, la dernière édition disponible, de 1995 semble être celle de Lefrancq sur laquelle il faudra se pencher pour vous faire une opinion).


On parle de "planet opera", et c’est John Carter qui mène la danse dans les débuts de ce Cycle de Mars appelé également Cycle de Barsoom, qui est le nom donné à la Planète Mars dans les romans. Mais bien des auteurs connus surferont sur cet « univers des possibles » que ce soit Frank Berbert (Dune), Ann McCaffrey (Les dragons de PERN), Marion Zimmer Bradley (Ténébreuse) ou Dan Simmons (Hypéron et Endymion)…

John Carter est une œuvre importante, non parce qu’elle est connue (elle le sera beaucoup plus si le film est un succès), mais parce qu’elle a influencé de nombreuses personnalités de la littérature fantastique et de SF de ce dernier siècle, sans oublier bien sûr de nombreux réalisateurs et scénaristes de films et de séries TV. Déplacer un personnage troublé, de notre Terre à une autre ou il devient un héros, puissant et respecté, est devenu commun (à un tel point que personne n’a trouvé Avatar original), mais ce genre de récit nous le devons à Edgar Rice Burroughs et au Cycle de Mars. Une source de rêve, un prétexte à l’aventure, un dépaysement qui n’a rien de frivole, mais est bel et bien, en ces temps troublés, même un siècle plus tard, devenu une nécessité vitale.


John Carter est Copyright © Walt Disney Pictures Tous droits réservés. John Carter, ses personnages et photos de production sont la propriété de Walt Disney Pictures.



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